COMMENT
PRIER DIEU? (4)
Aujourd’hui je compléte une série de quatre
messages consacrés à la prière et je poursuis l’explication du Notre
Père, la prière que Jésus-Christ à enseignée à ses disciples, à la
lumière du catéchisme de Heidelberg.
Je citerai ensuite de larges extraits d’un autre catéchisme réformé,
celui de Genève, qui date aussi du seizième siècle. Au 49e dimanche,
question 124, le catéchisme de Heidelberg pose la question suivante:
Que
ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, c’est-à-dire:
Que tous les hommes et nous, nous renoncions à notre propre volonté
et que, sans aucun murmure, nous obéissions à sa volonté qui seule est
bonne, et qu’ainsi chacun s’acquitte de son devoir et de sa vocation
aussi promptement et fidèlement que les anges dans le ciel.
125
Quelle est la quatrième
demande?
Donne-nous
aujourd’hui notre pain de ce jour. C’est-à-dire: veuille nous pourvoir de tout ce
qui est nécessaire à l’existence afin que nous reconnaissions que tu
es la source unique de tout bien et que, sans ta bénédiction, ni nos
soins, ni nos travaux, ni même tes dons ne nous profiteraient; et
qu’ainsi nous détournions notre confiance de toutes les créatures pour
ne la placer qu’en toi.
126 Quelle est
la cinquième demande?
Pardonne
nous-nos offenses comme nous
aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, c’est-à-dire:
à cause du sang du Christ, veuille ne pas nous imputer, à nous
pauvres pécheurs, toutes nos fautes et le mal qui nous est toujours
attaché; donne-nous également de trouver en nous ce témoignage de ta grâce:
la ferme résolution de pardonner de bon coeur à notre prochain.
127
Quelle est la sixième demande?
Ne
nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal, c’est-à-dire:
puisque nous sommes si faibles que nous ne saurions subsister un
instant, et que, de plus, nos ennemis mortels - le Diable, le monde et
notre propre chair - nous assaillent sans cesse, veuille nous soutenir et
nous fortifier par la puissance de ton Saint Esprit.
Ainsi seulement nous pourrons leur résister avec courage et ne pas
succomber dans ce combat spirituel, jusqu’à ce qu’enfin nous
remportions une pleine victoire.
128
Comment conclus-tu cette prière?
Car
c’est à toi qu’appartiennent, aux siècles des siècles, le règne,
la puissance et la gloire,
c’est-à-dire: nous te
demandons tout cela parce que tu es notre Roi et qu’ayant tout en ta
puissance, tu peux et tu veux nous accorder tout bien; ainsi la gloire en
revient non pas à nous mais éternellement à ton saint Nom.
129
Que signifie ce petit mot: Amen
?
Amen veut dire: c’est sûr et certain!
Ma prière est bien plus sûrement exaucée par Dieu que je ne sens
dans mon coeur le désir qu’elle le soit.
Après le catéchisme de
Heidelberg, consultons maintenant le catéchisme de Genève, rédigé par
le réformateur Jean Calvin, et qui se présente lui aussi sous forme de
questions et de réponses. La
troisième partie de cet ouvrage traite justement de la prière:
237
Parlons maintenant de la
manière de prier. Suffit-il
de prier Dieu des lèvres seulement? L’esprit et le coeur ne sont-ils
pas engagés?
La parole n’est pas toujours nécessaire; en
revanche dans la prière véritable, l’intelligence et le coeur y
interviennent toujours.
238
Comment cela?
Dieu est Esprit: en toutes circonstances, il sonde
nos coeurs, plus particulièrement encore dans la prière, qui est
communion avec lui. C’est
pourquoi le Seigneur est proche de ceux qui l’invoquent avec sincérité,
mais il répand sa colère et sa malédiction sur ceux qui le prient des lèvres,
et non du fond du coeur.
239
Ainsi, les prières qui ne
sont que des mots n’ont ni sens ni valeur?
Non seulement elles sont vaines, mais même désagréables
à Dieu.
240
Quand nous prions, quels
sentiments Dieu requiert-il de nous?
D’abord que la conscience de notre faiblesse et
de nos insuffisances provoque en nous tristesse et angoisse.
Puis, qu’un désir violent et sincère du pardon de Dieu enflamme
notre coeur; alors naît en nous un ardent besoin de prier.
241
Ces dispositions du coeur, découlent-elles
de notre nature, ou viennent-elles de la grâce de Dieu?
La grâce de Dieu est nécessaire car, seuls, nous
sommes absolument incapables d’accomplir ce chemin spirituel.
L’Esprit de Dieu suscite en nous des “soupirs inexprimables”
et crée en nos coeurs ce désir, prélude indispensable à la prière,
comme dit saint Paul.
242
Tout cela
n’encouragerait-il pas une certaine passivité?
Qu’on se borne à attendre, les bras croisés, si j’ose dire,
l’impulsion du Saint Esprit, sans faire d’effort personnel pour se
mettre en prière?
Non,
c’est tout le contraire! Le
résultat est plutôt celui-ci: quand
le fidèle sent en lui un coeur glacé, peu disposé à la prière, une
humeur paresseuse, qu’il se tourne aussitôt vers Dieu pour lui demander
une ardeur nouvelle, une flamme intérieure qui le rendra capable de
prier.
243
Tu
ne prétends pas cependant que dans la prière, toute parole soit inutile?
Bien
sûr que non! Prier à haute
voix est souvent un moyen de fixer son attention afin qu’elle ne s’égare
pas loin de Dieu. De plus,
entre toutes les facultés que Dieu a mises en l’homme, la parole est
destinée à célébrer sa gloire; il est donc normal qu’elle s’y
emploie. D’ailleurs,
l’intensité de nos sentiments fait que -parfois- jaillissent spontanément
les mots qui les expriment.
244
S’il
en est ainsi, à quoi sert-il de prier en une langue étrangère et
incompréhensible?
Ce
n’est rien d’autre que se moquer de Dieu.
Que les chrétiens s’abstiennent d’une telle hypocrisie!
245
Quand
nous prions, pouvons-nous avoir des doutes sur le résultat de notre prière?
Ne nous faut-il pas, au contraire, tenir son exaucement pour
certain?
Oui,
le fondement de la prière, c’est la certitude que Dieu la reçoit et
que nos requêtes seront exaucées, si elles contribuent à notre bien.
L’apôtre Paul enseigne que la prière véritable procède de la
foi. Car nul ne peut invoquer
Dieu comme il convient, s’il n’est déjà, dans la foi, fermement
assuré de sa bonté.
246
Qu’adviendra-t-il donc à
ceux dont la prière est hésitante, qui doutent de son exaucement et se
demandent même si Dieu les entend?
Les
prières de ceux-là demeurent vaines, car Dieu nous dit de demander avec
une foi totale et nous promet que “tout
ce que nous aurons demandé avec foi, nous le recevrons”.
Ceux qui doutent sont évidemment exclus de cette promesse.
247
Il nous reste à voir d’où
peut nous venir, à nous, une telle assurance.
Car enfin, et de mille façons, nous sommes indignes de nous présenter
devant Dieu. Et pourtant, nous
osons lui parler face à face!
D’abord,
nous connaissons ses promesses: tenons-nous y fermement sans considération
aucune de notre dignité personnelle.
Ensuite, ne sommes-nous pas les enfants de Dieu?
C’est donc son Esprit qui nous fait vivre et nous incite à
placer en lui, comme en un père, toute notre confiance.
Enfin, pour que nous n’ayons pas peur de comparaître devant sa
majesté glorieuse, nous qui ne sommes que de pauvres vers de terre et de
misérables pécheurs, il nous donne un Médiateur:
Jésus-Christ. C’est
lui qui nous ouvre le chemin vers Dieu; par lui, nous ne doutons plus de
trouver grâce devant Dieu.
248
C’est donc seulement au nom
de Jésus-Christ que nous invoquerons notre Dieu?
Oui.
L’ordre nous en est donné en termes sans équivoque:
il nous est promis que l’intercession de Jésus obtiendra
l’exaucement de nos prières.
249
Ce n’est donc point témérité
ou arrogance que d’oser nous adresser familièrement à Dieu, en prenant
pour avocat Jésus-Christ, le seul Médiateur entre Dieu et nous?
Non!
Car prier ainsi, c’est – pour ainsi dire – prier par la
bouche du Christ. Son
assistance donne à notre prière plus d’audience et de crédit.
250
Étudions à présent le
contenu de la prière. Demanderons-nous
à Dieu tout ce qui nous passe par la tête, ou, au contraire,
respecterons-nous certaines règles?
Notre
manière de prier serait bien fantaisiste, si nous nous abandonnions à
nos caprices et à nos impulsions. Notre
ignorance nous empêche de discerner notre véritable intérêt, et nos désirs
sont si désordonnés que Dieu juge nécessaire de les tenir en bride.
251
Que nous faut-il donc faire?
Il
n’y a qu’un seul moyen: que
Dieu lui-même nous enseigne la bonne méthode pour prier.
Nous le suivrons donc, comme des enfants que l’on tient par la
main et qui répètent les paroles prononcées par le maître.
252
Quel
enseignement Dieu nous a-t-il donné?
En de
nombreux passages, les Écritures fournissent le détail de cet
enseignement sur la prière. Mais
pour nous en laisser un modèle bien précis, Jésus a prononcé devant
ses disciples une prière type, dans laquelle il a mis tout ce qu’il
convient de demander à Dieu. Cette
prière tient en quelques lignes.
Le
catéchisme de Genève commente ensuite le Notre Père, comme le fait le
catéchisme de Heidelberg. Je
termine cette dernière émission consacrée à la prière en citant
encore les questions et réponses qui servent d’introduction à
l’oraison dominicale:
Elle
en contient six: les trois
premières concernent la gloire de Dieu.
C’est leur unique objet; il n’y est nulle question de nous-mêmes.
Dans les trois autres, l’accent est mis sur nous et sur ce qui
nous est bon.
Dieu
lui-même, dans son infinie bonté, ordonne si bien toute chose, que ce
qui contribue à sa gloire nous est en même temps profitable.
Ainsi, quand son nom est sanctifié, Dieu fait que cela tourne à
notre sanctification. Si son règne
vient, nous y avons nous-mêmes part.
Mais c’est la gloire de Dieu, et non le profit qui en découle
pour nous, qui doit toujours être le but de notre prière.
Oui,
et inversement dans les trois dernières demandes, où s’expriment les désirs
qui nous tiennent personnellement à coeur, la recherche de la gloire de
Dieu doit demeurer notre seul objectif.