VOCATION, SIGNE ET PROMESSE
DE DIEU (1)
Plusieurs fois au cours de précédentes émissions,
nous avons parlé de l’Église. Nous
avons parlé de sa nature dans un message intitulé « Qu`est-ce que
l`Église de Jésus-Christ», nous avons parlé des ministères dans
l’Église, de l’Église en mission, de la manière dont Dieu préserve
son Église. Aujourd’hui, je
vous propose un premier message intitulé « vocation, signe et
promesse de Dieu à son Église », qui a pour objet de bien
comprendre la vocation de l’Église en tous temps, à la lumière des
signes et des promesses que Dieu lui
accorde. Nous allons ensemble
parcourir plusieurs textes de l’Ancien et du Nouveau Testament qui nous
permettent de bien saisir la relation qui unit Dieu à son Église.
Commençons par lire ensemble les versets 11 et 12 du chapitre
troisième du livre de l’Exode, dans l’Ancien Testament. Les enfants
qui sont régulièrement à l’écoute de notre série « La Bible
racontée aux enfants » s’en souviendront certainement, car ce
passage nous raconte la manière dont
l’Éternel Dieu a appelé Moïse, du milieu du buisson ardent, et
lui a dit d’aller de sa part vers Pharaon, le roi d’Égypte, afin
qu’il laisse aller son peuple tenu en esclavage, et qu’Israël offre
à l’Éternel des sacrifices. Moïse
a montré bien des hésitations lorsqu’il a reçu cet appel divin:
« Moïse dit à Dieu :
Qui suis-je donc, pour aller vers le Pharaon et pour faire sortir d`Égypte
les Israélites ? Dieu dit :
Je suis avec toi ; et voici quel sera pour toi le signe que
c`est moi qui t`envoie : quand tu auras fait sortir d`Égypte le
peuple, vous rendrez un culte à Dieu sur cette montagne ».
Le mot « vocation » contient de nos
jours un fort élément de réalisation de soi-même :
on parle de vocation quand il s’agit de donner une expression à
ses propres dons et talents dans
la profession qu’on choisit, le tout afin de sentir qu’on
s’accomplit soi-même. Pour
le dire autrement, lorsque les gens prononcent le mot « vocation »,
ils ont généralement à l’esprit l’expression de ce qu’on ressent
profondément en soi, et qu’on veut vivre concrètement dans
l’exercice d’une activité donnée.
L’idée de réalisation de soi-même, peut-être même d’une
certaine auto-satisfaction, fait partie des connotations attachées au mot
« vocation ». Bien
sûr il n’y a rien de mal à vouloir donner une expression concrète aux
dons et talents qu’on sent au dedans de soi-même (à condition de les
mettre consciemment au service de Dieu et de son prochain).
Pourtant une question surgit :
est-ce moi-même qui détermine quel devrait être l’idéal de ma
vie ? Vais-je choisir
seul la manière dont je vais donner une expression aux dons et talents
que j’ai reçus ? Et,
plus important encore : La
réalisation de soi-même est-elle au coeur d’une véritable vocation ?
Le chapitre trois du livre de l’Exode nous raconte une histoire
toute autre : la vocation de Moïse revêt un caractère bien différent.
En premier lieu, Moïse reçoit un appel de quelqu’un d’autre ;
il reçoit une vocation qu’il n’avait pas envisagée jusque là.
Il est bien vrai que des années auparavant, une tentative
personnelle de s’ériger en juge et libérateur de son peuple opprimé
par les Égyptiens, avait lamentablement échoué, et s’était terminé
par une fuite hors d’Égypte. Après
tant d’années passées dans le désert de Madian, Moïse pensait
probablement que sa vocation était de faire paître les troupeaux de son
beau-père Jéthro. Mais
soudain, le voilà pris de l’environnement calme et paisible où il
pensait avoir trouvé refuge. Il
est presque brutalement appelé à aller accomplir une mission pour
laquelle il ne se sent pas du tout préparé.
Peut-être le souvenir de sa tentative avortée en tant que juge et
libérateur de son peuple hante-t-il toujours sa mémoire.
Moïse peut-il réellement considérer cet appel de Dieu comme
valide, puisqu’il n’a aucune envie de le suivre ?
Mais, et c’est là la deuxième caractéristique de la situation,
celui qui l’appelle lui adresse aussi une promesse ; de surcroît
il lui donne un signe afin de confirmer la validité de sa vocation.
Or ce signe est si remarquable, si unique, que je vous invite à méditer
avec moi sur sa signification. Tous
ceux qui ont la charge du troupeau de Dieu, en tant que pasteurs, évêques
ou évangélistes, et tout croyant confessant publiquement sa foi
pourraient bien découvrir que leur vocation a bien des choses en commun
avec ce même signe et cette même promesse.
Nous pourrions même être forcés à reconsidérer la nature de
notre vocation à la lumière de la promesse et du signe accordés ici à
un serviteur particulier de Dieu.
Voyez-vous, lorsqu’on pense aux signes donnés
par Dieu à Moïse au cours de sa mission, on a généralement à
l’esprit le bâton changé en serpent, la main couverte par la lèpre,
ou bien encore, de manière très claire, les dix plaies que l’Éternel
fit tomber sur l’Égypte à cause de l’endurcissement du coeur de
Pharaon. Signes frappants,
s’il en fut. Pharaon avait
d’abord demandé : « Qui
est l`Éternel pour que je lui obéisse, en laissant partir Israël ? Je
ne connais pas l`Éternel, aussi je ne laisserai pas partir Israël. »
Pharaon recevra les signes indubitables que la puissance de Dieu est
à l’oeuvre et que personne ne peut lui résister.
Mais ce n’est pas le premier et le plus important signe que Dieu
donne à Moïse lorsqu’il l’appelle : « Dieu
dit : Je suis avec toi ; et voici quel sera pour toi le signe
que c`est moi qui t`envoie : quand tu auras fait sortir d`Égypte le
peuple, vous rendrez un culte à Dieu sur cette montagne ». Plus
encore que les dix plaies, un tel signe révèle quelque chose du caractère
de Dieu, et de son plan. Étrange,
n’est-il pas vrai ? Il
n’y rien de spectaculaire ici. Les
Égyptiens ne verront probablement pas les Israélites adorer Dieu sur sa
montagne. Mais ce signe est
l’expression même de la transcendance divine.
Celui qui s’appelle « Je suis qui je suis », celui
qui était, qui est et qui vient, Dieu seul pouvait donner un tel signe à
Moïse avant même qu’il soit retourné en Égypte.
Par leurs arts occultes les magiciens égyptiens pouvaient bien
changer leurs propres bâtons en serpents, et l’eau du Nil en sang ;
ils pouvaient bien faire monter des grenouilles du grand fleuve, mais ils
n’auraient jamais pu produire un tel signe.
Ils se seraient certainement moqués de Moïse s’il leur avait
avancé ce signe comme preuve irréfutable que c’est bien Dieu qui
l’envoyait. Car un tel signe
indique une relation entre le Dieu Saint et son peuple choisi :
une relation d’alliance à laquelle les magiciens profanes ne
pouvaient avoir part. Alors
que les dix plaies allaient frapper l’Égypte comme jugement sur cette
nation impie, le signe donné à Moïse impliquait une communion avec Dieu :
« Vous rendrez un culte à Dieu sur cette montagne ».
L’autre particularité de ce signe, que les magiciens
n’auraient jamais pu comprendre, car ils vivaient
dans les ténèbres, c’est qu’il ne pouvait être saisi que par
la foi. Dieu donna à Moïse
un signe de sa transcendance allant bien au-delà des miracles destinés
à envoyer un message à Pharaon. Il
demanda simplement à Moïse de croire en les choses qu’il ne voyait pas
encore, mais que Dieu allait accomplir :
« quand tu auras
fait sortir d`Égypte le peuple …»
Le temps grammatical employé ici, le futur antérieur, indique
que lorsque que quelque chose aura été accompli, alors quelque chose
d’autre prendra place. Voyez-vous,
c’est ainsi que Dieu emploie les temps grammaticaux.
Cela indique qu’il est en contrôle des événements de
l’histoire humaine. Ceux-ci
se succèderont comme il l’a planifié dans son conseil éternel et
secret, quelle que soit l’opposition des hommes au plan divin.
Ce temps-là, nous ne pouvons le comprendre que par la foi. Comment
pourrions-nous du reste saisir quoi que ce soit de la transcendance de
Dieu autrement que par la foi? Ceux
qui pensent qu’ils le peuvent ne savent pas de quel Dieu ils parlent…
Mais le signe est accompagné, plus précisément
précédé, d’une promesse : « Je
suis avec toi ». Cette
promesse réconfortante est tout ce que Moïse a besoin d’entendre pour
le moment. Il ne saurait en être
autrement, puisque le plan du Dieu souverain s’accomplira : Dieu
sera effectivement avec Moïse. Pourtant,
il nous faut réfléchir plus avant sur la relation qui existe entre le
signe et la promesse. Pouvons-nous
nous fier à une telle promesse si nous ne sommes pas prêts à accepter
le signe donné par Dieu, si nous préférons le remplacer par nos propres
signes ? Revenons un
instant à la juste définition du mot « vocation » : il
est si facile de mettre en avant nos propres plans, nos propres
programmes, comme s’ils cernaient et englobaient notre vocation, et puis
de s’écrier : « Dieu est avec moi, Dieu sera avec nous! »
Non seulement nos entreprises sont vouées à l’échec si nous
remplaçons les signes donnés par Dieu par les signes de nos propres
plans, mais ces entreprises peuvent aussi devenir démoniaques, semblables
en nature aux tours produits par les magiciens égyptiens :
puissants en apparence, mais en fait profanes, impies, totalement dénués
de communion avec Dieu. L’Église
de Dieu, appelée à exercer un saint mandat, doit se demander :
« Quel est le signe donné par Dieu auquel je dois me tenir
pour recevoir la promesse de sa présence ? »
L`Église cherche-t-elle sa propre réalisation selon ses propres désirs ?
Est-elle obsédée par l`auto-satisfaction ?
Est-elle parfois ennuyée d`avoir à obéir aux commandements
divins, qui semblent trop difficiles à exécuter ?
Préfère-t-elle suivre par
commodité son propre ordre du jour ?
Lorsque survient une telle tentation, souvenons-nous que notre
vocation ne tourne pas autour de l`accomplissement de soi-même, encore
moins de notre auto-satisfaction, mais bien autour de la réalisation du
plan de Dieu dans l`histoire. C`est
dans sa réponse par la foi aux signes et aux promesses accordés par le
Dieu Tout Puissant que repose la vocation de l`Église.
Nous continuerons la prochaine fois notre méditation
intitulée « vocation, signe et promesse » en méditant sur
d’autres passages de l’Ancien et du Nouveau Testament.