LA TENTATION DE JÉSUS-CHRIST (1)

Amis auditeurs, la dernière demande du Notre Père, cette prière que Jésus-Christ a enseignée à ses disciples, concerne la tentation, plus exactement la délivrance que les croyants demandent à Dieu de leur apporter lorsqu’ils sont tentés : « Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre nous du Malin. » Aujourd’hui et les deux fois prochaines, je voudrais vous parler de cette tentation et de la manière dont s’y prend le Malin, alias Satan ou le tentateur, pour nous amener à désobéir au commandement de Dieu. Il essaie de cette manière de nous couper de notre Père céleste, en semant la division entre Dieu et nous. C’est son activité principale, et il semble qu’il n’y réussisse que trop bien. Pourtant, la Bible nous accorde un exemple extraordinaire de résistance à la tentation de Satan, en la personne de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, qui lui aussi a été tenté durant son existence terrestre. Les Évangiles nous rapportent le récit de cette tentation, et je voudrais vous lire le début du chapitre quatre de l’Évangile selon Luc, qui relate cet épisode du ministère de Jésus. Mais pour bien comprendre la portée et la signification de ce récit, il nous faut aussi nous tourner vers l’Ancien Testament, car vous verrez sous peu que Jésus, dans sa lutte contre Satan, se réfère systématiquement à l’Ancien Testament comme Parole de Dieu. Il se réfère aux événements historiques qui ont marqué la vie du peuple de Dieu, et il se réfère aussi aux paroles de Dieu transmises par ses serviteurs.

Commençons donc par lire ensemble le chapitre 8 du livre du Deutéronome, qui est le cinquième livre dans l’Ancien Testament. Puis, à la lumière de ce texte, nous lirons le récit de la tentation de Jésus dans le désert. Vous vous appliquerez à obéir à tous les commandements que je vous donne aujourd’hui afin que vous viviez, que vous deveniez nombreux et que vous puissiez entrer dans le pays que l’Éternel a promis par serment à vos ancêtres et en prendre possession. N’oublie jamais tout le chemin que l’Éternel ton Dieu t’a fait parcourir pendant ces quarante ans dans le désert afin de te faire connaître la pauvreté pour t’éprouver. Il a agi ainsi pour découvrir tes véritables dispositions intérieures et savoir si tu allais, ou non, obéir à ses commandements. Oui, il t’a fait connaître la pauvreté et la faim, et il t’a nourri avec cette manne que tu ne connaissais pas et que tes ancêtres n’avaient pas connue. De cette manière, il voulait t’apprendre que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais aussi de toute parole prononcée par l’Éternel. Le vêtement que tu portais ne s’est pas usé sur toi et tes pieds ne se sont pas enflés pendant ces quarante ans. Ainsi, en y réfléchissant, tu reconnaîtras que l’Éternel ton Dieu fait ton éducation comme un père éduque son enfant. Obéis donc à ses commandements, marche sur les chemins qu’il te prescrit et ainsi respecte-le. Car l’Éternel ton Dieu va te faire entrer dans un bon pays, un pays plein de cours d’eau, de sources et de nappes souterraines qui s’épandent dans la plaine et la montagne. C’est un pays où poussent le froment et l’orge, la vigne, les figuiers et les grenadiers, un pays d’oliviers, d’huile et de miel où tu ne mangeras pas parcimonieusement, un pays ou tu ne manqueras de rien, dont les roches contiennent du fer, et où tu pourras extraire du cuivre des montagnes. Ainsi tu jouiras de ces biens, tu mangeras à satiété, et tu béniras l’Éternel ton Dieu pour le bon pays qu’il t’aura donné. »

Lisons maintenant, amis auditeurs, le récit de la tentation de Jésus-Christ par Satan, au désert. Nous trouvons ce récit au chapitre quatre de l’Évangile selon Luc : « Jésus, rempli de l’Esprit Saint, revint du Jourdain et le Saint Esprit le conduisit dans le désert où il fut tenté par le diable pendant quarante jours. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ils furent passés, il eut faim. Alors le diable lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne donc à cette pierre de se changer en pain. » Jésus lui répondit : « Il est dit dans l’Écriture : L’homme ne vivra pas de pain seulement. » Le diable l’entraîna sur une hauteur, lui montra en un instant tous les royaumes de la terre et lui dit: « Je te donnerai la domination universelle ainsi que les richesses et la gloire de ces royaumes. Car tout cela a été remis entre mes mains et je le donne à qui je veux. Si donc tu te prosternes devant moi, tout cela sera à toi. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et c’est à lui seul que tu rendras un culte. » Le diable le conduisit ensuite à Jérusalem, le plaça tout en haut du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu saute d’ici, lance-toi dans le vide, car il est écrit : Il donnera ordre à ses anges de veiller sur toi et encore: ils te porteront sur leurs mains pour que ton pied ne heurte aucune pierre. » Jésus répondit : « Il est aussi écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. » Lorsque le diable eut achevé de le soumettre à toutes sortes de tentations, il s’éloigna de lui jusqu’à une autre occasion. »

Chers amis qui êtes à l’écoute, Jésus-Christ commence son ministère terrestre par une première victoire sur Satan dans une guerre qui aujourd’hui n’est pas encore terminée. Cette victoire a lieu sur un champ de bataille bien particulier : une région désertique de Judée, quelque part dans les environs du fleuve Jourdain, en Palestine. Pourquoi s’agit-il d’un champ de bataille très particulier ? Parce que, comme nous le lisons au huitième chapitre du livre du Deutéronome, le désert est aussi l’endroit où Israël a été testé durant quarante ans après sa délivrance de l’esclavage qu’il subissait en Égypte. Les quarante jours durant lesquels Jésus est tenté par Satan, sont en quelque sorte une réplique des quarante années passées par Israël dans le désert. Mais il y a néanmoins une grande différence : Jésus, qui représente le nouvel Israël, sort vainqueur de ce champ de bataille. On ne peut pas dire de lui ce que le prophète Ésaïe écrivait plusieurs siècles auparavant sur Israël (au chapitre 63, versets 8 à 10) : « Il avait dit : Oui, les Israélites, ils sont mon peuple, ce sont des fils qui ne décevront pas. Et il les a sauvés. Dans toutes leurs détresses, il a été lui-même dans la détresse, et l’ange qui se tient en sa présence les a sauvés. Dans son amour et dans sa compassion, il les a libérés, il les a soutenus et il les a portés tous les jours d’autrefois. Mais eux, ils se sont rebellés et ils ont attristé son Esprit Saint. Dès lors, il s’est changé pour eux en ennemi, et les a combattus. » En contraste avec cette attitude décevante d’Israël, Jésus, rempli du Saint Esprit, utilise la meilleure arme existante dans son combat contre Satan : il utilise la Parole de Dieu. Lui, dont il est écrit au début de l’Évangile selon Jean qu’il est la Parole de Dieu faite homme, ne peut utiliser cette arme qu’en vainqueur. Pourtant, il est vrai que ce premier champ de bataille n’est pas le seul dans cette guerre entre Jésus-Christ et Satan. Le second champ de bataille, central, se situe sur la croix où Jésus a été crucifié. En effet Satan ne s’avoue pas vaincu après sa première défaite. Il reviendra à la charge. C’est justement ce que nous avons lu à la fin du passage de Luc sur la tentation de Jésus : « Lorsque le diable eut achevé de le soumettre à toutes sortes de tentations, il s’éloigna de lui jusqu’à une autre occasion. » Cela veut dire qu’il attendait un moment opportun pour revenir à la charge. Or, lisons ensemble au chapitre vingt-trois du même évangile selon Luc, ce que les chefs du peuple d’Israël ont dit lorsque Jésus agonisait sur la croix : « Lui qui a sauvé les autres, qu’il se sauve donc lui-même s’il est le Messie, l’Élu de Dieu ! » Reconnaissez-vous ici la voix de Satan, amis auditeurs ? « Si tu es le Fils de Dieu, prouve-le donc, et fais ce que je t’incite à faire ! » Voilà comment Jésus se trouve de nouveau mis à l’épreuve par le diable. Il doit prouver qu’il est le Fils de Dieu en utilisant sa puissance divine, mais non pour accomplir la volonté de Dieu son Père ; bien plutôt pour accomplir la volonté de l’ennemi de Dieu… Et pourtant Jésus remportera ici aussi la victoire sur Satan. Il mourra volontairement et activement sur la Croix car c’est là la volonté de son Père, et la raison de sa venue sur terre. Jésus sait très bien que s’il y a une chose que Satan ne veut pas, c’est justement qu’il meure sur la croix pour le salut des hommes. Et voyez maintenant comment Dieu gouverne le cours des événements : il semble que Satan soit maître de la situation en cette heure sombre. Il a joint ensemble tous les ennemis de Jésus dans une conspiration destinée à le faire mourir, et pourtant… Et pourtant Satan ne peut échapper à son sort : il reste un instrument entre les mains de Dieu pour que s’accomplisse cette crucifixion qui représente le salut des croyants. Le plan divin sera exécuté. Les chefs du peuple se sont tant moqués de cette crucifixion, le comble de l’humiliation et de la défaite, leur semble-t-il. Ils ont pensé que cette croix représentait tout sauf une délivrance ou une rédemption : « Lui qui a sauvé les autres, qu’il se sauve donc lui-même s’il est le Messie, l’Élu de Dieu ! » Or c’est justement cette croix qui deviendra l’instrument du salut des croyants… En dépit des puissances obscures à l’œuvre en cette heure sombre, c’est Satan qui est lié, enchaîné : il ne peut qu’accomplir le plan de Dieu, même si c’est contre sa volonté.

Mais une troisième victoire attend Jésus-Christ, pendant que la bataille fait encore rage sur la terre : lorsque Jésus reviendra, Satan sera enchaîné devant tous et jeté dans l’étang de feu et de soufre. Une troisième victoire qui achèvera le combat de manière parfaite. Il y a pour les croyants un merveilleux message d’espoir et de joie dans cette triple victoire. Et combien en avons-nous besoin ! Car sur ce troisième champ de bataille, les croyants, ceux que la Parole de Dieu appelle « le corps du Christ », car ils sont greffés par la foi sur leur Sauveur, sont aussi exposés à la tentation par Satan. Il essaie de les séparer de Dieu, comme il l’a fait avec Jésus au désert. Mais par la foi, les croyants qui sont greffés en Jésus-Christ le vainqueur résisteront à cette tentation. Satan ne réussira pas à les détacher de Dieu. L’apôtre Paul l’exprime de cette manière au chapitre huit de sa lettre aux Chrétiens de Rome : « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Christ-Jésus, notre Sauveur. »

La prochaine fois, nous verrons ensemble quelle est l’utilité pour les croyants de savoir comment Jésus a été tenté, et nous reviendrons plus en détail sur chacune des trois tentations qui nous sont rapportées dans l’Évangile selon Luc.