LA LOI ET L’ÉVANGILE (1)

La relation entre la Loi et l’Évangile, amis auditeurs, tient une place centrale dans la compréhension de la foi chrétienne. La Loi, donnée par Dieu au peuple d’Israël par l’intermédiaire de Moïse, apparaît dans l’Ancien Testament, au livre de l’Exode et aux livres suivants, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. L’Évangile, quant à lui, forme le coeur du Nouveau Testament, et est centré sur la personne et l’oeuvre de Jésus Christ. Quiconque ne s’intéresse pas à méditer et à comprendre la nature de cette relation entre la Loi et l’Évangile ne sait pas vraiment ce qu’il en est de la foi chrétienne. Il ne sert alors pas à grand-chose de célébrer Noël, si nous ne comprenons pas la mission de Jésus sur terre selon ses propres paroles: “Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes. Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir.” Durant tout son ministère auprès des hommes, Jésus-Christ n’a pas cessé de parler à ses disciples de cet accomplissement. On ne trouve pas seulement de telles paroles dans l’Évangile selon Matthieu, qui, adressé premièrement à des Juifs, maintient un lien étroit avec l’Ancien Testament, mais aussi dans les autres évangiles, selon Marc, selon Luc et selon Jean. Par exemple, dans Luc 18, verset 31, Jésus annonce à ses disciples de la manière suivante qu’il va souffrir: “Voici: nous montons à Jérusalem, et tout ce qui a été écrit par les prophètes au sujet du Fils de l’homme s’accomplira.” Ceci est si important dans l’idée que Jésus lui-même se fait de son ministère, que ses dernières paroles sur la croix, selon Jean, sont justement: “Tout est accompli”, à savoir l’accomplissement de la loi et des prophètes dont il avait parlé au tout début de son ministère. Un peu auparavant, l’évangéliste Jean nous rapporte que “Jésus, qui savait que déjà tout était achevé, dit, afin que l’Écriture soit accomplie: J’ai soif”. Après sa résurrection d’entre les morts, Jésus prend beaucoup de peine à expliquer tout ce qui lui est arrivé à deux de ses disciples qui sont complètement désemparés, et ne l’ont même pas reconnu. Ils cheminent ensemble vers un village nommé Emmaüs. Il leur dit: “Hommes sans intelligence et dont le coeur est lent à croire à tout ce qu’ont dit les prophètes! Le Christ ne devait-il pas souffrir de la sorte et entrer dans sa gloire? Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait.” En effet, amis auditeurs, un Jésus dont la mission sur terre n’est ni comprise ni acceptée par la foi selon les termes qu’il emploie lui-même, n’est d’aucune utilité pour moi ou pour vous. L’idée d’amour qu’on attache généralement à sa personne, n’a aucune puissance rédemptrice. Un tel amour vague n’est pas fondamentalemnent différent de celui qu’on rencontre chez d’autres peronnages célèbres, comme le Mahatma Gandhi, pour ne citer qu’un exemple. Un tel amour est certes exemplaire, mais il ne peut aucunement nous rapprocher de Dieu. A la vérité, si nous ne comprenons pas l’amour manifesté par Jésus-Christ comme étant tout d’abord l’accomplissement de la loi et des prophètes de l’Ancien Testament, alors l’exemple de Jésus-Christ, que nous essayons peut-être de suivre, ne dégage pour nous qu’une odeur de mort éternelle. Car alors nous tâchons d’accomplir la Loi de Dieu par nos propres forces, et notre échec est tout simplement garanti.

Il est pourtant frappant de remarquer combien est répandue, même parmi des Chrétiens, l’idée que Jésus est venu pour abolir la Loi et non pour l’accomplir. Pour beaucoup, il semble presque inacceptable que la Loi ne doive pas être abolie, mais bien accomplie. Une foi dans le progrès moral de l’humanité est ancrée si profondément dans les mentalités modernes, que les stipulations de la Loi qui nous vient d’en haut sont devenues inacceptables pour beaucoup. L’homme moderne préfère déformer la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ, et en faire un symbole d’émancipation vis-à-vis de la Loi, un Jésus qui est venu nous montrer que nous sommes devenus adultes et n’avons nullement besoin de la Loi dans notre vie. Ce soi-disant Jésus nous rappelle bien plus Satan, lorsqu’au tout début de la Bible, au chapitre trois du livre de la Genèse, il insinuait à Adam et Ève, lors de la tentation: “Écoutez-moi, et vous serez comme Dieu, émancipés, vraiment libres, et non plus dépendants. Vous serez en état de déterminer par vous-mêmes le bien et le mal, sans avoir à obéir au commandement de Dieu. C’est cela le progrès… C’est pourquoi vous devez vous débarrasser de cette limitation primitive et inutile qui vous défend de toucher à l’arbre de la connaissance du bien et du mal; n’hésitez donc pas à manger du fruit de cet arbre…” Voyez-vous, amis auditeurs, alors que Satan se fait l’avocat d’une émancipation vis-à-vis de la Loi de Dieu, à travers la désobéissance au commandement divin, Jésus suit une voie complètement opposée: en tant qu’homme, un homme comme nous tous, il obéit parfaitement à la volonté de son Père, afin de nous délivrer du jugement qui nous attend en raison de notre propre désobéissance à la loi de Dieu. Expliquons ceci plus en détail: nous avons hérité de cette condamnation depuis Adam, car étant ses descendants, nous portons en nous les mêmes marques de désobéissance vis-à-vis de Dieu. Il en va de ces marques comme d’une caractéristique génétique indélébile, puisque tous les hommes descendent du même premier homme. Mais Jesus-Christ, lui, a obéi parfaitement à la volonté de Dieu, étant devenu un homme comme nous. En accomplissant la Loi, jusqu’à porter sur lui la faute et la condamnation qui devait atteindre tous les pécheurs, il a libéré de cette condamnation divine tous ceux qui, par la foi, se mettent au bénéfice de son sacrifice volontaire et de sa résurrection d’entre les morts. Jésus est venu accomplir ces mots écrits dans l’Ancien Testament, au livre du prophète Jérémie, des centaines d’années avant la venue du Messie promis au peuple d’Israël: “Voici l’Alliance que je conclurai avec la maison d’Israël après ces jours-là, -Oracle de l’Éternel-: Je mettrai ma loi au dedans d’eux, je l’écrirai sur leur coeur; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple.” Désormais libérés de la condamnation que notre désobéissance à la Loi de Dieu amenait sur nous, nous pouvons vivre une vie de reconnaissance envers Dieu, en gardant ses commandements et en étant assurés du pardon de Dieu lorsque nous péchons encore contre lui et contre notre prochain. C’est là l’Évangile chrétien auquel le Dieu de Grâce vous invite à croire, amis auditeurs. Sans la foi, sans l’adhésion de notre coeur et de notre intelligence à cet Évangile, sans l’acceptation du don gratuit que Dieu nous fait en son Fils Jésus-Christ, il n’y a pour nous qu’une seule perspective: la condamnation et la mort éternelle, puisque nous refusons le don gratuit de Dieu, son pardon, la réconciliation avec lui, et la vie éternelle que cette réconciliation nous accorde.

Lisons ensemble, si vous le voulez bien, ce que Jésus lui-même dit au début de son ministère terrestre, au chapitre 5 de l’Évangile selon Matthieu: “Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. En vérité je vous le dis, jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre de la loi ne passera, jusqu’à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux, mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. Car je vous le dis, si votre justice n’est pas supérieure à celle des scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.” Un passage de l’Évangile de Jean expose de manière saisissante cet enseignement de Jésus et la manière dont il l’a pratiqué. C’est le texte, peut-être connu de beaucoup d’entre vous, qui concerne la femme prise en flagrant délit d’adultère. La fois prochaine je reprendrai en détail ce texte pour méditer avec vous sur sa signification profonde. Concluons notre émission d’aujourd’hui en lisant ensemble ce passage, que vous trouverez au début du chapitre 8 de l’Évangile selon Jean: “Jésus se rendit au mont des Oliviers. Mais dès le matin, il se rendit de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui. Il s’assit et les enseignait. Alors les scribes et les Pharisiens amènent une femme surprise en flagrant délit d’adultère, la placent au milieu et disent à Jésus: Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Moïse, dans la loi, nous a prescrit de lapider de telles femmes: toi donc, que dis-tu? Ils disaient cela pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus se baissa et se mit à écrire avec le doigt sur la terre. Comme ils persistaient à le questionner, il se redressa et leur dit: Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier la pierre. De nouveau il se baissa et se mit à écrire sur la terre. Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, à commencer par les plus âgés et jusqu’aux derniers, et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu. Alors Jésus se redressa et lui dit: Femme, où sont tes accusateurs? Personne ne t’a condamnée? Elle répondit: Personne Seigneur. Et Jésus lui dit: Moi non plus je ne te condamne pas; va, et désormais ne pèche plus.”