59. INTENTER UN PROCES A DIEU?
La
presse se fait parfois l’écho d’étranges procès que certains, en Europe
ou en Amérique, veulent intenter à Dieu, pour cause d’homophobie, de trafic
d’influence, de violence, et que sais-je encore.
Jésus-Christ lui-même est mis en cause, comme en Italie ou quelqu’un
attaquait en justice un prêtre qui aurait abusé de la crédulité populaire en
parlant sans aucune preuve de Jésus comme d’un personnage historique qui
aurait réellement existé.
Jusqu’à présent, ces tentatives de mise en cause judiciaire n’ont
jamais abouti. Dans un cas
particulier, le juge a statué que
le plaignant devait être en mesure de joindre la partie adverse pour que le
procès puisse avoir lieu. Dans un autre cas, en Roumanie, le juge a fait valoir
que Dieu n'est pas un sujet de droit et n'a pas d'adresse.
Intenter un procès à Dieu? En
fait la chose n’est pas nouvelle. Environ
5 siècles avant Jésus-Christ, le prophète Jérémie, parlant au nom de Dieu, s’en faisait
l’écho au sein du petit royaume de Juda (5:29): “Pourquoi m’intenter un
procès? Tous vous vous êtes révoltés
contre moi, l’Eternel le déclare”. Quant
à Jésus-Christ, son procès a déjà eu lieu, certains semblent l’avoir
oublié. L’historien Luc, connu
pour la précision historique de ses récits (celui du naufrage du bateau qui
emmenait St Paul en Italie, à la fin du livre des Actes, est le plus détaillé
de toute l’antiquité gréco-romaine) rapporte les éléments de ce procès à
la fin de son évangile (chapitre 23): Mais Pilate, qui désirait relâcher Jésus, adressa de nouveau la
parole à la foule, qui se mit à crier: ‘Crucifie-le! Crucifie-le!’ –
Mais enfin, leur demanda-t-il pour la troisième fois, qu’a-t-il fait de mal?
Je n’ai
trouvé en lui aucune raison de le condamner à mort.
Je vais donc lui faire donner le fouet puis le remettre en liberté.
Mais ils devinrent de plus en plus pressants et exigèrent à grands cris
sa crucifixion. Finalement, leurs
cris l’emportèrent. Pilate décida alors de satisfaire à leur demande.
Il relâcha donc celui qu’ils réclamaient, celui qui avait été
emprisonné pour une émeute et pour un meurtre, et leur livra Jésus pour
qu’ils fassent de lui ce qu’ils voulaient.
Ce procès fondamentalement injuste de Jésus, c’est
au fond celui qu’une humanité rebelle et adonnée à ses vices intente à
Dieu, en l’accusant d’être l’auteur de tous ses maux, de tout ce qui ne
va pas en son sein. Or depuis le début
du christianisme, les chrétiens (qu’ils soient catholiques romains,
protestants ou orthodoxes) confessent ensemble que ce même Jésus-Christ,
condamné injustement à une mort
infâmante - le supplice de la Croix - est celui qui a été justifié par Dieu
lui-même. Non seulement Dieu l’a
fait revenir à la vie, mais il l’a élevé vers lui, et l’a établi
souverain et juge de toutes choses afin que tout un chacun s’abaisse devant
lui et reconnaisse son autorité universelle exercée depuis la sphère divine. Il viendra de là pour juger les vivants et les morts, déclare la
confession de foi commune de tous les chrétiens.
Ne nous trompons donc pas de procès, sous peine de
grave désillusion et de surprise extrêmement désagréable le jour venu.
Ce sont les humains qui se trouvent sous le coup d’une accusation
radicale aux conséquences incalculables. Il
vaut bien mieux prêter attention à ce qu’écrivait il y a deux mille ans
Saint Paul aux fidèles de l’Eglise de Corinthe: Aussi,
que nous restions dans ce corps ou que nous le quittions, notre ambition est de
plaire au Seigneur. Car nous aurons
tous à comparaître devant le tribunal de Christ, et chacun recevra ce qui lui
revient selon les actes, bons ou mauvais, qu’il aura accomplis par son corps.