POUR UNE ÉDUCATION CHRÉTIENNE (2)

“Pour une éducation chrétienne”, c’est le titre de cette deuxième émission consacrée par “Foi et Vie Réformées” à la question de l’enseignement chrétien et des principes qui devrait le guider. Si l’on accepte que la Bible, en tant que Révélation divine, doit guider la vie toute entière des croyants, alors tous les parents chrétiens devraient prendre au sérieux la responsabilité première qui leur incombe d’éduquer leurs enfants dans la connaissance de Dieu et de ses oeuvres. L’école chrétienne où ils chercheront à placer leurs enfants ne contredira pas ce qu’ils leur inculquent à la maison, mais bàtira sur le même fondement. Nous avons cité la dernière fois quatre principes de base qui illuminent la vie chrétienne et qui devraient par conséquent illuminer l’enseignement chrétien: le premier de ces principes, par l’Écriture seule, énonce l’autorité de la Bible comme Écriture Sainte, autorité sur tous les domaines de la vie humaine. Nous avons brièvement évoqué les conséquences pratiques de cette autorité sur la sphère de l’enseignement, sur l’approche qu’il convient d’adopter dans la transmission du savoir aux enfants.

Le second principe nommé la dernière fois, par la Gràce seulement, a lui aussi des implications sur l’éducation des enfants. Pour les parents chrétiens il est important que les talents accordés par Dieu à chaque enfant soient développés au maximum. L’enfant le moins doué, l’enfant très doué et l’enfant handicapé devraient chacun recevoir une attention spéciale. L’enfant qualifié de “moyen” ne devrait jamais constituer un modèle auquel devrait plus ou moins se conformer le développement de chaque enfant. Le but de l’enseignement est de rendre chaque enfant capable de devenir ce que Dieu a en vue pour lui afin qu’il prenne sa place dans la sphère de la vie où Dieu l’appelle. Les talents spéciaux doivent être identifiés et développés. Dans l’école chrétienne chaque élève est évalué selon son potentiel propre, tandis que l’instruction en vue des examens revêt une importance moindre. Une évaluation intrinsèque l’emportera sur une évaluation comparative. Par ailleurs une école chrétienne cherchera dans la mesure du possible un rapport favorable entre enseignant et nombre d’élèves. Une telle proportion favorable peut contribuer à l’évaluation de chaque élève selon son potentiel propre et aussi au développement optimal des talents que Dieu lui a accordés. Admettons que dans bien des pays, cet objectif n’est pas facile à atteindre, en raison de la pauvreté ou d’autres facteurs (comme la rareté d’enseignants qualifiés); des sacrifices supplémentaires (en termes d’argent et de temps) seront nécessaires, non seulement de la part des parents, mais de la communauté chrétienne à laquelle ils appartiennent.

Dans l’école chrétienne, il ne doit pas y avoir de place pour un esprit de compétition malsain, dans la mesure où un tel esprit se fonde sur l’excellence et les prestations humaines. La compétition inégale doit être rejetée. Les cérémonies de distribution des prix ne seront pas considérées comme importantes, voire seront supprimées. L’approbation et l’encouragement des parents sont jugés plus importants. Sur le terrain de sport, le but n’est pas seulement d’entraîner des équipes gagnantes, mais d’enseigner des compétences de base à chaque enfant. Par ailleurs dans une école chrétienne une attention particulière doit être accordée au développement d’un sens personnel de la responsabilité et de l’application. On inculquera aux enfants que les dons de la Gràce de Dieu sont en même temps des tàches imposées par Dieu. Ces dons librement distribués par Dieu dans sa souveraine volonté n’abrogent pas la responsabilité personnelle, mais en fait l’imposent. L’école chrétienne renforcera aussi l’amour de ce qui nous appartient en propre, car notre langue maternelle et notre culture sont aussi des dons de la part de Dieu. Cependant, cet amour sera enseigné de manière critique, car tout chrétien est aussi appelé à purifier (c’est-à-dire à christianiser) sa propre culture. Un tel amour doit aussi être enseigné avec le respect des autres cultures, car aucun peuple, aucun groupe humain ne peut prétendre que sa propre culture est supérieure à celle des autres. De plus, de nos jours le brassage des cultures est de plus en plus fréquent, et cet état de choses doit être pris en compte avec sensibilité dans les écoles chrétiennes. Si une situation se développe dans laquelle l’éducation chrétienne n’est pas possible au sein d’un groupe culturel homogène, alors une éducation transculturelle est préférable à une éducation au sein du même groupe culturel, mais avec un mélange de croyances ou de convictions.

Après le motif “par la Gràce seulement”, regardons de plus près le motif “par la foi seulement”. Implicite dans ce motif, la conviction qu’aucune école ne peut être neutre. Un type d’instruction religieuse destiné à plaire aux adeptes de toutes les religions serait très certainement une fausse doctrine (c’est ce qu’on appelle l’universalisme, la croyance que toutes les religions ont en gros le même contenu et mènent au même Dieu par des chemins différents). A notre époque, l’idéologie du New-Age se fait particulièrement l’avocat d’une telle croyance. La soi-disant neutralité peut par exemple prendre la forme d’une interdiction des prières et des lectures bibliques car cela offenserait les adeptes de telle ou telle doctrine. Cela peut encore prendre la forme d’une instruction biblique très vague et aseptisée, dans laquelle aucun dogme n’est avancé, afin de pouvoir se glisser dans le cadre de n’importe quelle doctrine. Une telle neutralité n’est en fait rien d’autre que de l’humanisme sécularisé. Une école devra mettre en avant certains fondements non négotiables pour pouvoir justifier d’un caractère chrétien, comme par exemple l’adhésion à des confessions de foi particulières ou à la confession que Jésus-Christ est notre seul sauveur et que l’autorité de la Bible n’est pas discutable. En fait, l’enseignement scolaire doit cadrer de près avec le catéchisme enseigné par les parents et par l’église. Je reviens sur ce qui a été dit au début de notre émission précédente: du fait de l’Alliance que Dieu a établie avec les croyants et leurs descendants, l’éducation est premièrement la charge des parents. Ceux–ci devraient disposer des plus grandes prérogatives et du contrôle maximum en ce qui concerne l’éducation de leurs enfants. Les parents croyants qui font baptiser leurs enfants, font la promesse qu’ils s’assureront que cet enfant recevra une éducation en accord avec la vraie doctrine. Les assemblées ecclésiastiques ont la responsabilité de s’assurer que les parents chercheront une éducation scolaire qui témoigne de la crainte du Seigneur au sens biblique du mot. Cela dit, l’école chrétienne ne devrait pas isoler les enfants des doctrines étrangères, mais plutôt les armer contre de telles fausses conceptions en montrant leur inconsistence. De cette façon, les enfants seront préparés à s’engager dans une confrontation responsable. Donnons quelques exemples de telles doctrines étrangères: l’idée selon laquelle l’homme peut effectuer son salut par lui-même, l’idée que le monde et les différentes formes de vie sur terre sont simplement le produit d’une évolution naturelle et du hasard, la théologie de la libération, le matérialisme etc. Une véritable éducation chrétienne n’instruit pas dans l’isolement, dans une sorte de cage de verre. Elle prépare l’enfant à une vie pleine, avec tous ses périls. La foi a toujours un contenu vrai, ce qu’un formulaire baptismal appelle “la vraie doctrine du salut”. Les enfants ne doivent pas être laissés à eux-mêmes pour évaluer ou découvrir la vérité simplement en expérimentant ou en explorant. En cela l’école chrétienne diffère fortement des écoles sécularisées qui prétendent être neutres et insistent fortement sur le développement et l’accomplissement de soi, alors qu’en fait elles instillent aux enfants un ensemble de valeurs et d’idées bien définies tout en prétendant ne pas le faire.

Toujours sous le motif “par la foi seulement”, dans l’école chrétienne l’accent sera mis sur la formation d’un caractère chrétien: pas seulement à travers l’instruction biblique, mais aussi par l’éducation morale, l’exemple des enseignants et le soutien sain d’un groupe de pairs. L’école chrétienne prend totalement en compte le fait que l’enfant est conçu et né dans le péché et devrait d’autant plus être formé pour se conformer aux exigences de la Parole de Dieu. Un enfant qui ne reçoit qu’une instruction académique et des compétences, sans formation du caractère, est “pédagogiquement amputé”. Un enfant devrait bien davantage être entraîné à faire face à la vie dans la foi véritable. C’est l’homme total, renouvelé à l’image de son créateur, qui doit se renouveler dans l’école chrétienne.

Amis auditeurs, nous reprendrons la prochaine fois la suite de cette série concernant l’éducation chrétienne, dont nous cherchons à définir les marques. Nous continuerons à voir ensemble les implications que devrait avoir sur cet enseignement le motif “par la foi seulement”, et concluerons avec plusieurs remarques sur le dernier des quatre motifs qui nous guide, à savoir: A Dieu seul la gloire!”