L’ANNONCIATION (2)

« L’Annonciation », tel est le titre d’une méditation en deux volets sur le premier chapitre de l’Évangile selon Luc que « Foi et Vie Réformées » vous propose aujourd’hui, amis qui êtes à l’écoute. Comment le Dieu Tout Puissant a révélé son plan à une toute jeune fille de Nazareth, ville de la province de Galilée, constitue le cœur de notre réflexion. Alors que le vieux roi Hérode se mourait, trois de ses fils se disputaient la couronne de Palestine, chacun tâchant de se faire reconnaître comme l’héritier légitime du royaume de leur père. L’empereur romain Auguste devait trancher la question. Mais bien au-dessus d’Auguste, c’est Dieu qui allait décider qui règnerait sur Israël : son propre Fils, né d’une vierge dans des conditions humbles, serait le souverain tant attendu et espéré par le peuple juif. Relisons ensemble le récit de l’Annonciation : « Six mois plus tard, Dieu envoya l’ange Gabriel dans une ville de Galilée appelée Nazareth, chez une jeune fille liée par fiançailles à un homme nommé Joseph, un descendant du roi David. Cette jeune fille s’appelait Marie. L’ange entra chez elle et lui dit : je te salue, toi à qui une grâce a été faite : le Seigneur est avec toi. Marie fut profondément troublée par ces paroles ; elle se demandait ce que signifiait cette salutation. L’ange lui dit alors : « N’aie pas peur, Marie, car Dieu t’a accordé sa faveur. Voici : bientôt tu seras enceinte et tu mettras au monde un fils ; tu le nommeras Jésus. Il sera grand. Il sera appelé « Fils du Très-Haut », et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son ancêtre. Il règnera éternellement sur le peuple issu de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. Marie dit à l’ange : « Comment cela se fera-t-il, puisque je suis vierge ? L’ange lui répondit : L’Esprit Saint descendra sur toi et la puissance du Dieu très-haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. Vois : ta parente Élisabeth attend elle aussi un fils, malgré son grand âge ; on disait qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant, et elle en est à son sixième mois. Car rien n’est impossible à Dieu. Alors Marie répondit : Je suis la servante du Seigneur. Que tout ce que tu m’as dit s’accomplisse pour moi. Et l’ange la quitta. »

Nous avons vu la dernière fois que la venue de ce roi dont le règne n’aurait pas de fin, avait été annoncée par les prophètes de l’Ancien Testament, d’abord par Nathan, lorsqu’il s’était adressé au roi David, puis par Ésaïe et par Daniel, entre autres. Reprenons ces extraits de l’Ancien Testament. Tout d’abord le chapitre neuf du livre du prophète Ésaïe, rédigé environ sept cens ans avant Jésus-Christ: « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la souveraineté reposera sur son épaule ; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Prince de la paix. Renforcer la souveraineté et donner une paix sans fin au trône de David et à son royaume, l’affermir et le soutenir par le droit et la justice dès maintenant et à toujours ; voilà ce que fera le zèle de l’Éternel des armées. » Au chapitre 7 du livre du prophète Daniel, nous lisons une prophétie semblable : « Je regardais pendant mes visions nocturnes, et voici que sur les nuées du ciel arriva comme un fils d’homme : il s’avança vers l’Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. On lui donna la domination, l’honneur et la royauté ; et tous les peuples, les nations et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas, et sa royauté ne sera jamais détruite. » Écoutez encore, amis auditeurs, cet extrait du psaume 132, toujours dans l’Ancien Testament : « L’Éternel a fait serment à David, en vérité il n’y reviendra pas : c’est un de tes descendants que je mettrai sur ton trône. Si tes fils observent mon alliance et mes préceptes que je leur enseigne, leurs fils aussi pour toujours siègeront sur ton trône. »

Et voici que bien des années après que Nathan, Ésaïe et Daniel aient prophétisé, l’accomplissement de ces prophéties devient réalité. Nous avons vu la dernière fois que même si Jésus était physiquement un descendant de David, c’est bien davantage à cause de la fidélité de Dieu à ses promesses qu’il deviendrait le roi attendu. C’est là la manière d’agir de Dieu ; il est fidèle. De plus, en contraste avec les grandes affaires politiques humaines, l’accomplissement d’une promesse vieille de plusieurs siècles n’allait pas être répercuté de manière internationale. De nos jours cela n’aurait pas fait la une du journal télévisé de la chaîne CNN… Au contraire, cette nouvelle est annoncée dans une petite ville insignifiante de Galilée, Nazareth, et l’ange Gabriel la communique à une humble jeune fille. Pourquoi ? Parce que foi en Dieu et humilité devant lui sont nécessaires pour servir en quelque sorte de co-ouvrier dans son plan. C’est là précisément l’attitude de Marie, qui répond à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout ce que tu m’as dit s’accomplisse pour moi. » Il ne lui est pas demandé si elle veut bien coopérer, car ce qui lui est dit va de toutes manières se réaliser, mais elle entre de bon gré dans le plan de Dieu, elle accepte d’être un instrument entre ses mains. Sa foi humble est en fait, amis auditeurs, la seule manière possible de communiquer avec Dieu. Ce don fait aussi partie de la grâce que Dieu lui a communiquée. C’est pourquoi l’ange Gabriel, l’envoyé de Dieu la salue de la manière suivante : « Je te salue toi à qui une grâce a été faite. Le Seigneur est avec toi. » Dans l’Ancien Testament, chaque fois qu’il est dit à un personnage « Le Seigneur est avec toi », nous pouvons être sùr que ce que Dieu annonce à cette personne va s’accomplir. C’est par exemple le cas de Moïse, de Gédéon ou de Jérémie. C’est ainsi que la manière d’agir de Dieu diffère de celle des hommes. Son amour et sa puissance englobent ses enfants d’une manière indicible.

Le nom que l’humble jeune fille, Marie, doit donner à l’enfant qui va naître d’elle, est « Jésus », ce qui, en hébreu, signifie « le Seigneur sauve ». La manière dont Jésus portera son nom témoigne aussi de la façon d’agir de Dieu. Jésus sera un vrai libérateur pour son peuple, non un tyran qui se décerne le titre de « libérateur ». Il sera quelqu’un qui apportera aux citoyens de son Royaume une rédemption éternelle. A l’époque de Jésus, il était courant que des rois ou des princes s’accordent le titre de « libérateur », ou de « bienfaiteur ». Mais écoutez plutôt comment Jésus, le fils du Très-Haut, a un jour expliqué à ses disciples ce que signifie être le plus important. L’évangéliste Luc le rapporte au chapitre vingt-deux de son livre: « Jésus leur dit : les rois des nations les dominent, et ceux qui ont autorité sur elles se font appeler bienfaiteurs. Il n’en est pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme celui qui sert. Car qui est le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » En effet, amis auditeurs, Jésus Christ est un roi bien différent de ceux que nous connaissons.

Mais examinons maintenant le rôle du Saint Esprit de Dieu dans cet acte unique au cours de l’histoire humaine. Qu’est-ce qui a en fin de compte rendu possible que Jésus, pleinement humain par sa mère Marie, devienne un roi si différent des autres ? Notre texte nous le révèle. Gabriel le dit de manière plutôt mystérieuse à Marie : « L’Esprit Saint descendra sur toi et la puissance du Dieu très-haut te couvrira de son ombre ». Jésus sera un roi tout différent car il est conçu du Saint Esprit, et ne provient pas d’une lignée humaine quelconque, entachée de péché. C’est pourquoi il sera saint et pourra de plein droit être appelé Fils du Très-Haut, Fils de Dieu. Il est frappant de voir comment Luc, au début de son Évangile, insiste sur le rôle du Saint Esprit. Tout d’abord, les parents de Jean Baptiste, Zacharie et Élisabeth, sont remplis du Saint Esprit et chantent tous deux un chant de jubilation. Le Saint Esprit fait savoir à Siméon, un vieil homme croyant, qu’il ne mourra pas avant d’avoir vu le Messie de Dieu. Et effectivement, il tiendra dans ses bras l’enfant Jésus au moment de sa circoncision, huit jours après sa naissance. Plus tard, au début du ministère de Jésus, les cieux s’ouvrent et le Saint Esprit descend sur lui sous la forme d’une colombe, au moment de son baptême par Jean Baptiste. Au début du chapitre quatre, nous lisons encore : « Jésus, rempli du Saint Esprit, revint de la rivière Jourdain et fut conduit par l’Esprit dans le désert, où il fut tenté par le diable pendant quarante jours. » Après cette tentation, Jésus retourna en Galilée avec la puissance de l’Esprit, nous rapporte encore ce même chapitre quatre.

Amis auditeurs, le même Esprit descendu sur Marie ou sur Jésus au moment de son baptême, est généreusement accordé à tous ceux qui ont une foi humble en Dieu. C’est cet Esprit Saint qui leur permet de chanter un hymne de jubilation, sur les traces de Zacharie et d’Élisabeth, les parents de Jean-Baptiste, ou encore de Siméon et de Marie. Cet Esprit leur permet de regarder au-delà des rois, princes et gouvernants terrestres, et de pointer leur regard sur le roi éternel, parfait et juste qui nous est donné, Jésus-Christ, le fils du Très-Haut. Étant devenus citoyens à part entière de son Royaume, nous pouvons désormais vivre une vie de reconnaissance et de service, remplis du Saint Esprit, qui nous enseigne et nous dirige chaque jour. Avec les anges au jour de Noël nous pouvons nous exclamer : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts et paix sur la terre parmi les hommes qu’il agrée ! »