QU’EST-CE QUE L’IDOLATRIE ? (1).

Chers amis, je vous propose aujourd’hui et les prochaines fois, de méditer ensemble sur la question suivante : Qu’est-ce que l’idolâtrie ? C’est une question que pose le Catéchisme de Heidelberg, au trente-quatrième dimanche, dans la section concernant la Loi de Dieu, et plus particulièrement le premier commandement qui déclare : « Tu n’auras pas d’autre dieu devant ma face. » La réponse du Catéchisme est courte et simple : « L'idolâtrie, c’est inventer ou avoir, à la place ou à côté du seul vrai Dieu qui s’est révélé dans sa Parole, quelque autre chose en quoi l’on met sa confiance. » Réponse courte et simple, mais qui mérite qu’on s’y arrête un moment. Nous allons le faire en illustrant les paroles du catéchisme par un texte du Nouveau Testament, dans la Bible, un extrait de la première lettre de Paul aux Chrétiens de Corinthe, au chapitre huit. Dans ce passage, Paul s’adresse à une jeune communauté de croyants du premier siècle de notre ère, qui se pose les questions suivantes : est-il permis ou non à un chrétien d’acheter et de manger de la viande vendue sur le marché après avoir été sacrifiée à des idoles païennes? Et est-il permis à un chrétien de participer dans un temple païen à un repas de célébration durant lequel de la viande est sacrifiée à des idoles? Certains chrétiens convertis, qui avaient précédemment pratiqué ce genre de rite religieux, estimaient qu’ayant accédé à la connaissance du vrai Dieu par Jésus-Christ, ils pouvaient encore s’associer aux rites païens. Ces rites revêtaient en effet une fonction sociale importante et même des chrétiens convertis ne voulaient pas manquer d’y assister pour ne pas être exclus de la vie sociale de leur ville. Ils se disaient que puisqu’ils savaient où était la vérité, et puisqu’ils étaient spirituellement forts, cela n’avait pas d’importance aux yeux de Dieu s’ils participaient à ces sacrifices d’animaux dans les temples païens. Voici donc ce que Paul écrit aux Corinthiens: «Pour ce qui concerne les viandes sacrifiées aux idoles, nous savons que tous, nous avons de la connaissance. – La connaissance rend orgueilleux, mais l’amour, lui, fait grandir dans la foi. Celui qui s’imagine avoir de la connaissance n’a pas encore connu comme il faut connaître. Mais celui qui aime Dieu, celui-là est connu de Dieu. Ainsi donc, sur la question : « Peut-on manger des viandes sacrifiées aux idoles ? » nous savons qu’il n’existe pas d’idoles dans l’univers, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Car quoiqu’il y ait ce qu’on appelle des dieux, soit dans le ciel soit sur la terre – et de fait il y a beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs - néanmoins en ce qui nous concerne, il n’y a qu’un seul Dieu : le Père, de qui toute chose vient, et pour qui nous vivons, et il n’y a qu’un seul Seigneur : Jésus-Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes. Mais tous n’ont pas cette connaissance. Quelques uns, encore marqués par leur habitude à l’égard de l’idole, continuent à manger ces viandes avec la pensée qu’elles ont été offertes à des idoles. Alors leur conscience, qui est faible, en est souillée. Mais ce n’est pas un aliment qui peut nous rapprocher de Dieu ; en manger ou pas ne nous rendra ni meilleurs, ni pires. Toutefois, faites bien attention à ce que votre liberté ne fasse pas tomber dans le péché ceux qui sont mal affermis dans la foi. »

Pour revenir à notre question initiale, amis auditeurs, on peut se demander comment il est possible qu’avec tous les témoignages et les signes de sa présence que Dieu nous accorde chaque jour dans sa Création, les hommes aient pu inventer tant de fausses divinités. Le Réformateur Jean Calvin a une fois décrit le cœur humain comme étant de tous temps une fabrique à forger des idoles. Ailleurs, il a employé cette autre image : « Tout comme les eaux font des gros bouillons à partir d’une large source, de la même façon une foule infinie de dieux est sortie du cerveau des hommes, à mesure que chacun s’égare en pensant follement ceci ou cela. » Du temps de l’apôtre Paul, au premier siècle de notre ère, il existait en effet beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs. Si nous prenons seulement les Grecs et les Romains comme exemple, nous avons affaire à leur panthéon de dieux qui vivaient sur le mont Olympe comme des hommes ou des femmes surnaturels. Mais sur la terre elle-même, les empereurs romains se faisaient adorer comme des demi-dieux. Les premières persécutions contre les Chrétiens par les autorités romaines ont justement été déchainées parce que les Chrétiens refusaient d’adorer l’empereur comme une divinité. Et pourtant, ces mêmes empereurs savaient bien qu’ils n’étaient pas des demi-dieux destinés à devenir des dieux à part entière après leur mort. Sur son lit de mort, l’un d’entre eux, qui se rendait bien compte qu’il allait retourner à la poussière sous peu, a poussé le soupir suivant : « Hélas, je deviens un dieu… » C’est avec une certaine ironie que Paul écrit aux Corinthiens : « et de fait il y a beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs… »

Cela dit, la question et la réponse du Catéchisme de Heidelberg que je vous ai lues au début de cette émission, nous force à aller plus loin dans notre réflexion. Après avoir souligné le fait que le seul vrai Dieu s’est révélé dans sa Parole (ce qui veut dire qu’on peut seulement le trouver de manière satisfaisante dans Sa Parole), le catéchisme parle de quelque chose que l’on met « à côté » de Dieu pour y mettre sa confiance. Une idole n’est donc pas nécessairement quelque chose que l’on met « à la place » du seul vrai Dieu pour y mettre sa confiance ; elle peut se trouver « à côté » de Dieu, en notre for intérieur. Le catéchisme oblige donc les Chrétiens eux-mêmes à faire leur introspection, et à examiner s’ils ne nourrissent pas une forme quelconque d’idolâtrie dans leur vie. Si le problème de l’idolâtrie n’était que celui des païens et des incroyants, le Catéchisme n’aurait pas besoin de le mentionner. Mais même les croyants, lorsqu'ils deviennent de plus en plus lucides sous l'action de l'Esprit Saint de Dieu en eux, s'aperçoivent de la force de certaines idoles modernes dans leur vie propre. Paul écrit: "Nous savons qu’il n’existe pas d’idoles dans l’univers, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu". Mais alors, pouvons-nous nous demander, d'où vient cette puissance profane qui gouverne la vie de tant d'hommes, et qui se fait même sentir dans la vie des croyants par moments? Cela nous mène à la réflexion suivante, qui sert de thème à notre série de messages sur l'idolâtrie: Pour pouvoir démasquer les idoles autour de nous et en nous-mêmes, il nous faut chercher le seul vrai Dieu dans Sa Parole.

Nous allons encore nous poser quelques questions, auxquelles nous répondrons une par une au cours de nos émissions sur le thème de l'idolâtrie: Quelle est l'origine des idoles, quelle puissance exercent-elles sur notre vie, disposent-elles vraiment d'un pouvoir? Quelles sont les idoles de notre époque, et qui est le seul vai Dieu?

Commençons par la première de ces questions: Quelle est l'origine des idoles? Pour trouver une réponse adéquate, il nous faut revenir au tout début de la Bible, au chapitre trois du livre de la Genèse. C'est là que nous lisons comment le serpent a prononcé le plus grand mensonge qu'on puisse imaginer en disant à Adam et Eve: "Si vous mangez de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, vous serez comme Dieu, ou comme des dieux". Cette affirmation impliquait naturellement qu'il peut exister plus qu'un seul Dieu, et qu'à côté de Dieu il peut y avoir d'autres dieux, même s'ils retiennent une forme humaine. Lorsqu'Adam et Eve ont cru en ce mensonge, ils ont fait d'eux-mêmes des idoles. Ils sont devenus des idoles pour eux-mêmes. Créatures en rupture d'obéissance, donc déchues, ils cherchaient désormais en eux-mêmes toutes les réponses aux questions qu'ils avaient. N'avaient-ils pas en effet obtenu la connaissance du bien et du mal? N'auraient-ils pas désormais accès, par eux-mêmes, à la connaissance de leur origine et de leur destinée? Pourtant, loin de gagner cette connaissance, ils avaient bien plutôt perdu la notion de qui est le seul vrai Dieu. Tout cela pour avoir cru qu'eux aussi pouvaient devenir comme des dieux. Et depuis la Chute du premier homme et de la première femme, chers amis, l'homme livré à sa raison naturelle est constamment à la recherche d'un dieu ayant la forme ou les traits d'une créature déchue. Il cherche un dieu qui lui ressemble dans sa misère, ou bien une fantaisie de lui-même qu'il élève au rang de divinité. La tentation du serpent demeure aujourd'hui encore la racine de l'idolâtrie: l'homme, que Dieu a creé à son image, se forge des dieux à son image, celle d'une créature déchue. Nous ne devons donc pas être surpris si tous les dieux des Romains, des Grecs ou de l'Orient sont peints ou sculptés sous la forme d'une créature quelconque, humaine ou animale. Les plus belles créatures dans la Création, deviennent des objets d'adoration et de culte.

Chers auditeurs, la prochaine fois, nous continuerons notre méditation sur l'origine de l'idolâtrie, à la lumière de la Bible, Parole de Dieu, en commençant par nous demander si les idoles existent véritablement, si elles sont réelles. Puis, ensemble nous tâcherons d'identifier nos idoles modernes, celles qui ont envahi le monde contemporain, et que nous plaçons si souvent sur un autel en leur rendant un culte, que nous en soyons d'ailleurs conscients ou non.