96.  TRADITION OU TRADITIONNALISME (1)

Parlons ensemble de la valeur de la tradition.  Notre vie à tous est marquée par la présence de traditions, certaines d’entre elles étant très fortement ancrées dans notre existence quotidienne.  Les traditions nous relient au passé, elles nous rattachent aux générations qui nous ont précédés.  Elles indiquent de manière incontournable que nous vivons dans une dimension historique: nous ne sommes pas arrivés sur terre sans aucun antécédent, sans bagage; d’autres nous ont précédés et ont laissé après eux un héritage culturel, économique et religieux qui nous échoit et que nous devons gérer d’une manière ou d’une autre.  Les meilleures traditions sont certainement celles qui savent enrichir les nouvelles générations sans les opprimer.  Les pires sont justement celles qui étouffent la personne individuelle et les sociétés, les empêchant de s’épanouir.  Faut-il faire des traditions un absolu, auquel on n’a pas le droit de toucher, quelles qu’en soient les conséquences pour notre vie?  Une telle attitude, qu’on trouve chez beaucoup, est bien sûr contraire au contenu de la foi chrétienne, car si quelque chose prend la place de Dieu dans notre vie, cela devient tout simplement une idole.  Les traditions, même celles qui sont les plus chères à notre coeur, devraient pouvoir être réformées, s’adapter aux circonstances nouvelles sans pour autant perdre de leur valeur.  Autrement elles deviendront rapidement un agent d’oppression.  La Bible, au cours de ses différentes parties, fait régulièrement appel au témoignage des croyants de générations passées.  Elle rappelle très souvent les paroles prononcées par les prophètes d’antan.  Leur témoignage servira de condamnation aux générations présentes.  Jésus cite très souvent l’Ancien Testament, et à sa suite ses apôtres font de même.   La Révélation de Dieu concernant le salut des hommes ne se comprend que de manière historique, dans le cadre du déroulement d’une histoire guidée par Dieu de toute éternité.  Il est donc essentiel d’en connaître toutes les étapes: ce sont les maillons indissociables d’une même chaîne.

L’exemple à imiter des croyants qui nous ont précédés sur terre fait l’objet de nombreux passages de l’Ecriture Sainte.  On lit par exemple au chapitre treize de la lettre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament, le passage suivant: Souvenez-vous de vos anciens conducteurs qui vous ont annoncé la Parole de Dieu.  Considérez l’aboutissement de toute leur vie et imitez leur foi.  Il est important de connaître notre héritage spirituel, celui qui est ancré non pas dans de vaines traditions humaines qui s’élèvent au rang d’oracles divins, mais dans la Parole éternelle de Dieu.  Bien sûr il faut savoir distinguer entre les deux.  Mais si l’on sait le faire avec sagesse, alors on découvre que les ancêtres qui comptent le plus dans notre vie, ceux qui peuvent faire l’objet de notre recherche et de notre méditation, ne sont pas forcément nos ancêtres biologiques, nos grands parents dans la chair, mais nos ancêtres spirituels, ceux qui ont laissé un héritage vivant qui peut être utilisé avec grand profit dans notre vie présente.