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LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ (3)
La
fraternité entre les hommes, est l’idéal à atteindre qu’exprime le troisième
volet de la devise de la république française: liberté, égalité, fraternité.
Tout comme les deux précédents, il trouve sa source dans
l’enseignement chrétien, même s’il s’appuie sur des idées assez différentes,
et finalement contradictoires. Vous
connaissez sûrement l’Ode à la Joie du poète allemand Schiller, mis en
musique par Beethoven dans le dernier mouvement de sa neuvième symphonie: Tous
les hommes deviendront frères chantent les solistes et le choeur. Où en sommes-nous
aujourd’hui dans la réalisation universelle de ce bel idéal?
Les peuples ne sont-ils plus en compétition les uns avec les autres?
La lutte économique et la survie des plus forts aux dépens des plus
faibles a-t-elle laissé la place à l’harmonie généralisée dans les
relations humaines? Il y a en fait
une grosse contradiction dans l’idéologie dominante qui gouverne les pensées
et les coeurs des hommes de notre époque: on ne peut pas déclarer à la fois
que la loi de base qui régit les relations humaines et animales c’est la
survie du plus fort au dépend du plus faible, avec pour conséquence évidente
l’élimination de ceux qui ne savent ou ne peuvent pas s’adapter, et que
d’autre part l’idéal à atteindre c’est la fraternité humaine généralisée.
Il faut être totalement schizophrène pour soutenir que ces deux
principes peuvent exister ensemble. C’est
bien pourtant ce qu’on voudrait nous faire croire.
Pour la foi chrétienne, la fraternité entre les hommes est avant tout
le fait d’une réconciliation avec Dieu opérée par Jésus-Christ, qui est
devenu le modèle d’une humanité nouvelle. Sur ce fondement, le Christ déclare
à ses disciples au moment du repas pascal célébré en commun peu avant son
arrestation, son procès et sa crucifixion:
Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Reconnaître
en l’autre son semblable n’est possible que si on reconnaît d’abord
qu’il est créé à l’image de Dieu lui aussi, tout comme soi-même, et que
cette image est sacrée. Je vous
parlais dans ma précédente rubrique de l’égalité des hommes devant Dieu,
en particulier devant la justice publique. Aucun
favoritisme n’est toléré devant le siège judiciaire, aucune corruption
n’est permise. Mais sur quelle
base? Uniquement sur celle du Dieu
éternel et Tout Puissant qui jugera lui-même tous les hommes.
Cette égalité devant la justice doit permettre de protéger les plus démunis,
les plus faibles, contre l’abus et l’exploitation des plus puissants, sans
toutefois que cette protection devienne partiale et injuste à son tour.
Un très beau texte du livre du Deutéronome, dans l’Ancien Testament,
à la fin du dixième chapitre nous dit ceci: L’Eternel
votre Dieu est le Dieu suprême et le Seigneur des seigneurs, le grand Dieu,
puissant et redoutable, qui ne fait pas de favoritisme et ne se laisse pas
corrompre par des présents. Il rend
justice à l’orphelin et à la veuve et témoigne son amour à l’étranger
en lui assurant le pain et le vêtement. Vous
aussi vous aimerez l’étranger parmi vous, car vous avez été étrangers en
Egypte. L’amour du prochain, c’est donc avant tout l’exercice d’une
justice impartiale à son égard, la reconnaissance de son droit à exister en
paix, même et surtout s’il est plus fragile que les autres.
C’est cela que l’Evangile proclame, et c’est bien le contraire de
l’idéologie naturaliste qui non seulement admet la survie exclusive du plus
fort, mais de plus l’encourage de manière éhontée.