POUR UNE ÉDUCATION CHRÉTIENNE (3)

Nous voici arrivés au dernier volet de notre série intitulée “pour une éducation chrétienne” chers auditeurs. Au cours des deux précédents programmes de “Foi et Vie Réformées”, nous avons parcouru ensemble plusieurs marques distinctives de ce que devrait être un tel enseignement. Ces marques distinctives, nous les avons groupées sous quatre motifs qui forment en quelque sorte l’ossature de la vie chrétienne: “L’Écriture seulement”, “par la Grâce seulement”, “par la foi seulement” et “à Dieu seul la gloire”.

Nous continuons à explorer ce qui concerne le troisième de ces motifs “par la foi seulement”. Nous nous sommes arrêtés la dernière fois sur la question de la formation d’un caractère chrétien, au sein de l’école, caractère formé non seulement par l’instruction biblique, mais aussi par l’éducation morale, l’exemple des enseignants et le soutien sain d’un groupe de pairs. Nous avons entre autres souligné le fait qu’un enfant qui ne reçoit qu’une instruction académique et des compétences, sans formation du caractère, est “pédagogiquement amputé”.

La confiance en Dieu se développera de manière optimale dans une atmosphère d’amour, de sécurité et de discipline. L’éducation scolaire devrait renforcer l’influence religieuse des parents sur leurs enfants. L’enseignant a un rôle central à jouer en cela. Il doit conduire l’enfant vers le Dieu de l’Alliance. La nomination des enseignants devrait premièrement prendre en compte –avec les qualifications académiques- un témoignage positif concernant leurs convictions et leur pratique chrétienne. L’enseignant lui-même devrait vivre une vraie foi, afin que les enfants puissent suivre son exemple comme il ou elle suit l’exemple de Christ. Dans la mesure du possible, il est préférable que l’enseignant provienne du même milieu culturel que la famille, ou du moins qu’il soit familier avec cet environnement. Mais plus important encore, l’enseignant devrait adhérer à la même confession que les parents dans sa foi et sa pratique. Bien que la foi et la pratique des parents soient d’une valeur probante dans l’école chrétienne, les enseignants ont la responsabilité de fournir un service professionnel aux parents. Un enseignant bien qualifié et stimulant est de plus grande valeur pour la formation d’un enfant que toute autre aide technique ou audio-visuelle, comme les méthodes d’enseignement informatiques. C’est d’autant plus vrai pour le jeune enfant acquérant des compétences de base. Les méthodes auxiliaires sont importantes, mais un enseignant adéquat est plus important encore.

Ensuite, l’école chrétienne place un accent important sur la discipline. Les écoles posent des règles claires quant aux punitions et les parents ont l’obligation de les accepter par écrit en inscrivant leurs enfants. Cependant, du fait que les parents demeurent les éducateurs premiers, l’école doit toujours leur rendre compte de la punition appliquée.

Nous arrivons maintenant au quatrième motif qui nous guide dans la recherche de la forme que devrait prendre une éducation chrétienne: le motif “à Dieu seul la gloire”. Chaque don reçu de la grâce divine, implique à son tour un devoir. C’est ce dont parle la Bible: Dieu exige d’être servi et nous communique sa volonté à cet égard. En conséquence, l’école chrétienne est fortement orientée vers la pratique. Il ne s’agit pas en premier lieu de savoir ce que telle ou telle connaissance peut signifier pour moi, mais comment je puis servir Dieu et son royaume. On enseigne aux enfants que chaque croyant doit appliquer ses talents à glorifier Dieu et à édifier son église. Ce qui découle de cette conviction, c’est que l’école chrétienne est impliquée dans ce qui se passe autour d’elle et s’attache à satisfaire les besoins de la communauté dans laquelle elle fonctionne. On enseigne aux enfants à être le sel de la terre et la lumière du monde et à ne pas s’isoler du monde. L’enfance n’est pas seulement une période durant laquelle on est servi par d’autres, c’est déjà une période durant laquelle on va vers les autres. Ce point de vue confère à l’école chrétienne un caractère marqué de mouvement vers l’extérieur.

Par ailleurs, la royauté de Christ s’exerce sur tous les aspects de l’école chrétienne. La parole de salut de Jésus-Christ et son gouvernement à la droite de Dieu ont des implications profondes pour toutes les matières et les activités. Un style de vie chrétien et une vie spirituelle reçoivent donc une attention considérable. Le but à atteindre n’est pas seulement que l’enfant maîtrise un programme scolaire, mais qu’il doit apprendre à vivre d’une manière conforme aux exigences de l’Écriture. La foi chrétienne n’implique pas de faire certaines choses de manière chrétienne, mais toutes choses. L’idée de la vocation est donc plus importante qu’un entrainement académique en vue de recevoir des mentions, ou encore pour identifier et développer des leaders sociaux. Le service plus que la réussite reçoit l’accent dans l’école chrétienne. C’est la raison pour laquelle les enfants ne seront pas motivés par une compétition et des prix à n’en pas finir, et aussi pourquoi l’école ne sera pas financée par des pratiques telles que la loterie, pratiques caractérisées par l’avarice humaine. Par sa doctrine et son exemple, l’école nourrit une saine éthique du travail, d’économie et de désintéressement. Il est aussi très important de faire comprendre aux enfants que toutes les vocations, dans la mesure où elles s’exercent dans cet esprit de service, sont valables: il n’existe pas une hiérarchie des vocations, comme si certaines professions étaient en elles-mêmes supérieures à d’autres. Dieu appelle les uns à rendre un service donné, pour lequel il les forme et les prépare (par des dons particuliers ou autrement); il en appelle d’autres à d’autres formes de service. L’important est de savoir identifier le service auquel Dieu appelle chacun, selon les dons, les capacités, et les occasions que Dieu lui-même offre. La société humaine n’est pas composée d’imprimeurs seulement, ou de médecins seulement, ou de travailleurs manuels seulement. Chacun a un service différent à rendre à la communauté. Tous sont indispensables là où Dieu les a appelés à servir et ils le glorifient en effectuant fidèlement ce service.

Nous allons conclure cette série de programmes consacrés à l’éducation chrétienne en citant deux passages de la Bible qui apportent un éclairage sur ce que nous avons dit, en particulier sur la nature de la vraie sagesse, sur la foi et la confiance en lui, mais aussi sur le rôle de la correction dans la croissance spirituelle de ses enfants. Le premier passage provient du Nouveau Testament, de la lettre aux Hébreux, chapitre 12: il nous parle de la correction que Dieu impose à ses enfants, et du lien qui existe entre cette correction et celle que les parents humains appliquent parfois à leurs enfants:“Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang en combattant contre le péché. Et vous avez oublié l’exhortation qui vous est adressée comme à des fils: ‘Mon fils ne prends pas à la légère la correction du Seigneur, et ne te décourage pas lorsqu’il te reprend. Car le Seigneur corrige celui qu’il aime, et frappe de verges tout fils qu’il agrée’. Supportez la correction: c’est comme des fils que Dieu vous traite. Car quel est le fils que le père ne corrige pas? Mais si vous êtes exempts de la correction à laquelle tous ont part, alors vous êtes tous des bâtards et non des fils. Puisque nous avons eu des pères selon la chair qui nous corrigeaient et que nous avons respectés, ne devons-nous pas, à plus forte raison, nous soumettre au Père des esprits pour avoir la vie? Nos pères, en effet, nous corrigeaient pour peu de temps, comme ils le jugeaient bon; mais Dieu nous corrige pour notre véritable intérêt, afin de nous faire participer à sa sainteté. Toute correction, il est vrai, paraît être au premier abord un sujet de tristesse et non de joie; mais plus tard elle procure un paisible fruit de justice à ceux qu’elle a formés.”

Le second passage est tiré du troisième chapitre du livre des Proverbes, dans l’Ancien Testament. A la fin de cette lecture vous reconnaîtrez facilement l’identité de vues entre ce texte et le précédent: “Mon fils, n’oublie pas mon enseignement, et que ton coeur garde mes commandements; car ils augmenteront la durée de tes jours, les années de ta vie et ta paix. Que la loyauté et la vérité ne t’abandonnent pas; lie-les à ton cou, écris-les sur la table de ton coeur. Tu acquerras ainsi grâce et bon sens, aux yeux de Dieu et des humains. Confie-toi en l’Éternel de tout ton coeur, et ne t’appuie-pas sur ton intelligence; reconnais-le dans toutes tes voies, et c’est lui qui aplanira tous tes sentiers. Ne sois pas sage à tes propres yeux, crains l’Éternel, éloigne-toi du mal; ce sera la santé pour ton corps et un rafraîchissement pour tes os. Honore l’Éternel avec tes biens et avec les prémices de tout ton revenu: alors tes greniers seront abondamment remplis, et tes cuves regorgeront de vin nouveau. Ne méprise pas, mon fils, la correction de l’Éternel et ne t’effraie pas de sa réprimande; car l’Éternel réprimande celui qu’il aime, comme un père l’enfant qu’il chérit.”