33. AMENER TOUTE PENSÉE CAPTIVE
Une
des paroles les plus étonnantes prononcées par l’apôtre Paul, le disciple
de Jésus du premier siècle qui a tant fait pour annoncer l’Evangile dans le
bassin méditerranéen, se trouve dans sa seconde lettre aux chrétiens de
Corinthe, au chapitre 10. Il dit
ceci: Nous faisons prisonnière toute pensée
pour l’amener à obéir au Christ. Mais
pour mieux comprendre cette expression, il vaut mieux lire le passage où elle
apparaît, pour qu’il prenne tout son relief: Sans doute, leur écrit saint Paul, nous sommes des hommes et nous vivons comme tels, mais nous ne menons
pas notre combat d’une manière purement humaine.
Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas simplement
humaines; elles tiennent leur puissance de Dieu qui les rend capables de
renverser des forteresses. Oui, nous
renversons les faux raisonnements ainsi que tout ce qui se dresse prétentieusement
contre la connaissance de Dieu, et nous faisons prisonnière toute pensée pour
l’amener à obéir au Christ. Quelle
parole remarquable en effet! Car
elle suppose qu’une obéissance est due à Jésus-Christ jusque dans nos pensées
les plus intimes. Bien sûr, une
telle exigence semblera à la plupart quelque chose d’insensé, voire de
totalitaire. Où est donc la liberté
de pensée que nous estimons avoir acquise au prix de tant de sacrifices au
cours de l’histoire, si nous devons la soumettre à l’obéissance à une
personne? Cela serait bien sûr vrai
si cette personne était un être humain faillible, prétentieux et limité,
comme il y a eu tant de maîtres à penser au cours des âges qui ont influencé
des générations d’hommes et de femmes, souvent
pour le pire. Mais ici, il
s’agit de quelqu’un de radicalement différent: quelqu’un qui n’a pas hésité
à dire: je suis le chemin, la vérité et
la vie; nul ne vient au Père que par moi. Seule
une personne faisant appel à sa nature divine peut dire une chose pareille.
C’est le même Jésus-Christ qui proclamait: les
cieux et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas.
Donc, soumettre ses pensées aux siennes, les rendre captives à l’obéissance
qu’il réclame pour lui seul, ce n’est pas se limiter ou s’aliéner
volontairement, c’est en fait se situer dans une perspective supérieure
capable d’éclairer chaque recoin de l’existence, personnelle et collective.
Il suffit du reste de lire les paroles prononcées par Jésus-Christ
avec un peu d’attention pour se rendre compte qu’elles ont une portée
universelle si intense et si pressante qu’elles mettent toute autre parole ou
pensée humaine en demeure de leur rendre des comptes.
Lorsqu’on les entend et l’on commence à les méditer, on est inévitablement
ramené au tout début de l’Evangile de Jean, qui, en parlant du Fils de Dieu,
déclare: Au commencement était celui qui
est la Parole de Dieu. il était
avec Dieu, il était lui-même Dieu.