56. LIBERTÉ, ÉGALITÉ,
FRATERNITÉ
L’égalité
est un des thèmes favoris de la plupart des gens et aussi le second volet de la
devise républicaine de la France, comme chacun sait.
Tout comme le thème de la liberté, il relève bien d’une thématique
chrétienne, même si on lui a fait prendre ensuite une autre connotation.
L’égalité entre tous les êtres humains au sens chrétien, elle
existe bien sûr au regard de Dieu,
qui est en premier lieu le Créateur de tous.
Tous les hommes et toutes les femmes, à toutes les époques de
l’histoire humaine, ont été créés à l’image de Dieu, nous dit la Genèse.
C’est cela qui définit leur identité primordiale, leur dignité et leur
vocation d’êtres humains. Par delà
la diversité de caractéristiques et de dons particuliers, il y a en chacun
cette marque qui nous lie non seulement à notre Créateur, mais aussi à notre
prochain, dans une relation devant être marquée par l’amour et le respect.
Toute idéologie raciste s’en trouve par là-même exclue dès
le départ. Mais l’égalité entre tous les hommes est hélas aussi celle d’une condition de
déchéance aux yeux de Dieu depuis un acte de rébellion ayant entraîné dans
sa chute l’humanité toute entière. Condition
de rupture d’alliance qui obscurcit complètement notre rapport à Dieu et à
notre prochain: source de misère, de tensions, de violence et de haine dont on
voit les traces à tous les échelons de la vie: au
niveau personnel, social et politique. L’apôtre
Paul résume cette condition de manière lapidaire au troisième chapitre de sa
lettre aux chrétiens de Rome: Tous ont péché, en effet, et sont privés de la glorieuse présence de
Dieu. Bien sûr, la déchéance
en question s’exprime à des degrés différents dans la vie des uns et des
autres, car Dieu, par sa Providence souveraine, en limite les effets les plus
destructeurs et permet que la vie continue sur terre.
Mais personne ne peut se croire exempté de cette condition de rupture
qui en fin de compte mène à la mort. Pourtant,
au milieu de cette condition mortelle marquée par la déchéance, surgit une
espérance adressée à tous, indistinctement (autre signe d’égalité dans la
foi chrétienne): celle du salut, de la réconciliation avec Dieu et avec le
prochain. En fait, je ne vous ai lu
que partiellement la déclaration de Paul dans sa lettre aux Romains.
Je la reprends maintenant: Tous ont
péché, en effet, et sont privés de la glorieuse présence de Dieu, et ils
sont déclarés justes par sa grâce: c’est un don que Dieu leur fait par le
moyen de la délivrance apportée par Jésus-Christ.
A partir de là, une humanité nouvelle revient à la vie, appelée
au service de Dieu et du prochain dans l’amour et le respect.
Une des marques de l’égalité humaine sur laquelle la Bible insiste
souvent, conformément à l’égalité de condition d’êtres créés à
l’image de Dieu, c’est celle de tous devant la justice humaine.
Il ne s’agit pas d’essayer
d’effacer radicalement toutes les distinctions sociales, comme on le voudrait
souvent sur la base d’une autre conception de l’égalité, mais d’assurer
une justice publique impartiale pour tous, quel que soit leur statut social.
Dans la Bible, un des meilleurs exemples nous en est donné avec
Josaphat, roi du petit royaume de Juda au neuvième siècle avant Jésus-Christ.
Je vous lis pour terminer un passage du premier livre des Chroniques,
dans l’Ancien Testament, au chapitre 19: Josaphat
établit des juges dans toutes les villes fortifiées du pays de Juda, et leur
donna les instructions suivantes: Veillez avec soin à ce que vous faites, car
ce n’est pas pour des hommes que vous prononcez des jugements, mais pour
l’Eternel, et il vous assistera lorsque vous rendrez la justice. Maintenant,
agissez en craignant l’Eternel et soyez circonspects dans tout ce que vous
faites, car l’Eternel, notre Dieu, ne tolère ni l’injustice, ni la
partialité, ni la corruption par des cadeaux.