LE SABBAT DU SEIGNEUR (2)

« Le sabbat du Seigneur » : tel est le titre de ce second volet d’une méditation sur la signification du sabbat que vous propose Foi et Vie Réformées, amis qui êtes à l’écoute. Nous avons vu ensemble la dernière fois que le sabbat est exclusivement fondé dans la Grâce de Dieu, lequel, en accomplissant pour nous une œuvre de délivrance totale et unique par son Fils Jésus Christ, nous offre un repos et une paix sans pareilles. L’Église elle-même, qui est le peuple racheté de Dieu, n’existe que parce qu’il y a un sabbat du Seigneur, un repos et une paix rendus possibles par la réconciliation avec Dieu que nous a apportée Jésus-Christ.

Aujourd’hui, nous allons considérer le caractère éternel de ce sabbat du Seigneur. Relisons d’abord ensemble un passage du quatrième chapitre de la lettre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament, passage que nous avons déjà lu la dernière fois : « Il reste donc un repos de sabbat pour le peuple de Dieu. Car celui qui entre dans le repos de Dieu se repose aussi de ses œuvres, comme Dieu se repose des siennes. » Il n’y a pas de doute, chers amis, que le repos dont il est question ici revêt un caractère éternel. L’auteur compare en effet le repos que nous avons acquis, avec le repos divin, dont la durée est éternelle. Pourrions-nous recevoir, de la part de Dieu, une perspective plus encourageante ? Nous qui sommes si souvent épuisés, que ce soit physiquement, émotionnellement ou spirituellement, nous recevons l’assurance que Dieu nous offre un repos ineffable. Qui d’autre en effet que Dieu pourrait nous l’offrir ? Et quelle différence avec le genre de repos que le monde nous propose… Si nous observons les soi-disant actes libérateurs que le monde nous offre, nous verrons qu’ils ne sont que fiction, pure imagination. Un régime politique oppressif en laisse la place à un autre. Les soi-disant mouvements de libération amènent de nouvelles formes d’oppression, un dicateur se voit chassé par un prétendant au pouvoir qui, à son tour, devient la réplique quasiment exacte de celui dont il a pris la place. L’industrie du cinéma, s’appuyant sur de bons acteurs et une quantité d’effets spéciaux, parvient à faire rêver des millions d’hommes et de femmes en leur faisant croire à des actes de libération extraordinaires accomplis par les héros du film : les forces du mal ou une destruction imminente sont vaincues par des êtres au courage et aux qualités exceptionnelles. De tels films témoignent souvent d’une foi inébranlable en l’homme et en ses qualités, malgré toutes ses faiblesses. Peut-être ces films sont-ils justement faits pour nous convaincre de la valeur intrinsèque de l’homme, qui ne se laisse pas abattre, quels que soient les circonstances qui l’entourent. Pour rendre le message encore plus clair, on fabrique même des super-héros, comme Superman : un homme exceptionnel, qui au premier abord ressemble à n’importe quel homme, mais qui peut accomplir des actes surnaturels : il s’envole comme un aigle, délivre des hommes et des femmes opprimés d’une façon ou d’une autre par des êtres mauvais. Il apporte la libération, là, sur l’écran blanc d’une salle de cinéma, ou sur le petit écran, tandis que bien calés dans notre fauteuil nous mangeons du pop-corn et tâchons d’oublier nos problèmes quotidiens. Mais en dehors de l’écran, dans la réalité, l’acteur qui joue Superman est quelqu’un qui aujourd’hui est cloué dans un fauteuil roulant, à la suite d’un banal accident de cheval. Voilà bien le contraste entre les repos fictifs que nous offre le monde, et le repos éternel du Sabbat du Seigneur. Rappelez-vous aussi des paroles de Jésus-Christ à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Moi, je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble pas et ne s’alarme pas. » Nous pouvons donc nous appuyer sur le repos de sabbat promis par Dieu, car nous savons qu’il n’est ni passager ni corrompu, comme ceux que le monde nous propose. Au contraire, il s’agit du repos d’un sabbat éternel.

Mais voyons maintenant ce que notre repos de sabbat et celui de Dieu ont en commun. Ils se ressemblent principalement parce que nous avons été créés à son image. Dieu a créé le monde en six jours, et le septième jour il s’est reposé. Nous recevons ainsi le commandement de nous reposer le septième jour. Il existe une similarité entre le repos de Dieu et notre repos. Nous avons vu la dernière fois que le quatrième commandement tel qu’il est formulé dans le livre du Deutéronome, place l’accent sur la libération apportée par Dieu à son peuple, qui était esclave au pays d’Égypte. En les libérant de l’esclavage, Dieu leur a accordé du repos. Au livre de l’Exode, chapitre vingt, où les dix commandements sont énoncés pour la première fois, le quatrième commandement place l’accent sur l’œuvre de Dieu durant la Création : « Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage, mais le septième jour est le sabbat de l’Éternel, ton Dieu. : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui réside chez toi. Car en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié. » Déjà au second chapitre de la Genèse, à la fin du récit de la Création, nous trouvons la même mention : « Ainsi furent achevés le ciel, la terre et toute leur armée. Le septième jour toute l’œuvre que Dieu avait faite était achevée et il se reposa au septième jour de toute l’œuvre qu’il avait faite. Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, car en ce jour Dieu s’était reposé de toute l’œuvre qu’il avait créée. » Le catéchisme de Genève pose la question suivante à ce propos : « Mais quand, nous invitant au repos, Dieu nous exhorte à suivre son exemple, que veut-il donc nous dire ? Réponse : « Après avoir achevé la création du monde en six jours, Dieu a consacré le septième à la contemplation de son œuvre. Pour nous pousser à en faire autant, il nous propose son exemple : lui ressembler. N’est-ce pas là notre plus cher désir ? » Voyez-vous, amis auditeurs, pour Dieu le repos suit l’achèvement de ses œuvres ; au soir du sixième jour, après que tout ait été achevé, Dieu a contemplé avec plaisir la perfection de son ouvrage : « Dieu considéra tout ce qu’il avait créé, et trouva cela très bon ». Nous aussi nous contemplons ses œuvres, non seulement ses œuvres dans la Création, mais également l’œuvre de rédemption accomplie en Jésus-Christ pour instaurer une nouvelle création.

Je vous propose de terminer ce deuxième volet de notre méditation sur la signification du sabbat dans la Bible, en lisant ensemble une partie du chapitre 56 du livre du prophète Ésaïe, dans l’Ancien Testament, qui place l’accent sur l’importance du respect du sabbat mais souligne aussi son caractère libérateur. Notez, amis auditeurs, que dans le texte qui suit, comme dans toute la Bible, respecter le sabbat ne veut pas dire accomplir une œuvre de manière formaliste, mais se reposer de ses mauvaises œuvres et s’efforcer d’accomplir des œuvres bonnes, c’est-à-dire en conformité avec la Loi de Dieu : « Voici ce que dit l’Éternel : Faites ce qui est juste et respectez le droit, car je vais bientôt vous sauver, je vais faire justice. Bienheureux sera l’homme qui agira ainsi, heureux celui qui s’y appliquera : qui respectera le sabbat et ne le profanera pas, et qui s’efforcera de ne faire aucun mal ! » L’étranger qui s’attache à l’Éternel ne devra pas se dire : « L’Éternel m’exclura sùrement de son peuple », et l’eunuque non plus n’aura pas à penser : « Je suis un arbre sec ! ». Car voici ce que l’Éternel déclare : « A ceux qui sont eunuques, qui respecteront les sabbats que j’ai prescrits, qui choisiront de faire ce qui m’est agréable, et qui s’attacheront à mon alliance, je leur réserverai dans mon temple et mes murs une stèle et un nom impérissable qui ne sera jamais rayé. Et tous ceux qui sont étrangers et qui s’attacheront à l’Éternel pour le servir, pour l’aimer et pour être ses serviteurs, qui respecteront le sabbat et ne le profaneront pas, et qui s’attacheront à mon alliance, je les ferai venir à ma montagne sainte et je les réjouirai au Temple où l’on me prie, et j’agréerai leurs holocaustes et autres sacrifices offerts sur mon autel. Car on appellera mon Temple : « Maison de prière en faveur de tous les peuples. » Voici ce que déclare l’Éternel, lui qui rassemble les bannis d’Israël : A ceux qui seront déjà rassemblés j’en joindrai d’autres que je rassemblerai aussi. »

Lors du troisième volet de notre méditation sur le sens du sabbat, nous verrons ensemble de manière plus précise la place centrale que revêt Jésus-Christ dans le sabbat, et aussi comment Dieu nous exhorte à persévérer dans le repos qu’il nous accorde gratuitement.