COMMENT PRIER DIEU? (3)

Comment prier Dieu?  C’est le titre d’une série de quatre méditations consacrées à la prière, que Foi et Vie Réformées a le plaisir de vous présenter.  Aujourd’hui, nous poursuivons notre étude sur la prière, en nous posant d’abord plusieurs questions:  peut-on tout dire à Dieu en une prière?  Quelle doit en être la longueur?  S’il ne faut pas multiplier de vaines paroles dans nos prières, comme le font les païens, faut-il nous fixer une limite de temps pour chaque prière?  Devons-nous et pouvons-nous chaque fois intercéder pour toutes les causes qui se présentent à nous?  Nous faut-il développer notre prière selon les thèmes que nous avons abordé la dernière fois sans jamais nous écarter de cet ordre?  Et comment comprendre les paroles de l’apôtre Paul qui écrit à de jeunes communautés chrétiennes qu’il prie sans cesse pour elles?  Cela implique-t-il pour nous que nous devons passer au moins de cinq à six heures par jour dans la prière? 

Si vous avez bien suivi nos deux précédentes émissions, vous aurez compris que la prière est par excellence un acte spirituel, qui doit être mesuré, évalué et apprécié de manière spirituelle.  La vie chrétienne est faite de nombreuses facettes différentes, qui sont pourtant toutes reliées par un même lien:  Jésus-Christ, lequel doit régner sur chacune de ces facettes.  La prière est un aspect essentiel de la vie chrétienne, elle n’est cependant pas la seule facette de cette vie.  L’étude de la Bible, la lecture d’ouvrages propres à approfondir notre connaissance spirituelle, l’adoration en commun avec d’autres frères et soeurs, le chant d’hymnes, la pratique de l’amour chrétien constituent d’autres facettes de cette vie chrétienne.  Mais celle-ci ne se limite pas, loin de là, à l’étude de la Bible ou à l’adoration commune.  Elle doit devenir un témoignage complet à la royauté de Jésus-Christ.  La vie de famille, les activités de loisir, la vie sociale et économique des chrétiens, leurs activités artistiques ou sportives, devraient refléter la marque de cette royauté, dans un témoignage sérieux et réfléchi.  Ainsi, la prière ne constitue pas le seul élément de la vie chrétienne, et ne peut servir de palliatif à une absence de témoignage dans les domaines que je viens d’évoquer à titre d’exemple.  Mais d’autre part comment réformer nos activités quotidiennes pour les soumettre à la volonté de Jésus-Christ si nous ne prions pas Dieu qu’il nous accorde sa sagesse?  Comment témoigner autour de nous de Jésus-Christ par nos actes et nos paroles, si nous n’entretenons pas une relation personnelle suivie avec celui qui constitue l’objet de notre foi et de notre témoignage?  Autant retirer l’épine dorsale d’un corps humain, et croire qu’il pourra continuer à marcher sans problème…  La prière est la respiration de la foi, a dit quelqu’un de manière très juste.

Prier sans cesse signifie prier sans que notre zèle pour la prière soit refroidi, sans que nous passions des journées voire des semaines inactifs dans cette communication intime avec Dieu.  Et si une paresse ou une nonchalance nous prend, alors il faut nous forcer à prier, tout comme l’on doit parfois se forcer à manger, même quand, pour une raison ou une autre, on n’en a pas envie. Oui, la prière doit être quotidienne:  actions de grâces avant de prendre un repas qui nous est accordé par Dieu dans sa Providence; prière de reconnaissance pour un bienfait particulier reçu, que nous n’attribuerons pas au hasard ou à la chance, comme le font les païens.  Des moments de calme doivent être aménagés dans la journée, au milieu d’activités diverses bien souvent très prenantes.  On doit pouvoir s’isoler ne serait-ce que pour quelques instants, afin de renouer le dialogue avec Dieu.  Il est évident que chaque moment de prière diffèrera en longueur, selon les circonstances.  Mieux vaut une prière courte et recueillie, qu’une prière longue prononcée au milieu de l’agitation, alors que nos pensées sont enclines à se disperser.  Notre intercession doit pouvoir aussi être répartie en plusieurs sessions, afin de ne rien oublier qui compte à nos yeux.  Des moments nocturnes d’insomnie, chose en soi peu enviable, peuvent être utilisés avec grand profit pour la prière.  Peut-être est-ce la manière par laquelle Dieu nous force à nous adresser à lui, dans le calme de la nuit…

En résumé, la qualité de notre prière importe davantage que le temps qui lui est consacré.  Il est bon de passer de longs moments dans la prière si ceux-ci nous sont accordés, il est bon de ménager de telles plages dans notre vie quotidienne, mais il serait erroné et même dangereux de négliger les autres aspects de la vie chrétienne mentionnés tout à l’heure, au profit exclusif de la prière.

Nous n’avons pas parlé ici de la prière liturgique prononcée au cours d’un culte, par exemple.  Il s’agit là d’une prière commune exprimée par le liturge au nom de toute la communauté rassemblée.  Au cours de ces trois messages consacrés à la prière, Foi et Vie Réformées a eu en vue la prière individuelle des croyants, celle prononcée dans l’intimité d’un coeur que Dieu connaît parfaitement.  Pourquoi prier, demandera-t-on, si Dieu connaît exactement tout ce qui nous préoccupe?  Nous prions car il nous a créés pour entretenir une relation vivante avec lui; nous ne sommes pas des machines dénuées de pensées, de sentiments ou d’émotions, nous reflétons son image, ce qui signifie que nous sommes faits pour communiquer dans l’amour, tout comme Dieu communique avec lui-même dans l’amour lorsque le Père, le Fils et le Saint Esprit se parlent dans une unité parfaite.  Cependant, la prière individuelle devrait pouvoir mener à la prière communautaire, c’est-à-dire que chacun devrait être en mesure de conduire d’autres frères et soeurs dans la prière si le cas se présente.  Certes il faut pour cela de l’assurance, et chacun ne la possèdera pas au même degré, mais un exercice discipliné de la prière personnelle conduira immanquablement à cette assurance, que l’Esprit de Dieu accordera à celui ou celle qui la lui demandera.

Pourquoi prier, demandions nous il y a un instant?  Je vous propose d’écouter la réponse que donne à cette question le catéchisme de Heidelberg, cet excellent manuel de piété chrétienne.  Je vous lis la série de questions et de réponses qui font partie du quarante-cinquième dimanche:

116 Pourquoi devons nous prier?

Parce que la prière est la principale partie de la reconnaissance que Dieu réclame de nous; et parce que Dieu ne veut donner sa grâce et son Saint-Esprit qu’à ceux qui les lui demandent par des prières ardentes et continuelles et qui l’en remercient.

117   Que faut-il pour que la prière soit agréée et exaucée par Dieu?

Premièrement, que nous demandions du fond du coeur au seul vrai Dieu qui s’est révélé à nous dans sa Parole tout ce qu’Il nous a ordonné de requérir de lui; deuxièmement que nous connaissions, droitement et à fond, notre pauvreté et notre misère afin de nous humilier devant sa majesté; troisièmement, que nous nous appuyions sur cette ferme assurance que, sans tenir compte de notre indignité, Il exaucera sûrement notre prière pour l’amour du Seigneur Jésus-Christ, comme Il nous l’a promis dans sa Parole.

118   Que Dieu nous a-t-il ordonné de lui demander?

Tout ce qui est nécessaire pour l’esprit et pour le corps et que le Seigneur Jésus-Christ a rassemblé dans la prière qu’il nous a lui-même enseignée.

119   Que dit cette prière?

Notre Père qui es aux cieux,

Que ton nom soit sanctifié

Que ton règne vienne,

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel;

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés,

Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal;

Car c’est à toi qu’appartiennent le règne,la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen

Le catéchisme poursuit son explication du Notre Père, qu’on appelle aussi l’oraison dominicale (c’est à dire la prière du Seigneur):

120   Pourquoi le Christ nous a-t-il commandé de nous adresser à Dieu comme à notre Père?

Afin d’éveiller en nous, dès le commencement de notre prière, le respect filial et la confiance en Dieu qui doivent être à la source de notre prière, car Dieu est devenu notre Père par le Christ.  Il veut bien moins nous refuser ce que nous lui demandons avec foi que nos pères ne le font pour les choses ordinaires.

121   Pourquoi est-il ajouté: qui es aux cieux?

Afin que nous n’ayons aucune idée terre-à-terre de la majesté céleste de Dieu et que nous attendions de sa toute-puissance tout ce qui nous est nécessaire pour le corps et pour l’âme.

122            Quelle est la première demande?

Que ton nom soit sanctifié, c’est-à-dire: donne-nous d’abord de te connaître droitement, de te sanctifier, de te célébrer, et de te louer dans toutes tes oeuvres en lesquelles brillent ta toute-puissance, ta sagesse, ta bonté, ta justice, ta miséricorde et ta vérité.  Donne-nous aussi de régler toute notre vie, nos pensées, nos paroles et nos actes de telle sorte que ton Nom ne soit jamais blasphémé à cause de nous, mais plutôt honoré et glorifié.

123            Quelle est la deuxième demande?

Que ton règne vienne, c’est-à-dire: règne sur nous par ta Parole et ton Esprit de telle sorte que nous nous soumettions de plus en plus à toi. Maintiens et fais croître ton Église.  Renverse les oeuvres du Diable, toute puissance qui s’élève contre toi et tous les méchants complots formés contre ta sainte Parole, jusqu’à ce que vienne l’accomplissment de ton Royaume lorsque tu seras tout en tous.

Je vous propose de poursuivre l’explication du Notre Père par le catéchisme de Heidelberg lors de notre prochaine émission, la dernière de cette série de quatre messages consacrés à la prière.  Je citerai aussi de larges extraits d’un autre catéchisme réformé, celui de Genève, complétant ainsi ces messages intitulés:  “Comment prier Dieu?”