CONVERSION ET REPENTANCE (3)
Au cours de nos deux précédents programmes nous avons vu comment Jésus-Christ
est celui qui avertit ses auditeurs, et nous avec eux, de la crise
imminente qui s’annonce : le jugement final de Dieu sur ceux qui ne se
seront pas repentis de leurs fautes, sur ceux qui n’auront pas connu une
transformation radicale. Jésus exerce une fonction prophétique. Puis
nous avons vu le rôle central accompli par Jésus dans le processus de
notre conversion. Par sa mort et sa résurrection il rend possible le fait
de recevoir une nouvelle vie (il s’agit de sa fonction sacerdotale, ou,
si vous préférez, de prêtre). Il envoie son Esprit pour appliquer en
nous son oeuvre qui provoque cette nouvelle vie. Notre conversion devient
la conscience que nous avons de la manière dont Dieu travaille en nous.
Elle nous amène à nous repentir de nos fautes, à les fuir, et à
rechercher à accomplir des oeuvres bonnes. Désormais, Christ régit nos
vies comme notre roi (il exerce donc son office royal).
Une question surgit pourtant : un Chrétien peut-il être à la fois
juste devant Dieu, puisque pardonné par lui, et néanmoins encore pécheur
? Le Réformateur allemand du seizième siècle Martin Luther a justement
exprimé cette double condition qui est la nôtre: toujours juste,
toujours pécheur. Mais si cela est vrai, nous pourrions nous demander où
est le gouvernement de Jésus-Christ sur nos vies. Ne manque-t-il pas
quelque chose ? Nous allons étudier cette question à la lumière d’un
court passage du Nouveau Testament, tiré de la première lettre de l’apôtre
Paul aux Chrétiens de Corinthe : après les avoir sévèrement repris
pour leur manière de vivre qui ressemblait souvent davantage à celle des
païens qu’à celle d’enfants de lumière, Paul leur écrit: « Ne
vous y trompez pas : ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères,
ni les dépravés, ni les homosexuels, ni les voleurs, ni les cupides, ni
les ivrognes, ni les insulteurs, ni les accapareurs n’hériteront le
royaume de Dieu. Et c’est là ce que vous étiez, quelques uns d`entre
vous. Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais
vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par
l`Esprit de notre Dieu.. » L’Église de Corinthe, amis auditeurs, est
un bon exemple de cette formule de Luther : toujours pécheurs, toujours
justifiés. Ses membres sont encore empêtrés dans de graves égarements.
Ils ont bien reçu la vie nouvelle de Christ, mais trébuchent sur le plan
de la conversion quotidienne requise d’eux, sur le plan de la
mortification du « vieil homme » et de la résurrection de l` « homme
nouveau ». Paul doit aussi agir comme prophète vis-à-vis d’eux. Il
les avertit de manière très claire, et nous avec : on ne reçoit pas
automatiquement la vie éternelle. On n’a pas part au Royaume de Dieu
quelle que soit la manière dont on se conduit. « Ne vous y trompez-pas
» dit Paul. On pourrait parapharaser en disant : « ne vous bercez pas
d’illusions ». Si vous continuez à vivre d’une manière totalement
en contradiction avec la volonté expresse de Dieu, vous n’aurez pas
part à son Royaume. Votre présence formelle chaque dimanche dans un lieu
de culte, votre participation formelle aux activités d’une église ne
compteront pas davantage que votre style de vie. Le règne de Christ sur
votre vie, les fruits d’une véritable conversion doivent aussi devenir
visibles. Remarquez bien, chers amis, que cela n’implique pas une
perfection immédiatement visible. Le Catéchisme de Heidelberg, en décrivant
ce qu’est la mortification du « vieil homme », nous dit que nous haïssons
et fuyons nos péchés de plus en plus. Il s’agit d’un processus
graduel. La vie nouvelle est bien là, mais les fruits d’une véritable
conversion croissent petit à petit. Couper toutes les branches mortes de
l’arbre de notre vie prend du temps. Pourtant il existe une différence
fondamentale entre ce processus graduel, qui caractérise les vrais
croyants, et le fait de persévérer dans un style de vie criant de péché
et de désobéissance, comme par exemple ce que Paul nomme dans le passage
que nous avons lu. « Ne vous y trompez pas, ne vous bercez pas
d"illusions ! » Dieu ne tolère aucun de nos péchés, il ne ferme
pas les yeux par faiblesse sur notre désobéissance à sa volonté. Quel
que soit le degré de tolérance de la société ou de la culture vis-à-vis
des péchés humains, Dieu, lui, ne les tolère pas. La crise surviendra,
le jugement est en route. Que le monde tolère le péché, et même
l’approuve, quoi d’étonnant à cela ? Qui est donc le prince de ce
monde ? Satan, l’adversaire déclaré de Dieu. Quant à nous, nous avons
reçu une nouvelle vie en Christ pour laisser Christ régner sur notre
vie, et non pas Satan.
« Mais quelles sont ces oeuvres bonnes ? » demande le Catéchisme de
Heidelberg à la question 91. « Ce sont seulement celles qui procèdent
d’une vraie foi et sont accomplies selon la Loi et pour la gloire de
Dieu ; et non pas celles qui sont fondées sur nos propres opinions ou sur
des préceptes humains. » Voilà une réponse actuelle à une question
extrêmement importante, chers amis. Les oeuvres bonnes ne sont déterminées
ni par nous-mêmes, ni par l’idéologie dominante, ni par la culture
d’aujourd’hui, ni encore par un groupe de pression quelconque, même
s’il se réclame de la bonté humaine ou de l’humanisme. Ce ne sont
pas non plus les théologiens qui déterminent ce que les oeuvres bonnes
aux yeux de Dieu devraient être. Elles ne sont pas davantage déterminées
par toutes sortes de traditions bien établies, mais seulement par la Loi
de Dieu, et pour la gloire de Dieu. Peu importe si nos oeuvres bonnes nous
rendent impopulaires aux yeux de la société et de la mentalité
dominante, ce qui compte c’est ce qui plaît à Dieu. Ceci est si clair
pour le Catéchisme, que la section qui suit commence avec les dix
commandements (il s’agit des dimanches 34 à 44 du Catéchisme de
Heidelberg). En d’autres termes, le gouvernement de Jésus-Christ sur
notre vie et le maintien de la Loi de Dieu ne vont pas à l’encontre
l’un de l’autre. Bien au contraire ils marchent ensemble dans la vie
des hommes et des femmes qui se convertissent journellement à Dieu en se
repentant et en recherchant sa volonté. Qui a le pouvoir de faire toutes
choses nouvelles ? C’est la question que nous posions au début de la
première émission de cette série intitulée « conversion et repentance
». La réponse est simple : Jésus-Christ, par son Esprit, a ce pouvoir
unique. C’est naturellement un signe de son office royal. Paul exprime
de la plus belle manière ce pouvoir, lorsqu’après avoir nommé toutes
les catégories de transgressions que nous avons lues (débauche, idolâtrie,
adultère etc.) il ajoute : « Et c’est là ce que vous étiez, quelques
uns d`entre vous. Mais vous avez été lavés, mais vous avez été
sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ
et par l`Esprit de notre Dieu. » Pour le Dieu trinitaire, rien n’est
impossible, chers amis. Quelle que soit la gravité des péchés que nous
avons pu commettre, tout cela peut désormais faire partie de notre passé.
Au nom du Seigneur Jésus-Christ nos péchés peuvent être lavés, nous
pouvons être sanctifiés et recevoir l’absolution de la part de Dieu
notre Père. Quelle message unique de réconfort et d’espoir! Je vous
propose de conclure cette série de trois méditations sur le thème:
Conversion et repentance, en lisant quelques extraits du Nouveau Testament
qui traitent de ce sujet. D’abord les versets 4 à 6 du sixième
chapitre de la lettre de Paul aux Chrétiens de Rome : « Nous avons donc
été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que, comme
Christ est ressuscité d"entre les morts par la gloire du Père, de même
nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. En effet si nous sommes
devenus une même plante avec lui, par la conformité à sa mort, nous le
serons aussi par la conformité à sa résurrection ; nous savons que
notre vieille nature a été crucifiée avec lui, afin que ce corps de péché
soit réduit à l`impuissance et que nous ne soyons plus esclaves du péché
». Lisons ensuite les versets 5 à 10 du troisième chapitre de la lettre
de Paul aux Chrétiens de Colosse : « Faites donc mourir votre nature
terrestre : l`inconduite, l`impureté, les passions, les mauvais désirs
et la cupidité qui est une idolâtrie. C`est pour cela que vient la colère
de Dieu sur les rebelles. Vous marchiez ainsi autrefois, lorsque vous
viviez dans ces péchés. Mais maintenant, vous aussi rejetez tout cela :
colère, animosité, méchanceté, calomnie, paroles grossières qui
sortiraient de votre bouche. Ne mentez pas les uns aux autres, vous qui
avez dépouillé la vieille nature avec ses pratiques et revêtu la nature
nouvelle qui se renouvelle en vue d’une pleine connaissance selon
l’image de celui qui l’a créée. » Terminons enfin en écoutant les
paroles de Jean vers la fin du dernier livre de la Bible, l’Apocalypse.
Au chapitre 21, versets 5 à 8, Jean confirme les promesses de Dieu à ses
enfants, mais il confirme aussi le jugement divin sur ceux qui ne se
repentent et ne se convertissent pas : « Celui qui était assis sur le trône
dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles. Et il dit : Écris, car ces
paroles sont certaines et vraies. Il me dit : C`est fait! Je suis
l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif, je
donnerai de la source d’eau de la vie, gratuitement. Tel sera l’héritage
du vainqueur ; je serai son Dieu et il sera mon fils. Mais pour les lâches,
les incrédules, les abominables, les meurtriers, les débauchés, les
magiciens, les idolâtres et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang
brûlant de feu et de soufre : cela, c’est la seconde mort. »