55. LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ (1)

 

Que dire d’un point de vue chrétien, de la devise - connue internationalement - de la république française: liberté, égalité, fraternité?  Quand on y réfléchit bien, on est frappé de voir que chacun de ces motifs, et même leur combinaison en une seule devise, prend sa source dans une thématique chrétienne.  Cela peut sembler étrange lorsque l’on sait que l’esprit de la Révolution française a été tout sauf attaché à la foi et à la tradition chrétienne.  Et pourtant...  Prenons le thème de la liberté.  Il est central à travers toute la Bible: le peuple d’Israël est libéré par Dieu de l’esclavage en Egypte.  Au vingtième chapitre du livre de l’Exode, le Décalogue, c’est-à-dire les Dix Commandements, commence par ces mots qui servent d’introduction à la Loi divine:  Je suis l’Eternel, ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Egypte, du pays où tu étais esclave.  Cela dit, la libération accomplie par Dieu n’est pas là pour laisser le peuple d’Israël maître de son destin, libre de faire ce qu’il lui plaît, mais au contraire pour le lier à ce Dieu Tout Puissant et à sa Loi, qui le maintiendra sur un sentier sûr et stable, quelles que soient les circonstances de son histoire.  Donc il ne s’agit pas d’une libération politique et sociale laissant la porte ouverte à une autonomie sans bornes, mais d’une liberté assurée dans une vie d’Alliance avec Dieu.  La lettre de Jacques, dans le Nouveau Testament, s’en fait l’écho de cette manière: Voici au contraire, écrit-il, un homme qui scrute la loi parfaite qui donne la liberté, il lui demeure fidèlement attaché et, au lieu de l’oublier après l’avoir entendue, il y conforme ses actes: cet homme sera heureux dans tout ce qu’il fait.  Cette liberté, c’est finalement celle que Jésus-Christ a acquise pour les croyants en venant accomplir parfaitement la Loi et le plan de Dieu annoncés dans la Bible.  A ceux qui avaient cru en lui il déclarait un jour: Si vous vous attachez à la Parole que je vous ai annoncée, vous êtes vraiment mes disciples.  Vous connaîtrez la vérité, et la vérité fera de vous des hommes libres.  Mais ces gens lui ont répondu: Nous, nous sommes les descendants d’Abraham, nous n’avons jamais été esclaves de personne.  Comment peux-tu dire: “vous serez des hommes libres”?  Vraiment je vous l’assure, leur répondit Jésus, tout homme qui commet le péché est esclave du péché.  Or un esclave ne fait pas partie de la famille, un fils, lui, en fait partie pour toujours.  Si donc c’est le Fils de Dieu qui vous donne la liberté, alors vous serez vraiment des hommes libres.  Voilà la clé de la vraie liberté, dans l’Evangile: c’est Jésus-Christ seulement, en tant que Fils de Dieu, qui peut l’accorder, car, selon ses propres paroles,  il est le chemin, la vérité et la vie.  Quel contraste avec la devise: “Ni Dieu, ni maître” que l’on veut si souvent faire passer pour l’expression de la vraie liberté.   On peut bien séculariser tous les grands thèmes chrétiens, comme on le fait depuis quelque deux cent cinquante ans, mais sans le fondement du Christ on aboutit à l’échec de l’application de tous nos impératifs moraux et humanistes.