81. LE SPIRITUEL ET LE MATÉRIEL

 

Est-ce qu’il faut divorcer le spirituel du matériel?  Est-ce que notre vie consiste en deux sphères bien cloisonnées et séparées, qui ne se rencontrent jamais, et dont nous devons prendre soin chacune de leur côté?   En gros sommes nous prisonniers de ce qu’on appelle une vision dualiste du monde? En fait, tout indique que la sphère du spirituel et du matériel, celle du psychique et du physique, sont intimement liées entre elles.  Prendre soin de l’une devrait se faire en conjonction avec l’autre.  Et cela parce que la réalité dans laquelle nous vivons est unifiée.  C’est nous qui, en la divisant, en la séparant, causons du tort tant à notre personne qu’à celles des autres.  Bien sûr, on peut distinguer différentes sphères dans notre existence, mais ce n’est pas parce qu’elles ont leur spécificité qu’elles vivent indépendamment les unes des autres, sans aucun lien entre elles.  A la fin d’une de ses lettres adressée à une jeune église, celle de Thessalonique, l’apôtre Paul les encourage en exprimant le voeu de bénédiction suivant: Que le Dieu de paix vous rende lui-même entièrement saints et qu’il vous garde parfaitement esprit, âme et corps pour que vous soyez irréprochables lors de la venue de notre Seigneur Jésus-Christ.  Vous voyez, Paul distingue trois sphères différentes, esprit, âme et corps, mais il les unit dans la même expression, en appelant la même bénédiction sur elles. Dans un psaume de l’Ancien Testament, le psaume 32, l’auteur parle des effets psycho-somatiques  liés au fait qu’il n’avait pas déclaré à Dieu la faute dont il s’était rendu coupable, afin de chercher en lui le pardon: Tant que je taisais ma faute, je m’épuisais à gémir sans cesse, à longueur de jour.  Sur moi, le jour et la nuit, ta main s’appesantissait, ma vigueur m’abandonnait comme l’herbe se dessèche lors des ardeurs de l’été.  Je t’ai avoué ma faute, je n’ai plus caché mes torts, j’ai dit: “Je reconnaîtrai devant l’Eternel les péchés que j’ai commis”.  Alors tu m’as déchargé du poids de ma faute.  En fait c’est comme si la force physique, la santé lui est revenue après qu’il ait fait la paix avec Dieu en reconnaissant ses torts.

Dieu est le Créateur de la réalité tout entière, pas seulement de l’âme.  Les chrétiens ne croient pas à l’immortalité de l’âme, comme les grecs anciens le croyaient, mais à la résurrection du corps qui s’est désintégré au moment de la mort, et qui sera réuni à l’âme en une seule entité au jour de la résurrection des morts.  C’est une différence fondamentale, qui nous apprend aussi que nous ne devons pas mépriser le corps ou la réalité matérielle comme si elles avaient moins de valeur que les choses dites spirituelles: en fait, nous montrons notre cheminement spirituel dans la manière dont nous vivons tous les aspects de notre vie matérielle présente, comme dans notre rapport à l’argent, à notre famille, à la sexualité, aux problèmes sociaux ou politiques, à notre environnement, etc. etc.   Vivons donc ces rapports à la réalité tout entière de manière véritablement spirituelle, c’est-à-dire en conformité avec la volonté de Dieu, dans l’optique de son plan de rachat d’une humanité désorientée et en proie à toutes sortes de maux: Dieu a montré qu’Il s’occupe de sa Création tout entière en s’incarnant en Jésus-Christ, en devenant un être humain comme nous, afin de nous racheter de notre misère.