LA JUSTICE SELON DIEU
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Lors de nos deux précédentes
émissions nous avons parlé de la justice selon Dieu en insistant
d’abord sur l’exigence de justice qui est celle de Dieu dans Sa
Parole, puis, au cours de la deuxième émission, en montrant la place
centrale de Jésus-Christ dans l’obtention de la justice pour ceux qui
vivent par la foi en son oeuvre de réconciliation.
Mais nous avons aussi insisté sur la place centrale de Christ dans
la Création, dont il est le Maître, au-dessus de toute principauté et
de tout pouvoir. Nous avons
appliqué cet article de foi à l’échelle de la vie individuelle,
familiale et en société: nul
individu ou institution ne peut vouloir exercer une autorité absolue sur
d’autres individus ou d’autres domaines d’activité, sous peine
d’usurper un pouvoir qui n’appartient qu’à Christ, et que lui seul
délègue. Au cours de
l’histoire, de tels abus de pouvoir ont parfois été commis au nom même
d’un Christianisme qui répudie de diverses manières la Seigneurie de
Christ.
Voyons d’abord comment
certains pouvoirs religieux peuvent se substituer à Christ Lui-même.
Ceci arrive lorsqu’une ou des personnes, une instance ou une
tradition religieuse prétend servir de médiatrice entre Dieu et le
croyant. Le croyant est censé
vivre sa relation personnelle avec Dieu par procuration, par le biais de
la personne ou de l’instance religieuse en question.
Prenons par exemple le cas des ancêtres, dans bien des cultures
africaines. Leur présence et
leur invocation est, selon ces traditions religieuses, absolument
indispensable pour avoir accès à Dieu.
Un autre intermédiaire qui usurpe la place de Jésus-Christ peut
être le prêtre ou le sorcier sans lequel l’esprit des ancêtres ne
peut être invoqué. Parfois,
c’est toute une chaîne d’intermédaires qui se substitue à une
religion vécue directement en la présence de Dieu, sous son regard.
Pour le Christianisme biblique, seul Christ est Médiateur, car il
est la Parole Incarnée de Dieu, l’image même de Dieu, comme nous
l’avons rappelé lors de notre dernière émission.
L’apôtre Paul s’exprime sans détour à ce sujet.
Dans la première lettre à Timothée (chapitre 2 verset 5), il écrit:
“Car il y a un seul Dieu,
et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ-Jésus
homme qui s’est donné lui-même en rançon pour tous.”
Donc, aucun pasteur, aucun évêque, aussi remarquable soit-il,
ne peut servir d’intermédiaire attitré entre Dieu et les hommes.
Lorsque cela arrive, vous pouvez être sûrs qu’une forme
d’oppression, plus ou moins subtile, sera exercée.
Il s’agit alors d’une forme illégale de domination sur les
coeurs et les esprits. Jésus-Christ
est mis au second plan. Son
autorité universelle n’est plus servie par ceux qui devraient Lui être
soumis et exercer leur charge dans l’obéissance au mandat reçu de Lui;
cette autorité a tout simplement été usurpée.
Au lieu de la libération spirituelle offerte par Christ, libération
qui consiste en une communion restaurée avec le Dieu trois fois Saint, on
est retombé dans une forme d’esclavage spirituel.
L’oppression peut se manifester par exemple dans les prétentions
de pasteurs ou d’évêques ou encore d’une institution religieuse
quelconque, à régir tous les domaines de l’existence, comme si tout
relevait de leur compétence. En
se prenant pour médiateurs exclusifs entre Dieu et les hommes, ils
s’enlisent dans des tâches qui ne font pas partie de leur vocation, tâches
auxquelles ils n’ont ni été formés ni été appelés par le Dieu qui
régit toutes les sphères de la vie humaine, et qui appelle les uns à
tel service, et les autres à tel autre service.
Lorsqu’à son tour l’État
prétend soit servir de médiateur entre Dieu et les hommes, soit dominer
sur toutes les facettes de l’existence, on a affaire à un état
totalitaire, oppressif et fauteur d’injustice à des degrés divers.
Dans le second cas, l’État prétend n’avoir à rendre aucun
compte à Dieu. Il déclare
parfois s’appuyer sur la volonté des hommes pour agir de telle sorte,
mais n’en devient pas moins oppressif pour autant.
L’exemple des régimes communistes est très frappant à cet égard.
L’État a eu la prétention d’apporter le bonheur aux hommes en
contrôlant leur existence toute entière, mais en fait il les a asservis
et a fait de la vie organisée en société une caricature.
Il est en fait devenu une idole qui remplace Jésus-Christ;
il a prétendu sauver l’humanité de ses misères sans une seule
référence au Dieu qui seul peut sauver Ses créatures.
Parfois il arrive aussi qu’un État se dise chrétien mais
commence à empiéter sur le domaine propre aux églises:
avec le consentement de chrétiens passifs et sourds à la volonté
divine au sujet de l’éducation, cet État là prend l’initiative de
confier aux écoles publiques, sous sa direction, le soin de
l’instruction biblique ou catéchétique des enfants.
La responsabilité primordiale des églises et des parents à cet
égard n’est pas maintenue. Parents
et églises se déchargent sur l’école publique du soin d’enseigner
aux enfants la Vérité révélée par Dieu dans Sa Parole.
Bientôt, l’État mêle à cet enseignement des éléments idéologiques
propres à renforcer son propre pouvoir.
Par le biais de l’enseignement dit religieux, il endoctrine les
jeunes générations à le servir, et créé la confusion entre son propre
intérêt et celui du Royaume de Dieu.
Un tel État couvre les injustices flagrantes qu’il commet par
une instruction religieuse qui est devenue en fait un subtil instrument de
propagande politique.
L’autorité parentale, créée
par Dieu pour refléter son autorité d’une manière juste et aimante,
peut elle aussi, lorsqu’elle devient abusive, être facteur
d’oppression et d’injustice. Si
les parents ne se reconnaissent pas responsables devant le Père Tout
Puissant pour le rôle qu’Il leur a confié, alors une telle autorité
qui n’a plus de comptes à rendre à Dieu peut très facilement devenir
despotique. Un être humain décide
arbitrairement de tout ce qui concerne la vie d’un autre être humain,
sous prétexte qu’il ou elle est le parent de l’autre.
L’exploitation sexuelle (hélas si répandue) des enfants par le
père ou la mère, est une des formes que revêt une telle oppression.
Cette pratique horrible n’est pas seulement une contravention
flagrante à l’ordre divin concernant la sexualité humaine, elle nie en
même temps l’image de Dieu qui vit en chacun de nous.
En effet une des manifestations de l’image que Dieu a mise en
nous passe par l’exercice de notre sexualité dans le cadre du plan
divin. Or, celui-ci exclut
absolument une relation sexuelle entre parents et enfants.
Le respect de la Loi divine à cet égard représente une forme
d’exercice de la justice selon Dieu à l’intérieur de la famille.
Le pouvoir militaire, l’armée,
peuvent aussi s’imposer de manière abusive aux autres secteurs de la
société, tentation fréquente qui fait que celui qui détient la force
impose son droit, ses propres intérêts avant toute autre chose.
Le règne de la peur pratiqué si souvent par les autorités
militaires, est bien autre chose que le service et la défense du pays qui
constituent le devoir de l’armée. Déjà
Jean-Baptiste, dans sa prédication, donnait des règles de conduite aux
soldats qui venaient le voir en lui demandant:
“Et nous, que ferons-nous?” Dans
l’Évangile selon Luc, au chapitre trois (verset 14) nous lisons qu’il
leur répondit ce qui suit: “Ne
faites violence à personne, et ne dénoncez personne à tort, mais
contentez-vous de votre solde.”
Paroles bien actuelles… Si,
dans des cas qui devraient être exceptionnels, l’armée doit prendre en
mains la direction d’un pays au bord du chaos, ce ne peut être que pour
la restauration d’un ordre juste, et non pour la perpétuation d’un
pouvoir qui s’appuie sur l’abus de la force.
Quand l’armée n’est au service que d’un ou quelques
individus, devenant en quelque sorte une milice privée, alors son rôle
de défense contre un ennemi extérieur et de garant d’un ordre juste se
trouve déformé, aboutissant à une autre forme de désordre.
Les autorités militaires doivent toujours se souvenir qu’elles
aussi ont à répondre de leurs actes devant Jésus-Christ, celui en qui
tout a été créé, dans les cieux et sur la terre, ce qui est visible et
ce qui est invisible, trônes, principautés, pouvoirs (Colossiens 1:16).
Au procureur Ponce Pilate qui lui demandait:
Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te relâcher, et que j’ai le
pouvoir de te crucifier?” Jésus répondit:
“tu n’aurais sur moi
aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en-haut.”
Responsabilité devant Dieu et respect de Sa Loi devraient
caractériser non seulement les petits et les humbles, mais tout autant
ceux qui se trouvent en position de force ou de pouvoir.
Dieu ne tolère pas d’usurpation de ses prérogatives.
Tôt ou tard, ceux qui s’y livrent doivent lui en rendre compte.
Bien d’autres domaines de la
vie en société mériteraient d’être évalués à l’aune de la
souveraineté du Christ sur la Création toute entière.
Nommons encore le domaine économique:
dans la pratique, il peut être fauteur de grandes injustices
lorsque le pouvoir de l’argent, du profit, évacue toute notion d’équité
et de traitement juste des plus faibles.
Les règles du jeu, dans les affaires, deviennent alors non
seulement dures, mais tout simplement malhonnêtes.
Mammon, l’idole de l’argent dont parle Jésus, tâche de se
substituer au roi de la Création. L’abus
du pouvoir économique ou financier n’est pas moins nocif que l’abus
du pouvoir militaire. Au lieu
d’être au service de la communauté toute entière, ce pouvoir se
trouve concentré aux mains de quelques uns seulement.
Reconnaissons aussi que dans la société contemporaine, la réalité
économique est facilement considérée comme l’élément de base de la
société, sa fondation même. Les
autres activités, les autres domaines de la vie lui sont totalement inféodés.
Même la morale la plus élémentaire se trouve facilement soumise
aux impératifs économiques interprétés non pas à la lumière de l’Écriture,
mais à l’aune des intérêts particuliers.
Amis auditeurs, il n’est pas
dans l’intention de “Foi et Vie Réformées” de prescrire à chaque
domaine de la vie en société son propre mode de fonctionnement.
Notre but est avant tout de rappeler que le Christ ressuscité règne
sur la Création toute entière, dans toute sa diversité, aujourd’hui
et éternellement. Cette Bonne
Nouvelle doit inciter ceux qui l’acceptent par la foi à réfléchir sérieusement
sur les implications du règne de Jésus-Christ.
La Loi du Christ est profonde et redonne vie.
Dieu bénit non seulement les individus, mais aussi les communautés,
les sociétés et les nations qui reconnaissent sa souveraineté, et
cherchent à mieux comprendre Sa volonté pour aujourd’hui à la lumière
de Sa parole éternelle. Puisse
l’Esprit du Christ Lui-même éclairer chacun, dans son propre
environnement, dans la vocation qu’il ou elle a reçue afin que chacun
sache exercer sa vocation avec discernement, sagesse et dans un esprit de
service. Puisse les églises
prêcher et rappeler sans cesse cet article de foi fondamental:
Christ règne sur la Création toute entière.
Lorsqu’aucun individu, aucun groupe ou aucune tribu, aucun
pouvoir institué ne se prend pour le maître absolu, mais agit dans la
reconnaissance de la souveraineté du Dieu Père, Fils et Saint Esprit, au
service de son Royaume et du prochain, alors la justice selon Dieu devient
visible aux yeux de tous et porte des fruits de guérison.