68. UNE HUMANITÉ EN DÉRIVE

 

Voilà plus de cents ans que le Titanic a sombré corps et bien dans l’océan Atlantique. On a beaucoup écrit à ce sujet, on a beaucoup glosé sur les causes de ce désastre qui a causé la mort tragique de plus de 1500 personnes. On a essayé de reconstituer les événements, de prescrire à posteriori ce qu’il aurait fallu faire pour éviter le désastre.  Chacun connaît le film phare des années quatre-vint dix qui raconte une idylle se déroulant sur cet immense paquebot, mais qui se termine en queue de poisson, si je puis dire.   Pourtant, plus fondamentalement encore, on ne peut s’empêcher de voir en cette fin de course précipitée du Titanic comme une parabole, qui sait, peut-être même un signe annonciateur du danger que court l’humanité emportée dans une course frénétique au progrès, course vouée à un retentissant échec.  Certains diront que la comparaison est trop facile, et que jouer les Cassandre n’est pas la meilleure manière de voir les choses.  Cependant, ce qui frappe avec le Titanic, c’est d’abord l’orgueil du gigantisme, de la victoire sur le temps par la vitesse, l’idée que rien ne peut résister à l’intelligence et à l’industrie des hommes. Oui, l’orgueil du péché, et le péché d’orgueil qui s’est manifesté de bien d’autres manières au cours du vingtième siècle, par exemple par la course aux armements les plus destructifs, le développement d’idéologies globalisantes complètement totalitaires, l’asservissement de la nature aux rêves humains les plus fous.  Où en sommes-nous en ce début du vingt-et-unième siècle?  Un proverbe de la Bible (que l’on trouve au chapitre trois) reste de grande actualité.  Il dit ceci: Mets ta confiance en l’Eternel de tout ton coeur, et ne te repose pas sur ta propre intelligence.  Cherche à connaître sa volonté pour tout ce que tu entreprends, et il te conduira sur le droit chemin.  Ne sois pas sage à tes propres yeux, Crains l’Eternel, écarte-toi du mal: ce sera la santé pour ton corps et un rafraîchissement pour tes os.  Le livre du prophète Jérémie, au chapitre neuf, ne dit pas autre chose.  Ecoutez: L’Eternel dit ceci: Que celui qui est sage ne se glorifie pas de sa sagesse; que celui qui est fort ne se glorifie pas de sa puissance; que celui qui est riche ne se glorifie pas de sa richesse.  Celui qui veut se glorifier, qu’il se glorifie de ceci: d’avoir l’intelligence de me connaître, moi qui suis l’Eternel, qui agis avec bienveillance, qui exerce le droit et la justice sur la terre; car ce sont là les choses qui me font plaisir, l’Eternel le déclare.

En fait, un des thèmes récurrents dans la Bible, concerne justement les orgueilleux que Dieu abaisse toujours à un moment ou un autre.   Le cantique de Marie, au début de l’évangile selon Luc, l’exprime comme ceci: Dieu a précipité les puissants de leurs trônes, et il a élevé les humbles.  Il a comblé de biens ceux qui sont affamés, et il a renvoyé les riches les mains vides. Oui, des paroles auxquelles notre monde ferait bien de prendre garde, s’il ne veut pas sombrer corps et biens dans les pièges qu’il se tend à lui-même en pensant avoir beaucoup de sagesse, de puissance et de richesse.