LA JUSTICE SELON DIEU (1)

Amis auditeurs, vous savez sans doute comme moi, par expérience, que le mot “justice” est un mot à la fois très recherché et très galvaudé. Bien des actions inhumaines, voire barbares, sont exercées au nom d’une prétendue justice qui cherche avant tout le profit de celui ou ceux qui l’invoquent. D’horribles vengeances sont perpétrées par certains groupes sur d’autres au nom d’une justice partisane qui a par avance décidé de ne laisser à l’autre aucun droit à l’existence ou à la défense. Pour le chrétien cependant, le mot “justice” évoque immédiatement un des attributs de Dieu, une des qualités qui Le caractérise et dont la Bible fait état tout au long de ses pages. Ainsi nous lisons dans le Cantique de Moïse, au livre du Deutéronome, chapitre 32 versets 4 et 5, les paroles suivantes: “Il est le Rocher; son oeuvre est parfaite, car toutes ses voies sont équitables; c’est un Dieu fidèle et sans injustice, c’est Lui qui est juste et droit. S’ils se sont corrompus, ce n’est pas lui, mais ses fils qui sont à blâmer; race perverse et retorse. Est-ce l’Eternel que vous en rendrez responsable, peuple insensé et dépourvu de sagesse? N’est-il pas ton Père, ton créateur? N’est-ce pas Lui qui t’a fait et t’a affermi?

Nous le voyons bien, la Bible ne cherche pas à disculper ceux qui commettent l’injustice tout en se réclamant de Dieu. Et de fait, le contraste entre la justice divine et l’injustice des hommes remplit bien des pages de l’Ecriture Sainte. Donnons-en quelques exemples. Le Psaume 58 est une diatribe et une accusation contre les hommes qui prononcent des jugements injustes. Ecoutez plutôt: “Vraiment, est-ce en vous taisant que vous rendez la justice? Jugez-vous les hommes en toute droiture? Non, vous commettez sciemment l’injustice! Vous propagez sur la terre la violence de vos mains. Dès le ventre de leur mère, les méchants s’égarent, depuis leur naissance ils profèrent des mensonges”. Ce psaume, que je vous invite à lire par vous-même, en appelle à Dieu Lui-même pour réduire au néant tous ceux qui commettent l’injustice. Et il conclut de la manière suivante: “Pour le juste, quelle joie de voir les méchants punis. Dans leur sang, il se lavera les pieds. Et les hommes pourront dire: “Oui, ceux qui sont justes trouvent une récompense. Il y a un Dieu qui exerce la justice sur la terre.” Ainsi donc, les injustes, quels que soit leurs méfaits ou leur puissance, finissent par être jugés par Dieu Lui-Même. Le psaume 82, quant à lui, appelle de manière figurée “dieux”, ceux qui gouvernent et qui jugent. C’est là un terme honorifique, mais les pratiques injustes de ces juges et gouvernants, deviennent la cause de leur propre déchéance. Ecoutez: Dans le tribunal divin, Dieu se tient, au milieu des “dieux” il rend la justice: “Ah! Jusques à quand défendrez-vous les injustes et prendrez-vous le parti des méchants? Défendez le faible, l’orphelin, soyez justes à l’égard du pauvre et du malheureux, libérez le faible et le misérable, délivrez-les de la main des méchants. Mais ils ne comprennent rien, ils ne savent rien: ils avancent tâtonnant parmi les ténèbres, tous les fondements de la terre en sont ébranlés. J’avais dit: “Vous êtes des dieux, oui, vous tous, vous êtes des fils du Très-Haut!” Cependant, vous périrez comme tous les hommes, vous serez déchus comme les chefs des nations!” O Dieu, lève-toi pour juger le monde, car tu as pour possession toutes les nations!

Arrêtons-nous un instant, si vous le voulez bien, sur ce psaume 82 et sur son enseignement. Tout d’abord, il nous faut bien remarquer le titre honorifique qui qualifie juges, législateurs et gouvernants: ils sont nommés “dieux” (au pluriel), non pas qu’ils possèdent la divinité en essence, mais parce que Dieu les élève à un certain rang. Ainsi, l’office de législateur, de gouvernant ou de juge doit être considéré comme une vocation digne du plus grand respect, dans la mesure où Dieu lui-Même appelle certains à exercer un tel office, pour le bien d’un pays ou d’une société. Aux yeux de la Bible, il n’est pas question de mépriser de tels offices, et de les ravaler à un rang inférieur. Dans bien des sociétés, par exemple, on a tendance à dire que les politiciens sont corrompus par le fait même qu’ils sont des politiciens. En quelque sorte, ils ne sauraient être honnêtes, pas plus que les poules ne sauraient avoir des dents. Une telle vue des magistrats et officiers publics est loin d’être en accord avec une vision chrétienne de l’ordre institué par Dieu pour les sociétés humaines.

Le problème ne vient ni de l’office ni de l’appel à exercer de telles fonctions, mais du péché qui déforme cet appel et amène des hommes pécheurs à abuser de leurs prérogatives. Cet abus, dans le psaume 82, est premièrement caractérisé par une désobéissance notoire à la Loi de Dieu. Celle-ci dit expressément que les pauvres doivent être protégés contre les abus des plus puissants. L’exemple même des faibles et des pauvres, dans la Bible, c’est l’orphelin, dont la condition sociale est des plus fragile, et qui peut être exploité sans vergogne, car il est économiquement et socialement dépendant vis-à-vis d’individus sans scrupules. Mais qu’arrive-t-il lorsque l’injustice flagrante se substitue à la justice selon la Loi de Dieu? Le psaume 82 nous dit au verset 5, que tous les fondements de la terre chancellent. Que veut-dire ceci? Tout d’abord que des gouvernants ou magistrats qui désobéissent aux règles fondamentales du droit posées par Dieu, se prennent tout simplement pour Dieu Lui-Même. Ils tâchent d’usurper Sa place en supprimant Sa Parole. Ce n’est au fond qu’une répétition du péché originel. Et de même que le monde entier a été ébranlé par la Chute du premier couple humain, de même les fondements des pays du monde entier sont ébranlés par l’injustice qui est le fait de ceux qui devraient promouvoir et exercer la justice. Pas besoin d’aller chercher très loin les signes d’un tel ébranlement, nous en sentons tous les effets, chacun dans son pays: vie économique ruinée ou en déperdition, richesses dilapidées, relations internationales tendues voire franchement hostiles. Les fondements des pays de la terre sont en effet ébranlés par les actes injustes de ceux qui font la promotion du mensonge ou de l’oppression sous diverses formes.

Mais, pour l’auteur du psaume 82, ceux-là mêmes qui se prennent pour Dieu en substituant à Sa Loi leurs pratiques malhonnêtes et perverses, n’ont en fait ni connaissance ni intelligence, ils marchent dans les ténèbres. Quelle que soit leur habileté dans leurs manigances, dans leur manière de produire des textes de loi injustes, ou d’appliquer la législation de manière partiale, cette habileté est en fait obscurité, voire obscurantisme. Et le verdict du Dieu Très-Haut tombe, radical: “J’avais dit: Vous êtes des dieux, vous êtes tous des fils du Très-Haut, cependant vous mourrez comme les humains, vous tomberez comme un prince quelconque.” Car c’est ce dieu Tout Puissant que le psalmiste nous présente au tout début du Psaume: “Dans le tribunal divin, Dieu se tient au milieu des “dieux”, il rend la justice.” Tous ceux donc à qui il confie une charge doivent lui rendre des comptes. Et c’est là le premier principe que tout gouvernant ou législateur qui invoque Dieu dans sa vie privée, devrait garder à l’esprit: il ou elle est encore plus responsable devant Dieu que devant les hommes. Car bien des choses peuvent échapper aux hommes, mais rien n’échappe à Dieu. Le gouvernant, juge ou législateur est en quelque sorte intendant du bien public, un bien qui lui est confié par Dieu, derrière même les élections ou la nomination qui l’ont installé dans sa charge. Et l’auteur du psaume 82 de conclure en priant le Dieu Tout-Puissant d’exercer sa justice divine: O Dieu, lève-toi pour juger le monde, car tu as pour possession toutes les nations!” La souveraineté divine, posée au tout début du psaume comme un fait indubitable, se retrouve affirmée en fin du même psaume. Mais notez bien, chers amis, que toutes les nations sont la possession de Dieu, celles qui le reconnaissent comme tel aussi bien que celles qui l’ignorent. Cependant, si la prière du psalmiste se fait pressante, et semble attendre une réponse de manière urgente, c’est que lui, tout comme bien d’entre nous, vit au jour le jour les effets de cet ébranlement du monde qui est le fait de l’injustice perpétrée par de mauvais gouvernants. Il ne peut la supporter, et en appelle directement au Dieu Tout Puissant. Et c’est bien souvent notre propre position, à nous autres chrétiens: d’une part nous savons fermement, par la foi, que Dieu est souverain et qu’il juge, voire a déjà jugé les nations et leurs chefs. D’autre part nous attendons avec impatience de voir la manifestation finale de ce jugement, et la délivrance qui s’ensuivra pour tous ceux qui auront mis en Dieu leur confiance. Que nous faut-il donc faire? Pouvons-nous hâter la venue de la justice divine? Oui, amis auditeurs, dans un sens nous le pouvons: non pas en organisant des révolutions violentes qui remplacent une injustice par une autre et cherchent à se substituer à la justice divine en la caricaturant. Mais plutôt en confessant activement que Dieu est souverain, en comprenant le sens de la Loi divine pour notre situation présente, pour nos sociétés, et en la faisant connaître à ceux qui sont nos juges, législateurs et gouvernants.

Il nous faut aussi savoir reconnaître que les jugements de Dieu sur les dirigeants ou gouvernements injustes tombent à chaque époque: regardez autour de vous combien de régimes aux lois arbitraires se sont écroulés, et ont disparu. Derrière les forces politiques ou militaires qui semblent les agents directs de tels écroulements, le Dieu qui a pour possession toutes les nations est à l’oeuvre. Nous pouvons donc prier, avec le psalmiste: “O Dieu, lève-toi pour juger le monde”, car nous savons qu’il le fait, utilisant les instruments les plus divers et les plus inattendus. Dans la prière et le témoignage concret, nous savons aussi que Dieu a envoyé son Fils unique, Jésus-Christ en lequel aucune injustice n’a été trouvée. Pour nous qui sommes sauvés par la foi en son nom, sa justice est la Justice même de Dieu. C’est dans sa personne même qu’il nous l’a fait connaître. Inséparable de l’amour divin, la justice divine se manifeste en Christ comme salut pour ceux qui croient et se soumettent à la Loi divine. Mais pour ceux qui rejettent ce salut, et rejettent par la-même la justice de Dieu, il n’y a que la mort au bout du chemin. Voilà notre témoignage, et nous reviendrons dans une prochaine émission sur les conséquences de ce témoignage dans nos sociétés.