70. JUSTIFIER LA VIOLENCE?

L’époque à laquelle nous vivons n’est pas essentiellement différente de celle à laquelle nos parents ou nos ancêtres ont vécu :  malgré les bouleversements de toutes sortes auxquels nous devons faire face, comme les innovations technologiques, ou l’avènement de ce qu’on appelle le « village global », nous retrouvons inchangés au cours des âges certains problèmes qui affectent notre vie ou celle de nos proches.  L’un de ces problèmes est la violence.  Aujourd’hui je voudrais vous parler de cette question, à la lumière de la foi chrétienne.  Parlons plus particulièrement de la violence politique.  Les tensions internationales, le terrorisme justifié par certains au nom d’une cause ou d’une religion quelconque  m’amènent à aborder ce sujet d’actualité. 

On peut bien sûr  distinguer plusieurs formes de violence politique :  par exemple l’oppression économique d’un groupe par un autre, la dictature violente d’un homme ou d’un groupe ne supportant aucune critique ou opposition, la guerre d’un état contre un autre, le terrorisme ayant des motivations idéologiques ou ethniques et bien d’autres formes encore.  Quelle est donc la racine de tels maux ?  Sans doute la soif du pouvoir, le désir de dominer, voire d’exploiter les autres, de s’approprier leurs biens.  Les conquêtes territoriales et la soif de gloire militaire sont souvent un moteur de violence.  Parfois on a affaire à un pur déchaînement d’instincts destructeurs qu’on justifie au nom d’une cause fabriquée.  On a aussi bien souvent vu, au cours de l’histoire, des guerres alibi, déclenchées tout simplement pour redorer le blason terni d’un gouvernement ou d’un souverain quelconque.  La violence politique peut aussi trouver sa source dans un désir de vengeance.  Mais le ressort le plus profond de cette violence, c’est la haine de Dieu et de  son prochain.  Le catéchisme de Heidelberg, ce précieux résumé de la foi chrétienne vieux de quelque cinq cents ans, le dit sans ambages :  « par nature je suis enclin à haïr Dieu et mon prochain ».  Certes, cette haine ne se manifeste pas nécessairement sous la forme d’une violence politique quelconque, cependant celle-ci doit bien être attribuée avant tout à une telle haine. 

Dans la mesure où l’Évangile défend de haïr son prochain, toute forme de violence devrait être bannie d’une société ou d’une culture chrétienne.  Pourtant, hélas, on a trop souvent vu de par le passé, des nations dites chrétiennes se livrer à la violence entre elles, et ce pour quelques unes des raisons que je viens d’invoquer.  Il est évident que les mots du catéchisme, la mention de cette haine qui caractérise la nature de l’homme  non régénéré par l’Esprit de Dieu, s’appliquent à tous sans exception.  Un chrétien n’est pas quelqu’un qui est né  immaculé, sans faute ni tare.  Dans la vie des communautés, des pays ou des nations, la nature humaine rebelle à Dieu s’est manifestée et se manifeste encore, prenant notamment la forme de telle ou telle forme de violence politique.

Cela dit, la foi chrétienne n’a pas de sens sans la repentance des oeuvres mauvaises, et sans la nécessaire réformation de la vie individuelle et communautaire par la Parole et l’Esprit de Dieu, le tout en vue d’une obéissance  croissante  au Seigneur Jésus-Christ.  Voilà pourquoi il nous faut constamment retourner à la source de la foi chrétienne, c’est-à-dire à l’ Évangile de Jésus-Christ.  Non seulement les personnes en tant que telles sont appelées à une telle réformation, mais les communautés, les nations voire les empires doivent se soumettre à l’impératif du Seigneur Jésus-Christ, le Chef suprême de l’univers tout entier.