58. DIEU ET
LES NATIONS
A l’heure où les nations se coalisent, on parle
volontiers de la communauté internationale en semblant sous-entendre que plus
les nations se mettent ensemble et se lient par des traités et des accords de
toutes sortes, plus leur union où leurs relations réciproques codifiées entraînent
davantage de moralité et de respectabilité pour le genre humain (comme si le
nombre d’adhérents à une idéologie ou une religion quelconque était le
garant de sa validité). Drôle de
conclusion en effet, en tous cas drôle de perception.
Afin de nous délivrer de telles fausses idées, il n’est pas inutile
de nous mettre à l’écoute d’un texte de la Bible, le psaume 33, écrit
bien des siècles avant notre ère. Il nous servira d’antidote contre toute naïveté
quant à la moralité supposée des efforts internationaux; il renversera aussi
nos idées reçues sur la confiance des nations dans leurs armées puissantes et
leur technologie militaire avancée.
Que
toute la terre craigne l’Eternel! Que tous les habitants du monde
tremblent devant lui! Car il dit, et la chose arrive; Il ordonne, et elle
existe.
L’Eternel
renverse le conseil des nations, Il anéantit les projets des peuples. Le
conseil de l’Eternel subsiste à toujours, et les projets de son coeur, de génération
en génération. Heureuse la nation dont l’Eternel est le Dieu!
Heureux le peuple qu’il a choisi pour son héritage! L’Eternel regarde
du haut des cieux, Il voit tous les humains. Du lieu de sa demeure il observe
tous les habitants de la terre, lui qui forme leur coeur à tous, qui est
attentif à toutes leurs oeuvres.
Point
de roi qui soit sauvé par une grande armée; le héros n’est pas délivré
par une grande force. Le cheval n’est qu’une illusion pour assurer le
salut, et toute sa vigueur ne donne pas la délivrance. Voici que l’oeil de
l’Eternel est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui s’attendent à sa
bienveillance, afin d’arracher leur âme à la mort et de les faire vivre
pendant la famine.
Beaucoup diront que ce texte est bien beau, mais ne fait que refléter la
vision mythologique, pré-scientifique, de son auteur, bien excusable pour le
temps reculé où il vivait. Mais aujourd’hui, on a acquis trop de
connaissances scientifiques pour s’en tenir à une telle vision de
l’histoire et des rapports humains. Il
n’y a que les rapports de forces en présence qui comptent dans l’issue
favorable ou défavorable d’un conflit humain, avec en plus une bonne dose de
hasard, de facteurs non-contrôlés, en tous cas non contrôlables.
Tout ce qu’on peut faire, c’est se ranger du côté de ce qu’on
estime le moins nocif. Le reste,
c’est de la légende... Et bien,
à voir la direction que prend le monde sur ce fondement, on peut être assuré
que loin de s’arranger, il versera de plus en plus dans le cynisme le plus
effroyable. Et quant aux droits de
l’homme, quant à la générosité et à la solidarité des humains entre eux,
elle se soumettront de gré ou de force aux diktats des plus puissants.
Le psaume 33, lui, conclut sur ces paroles d’espérance: Notre
âme attend l’Eternel; Il est notre secours et notre bouclier, car notre coeur
se réjouit en lui, car nous avons confiance en son saint nom.
Eternel! Que ta bienveillance
soit sur nous, comme nous nous attendons à toi.