46. PERMANENCE DU MENSONGE

 

“Qu’est-ce que la vérité?” demandait le procurateur romain Ponce-Pilate à Jésus-Christ qui comparaissait devant lui sous le coup de fausses accusations de sédition contre l’autorité de l’empereur romain.  Etonnant que cette question soit posée à celui-là même qui avait déclaré un jour à ses disciples: Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie: nul ne vient au Père que par moi.  Une telle affirmation nous confronte à une constatation inévitable: la vérité ne se définit que par rapport à ce qui est faux, erroné, et surtout mensonger.  On peut bien sûr dire que la vérité n’est pas connue tout simplement parce qu’on est dans l’ignorance de certains faits, il faut encore chercher avant de trouver de manière certaine.  Mais il est impossible de ne pas voir que très souvent, c’est par rapport au mensonge que se définit la vérité: le mensonge étant alors la suppression délibérée de la vérité.  Et c’est bien ce que l’apôtre Paul a en vue dans le passage suivant de la lettre qu’il écrit aux chrétiens de Rome:   Du haut du ciel, Dieu manifeste sa colère contre les hommes qui ne l’honorent pas et ne respectent pas sa volonté.  Ils étouffent ainsi malhonnêtement la vérité.  En effet, ce qu’on peut connaître de Dieu est clair pour eux, Dieu lui-même le leur ayant fait connaître.  Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient dans ses oeuvres quand on y réfléchit.  Ils n’ont donc aucune excuse, car alors qu’ils connaissent Dieu, ils ont refusé de lui rendre l’honneur que l’on doit à Dieu et de lui exprimer leur reconnaissance. Ils se sont égarés dans des raisonnements absurdes et leur pensée dépourvue d’intelligence s’est trouvée obscurcie.  Etouffer malhonnêtement la vérité...  N’est-ce pas en effet l’activité favorite des humains?  On le voit à tous les niveaux: c’est vrai qu’on reproche souvent aux politiciens d’en faire leur sport favori, mais on pourrait en dire autant de bien d’autres secteurs d’activité.  Par exemple: le journalisme manipulateur de l’information, qui filtre les nouvelles ou les commentaires selon des critères idéologiques dûment établis, selon le mot d’ordre de la bien-pensance au goût du jour; les pratiques commerciales frauduleuses qui trichent en contournant les règles tout en prétendant s’y conformer; la publicité mensongère; les historiens qui déforment sciemment les faits pour présenter leur version de l’histoire.  Etc. etc.  La société humaine respire en fait le mensonge comme un parfum auquel elle est adonnée.  D’ailleurs, mensonge et meurtre, à petit feu ou à long feu, vont de pair.  Jésus-Christ dénonçait comme menteurs les leaders religieux de son temps qui ne croyaient pas en son message:  Votre père, leut a-t-il dit un jour, c’est le diable, et vous voulez vous conformer à ses désirs.  Depuis le commencement, c’est un meurtrier: il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui.  Lorsqu’il ment, il parle de son propre fond, puisqu’il est menteur, lui le père du mensonge.  Mais moi, je dis la vérité. C’est précisément pour cela que vous ne me croyez pas.  Alors, où se tourner pour trouver la vérité?  Uniquement vers celui-là même qui a été condamné et exécuté sur la base de mensonges dûment forgés, mais que Dieu a fait revenir à la vie et a élevé au plus haut, manifestant ainsi que ni le mensonge ni le meurtre ne pouvaient avoir le dernier mot.