94. LE VRAI
MIROIR (3)
Dans le Nouveau Testament, on trouve un texte qui nous
parle d’un miroir très particulier: il nous permet de nous connaître pour
qui nous sommes véritablement, et pas pour ce que nous pensons, ou voudrions être.
Ecoutez les versets 22 à 25 du premier chapitre de la lettre de Jacques: Pratiquez
la parole et ne l’écoutez pas seulement, en vous abusant de faux
raisonnements. Car si quelqu’un écoute
la parole et ne la pratique pas, il est semblable à un homme qui regarde dans
un miroir son visage naturel, et qui, après s’être regardé, s’en va et
oublie aussitôt comment il est. Mais
celui qui a plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et
qui persévère, non pas en l’écoutant pour l’oublier, mais en la
pratiquant activement, celui-là sera heureux dans son action même.
Jacques est un bon connaisseur du coeur humain: il sait
que les gens aiment beaucoup s’examiner eux-mêmes, qu’ils sont possédés
par une sorte de démangeaison concernant leur propre personne.
Mais il sait aussi que cette curiosité est souvent vaine et stérile:
comme si les gens, pendant qu’ils se contemplent intensément pour trouver
leur identité, grattaient à qui mieux mieux l’endroit où cela démange,
agrandissant ainsi la blessure. Se
gratter ne leur donne jamais satisfaction. La
curiosité religieuse est de même nature. Elle
peut vous amener à passer des heures entières à discuter et réfléchir sur
certaines graves questions, sans toutefois amener aucune réponse.
Même la fréquentation régulière d’une église peut ne devenir
qu’un vain et futile exercice. Si
vous n’y allez que par curiosité et que vous ne parvenez pas à être remplis
d’une connaissance qui vous donne satisfaction, alors vous aussi vous êtes la
proie de ce processus de démangeaison et de grattage…
Et pourtant Jacques nous dit que la parole que nous entendons est la loi
parfaite qui donne la liberté. Alors,
dans quel sens est-ce une loi parfaite? Comment
peut-elle me donner la liberté? Elle
est parfaite parce qu’elle parle de Dieu et de nous-mêmes en termes qui sont
vrais. Elle nous dit que nous sommes
comme les pièces brisées d’un miroir, mais en même temps, elle nous
restaure en un tout uni, en nous éclairant sur notre véritable condition
devant Dieu. Donc, la loi de Dieu ne
nous traite pas comme de simples fragments brisés, même si elle nous dit que
nous sommes effectivement ces fragments brisés.
Car si nous sommes des fragments brisés par la Chute et le péché, la
loi de Dieu, elle, n’est pas un miroir brisé, mais au contraire un miroir
parfaitement poli qui nous donne une vision juste de notre nature.