LA JUSTICE SELON DIEU (3)

Lors de nos deux précédentes émissions nous avons parlé de la justice selon Dieu en insistant d’abord sur l’exigence de justice qui est celle de Dieu dans Sa Parole, puis, au cours de la deuxième émission, en montrant la place centrale de Jésus-Christ dans l’obtention de la justice pour ceux qui vivent par la foi en son oeuvre de réconciliation.  Mais nous avons aussi insisté sur la place centrale de Christ dans la Création, dont il est le Maître, au-dessus de toute principauté et de tout pouvoir.  Nous avons appliqué cet article de foi à l’échelle de la vie individuelle, familiale et en société:  nul individu ou institution ne peut vouloir exercer une autorité absolue sur d’autres individus ou d’autres domaines d’activité, sous peine d’usurper un pouvoir qui n’appartient qu’à Christ, et que lui seul délègue.  Au cours de l’histoire, de tels abus de pouvoir ont parfois été commis au nom même d’un Christianisme qui répudie de diverses manières la Seigneurie de Christ.

Voyons d’abord comment certains pouvoirs religieux peuvent se substituer à Christ Lui-même.  Ceci arrive lorsqu’une ou des personnes, une instance ou une tradition religieuse prétend servir de médiatrice entre Dieu et le croyant.  Le croyant est censé vivre sa relation personnelle avec Dieu par procuration, par le biais de la personne ou de l’instance religieuse en question.  Prenons par exemple le cas des ancêtres, dans bien des cultures africaines.  Leur présence et leur invocation est, selon ces traditions religieuses, absolument indispensable pour avoir accès à Dieu.  Un autre intermédiaire qui usurpe la place de Jésus-Christ peut être le prêtre ou le sorcier sans lequel l’esprit des ancêtres ne peut être invoqué.  Parfois, c’est toute une chaîne d’intermédaires qui se substitue à une religion vécue directement en la présence de Dieu, sous son regard.  Pour le Christianisme biblique, seul Christ est Médiateur, car il est la Parole Incarnée de Dieu, l’image même de Dieu, comme nous l’avons rappelé lors de notre dernière émission.  L’apôtre Paul s’exprime sans détour à ce sujet.  Dans la première lettre à Timothée (chapitre 2 verset 5), il écrit:  Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ-Jésus homme qui s’est donné lui-même en rançon pour tous.”  Donc, aucun pasteur, aucun évêque, aussi remarquable soit-il, ne peut servir d’intermédiaire attitré entre Dieu et les hommes.  Lorsque cela arrive, vous pouvez être sûrs qu’une forme d’oppression, plus ou moins subtile, sera exercée.  Il s’agit alors d’une forme illégale de domination sur les coeurs et les esprits.  Jésus-Christ est mis au second plan.  Son autorité universelle n’est plus servie par ceux qui devraient Lui être soumis et exercer leur charge dans l’obéissance au mandat reçu de Lui;  cette autorité a tout simplement été usurpée.  Au lieu de la libération spirituelle offerte par Christ, libération qui consiste en une communion restaurée avec le Dieu trois fois Saint, on est retombé dans une forme d’esclavage spirituel.  L’oppression peut se manifester par exemple dans les prétentions de pasteurs ou d’évêques ou encore d’une institution religieuse quelconque, à régir tous les domaines de l’existence, comme si tout relevait de leur compétence.  En se prenant pour médiateurs exclusifs entre Dieu et les hommes, ils s’enlisent dans des tâches qui ne font pas partie de leur vocation, tâches auxquelles ils n’ont ni été formés ni été appelés par le Dieu qui régit toutes les sphères de la vie humaine, et qui appelle les uns à tel service, et les autres à tel autre service.

Lorsqu’à son tour l’État prétend soit servir de médiateur entre Dieu et les hommes, soit dominer sur toutes les facettes de l’existence, on a affaire à un état totalitaire, oppressif et fauteur d’injustice à des degrés divers.  Dans le second cas, l’État prétend n’avoir à rendre aucun compte à Dieu.  Il déclare parfois s’appuyer sur la volonté des hommes pour agir de telle sorte, mais n’en devient pas moins oppressif pour autant.  L’exemple des régimes communistes est très frappant à cet égard.  L’État a eu la prétention d’apporter le bonheur aux hommes en contrôlant leur existence toute entière, mais en fait il les a asservis et a fait de la vie organisée en société une caricature.  Il est en fait devenu une idole qui remplace Jésus-Christ;  il a prétendu sauver l’humanité de ses misères sans une seule référence au Dieu qui seul peut sauver Ses créatures.  Parfois il arrive aussi qu’un État se dise chrétien mais commence à empiéter sur le domaine propre aux églises:  avec le consentement de chrétiens passifs et sourds à la volonté divine au sujet de l’éducation, cet État là prend l’initiative de confier aux écoles publiques, sous sa direction, le soin de l’instruction biblique ou catéchétique des enfants.  La responsabilité primordiale des églises et des parents à cet égard n’est pas maintenue.  Parents et églises se déchargent sur l’école publique du soin d’enseigner aux enfants la Vérité révélée par Dieu dans Sa Parole.  Bientôt, l’État mêle à cet enseignement des éléments idéologiques propres à renforcer son propre pouvoir.  Par le biais de l’enseignement dit religieux, il endoctrine les jeunes générations à le servir, et créé la confusion entre son propre intérêt et celui du Royaume de Dieu.  Un tel État couvre les injustices flagrantes qu’il commet par une instruction religieuse qui est devenue en fait un subtil instrument de propagande politique.

L’autorité parentale, créée par Dieu pour refléter son autorité d’une manière juste et aimante, peut elle aussi, lorsqu’elle devient abusive, être facteur d’oppression et d’injustice.  Si les parents ne se reconnaissent pas responsables devant le Père Tout Puissant pour le rôle qu’Il leur a confié, alors une telle autorité qui n’a plus de comptes à rendre à Dieu peut très facilement devenir despotique.  Un être humain décide arbitrairement de tout ce qui concerne la vie d’un autre être humain, sous prétexte qu’il ou elle est le parent de l’autre.  L’exploitation sexuelle (hélas si répandue) des enfants par le père ou la mère, est une des formes que revêt une telle oppression.  Cette pratique horrible n’est pas seulement une contravention flagrante à l’ordre divin concernant la sexualité humaine, elle nie en même temps l’image de Dieu qui vit en chacun de nous.  En effet une des manifestations de l’image que Dieu a mise en nous passe par l’exercice de notre sexualité dans le cadre du plan divin.  Or, celui-ci exclut absolument une relation sexuelle entre parents et enfants.  Le respect de la Loi divine à cet égard représente une forme d’exercice de la justice selon Dieu à l’intérieur de la famille.

Le pouvoir militaire, l’armée, peuvent aussi s’imposer de manière abusive aux autres secteurs de la société, tentation fréquente qui fait que celui qui détient la force impose son droit, ses propres intérêts avant toute autre chose.  Le règne de la peur pratiqué si souvent par les autorités militaires, est bien autre chose que le service et la défense du pays qui constituent le devoir de l’armée.  Déjà Jean-Baptiste, dans sa prédication, donnait des règles de conduite aux soldats qui venaient le voir en lui demandant:  Et nous, que ferons-nous?”  Dans l’Évangile selon Luc, au chapitre trois (verset 14) nous lisons qu’il leur répondit ce qui suit:  Ne faites violence à personne, et ne dénoncez personne à tort, mais contentez-vous de votre solde.  Paroles bien actuelles…  Si, dans des cas qui devraient être exceptionnels, l’armée doit prendre en mains la direction d’un pays au bord du chaos, ce ne peut être que pour la restauration d’un ordre juste, et non pour la perpétuation d’un pouvoir qui s’appuie sur l’abus de la force.  Quand l’armée n’est au service que d’un ou quelques individus, devenant en quelque sorte une milice privée, alors son rôle de défense contre un ennemi extérieur et de garant d’un ordre juste se trouve déformé, aboutissant à une autre forme de désordre.  Les autorités militaires doivent toujours se souvenir qu’elles aussi ont à répondre de leurs actes devant Jésus-Christ, celui en qui tout a été créé, dans les cieux et sur la terre, ce qui est visible et ce qui est invisible, trônes, principautés, pouvoirs (Colossiens 1:16).  Au procureur Ponce Pilate qui lui demandait:  Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te relâcher, et que j’ai le pouvoir de te crucifier?” Jésus répondit:  tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en-haut.”  Responsabilité devant Dieu et respect de Sa Loi devraient caractériser non seulement les petits et les humbles, mais tout autant ceux qui se trouvent en position de force ou de pouvoir.  Dieu ne tolère pas d’usurpation de ses prérogatives.  Tôt ou tard, ceux qui s’y livrent doivent lui en rendre compte.

Bien d’autres domaines de la vie en société mériteraient d’être évalués à l’aune de la souveraineté du Christ sur la Création toute entière.  Nommons encore le domaine économique:  dans la pratique, il peut être fauteur de grandes injustices lorsque le pouvoir de l’argent, du profit, évacue toute notion d’équité et de traitement juste des plus faibles.  Les règles du jeu, dans les affaires, deviennent alors non seulement dures, mais tout simplement malhonnêtes.  Mammon, l’idole de l’argent dont parle Jésus, tâche de se substituer au roi de la Création.  L’abus du pouvoir économique ou financier n’est pas moins nocif que l’abus du pouvoir militaire.  Au lieu d’être au service de la communauté toute entière, ce pouvoir se trouve concentré aux mains de quelques uns seulement.  Reconnaissons aussi que dans la société contemporaine, la réalité économique est facilement considérée comme l’élément de base de la société, sa fondation même.  Les autres activités, les autres domaines de la vie lui sont totalement inféodés.  Même la morale la plus élémentaire se trouve facilement soumise aux impératifs économiques interprétés non pas à la lumière de l’Écriture, mais à l’aune des intérêts particuliers.

Amis auditeurs, il n’est pas dans l’intention de “Foi et Vie Réformées” de prescrire à chaque domaine de la vie en société son propre mode de fonctionnement.  Notre but est avant tout de rappeler que le Christ ressuscité règne sur la Création toute entière, dans toute sa diversité, aujourd’hui et éternellement.  Cette Bonne Nouvelle doit inciter ceux qui l’acceptent par la foi à réfléchir sérieusement sur les implications du règne de Jésus-Christ.  La Loi du Christ est profonde et redonne vie.  Dieu bénit non seulement les individus, mais aussi les communautés, les sociétés et les nations qui reconnaissent sa souveraineté, et cherchent à mieux comprendre Sa volonté pour aujourd’hui à la lumière de Sa parole éternelle.  Puisse l’Esprit du Christ Lui-même éclairer chacun, dans son propre environnement, dans la vocation qu’il ou elle a reçue afin que chacun sache exercer sa vocation avec discernement, sagesse et dans un esprit de service.  Puisse les églises prêcher et rappeler sans cesse cet article de foi fondamental:  Christ règne sur la Création toute entière.  Lorsqu’aucun individu, aucun groupe ou aucune tribu, aucun pouvoir institué ne se prend pour le maître absolu, mais agit dans la reconnaissance de la souveraineté du Dieu Père, Fils et Saint Esprit, au service de son Royaume et du prochain, alors la justice selon Dieu devient visible aux yeux de tous et porte des fruits de guérison.