L’ANNONCIATION (1)

Qui nous gouvernera, qui sera notre prochain roi, prince ou dictateur ? Quel parti politique fera-t-il main basse sur nos possessions, notre économie voire notre personne ? Ces questions, amis auditeurs, sont posées aujourd’hui par nombre d’habitants de notre planète : des pays et des populations entières voient se dérouler autour d’eux des tempêtes politiques et militaires, et se demandent quelle prochaine catastrophe va les atteindre. Je pourrais citer de nombreux exemples, mais tel n’est pas le but de notre émission d’aujourd’hui et de la fois prochaine, intitulées « L’Annonciation ». Ce qui est vrai, c’est qu’en l’an quatre avant notre ère, il y a donc plus de deux mille ans, le peuple juif se demandait très vraisemblablement lui aussi qui allait régner sur lui, maintenant que le roi Hérode avait atteint l’âge avancé de soixante-et-onze ans. Il était incurablement malade et son état physique ne faisait qu’empirer. L’homme qui régnait brutalement sur la Palestine depuis quelque trente trois ans, avait eu dix épouses, et beaucoup de fils… Plus d’un d’entre eux faisait des plans pour devenir le prochain roi. Comme Hérode nourrissait à l’égard de certains de ses fils des soupçons, pensant qu’ils cherchaient à le détrôner, il avait fait exécuter trois d’entre eux, avec la permission de l’empereur romain de l’époque, César Auguste. Auguste dominait sur l’ensemble du bassin méditerranéen, et nul pays, contrée ou province de son vaste empire ne pouvait se doter d’un roi ou d’un prince sans sa permission. Or, Archelaüs, Antipas et Philippe, trois autres des fils d’Hérode, allaient se disputer pour essayer de convaincre Auguste que chacun d’eux devait devenir l’héritier du trône de Palestine. Durant son règne, Hérode avait rédigé six testaments, chaque fois en faveur d’un ou deux de ses fils. Lequel de ces testaments allait-il être considéré comme le seul testament légal par César Auguste ?

C’est dans ce contexte politique bien trouble que le Dieu Tout Puissant choisit d’envoyer son messager, l’ange Gabriel, vers une toute jeune fille, avec un message unique. Elle n’a peut-être que douze ans et demi ou treize ans ! Elle est fiancée à un homme nommé Joseph : c’était la coutume à l’époque de fiancer les jeunes filles dès qu’elles atteignaient l’âge de puberté. Lorsqu’on était fiancé, on ne vivait pas encore maritalement, en partageant le lit conjugal, mais on était lié à son ou sa fiancée tout comme si l’on était marié. Le message que cette adolescente va recevoir, ni Auguste, ni Archelaüs, Antipas ou Philippe ne l’entendront. Les princes et rois du monde qui s’appuient sur leur titre, leur naissance, leur richesse ou leurs armées ne seront pas informés du message divin. C’est à une humble jeune fille entrant dans l’adolescence qu’est accordé le privilège de savoir qui s’assiéra sur le trône du roi David et règnera sur Israël : son propre fils ! Le Dieu éternel, et non pas l’empereur César Auguste, décide qui règnera sur Israël.

Lisons, si vous le voulez bien, le récit de l’Annonciation faite à Marie par l’ange Gabriel, récit que nous trouvons au chapitre premier de l’Évangile selon Luc, versets 26 à 38 : « Six mois plus tard, Dieu envoya l’ange Gabriel dans une ville de Galilée appelée Nazareth, chez une jeune fille liée par fiançailles à un homme nommé Joseph, un descendant du roi David. Cette jeune fille s’appelait Marie. L’ange entra chez elle et lui dit : je te salue, toi à qui une grâce a été faite : le Seigneur est avec toi. Marie fut profondément troublée par ces paroles ; elle se demandait ce que signifiait cette salutation. L’ange lui dit alors : « N’aie pas peur, Marie, car Dieu t’a accordé sa faveur. Voici : bientôt tu seras enceinte et tu mettras au monde un fils ; tu le nommeras Jésus. Il sera grand. Il sera appelé « Fils du Très-Haut », et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son ancêtre. Il règnera éternellement sur le peuple issu de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. Marie dit à l’ange : « Comment cela se fera-t-il, puisque je suis vierge ? L’ange lui répondit : L’Esprit Saint descendra sur toi et la puissance du Dieu très-haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. Vois : ta parente Élisabeth attend elle aussi un fils, malgré son grand âge ; on disait qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant, et elle en est à son sixième mois. Car rien n’est impossible à Dieu. Alors Marie répondit : Je suis la servante du Seigneur. Que tout ce que tu m’as dit s’accomplisse pour moi. Et l’ange la quitta. »

Amis auditeurs, la manière d’agir de Dieu est bien différente de celle des rois terrestres. Gabriel dit à Marie, à propos de son fils Jésus: « et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son ancêtre ». Ce n’est ni par un coup d’état ni par une révolution, ni par des intrigues de palais que Jésus parviendra au pouvoir. Le Dieu éternel et tout puissant lui donnera directement ce trône. Cela s’effectuera cependant en plein accord avec toute une série de révélations commencée longtemps auparavant. Joseph était un descendant de David, comme le dit notre texte. Au troisième chapitre de l’Évangile selon Luc, ceci est confirmé dans la généalogie de Jésus. Luc n’écrit pas que Jésus est un descendant du roi David par sa mère. Peut-être ne le fait-il pas justement pour insister sur l’humilité de Marie. Nous disposons cependant d’assez d’indices pour penser que Marie elle aussi était une descendante de David. L’apôtre Paul écrit en effet au début de sa lettre aux Chrétiens de Rome, que Jésus-Christ, dans son humanité, descend de David. Ainsi, devant les hommes Jésus serait connu comme vrai descendant de David, comme quelqu’un qui aurait le droit de prétendre légitimement au trône de David. Il pourrait passer en Palestine pour quelqu’un ayant le droit de mener une révolte légitime contre la dynastie d’Hérode, ces usurpateurs qui n’étaient même pas des Juifs. Avec le pouvoir surnaturel d’opérer des miracles dont il disposait, il pourrait les chasser, et avec eux, leurs maîtres romains que les Juifs haïssaient tant. Mais voilà l’élément de surprise qui caractérise la manière d’agir de Dieu : Jésus ne sera pas physiquement le fils de Joseph ! Il sera un descendant de David d’une toute autre manière. Même s’il est bien un descendant de David par sa mère, ce n’est pas le lien du sang qui compte le plus. En effet, Jésus sera un tout autre type de roi qu’Archelaüs, Antipas ou Philippe, lesquel, bien que physiquement les fils de leur père Hérode, se disputaient continuellement au sujet de leur droit à devenir l’héritier de celui-ci : en contraste avec eux, Jésus sera appelé Fils du Très-Haut, Fils de Dieu, dit l’ange Gabriel à Marie. Et Luc insiste sur ce fait dans la généalogie qu’il nous présente au chapitre trois : il remonte jusqu’à Adam, le premier homme, appelé aussi fils de Dieu, afin de bien faire saisir à ses lecteurs la filiation divine de Jésus.

Afin de mieux comprendre la manière d’agir de Dieu, il nous faut revenir à l’Ancien Testament, et tout d’abord au second livre de Samuel, au chapitre 7. Par l’intermédiaire du prophète Nathan, Dieu avait fait une promesse au roi David qui régnait sur Israël quelque mille ans avant Jésus-Christ : « Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés devant toi, ton trône pour toujours affermi. » Lisons ensemble un extrait plus large de cette prophétie: « Quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, je maintiendrai ta descendance après toi, celui qui sera sorti de tes entrailles, et j’affermirai son règne. Ce sera lui qui bâtira une Maison à mon nom, et j’affermirai pour toujours son trône royal. Moi-même je serai pour lui un père, et lui, il sera pour moi un fils. S’il commet des fautes, je le corrigerai avec le bâton des hommes et avec les coups des humains : mais ma bienveillance ne se retirera pas de lui, comme je l’ai retirée de Saül, que j’ai écarté devant toi. Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés, ton trône pour toujours affermi. ». Comme vous le voyez, amis auditeurs, la promesse faite à David s’étend beaucoup plus loin que Salomon, son fils direct. Car si Salomon est infidèle, Dieu promet qu’il emploiera des moyens humains pour le châtier. Et pourtant il est dit à David que sa dynastie sera affermie pour toujours. Cette idée se retrouve tout au long de l’Ancien Testament, et nous lisons régulièrement des prophéties concernant une royauté éternelle qui sera placée entre les mains d’un tout autre type de roi. Écoutez par exemple ce que dit le prophète Ésaïe, au chapitre neuf de son livre : « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la souveraineté reposera sur son épaule ; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Prince de la paix. Renforcer la souveraineté et donner une paix sans fin au trône de David et à son royaume, l’affermir et le soutenir par le droit et la justice dès maintenant et à toujours ; voilà ce que fera le zèle de l’Éternel des armées. ». Au chapitre 7 du livre du prophète Daniel, nous lisons une prophétie semblable : « Je regardais pendant mes visions nocturnes, et voici que sur les nuées du ciel arriva comme un fils d’homme : il s’avança vers l’Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. On lui donna la domination, l’honneur et la royauté ; et tous les peuples, les nations et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas, et sa royauté ne sera jamais détruite. »

Amis auditeurs, nous reviendrons la fois prochaine sur ces prophéties de l’Ancien Testament pour bien comprendre comment le plan de Dieu, annoncé longtemps auparavant, s’est réalisé avec la naissance de Jésus, et comment Marie, une toute jeune adolescente de Nazareth, s’est vue révéler l’accomplissement de ce plan, dont elle allait devenir l’humble instrument.