VOS QUESTIONS, NOS RÉPONSES (4).

"Vos questions, nos réponses": aujourd'hui, "Foi et Vie réformées" souhaite de nouveau répondre à quelques une de vos questions, qui concernent la foi chrétienne, la Bible ou des sujets éthiques envisagés à la lumière de la Bible. L'un d'entre vous me demande: Comment se fait-il que l'on n'assiste plus, aujourd'hui, aux phénomènes miraculeux qui ont caractérisé le début de l'Église, et dont le Nouveau Testament fait mention? L'Esprit de Dieu a-t-il cessé de confirmer l'Évangile par ces prodiges? Il est vrai que le Nouveau Testament mentionne des actes surnaturels, comme des guérisons de malades autrement incurables, actes opérés en de certaines occasions par les disciples directs de Jésus-Christ, ou par l'apôtre Paul. Comme l'indique la toute fin de l'Évangile de Marc, le Seigneur travaillait avec eux là où ils prêchaient la Bonne nouvelle de Jésus-Christ, et il confirmait cette parole par les signes qui l'accompagnaient. De tels signes, accordés à cette première génération de témoins du Christ, avaient donc pour but de confirmer la parole annoncée par les disciples. Soulignons que ces signes étaient accomplis au nom de Jésus-Christ. Il est important de s'en souvenir, car il existait dans l'Antiquité toutes sortes de magiciens, de faiseurs de miracles, qu'on appelait des "thaumaturges". En un mot, les sorciers de l'époque. Les miracles opérés par les disciples n'ont pas été accomplis pour épater la galerie, ou pour gagner un ascendant personnel sur les foules, encore moins avec des intentions lucratives, mais pour témoigner du pouvoir libérateur de Jésus-Christ: c'est en son nom que les disciples ont guéri ou chassé des démons. Car Christ est celui qui guérit, et il a même autorité sur les forces démoniaques, qui lui sont soumises et le craignent, même s'il elles tentent en vain de renverser cette autorité. Les guérisons opérées par les disciples ont aussi eu pour but de donner un aperçu sur la guérison finale et totale de la Création au jour du retour de Jésus-Christ: elles nous projettent en quelque sorte vers cet avènement du Christ lorsqu'il paraîtra dans sa gloire, et elles témoignent de ce que son Royaume est un royaume de paix, de restoration, dans lequel le mal et la mort auront définitivement disparu.

L'Évangile ayant été confirmé par ces signes, et nous étant parvenu sous forme écrite, nous disposons de tous les témoignages dont nous avons besoin pour croire. Peu après sa résurrection, Jésus, étant apparu à ses disciples, a dit à Thomas, qui avait d'abord douté de la véracité de cette résurrection: "Parce que tu as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'auront pas vu et qui croiront". Il nous faut croire en ces témoignages, même si des signes semblables ne se produisent plus aujourd'hui. Par ailleurs, toute conversion véritable à Jésus-Christ demeure un fait tout à fait miraculeux: en effet personne ne peut connaître Dieu par Jésus-Christ, à moins que l'Esprit de Dieu n'opère un miracle en son for intérieur, renversant totalement le cours naturel de ses pensées. La transformation qui s'ensuit est vécue par cette personne, mais aussi par ses proches, comme quelque chose de tout à fait surnaturel. Ne pensons donc pas que Dieu n'opère pas de miracles aujourd'hui. Il exauce aussi les prières de ceux qui invoquent son nom, que ce soit en leur accordant ceux qu’ils demandent ou d’une autre manière, si telle est sa volonté. Il dirige le cours de chaque vie selon un plan que lui seul connaît totalement. Sachons donc lire les signes de la présence de Dieu dans notre vie, sans toutefois les chercher sous forme de prodiges ou de guérisons miraculeuses comme celles qui nous sont rapportées dans le Nouveau Testament. Si telle est sa volonté, il opèrera des prodiges de cet ordre dans la vie de certains de ses enfants, mais il ne sera pas moins présent dans la vie d'autres de ses enfants, même s'il n'accomplit pas ces signes ou ces prodiges. Pour voir Dieu à l'oeuvre, il suffit du reste de contempler sa Création merveilleuse. Jésus a attiré l'attention de ses disciples sur la beauté de la nature créée, leur disant: "Considérez comment croissent les lis: ils ne travaillent ni ne filent; cependant je vous dis que le roi Salomon, même dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux." Chaque nouvelle journée qui nous est accordée demeure à tous égards un miracle permanent, le témoignage le plus éloquent de l’action souveraine de Dieu dans Sa Création dont il maintient le cours et qu’Il soutient par sa Parole toute puissante.

Un autre auditeur me demande si la Bible interdit de consommer des boissons alcoolisées, et si oui, quel est le passage explicite dans lequel on trouve une telle interdiction. La réponse est : non, la Bible n’interdit nulle part de boire des boissons alcoolisées. Seuls, dans l’Ancien Testament, les hommes ou femmes qui faisaient le vœu de se consacrer d’une manière spéciale à Dieu, et qu’on appelait les Naziréens, devaient s’abstenir de toute boisson alcoolisée, et même de manger des raisins. A cette catégorie de personnes appartenaient Samson et Samuel, de même que Jean Baptiste, qui a directement annoncé la venue du Messie et l’a identifié dans la personne de Jésus. Mais ailleurs on ne trouve aucune interdiction de ce genre. Au contraire, le vin fait partie de la culture d’Israël, il est même présenté comme offrande à Dieu, par exemple au chapitre quinze du livre des Nombres. Le Psaume 104, au verset 15 déclare: « Le vin réjouit le cœur de l’homme et fait resplendir son visage, le rendant brillant plus que l’huile ». Le Cantique des Cantiques, ce chant d’amour exceptionnel, débute de la manière suivante : « Ah ! que ta bouche me couvre de baisers, car ton amour est plus exaltant que le vin. » Dans les Évangiles, nous voyons Jésus boire du vin avec ses disciples, ce qui lui attire les foudres des gens qui se croient très religieux. Il dit de lui-même, au chapitre sept de l’Évangile selon Luc : « Le fils de l’Homme est venu, il mange et il boit, et vous vous écriez : « Cet homme ne pense qu’à faire bonne chair et à boire du vin, il est l’ami des collecteurs d’impôts et des pécheurs notoires ». Jésus participe même dans la ville de Cana à un repas de noces où, après un moment, le vin manque; il changera l’eau des outres en vin, un vin meilleur encore que celui qui avait été servi jusque-là. Lors du dernier repas pris avec ses disciples avant son arrestation, Jésus partage avec eux la coupe de vin, qui représente son sang prêt à être versé pour eux et pour tous ceux qui croiront en lui. Cela dit, la Bible met en garde très clairement contre les excès de vin ou d’alcool, et contre toute forme d’intempérance liée à la consommation de boissons alcoolisées. Dans la Bible, nous voyons de nombreux hommes ou femmes pris au piège de la boisson, ce qui entraîne des situations pénibles, voire fatales. Pensons par exemple à Noé, juste après le Déluge. Le chapitre vingt du livre des Proverbes, dans l’Ancien Testament, commence comme ceci : « Le vin est plein d’insolence, et l’alcool remplit de tapage, celui qui s’en laisse griser ne pourra être sage. » Au chapitre vingt-trois du même livre, on lit la description suivante, si juste et acérée, de l’ivrogne: « Pour qui les : « Hélas, malheur à moi ! » Pour qui les querelles sans raison et les coups sans cause ? Pour qui les yeux rouges ? Pour ceux qui restent jusque tard à boire du vin, pour ceux qui sont en quête de vin parfumé. Ne couve pas de tes regards le vin vermeil quand il brille de son éclat dans la coupe : il descend aisément, mais finit par mordre comme un serpent et te piquer comme une vipère. Tes yeux verront alors des choses étranges et tu laisseras échapper des paroles incohérentes. Tu auras l’impression d’être couché en pleine mer, ballotté comme un matelôt en haut d’un mat. « On me frappe, diras-tu, mais je n’ai pas mal, on m’a roué de coups, je n’ai rien senti. Quand me réveillerai-je ? Il faudra que je trouve encore quelque chose à boire. » Dans le Nouveau Testament, au chapitre cinq de la lettre aux Éphésiens, l’apôtre Paul avertit aussi ses lecteurs : « Ne vous enivrez pas de vin, c’est de la débauche, mais soyez remplis de l’Esprit. » Dans d’autres de ses lettres, comme celles à Timothée ou à Tite, une des conditions à remplir pour être dirigeant d’église, est de ne pas être adonné à la boisson. Cela ne veut d’ailleurs pas dire qu’un tel homme doive s’abstenir totalement de vin, comme c’était le cas des Naziréens, puisque Paul recommande à son jeune ami Timothée, lui-même dirigeant d’église, de boire un peu de vin à cause de son estomac délicat.

Alors, est-ce une question d’équilibre, de modération dans la consommation de ce type de boissons ? Oui, dans la mesure où l’on sait remercier Dieu pour les dons qu’il nous accorde, sans devenir l’esclave de tels dons. Car l’ivrognerie, le fait d’être adonné à la boisson, constitue sans aucun doute une forme d’idolâtrie. A côté de Dieu, la boisson peut devenir un maître puissant dont les exigences et la consommation gouvernent les actes d’hommes et de femmes incapables de résister à l’appel de l’alcool. D’autre part, certaines personnes, qui se croient fortes et capables de consommer modérément, ne savent plus s’arrêter une fois qu’elles ont commencé. Sous la pression des compagnons, de la culture, ou d’une situation quelconque, elles se retrouvent rapidement prises dans un engrenage, alors même qu’elles n’avaient pas l’intention de perdre le contrôle d’elles-mêmes. Le premier verre mène au second, celui-ci au troisième et ainsi de suite. Les conséquences de cette perte de contrôle peuvent être incalculables. Un croyant doit pouvoir reconnaître avec lucidité ses propres limites. Si le danger est identifié de manière raisonnable, alors il vaut mieux décider une fois pour toutes de s’abstenir de boissons alcoolisées et s’en tenir en toutes circonstances à une telle décision personnelle, quelles que soient les pressions du groupe autour de soi. Cela n’autorise cependant pas celui qui pratique cette forme d’abstinence à se croire spirituellement supérieur ou plus fort que celui qui qui sait consommer avec modération. Et l’inverse est également vrai : celui qui sait consommer avec modération ne doit pas se croire spirituellement plus fort. Dans sa lettre aux Chrétiens de Rome, au chapitre quatorze, Paul touche de près à ce sujet. Certains croyants pensaient qu’il fallait s’abstenir totalement de vin, d’autres au contraire croyaient que la liberté de boire du vin leur était accordée en Christ. Paul recommande à ces derniers de s’abstenir en présence de ceux qui s’abstiennent par motif de conscience. L’important, c’est de ne pas attrister son frère, afin de ne pas devenir un obstacle sur le chemin de sa foi. Cela n’empêche pas celui qui croit que la liberté de consommer lui a été accordée, de maintenir ses convictions. En fin de compte, aussi bien l’un que l’autre, s’ils remercient Dieu pour ses dons, vivent pour lui, et c’est cela l’essentiel.