COMMENT
COMPRENDRE LA BIBLE ?
Comment
comprendre la Bible ? Voilà
le sujet de notre émission aujourd’hui.
Vaste sujet, me direz-vous. D’énormes
volumes ont été publiés sur ce thème depuis des siècles, une émission
radiophonique de quinze minutes aurait-elle la prétention de résumer les
milliers de pages écrites au cours de l’histoire sur une question aussi
capitale ? En fait je
voudrais simplement énoncer à votre intention quelques règles qui
permettent d’approcher la Bible, ce best-seller mondial, de manière
responsable. Il est en effet
fréquent d’entendre ou de lire des expositions de la Bible par des gens
soi-disant qualifiés, qui en fait abusent de leurs titres et de leur
position pour faire dire au texte de l’Écriture Sainte tout le
contraire de ce qu’il dit. On
les entend justifier des idées abracadabrantes, par exemple après
qu’ils aient extrait un verset totalement hors de son contexte pour
l’accoler à un autre, lui aussi isolé de son contexte proche et plus
large. C’est de cette manière
que procèdent les sectes, qui fleurissent aujourd’hui comme elles ont
fleuri hier, au cours de l’histoire de l’Église.
Or, comme le souligne le dicton, un texte pris hors de son contexte
n’est qu’un prétexte. Il ne suffit pas de prétendre s’appuyer sur
l’autorité de la Bible en la citant à tout bout de champ, mais sans
discernement, comme le font beaucoup de prédicateurs improvisés.
Mais commençons par nous demander s’il est
possible d’étudier la Bible de manière soi-disant objective, sans
aucune opinion ou croyance préalable.
Une approche rigoureuse ou responsable de la Bible signifie-t-elle
qu’on aborde celle-ci sans bagage religieux, sans présuppositions
d’un ordre ou d’un autre ? Évidemment
non. Chacun de nous est animé
de convictions quelconques, est nourri par une culture donnée, a une expérience
personnelle qui oriente son regard et ses idées sur la Bible d’une manière
ou d’une autre. Dans ce
sens, on ne peut pas parler d’objectivité.
Et si, amis auditeurs, quelqu’un vient vers vous en prétendant
avoir une approche scientifique de la Bible dépourvue de tout préjugé,
de toute croyance, vous ferez bien de démontrer à cet individu la naïveté,
voire la niaiserie de son opinion. Une
telle personne s’aveugle tout simplement sur elle-même et ses facultés
de jugement, et elle n’est tout simplement pas digne qu’on l’écoute
davantage. Pour confirmer ceci, vous aurez sans doute remarqué que, en ce
qui me concerne, j’ai
qualifié tout à l’heure la Bible d’Écriture Sainte.
Dès le début, j’annonce la couleur, comme on dit.
Pour Foi et Vie Réformées, la
Bible n’est pas simplement une collection d’écrits rassemblés
ensemble au cours de plus de mille ans d’histoire, et qui témoignent de
la vie religieuse et de l’histoire d’un peuple particulier.
Elle est bien plus que cela, elle possède une unité interne et
elle a un caractère de Révélation
divine qui en fait un texte inspiré par l’Esprit de Dieu, même si des
auteurs humains sont responsables de sa rédaction au cours de ces quelque
mille ans d’histoire humaine. Parole infaillible transmise par la bouche
d’auteurs humains autrement faillibles, elle est digne d’être reçue
et acceptée avec foi. L’approche
de Foi et Vie Réformées consiste à dire que ce n’est pas à nous
de juger cette Parole et le message qu’elle nous transmet, mais plutôt
qu’il nous faut nous laisser juger par elle, afin que par elle nous
connaissions Dieu et que nous
nous connaissions nous-mêmes. Car
plus encore qu’une connaissance, c’est un Salut qu’elle nous
apporte, lorsqu’elle est acceptée avec foi.
Voilà pour l’approche qui nous anime, pour nos présuppositions,
comme l’on dit dans le langage spécialisé.
En premier lieu, il faut respecter le principe
selon lequel l’Écriture doit être comparée et mise en rapport avec
l’Écriture. Cela signifie
que les différents passages de la Bible doivent être mis en regard les
uns vis-à-vis des autres pour que chacun prenne tout son relief.
Cela ne signifie naturellement pas que chaque verset de la Bible doit
être scrupuleusement comparé à tous les autres versets de l’Ecriture,
mais, par exemple, que le Nouveau Testament ne peut-être compris qu’à
la lumière de l’Ancien, et vice-versa.
Ainsi, le tout premier cadre de référence au sein duquel les
textes de l’Ecriture sont exposés, reste l’Ecriture elle-même.
Il ne faut donc pas citer des versets de manière isolée du
message global de la Bible, comme s’ils avaient à eux seuls valeur
d’argument ou d’exposition définitive (c’est justement ce que font
les sectes).
En troisième lieu, il faut toujours tenir compte du genre littéraire dans
lequel les auteurs bibliques se sont exprimés:
soit poésie (par exemple les Psaumes, ou le Cantique des
Cantique), soit narration historique (par exemple les livres des Rois ou
des Chroniques), soit parabole (dans la bouche de Jésus-Christ), soit
genre apocalyptique (larges passages du livre de Daniel, ou encore
l’Apocalypse, qui est le dernier livre du Nouveau Testament), soit littérature
dite de sagesse ou sapientiale (et qui a pour but de former à la sagesse,
comme les Proverbes, ou l’Ecclésiaste), soit genre épistolaire
(lettres de Paul ou de Pierre) etc. On
ne peut exposer un récit historique comme on exposerait un passage rempli
de symboles ou un passage rapportant une vision.
Ainsi, dans une parabole de Jésus, il faut saisir le centre du
message, le point vers lequel il veut attirer l’attention de ses
auditeurs. Une connaissance du
contexte historique global est toujours très utile pour l’exposition
d’un passage tiré d’une narration historique.
En quatrième lieu, il faut toujours tenir compte du contexte immédiat précédant
et suivant le passage que l’on expose, et du contexte plus large
l’entourant. Par exemple:
le chapitre 13 de la lettre de Paul aux Chrétiens de Rome qui
touche au respect dû aux autorités publiques, doit prendre en compte
l’exhortation du chapitre précédent de ne pas se faire justice soi-même.
De manière plus large, il faut tenir compte du fait que le
chapitre 13 intervient dans une partie plus large de la lettre aux Romains
(à partir du chapitre 12) laquelle présente des exhortations sur la vie
chrétienne sanctifiée, après que le pécheur croyant ait échappé à
la condamnation divine et ait été justifié par la foi en Jésus-Christ.
Répétons donc ici ce que j’ai dit plus haut (premier principe):
on ne peut citer hors contexte, et encore moins de manière isolée
de l’ensemble du message de l’Ecriture, un ou deux versets séparés
qui ne tiennent pas compte de l’ensemble du message de la Révélation.
En cinquième lieu, il faut tenir compte du développement de la Révélation
divine au cours de l’Ecriture. Par exemple, il nous faut considérer la
pratique de l’esclavage qui est mentionnée dans l’Ancien Testament,
à la lumière de ce qui est dit à ce sujet dans le Nouveau Testament,
par exemple dans la lettre de Paul à Philémon.
On ne peut pas justifier l’esclavage ou la polygamie
aujourd’hui sous prétexte que ces pratiques sont mentionnées dans
l’Ancien Testament.
En sixième lieu, il faut toujours garder à l’esprit que la Révélation
finale et définitive de Dieu intervient en son Fils Jésus-Christ, et que
Christ est le point central vers lequel converge toute la Bible.
C’est ce dont témoigne en particulier le début de la lettre aux
Hébreux, dans le Nouveau Testament.
En huitième lieu, il nous faut comprendre que l’autorité du message de
l’Ecriture n’est pas liée à une époque particulière de
l’histoire humaine. Cependant, certaines parties de la Bible n’ont
plus pour nous un caractère contraignant (les lois de purification de
l’Ancien Testament ou la circoncision ordonnée à Abraham par exemple).
Le neuvième principe est que sans l’oeuvre illuminatrice du Saint
Esprit, il ne nous est pas possible de comprendre l’intention de
l’Auteur divin des Ecritures, par-delà les auteurs humains de la Bible.
Soulignons fortement le rôle de la prière pour recevoir cette
illumination.
Dixième principe enfin: chacun
d’entre nous n’entreprend pas l’étude de la Bible comme s’il était
le tout premier à le faire. Avant
nous des millions de chrétiens se sont attachés à pénétrer le sens
des Ecritures, dans la foi et la prière.
Nous faisons partie d’une chaîne de croyants, et il est
indispensable de prendre en compte, pour notre propre compréhension, la
tradition qui nous précède, sans toutefois l’élever au rang de
l’Ecriture elle-même. C’est
dans ce sens que Foi et Vie Réformées
fait appel à l’oeuvre accomplie par les Réformateurs du seizième siècle,
ou à d’autres encore.
Puissent ces quelques principes vous guider dans votre étude biblique
personnelle, afin que cette étude biblique vous enrichisse toujours
davantage et vous fasse parvenir, sous la conduite du Saint Esprit de Dieu
qui a inspiré la rédaction de la Bible,
à la connaissance du Salut que Dieu a préparé pour tous ceux qui
croiraient en son Fils Jésus-Christ.