RIEN NE PEUT ARRÊTER LA PAROLE DE DIEU (2)

A la lumière du chapitre 12 du livre des Actes des Apôtres nous continuons notre méditation intitulée “Rien ne peut arrêter la Parole de Dieu”. Amis auditeurs, nous avons vu ensemble comment en l’an 44 de notre ère, le roi Hérode Agrippa tâchait d’anéantir la jeune communauté chrétienne pour plaire au parti des Pharisiens. Ayant d’abord fait arrêter et exécuter Jacques, un des représentants proéminents de cette communauté, il entendait agir de même à l’égard de Pierre. Dans la nuit précédant sa comparution devant le roi, Pierre était cependant délivré de manière miraculeuse, et échappait des mains du roi de Palestine, suscitant la colère de ce dernier ainsi que l’exécution des gardes chargés de la surveillance de ce prisonnier. Relisons ensemble le passage du chapitre 12 qui nous intéresse plus particulièrement: “Ensuite il descendit de la Judée à Césarée pour y séjourner. Il était en conflit avec les Tyriens et les Sidoniens. Mais ils vinrent le trouver d’un commun accord; et après avoir gagné Blastus le chambellan du roi, ils sollicitèrent la paix, parce que leur pays tirait sa subsistance de celui du roi. Au jour fixé, Hérode, revêtu de ses habits royaux, s’assit à la tribune et les harangua. Le peuple s’écria: Voix d’un dieu, et non d’un homme! A l’instant, un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas donné gloire à Dieu. Et, rongé par les vers, il expira. Cependant, la parole de Dieu se répandait et progressait. Barnabas et Saul, après s’être acquittés de leur service, s’en retournèrent de Jérusalem en prenant avec eux, Jean, surnommé Marc.”

Le récit de Luc, l’auteur du livre des Actes des Apôtres, nous enseigne que les mécréants n’ont au fond qu’un seul but: se prendre eux-mêmes pour Dieu. En d’autres termes, déclarer la guerre au seul vrai Dieu. L’humiliation qu’Hérode Agrippa avait éprouvée avec la disparition inexpliquée de Pierre, aurait dû le rendre plus humble. Mais maintenant, à Césarée, capitale de ses amis Romains en Palestine, il se voit en position élevée; cette fois-ci c’est lui qui pourvoit aux nécessités d’autrui. La région de Tyr et de Sidon ne faisait pas partie de son royaume, mais de la province romaine de Syrie. Néanmoins, les habitants de cette région dépendaient du domaine d’Hérode pour leur approvisionnement en grain et en bétail. Le blocus économique qu’il leur avait imposé les avait mis à genoux. Hérode Agrippa veut saisir l’occasion des jeux dans l’amphitéâtre de Césarée pour donner un éclat particulier à la réconciliation que ces habitants implorent. Il fera grâce, il sera l’image de son ami Claude, l’empereur romain qui distribue selon son bon plaisir des titres ou des avantages matériels aux uns et aux autres. N’est-ce pas une source de satisfaction que de voir à vos pieds ceux-là mêmes qui se sont opposés à vous? Ils viennent vous supplier de les aider, et attendent prostrés un mot de réconciliation de votre part. Quel plaisir de penser que vous pouver décider de leur sort, tout comme les empereurs romains le faisaient lors des combats de gladiateurs dans l’amphitéâtre: par un simple mouvement de la main, le pouce tourné vers le haut ou vers le bas, ils pouvaient épargner la vie d’un gladiateur, ou la lui prendre. Dans sa jeunesse, Hérode Agrippa avait assisté à de nombreux jeux barbares de cette espèce, et il y avait pris goût. Et maintenant c’était à son tour de pouvoir agir comme l’empereur. Mais afin de mettre encore davantage en valeur son image, il a fait quelque chose d’autre (nous le savons grâce à d’autres sources historiques): il a revêtu de magnifiques vêtements argentés et a paru à l’aube devant la foule dans l’amphitéâtre. Le soleil levant a fait scintiller ses vêtements de telle manière que tous les spectateurs en ont été particulièrement frappés. Ceux qui fixaient avec intensité leur regard sur lui ont été remplis d’un sentiment de crainte. Alors qu’il haranguait avec éloquence les païens de Tyr et Sidon, ceux-ci ont commencé à clamer qu’il était un dieu, et que jusqu’ici ils l’avaient respecté comme un homme, mais que dorénavant ils le révèreraient comme un être surnaturel. Bien sûr il y avait dans ces paroles une bonne mesure de flatterie: ils voulaient de cette manière lui faire sentir qu’ils le plaçaient au même rang que l’empereur. Et Hérode Agrippa, qui se considérait comme le protecteur de la religion juive, n’a rien fait pour les empêcher de parler de la sorte. L’honneur de Jahweh, le dieu unique, est soudain passé au second plan. Les feux de la rampe étaient sur lui, il jouissait pour ainsi dire des projecteurs. “Satan lui-même se déguise en ange de lumière” nous rappelle Paul dans sa seconde lettre aux Chrétiens de Corinthe. Et il ajoute: “Il n’est donc pas étonnant que ses serviteurs aussi se déguisent en serviteurs de justice. Leur fin sera selon leurs oeuvres”. C’est précisément dans cette catégorie qu’Hérode Agrippa est tombé, en dépit de la protection qu’il offrait au culte juif, qui le rendait si populaire auprès de ses sujets: il est devenu un serviteur de Satan, écoutant la voix de son maître lorque celui-ci lui a susurré à l’oreille: “Tu seras comme Dieu” (Genèse. 3:5).

Mais, amis auditeurs, il convient ici de comparer un instant cette glorification de soi-même à la Transfiguration de Jésus sur la montagne, comme elle nous est rapportée, entre autres, dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre 17: Dans le cas de Jésus nous avons affaire au Messie, le roi divin, qui ne dévoile sa nature divine qu’à trois de ses disciples. Il le fait peu avant son départ pour Jérusalem, sachant fort bien qu’il y va pour accomplir sa mission terrestre. “Il fut transfiguré devant eux. Son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière.” Peu après, alors qu’il s’entretenait avec Moïse et le prophète Élie, qui étaient apparus à ses côtés, “une nuée lumineuse les enveloppa. Et voici qu’une voix sortit de la nuée, qui disait: “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. Écoutez-le!” Voyez-vous, chers amis, ce ne sont pas des hommes qui accordent la divinité à Jésus. Si son apparence change, ce n’est pas l’effet d’un rayon du soleil matinal qui provoque un scintillement étonnant sur ses vêtements. Avec lui nous ne sommes jamais exposés à des effets spéciaux artificiels destinés à impressionner les foules dans un amphitéâtre. Sa divinité est véritable divinité, elle vient de lui-même, de l’intérieur, et se trouve confirmée par la voix du Père. Comme le dit une des plus anciennes confessions de foi chrétiennes, le symbole de Nicée, il est Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu. Sa divinité n’est pas non plus quelque chose qu’il va chercher à utiliser pour exploiter d’autres hommes. Au contraire, il va bientôt donner volontairement sa vie pour ses disciples, sur une croix, là où aucune foule ne se présentera pour le célébrer comme Dieu. Voilà à quoi ressemble la Transfiguration de Jésus sur la montagne: elle n’est en fait que le prélude à sa mort cruelle à Golgotha. Et parce qu’il a volontairement accepté de marcher sur cette voie, “Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.” Amis auditeurs, qui pourrait empêcher cette parole de se répandre par toute la terre?

Quelques années après la Transfiguration de Jésus sur la montagne, nous voyons bien un roi terrestre être glorifié par des hommes. Mais quelle sera son salaire? Dans le vaste amphitéâtre de Césarée, les habitants de Tyr et Sidon s’écrièrent: “Voix d’un dieu, et non d’un homme! A l’instant, un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas donné gloire à Dieu. Et, rongé par des vers, il expira.” Voilà donc ce soi-disant dieu qui parle, réduit au silence par un ange, peut-être celui-là même qui avait délivré Pierre de sa prison. D’après un historien contemporain de ces événements, Hérode Agrippa mourut cinq jours après cette scène, en proie à de violentes douleurs d’estomac. Dans son commentaire sur le livre des Actes, le Réformateur Jean Calvin écrit ce qui suit à propos de ce passage: “Il semble que tout aille bien avec Hérode après qu’il ait persécuté l’Église avec tant d’acharnement. Il soumet des nations autour de lui en les faisant souffrir de la faim. Il semble que Dieu le récompense pour sa furieuse méchanceté. Pour les croyants, ce n’était pas une mince épreuve. Peut-être ont-ils commencé à penser que Dieu ne s’occupait plus d’eux. Ils craignaient qu’avec la puissance croissante du roi, sa tyrannie et sa cruauté aussi croîtraient. Mais le Seigneur avait un autre but, car il a élevé cet oppresseur de l’Église si haut, justement afin que sa chute soit d’autant plus grande. Donc ce succès et cette prospérité apparente dans lequel il se complaisait tant, a été pour lui la même chose que ce qui arrive à un animal à l’engrais, qu’on engraisse pour le jour de l’abattage. De la même manière, si nous voyons aujourd’hui les ennemis de l’Église assoiffés de sang, qui semblent portés par leurs succès jusqu’aux cieux, nous ne devons pas nous décourager; il nous faut plutôt nous rappeler des paroles de Salomon, au livre des Proverbes: L’orgueil précède le désastre, et un esprit arrogant précède la chute.”

“Cependant, la Parole du Seigneur se répandait et progressait”. Le mot grec utilisé par Luc signifie en fait: “Mais la Parole de Dieu continuait à se répandre”. La mort d’Hérode Agrippa fut soudaine, personne ne s’attendait à ce qu’il périsse au bout de cinq jours. En attendant, la Parole de Dieu continuait à croître et à se répandre. Hérode est mort, mais la Parole de Dieu vit, et ses messagers sont en marche. Paul, Barnabas et Marc sont silencieusement en route pour la ville d’Antioche, quelque quatre cent cinquante kilomètres au nord de Jérusalem, et ce pour répandre la Parole de Dieu plus avant. Le premier voyage missionnaire de Paul commence désormais. Jusqu’à présent, Luc nous a raconté en priorité les actes de Pierre. A partir du chapitre 13, Paul se trouvera au premier plan de la proclamation de la Parole. Comme dans une course de relai, Pierre passe le témoin à Paul, afin qu’au-delà de la Judée et de la Samarie, au-delà de Césarée, la Parole de Dieu soit proclamée à Rome et plus loin encore. Cette course de relai est sans aucun doute une course d’obstacles: ceux-ci ne vont pas s’amenuiser ou disparaître, bien au contraire. Et pourtant rien n’arrêtera la diffusion de la Parole de Dieu: en effet, le personnage principal du livre des Actes n’est ni Pierre, ni Paul ou Barnabas, mais le Saint Esprit lui-même. Ce qui pour les apôtres pouvait paraître comme des obstacles, des revers de toutes sortes, n’est rien de tel pour le Saint Esprit: car il est élevé bien au-dessus des obstacles, des haies, et c’est lui le coureur principal. Vers la fin de sa vie, Paul, emprisonné et attendant son exécution pourra l’écrire à son jeune ami Timothée: “Pour cet Évangile je souffre jusqu’à être lié comme un malfaiteur. Mais la Parole de Dieu n’est pas liée.”

Et nous, amis auditeurs, où en sommes-nous dans cette course? Notre foi est-elle forte face à tous les obstacles qui sont devant nous? Quelles paroles font-elles grande impression sur notre vie quotidienne? Qui mettons-nous au pinacle, qui considérons-nous avec le plus grand respect? Qui forme le sujet principal de nos conversations? Sommes-nous en route tout comme Paul et ses compagnons, sans tambour ni trompette, sans habits d’argent scintillant au soleil? Le Saint Esprit nous assure que pendant que nous marchons sur la route qu’Il nous indique, sa Parole se répand, et que rien ne pourra l’en empêcher.