ETRE PRET A MOURIR (B)

 

 Amis auditeurs, la vie toute entière est une préparation à la mort, ou en tous cas devrait l’être: notre style de vie, nos priorités, notre conduite devraient toujours refléter cette conscience de notre mortalité telle que l’exprime la parabole de Jésus sur le riche insensé qui se réjouit d’avoir amassé beaucoup de biens et se délecte à la pensée du repos dont il pourra jouir quand il aura bâti des greniers spacieux pour y mettre toutes ses récoltes.  Mais Dieu lui dit: “‘Insensé! cette nuit même ton âme te sera redemandée.  Et ce que tu as préparé, à qui cela sert-il?  Il en est ainsi de celui qui accunule des trésors pour lui-même, et qui n’est pas riche pour Dieu”.  La mort en effet ne constitue pas la fin de notre existence de manière absolue, elle est plutôt un seuil qui nous fait quitter la vie terrestre et nous confronte à l’ensemble de nos actes, à la totalité du cours de notre vie, dont nous devrons rendre compte.  Pour reprendre les termes par lesquels Jésus conclut sa parabole, avons-nous accumulé des trésors pour nous-mêmes ou avons-nous été riches pour Dieu?  C’est cela dont chacun devra rendre compte au terme de son existence terrestre. Certes, pour la Bible, on ne devrait pas avoir peur de la mort, mais sur la base suivante: la mort physique étant non pas un simple phénomène naturel mais plutôt la conséquence d’un état spirituel hérité depuis la séparation entre l’homme et Dieu, c’est cet état spirituel qu’il faut confronter. Alors, comment le faire?  Puis-je rectifier par moi-même une situation apparaissant d’emblée comme désespérée?  Ma conduite et mes oeuvres peuvent-elles changer le cours inéluctable qui me rapproche chaque jour de l’échéance fatale?  Certes, non, cela ne peut constituer la base sur laquelle ma déchéance spirituelle peut être combattue et ma vie restaurée, arrachée à l’aiguillon de la mort.  La mort rédemptrice d’un autre, celui-là même qui disait cette parabole à ses auditeurs, sa mort constitue le seul fondement sur lequel ma vie peut aboutir à autre chose qu’à une mort spirituelle.  Car la mort du Fils de Dieu incarné est inséparable de sa résurrection, lui qui ne pouvait rester enfermé dans les liens de la mort.  Lorsque je suis mis au bénéfice de sa mort et de sa résurrection par la foi, je puis confronter ma véritable condition spirituelle et être riche pour Dieu.  Je puis faire face à la mort qui m’attend en sachant que dès maintenant je vis d’une vie autre que simplement naturelle: je vis de la vie du Ressuscité, me préparant à la mort tout en sachant que j’ai déjà hérité la vie éternelle qui est la sienne, travaillant pour acquérir non des richesses qui m’éloignent de Dieu, mais en devenant riche pour Dieu.  Ma comparution devant le tribunal du Christ ne sera pas la dénonciation de ma faillite spirituelle, mais l’inauguration de la vie de plénitude accordée par le Ressuscité.