26. TOUT ETAIT TRES BON

 

Une chose qui frappe le lecteur des premières pages de la Genèse, dans la Bible c’est la mention plusieurs fois répétée que Dieu vit que ce qu’il avait créé était bon, voire très bon.  Difficile d’imaginer un tel état de perfection, n’est-ce pas, surtout au vu de la condition actuelle du monde?   Il faut faire preuve de beaucoup d’imagination pour se représenter une telle perfection, d’ailleurs en sommes-nous même capables? Est-il possible que tout n’ait alors été qu’harmonie, équilibre parfait, sans aucune disruption? En fait ce n’est peut-être pas le sens de l’expression: Dieu vit que cela était bon, car la manière dont moi, avec mes capacités et mon intelligence bien limitées, et même obscurcies, j’envisage ce qui est bon et parfait, est sans doute bien différente de  la manière dont Dieu le Créateur l’envisage, quant à lui.  Mais plus important que cela, il faut surtout souligner le fait que le monde, à l’origine, n’était pas mauvais en soi, et encore moins le produit d’une activité mauvaise.  Bien sûr, me direz-vous.  Pas si évident, pourtant: car au cours des siècles, bien des hommes ont jugé que la formation du monde était justement le fruit d’une activité mauvaise.  Tenez, les Gnostiques par exemple, ce mouvement religieux si puissant au cours des quatre ou cinq premiers siècles de notre ère, en marge du Christianisme: pour eux, le monde est la production d’un sous-dieu déchu, le démiurge, qui à créé une entité néfaste, la matière, dont il faut se libérer pour retrouver la condition spirituelle pure de l’Etre suprême.  Lui, en revanche, n’est pas contaminé par la matière, il est au-dessus de tout, désintéressé de ce pauvre monde si mauvais; et de fait, il est totalement inconnaissable.  Donc, pas d’activité sexuelle ou de procréation, car, soutenaient certains gnostiques, cela n’aboutit qu’à susciter davantage de matière vivante, donc d’entité négative.  Mais, sans même aller jusqu’aux Gnostiques, posons-nous la question suivante: si le monde, à l’origine, n’était pas bon et parfait, pourquoi serait-il destiné à le devenir?  Pourquoi les hommes devraient-ils lutter pour qu’il le devienne?  On ne voit pas très bien au nom de quoi il faudrait se battre contre les injustices,  la maladie etc. Le mal inhérent à tout, c’est simplement la nature des choses, Il faut l’accepter et faire avec, point barre.  Et bien voyez-vous une vision du monde chrétienne qui prend la Genèse au sérieux ne peut accepter une telle position.  Au contraire, elle lui lance un défi.  Si elle reconnaît la présence du mal à tous les niveaux de l’existence, elle ne lui attribue pas un caractère absolu.  Au commencement, il n’en était pas ainsi, et le Créateur lui-même n’accepte pas la perversion ou la destruction de son oeuvre.  En venant vivre dans sa Création en la personne de son Fils éternel, Jésus-Christ, il a commencé le renouvellement de toutes choses.  Et Il appelle ses enfants à travailler à ce renouvellement dans toutes les sphères de l’activité humaine, en prenant Christ comme seul point de référence et d’appui. Oui, le Christ qui a subi dans sa personne toute l’étendue du mal et de l’injustice, mais qui est sorti victorieux de la mort et du pouvoir des ténèbres au matin de Pâques.  Sa résurrection est le recommencement de toutes choses, le début d’une nouvelle Création destinée à être manifestée dans toute sa splendeur à la fin des temps.  Mais dès aujourd’hui, vous et moi pouvons participer de sa vie nouvelle, par la foi et sous la direction de l’Esprit de Dieu.  Voilà enfin une vraie vocation, n’est-ce pas?