CONVERSION ET REPENTANCE (1)

 

Aujourd’hui, Foi et Vie Réformées vous propose de méditer sur le thème suivant:  conversion et repentance.  Nous allons le faire en suivant le catéchisme de Heidelberg, cette instruction chrétienne de base rédigée il y a plus de quatre cents ans, mais qui reste toujours d’une étonnante actualité.  Le trente troisième dimanche du catéchisme, c’est-à-dire les questions et réponses quatre-vingt huit à quatre-vingt onze, traite précisément de cette question.  Lisons-les ensemble:

Question 88:  Quels sont les deux éléments de la véritable conversion de l’homme?

La mortification du “vieil homme” et la résurrection de “l’homme nouveau”.

Question 89: Qu’est-ce que la mortification du vieil homme?

C’est une repentance sincère de ce que nous avons suscité la colère de Dieu et c’est être affligé du fond du coeur à cause de ses péchés, les haïr et les fuir de plus en plus.

Question 90: Qu’est-ce que la résurrection de l’homme nouveau?

C’est se réjouir de tout coeur en Dieu par Jésus-Christ et mettre sa joie et son amour à vivre selon la volonté de Dieu, dans l’accomplissement de toutes oeuvres bonnes.

Question 91:  Mais quelles sont ces oeuvres bonnes?

Ce sont seulement celles qui procèdent d’une vraie foi et sont accomplies selon la Loi et pour la gloire de Dieu; et non pas celles qui sont fondées sur nos propres opinions ou sur des préceptes humains.

 

Nous allons maintenant lire deux textes tirés du Nouveau Testament et qui chacun à leur manière nous parlent très directement de la nécessaire conversion qui doit prendre place en nous si nous devons hériter la vie éternelle promise par Dieu.  Tout d’abord, un récit de l’Évangile selon Luc, où Jésus parle à ses auditeurs de la repentance, et leur raconte une parabole qui a justement trait à ce thème, la parabole du figuier stérile.

Puis nous lirons un court extrait du sixième chapitre de la première lettre de Paul aux Chrétiens de Corinthe, dans lequel il appelle aussi ses lecteurs à une conversion et une repentance sincère, sans laquelle, leur dit-il, ils n’hériteront pas du Royaume de Dieu.

“En ce temps-là, quelques personnes vinrent lui raconter ce qui était arrivé à des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices.  Il leur répondit: Pensez-vous que ces Galiléens aient été de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens parce qu’ils ont souffert de la sorte?  Non, vous-dis-je.  Mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même.  Ou bien, ces dix-huit sur qui est tombée la tour de Siloé et qu’elle a tués, pensez-vous qu’ils aient été plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem?  Non, vous-dis-je.  Mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous pareillement.

Il dit aussi cette parabole:  Un homme avait un figuier planté dans sa vigne.  Il vint y chercher du fruit, et n’en trouva pas.  Alors il dit au vigneron: voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n’en trouve pas.  Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement?  Le vigneron lui répondit:  Maître, laisse-le encore cette année; d’ici là je creuserai tout autour et j’y mettrai du fumier.  Peut-être à l’avenir produira-t-il du fruit; sinon, tu le couperas.”

 

Voici maintenant ce que Paul écrit aux Chrétiens de Corinthe: “Ne vous y trompez-pas: ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les dépravés, ni ceux qui pratiquent l’homosexualité, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les insulteurs, ni les accapareurs n’hériteront le royaume de Dieu.  Et c’est là ce que vous étiez, quelques uns d’entre vous.  Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu.”

 

Dans notre vie ici-bas nous nous trouvons placés devant une seule alternative:  la mort éternelle, ou bien la mortification du vieil homme et la résurrection de l’homme nouveau.  D’après la Bible il n’existe pour nous aucun autre chemin que ces deux-là.  Nous ne trouvons dans la Bible aucune trace de réincarnation, qui donnerait la possibilité à tout être humain de réapparaître dans une autre vie, peut-être meilleure ou plus élevée.  Il n’est aussi nullement question que les créatures de Dieu cessent absolument d’exister après la mort, qu’elles soient totalement désintégrées.  Dieu vous a  créé une fois pour que vous existiez éternellement.

 

Nos deux textes, chacun à sa manière, insistent sur le changement nécessaire et radical qui doit prendre place dans notre vie, afin que la mort éternelle soit remplacée par une autre mort:  cette fois, il s’agit de la mortification progressive de notre nature de péché, une sorte de mise à mort graduelle de tout ce qui, en nous,  s’oppose à la volonté de Dieu.  Une telle mortification mène à la vie éternelle.  Notre vie ici-bas n’est jamais immobile.  Tout comme nous vieillissons chaque jour, et ne demeurons jamais dans le même état, nous sommes en chemin vers une destination donnée:  ou bien la mort éternelle dans l’angoisse d’être séparé de Dieu pour toujours, ou bien la vie éternelle dans la communion avec Dieu.

 

Mais qui peut donc opérer un changement si radical dans la vie humaine?  Qui a le pouvoir de faire toutes choses nouvelles?  Puis-je moi-même renverser la vapeur?  Ou bien suis-je automatiquement en route vers le ciel, quelle que soit ma conduite?  Voilà aussi des questions qui surgissent de nos deux textes.  Mais dans ces deux passages nous pouvons clairement percevoir la présence de quelqu’un qui agit en tant que médiateur d’une telle conversion radicale:  Jésus-Christ!  Nous allons voir comment Jésus-Christ nous conduit au travers du processus de conversion en remplissant un triple office:  celui de prophète, celui de prêtre et celui de roi.

 

Au chapitre 13 de l’Évangile selon Luc, Jésus avertit ses auditeurs, et nous avec, d’une crise imminente qui va frapper tout un chacun.  Il agit ici comme prophète.  Des gens l’ont approché pour lui demander son opinion au sujet d’un événement qui vient de se produire:  un groupe d’habitants de Galilée, la province du nord de la Palestine, sont morts pendant qu’ils étaient en train d’offrir leurs sacrifices à Dieu dans le temple de Jérusalem, probablement durant la fête juive de la Pâque.  Le gouverneur romain Ponce Pilate a ordonné de les faire tuer. Quelles étaient ses raisons d’agir de manière si cruelle?  Nous ne disposons d’aucune donnée à ce sujet, mais à travers cet élément d’information et d’autres incidents similaires qui nous sont rapportés par d’autres sources historiques, nous sommes en mesure d’apprendre quelque chose sur le caractère de Ponce Pilate et de ses méthodes de gouvernement en Palestine.  Pour les interlocuteurs de Jésus, la question est vraisemblablement d’un autre ordre:  est-ce que ces Galiléens n’avaient pas gravement péché pour avoir été frappés par un tel destin?  N’ont-ils pas reçu là un châtiment proportionnel à une quelconque faute commise à un moment ou à un autre?  Cette conception était assez répandue du temps de Jésus:  vous recevez une rétribution immédiate pour ce que vous, voire vos parents, avez fait.  Un autre épisode, tiré cette fois de l’Évangile selon Jean, au chapitre 9, illustre cette idée.  Je vous lis le début de cet incident:  Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance.  Ses disciples lui demandèrent:  Maître, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle?”  L’un des dangers d’une telle idée c’est que l’on commence à examiner la vie de son prochain, ses misères et ses épreuves, et qu’au lieu de l’aider au mieux de ses possibilités l’on essaie d’analyser le passé d’une telle personne pour condamner ses actions.  Ce faisant, on s’exclut soi-même du champ de la rétribution divine pour ses propres actions, puisqu’on ne souffre pas soi-même des maux qui frappent l’autre.  Mais la réponse de Jésus à la nouvelle du massacre des Galiléens par Pilate, replace tout dans la perspective divine:  remarquez-bien qu’il emploie quatre fois le mot “tous”:  Pensez-vous que ces Galiléens aient été de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens parce qu’ils ont souffert de la sorte?  Non, vous-dis-je.  Mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même”.  Et à nouveau il pose la même question en fournissant une réponse identique au sujet d’un fait divers qui cette fois n’a pas été directement provoqué par une main d’homme:  il s’agit de l’écroulement d’une tour ayant provoqué la mort de dix-huit personnes.  Dans sa réponse, Jésus se fait l’écho du psaume 14, dans l’Ancien Testament: “L’Éternel du haut des cieux se penche sur les êtres humains, pour voir s’il y a quelqu’un qui ait du bon sens, qui cherche Dieu.  Tous sont égarés, ensemble ils sont pervertis; il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul.  Tous ceux qui commettent l’injustice n’ont-ils pas de connaissance?  Eux qui dévorent mon peuple comme on dévore du pain, ils n’invoquent pas l’Éternel.  C’est là qu’ils trembleront de peur, quand Dieu paraîtra au milieu de la race juste.”  Oui, en ligne directe avec le psaume 14, Jésus avertit ses auditeurs de la crise imminente qui arrive, et au cours de laquelle  Dieu prononcera son jugement final sur une humanité corrompue.  On pourrait l’appeler une crise eschatologique, une crise qui a trait à la fin des temps et qui frappera chacun, sans aucune distinction.  Et de fait, dans la deuxième partie du précédent chapitre de l’Évangile selon Luc Jésus s’est précisément attaché à cela:  avertir ceux qui l’écoutent  de rester éveillés eu égard à cette crise qui s’annonce inéluctable.  Jésus agit en tant que prophète qui appelle les hommes à la conversion.

 

Mais il existe encore une chance d’éviter la crise:  Convertissez-vous!  Portez de bons fruits!

 

Chers amis, restez à l’écoute lors de notre prochaine émission, et vous verrez alors ce que signifie une véritable conversion, qui seule peut vous éviter, à vous aussi, d’être frappé par la crise inéluctable qui s’approche.