VOS QUESTIONS, NOS RÉPONSES (5).

Aujourd’hui encore, chers auditeurs de « Foi et Vie Réformées », je vous propose de répondre aux questions que vous me posez. En fait, une seule question va nous occuper pour cette fois, celle d’un auditeur qui demande comment on peut distinguer un vrai prophète d’un faux prophète. C’est un vaste sujet, qui reçoit dans la Bible une grande attention, car de nombreux faux-prophètes se sont élevés du temps où Dieu parlait à son peuple par l’intermédiaire de ses prophètes, ses porte-parole. Deux textes tirés de la Bible illustreront ce point. Au chapitre treizième du livre du Deutéronome, on lit ceci : « S’il se lève au milieu de toi un prophète ou un visionnaire qui t’annonce un signe ou un prodige, et si le signe ou le prodige s’accomplit, et s’il vous dit : Rallions-nous à d’autres dieux -des dieux que vous ne connaissez pas- et rendons-leur un culte ! tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce visionnaire, car c’est l’Éternel, votre Dieu, qui vous met à l’épreuve pour savoir si vous aimez l’Éternel, votre Dieu, de tout votre cœur et de toute votre âme. Vous vous rallierez à l’Éternel, votre Dieu, et vous le craindrez, vous observerez ses commandements, vous obéirez à sa voix, c’est à lui que vous rendrez un culte, et vous vous attacherez à lui. Ce prophète ou ce visionnaire sera puni de mort, car il a parlé de rébellion contre l’Éternel, votre Dieu, qui vous a fait sortir du pays d’Égypte et vous a libérés de la maison de servitude, et il a voulu te pousser hors de la voie dans laquelle l’Éternel, ton Dieu, t’a ordonné de marcher. » Jésus-Christ, parlant de la fin des temps à ses disciples, leur dit, au chapitre vingt-quatre de l’Évangile selon Matthieu : « Plusieurs faux prophètes s’élèveront et séduiront beaucoup de gens ». Et, plus loin au même chapitre : « Il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes, ils opèreront de grands signes et de grands prodiges au point de séduire si possible même les élus. Je vous l’ai prédit. »

La question des faux-prophètes est donc, dans la bouche même du Christ, une question qui n’est pas seulement d’actualité pour l’époque de son ministère terrestre, il y a quelque deux mille ans, mais qui concerne tout autant les époques futures. Nous pouvons donc à bon droit faire nôtre l’avertissement du Seigneur Jésus-Christ, avertissement prophétique s’il en fùt.

Mais pour commencer à répondre à la question de cet auditeur, tournons-nous vers le tout début de la lettre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament . Voici ce que nous y lisons ; « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu nous a parlé par le Fils en ces jours qui sont les derniers. » Cela signifie clairement que le ministère prophétique tel qu’il était pratiqué dans l’Ancien Testament, a pris fin avec Jésus-Christ, Parole même de Dieu venue visiter les hommes et les servir. Cela ne veut pas dire que les paroles des prophètes n’ont plus d’importance pour nous; bien au contraire, leur message reste d’une actualité frappante à de nombreux égards, et nous ferons bien de le méditer. Mais, nous dit l’auteur de la lettre aux Hébreux, dans la mesure ou le Fils de Dieu lui-même est venu nous parler, nous ne devons plus attendre de révélation sur Dieu et sur son plan vis-à-vis des hommes, par l’intermédiaire de prophètes comme ceux de l’Ancien Testament. Jésus a confié à ses apôtres la tâche de proclamer l’Évangile, et les a investis d’une autorité particulière en leur envoyant l’Esprit Saint au jour de la Pentecôte. Voilà déjà un premier critère de jugement sur les faux-prophètes : quiconque prétend apporter une nouvelle révélation nécessaire à la foi des croyants, révélation qui ajoute quelque chose à ce qu’a dit Jésus-Christ et qui nous a été fidèlement retransmis par ses envoyés, celui-là est un faux prophète. Aux Chrétiens de Galatie, qui s’éloignaient de l’Évangile que Paul leur avait enseigné, celui-ci écrit avec force : « Eh bien, si quelqu’un, même nous, même un ange du ciel – vous annonçait un message différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit maudit ! » Méfions-nous donc de tous ceux qui, de nos jours, se déclarent apôtres : sous couleur de religion chrétienne, ils sont sans doute en train d’établir leur propre secte, et de prêcher un autre Évangile que celui de la Bible.

Cela signifie-t-il que tout témoignage prophétique ait été aboli avec la venue de Jésus-Christ ? Non, certainement pas. En fait, il est encore question de prophètes et du don de prophétie, notamment lorsque Paul écrit aux Chrétiens de Corinthe, ou encore au livre des Actes des Apôtres. Dans certains cas, les prophètes annoncent un événement à venir, comme le prophète Agabus ayant annoncé qu’une famine interviendrait, ou encore que Paul serait lié et livré par ses compatriotes aux autorités romaines. Mais d’après Paul lui-même au chapitre quatorze de sa première lettre aux Corinthiens, la prophétie a avant tout pour but de faire croître dans la foi, d’exhorter et de consoler. Celui qui prophétise édifie l’Église. Voilà donc encore un critère permettant de distinguer le vrai prophète du faux.

Ceci m’amène à la réflexion suivante, essentielle pour le sujet qui nous occupe : la prédication de la Parole de Dieu dans l’Église, lorsqu’elle est fidèle à l’Esprit de Dieu, a justement comme effet de faire croître dans la foi, d’exhorter et de consoler les croyants. La prédication fidèle est donc par nature prophétique. Il est alors évident que le témoignage de l’Église toute entière, dirigé à l’intérieur et au dehors, a pour vocation d’être prophétique. Tout croyant membre du Christ et qui témoigne de son Seigneur, est en ce sens un prophète, pour autant que son témoignage demeure fidèle à l’Évangile reçu.

Après cette réponse générale à la question de mon auditeur, je voudrais prendre un exemple particulier qui fait de nos jours beaucoup de bruit dans les média : celui du prophète Josué de Lagos, au Nigéria, vers lequel convergent du monde entier des centaines d’hommes et de femmes à la recherche d’une guérison ou d’un message d’espoir pour leur condition. J’emprunte ici une étude écrite par mon ami et collègue le pasteur sud-africain Henri Stoker. Il dit ceci :

Il n’est pas toujours facile de savoir si Josué est un vrai ou un faux prophète. Le Seigneur Jésus raconte la parabole de la mauvaise herbe qui pousse entre les épis de blé, pour nous apprendre qu’il n’est pas toujours facile de distinguer entre le vrai et le faux. Il faut aussi prendre garde de ne pas attribuer au diable l’œuvre du Saint Esprit. Pourtant, cela ne nous retire pas la responsabilité de tester si ceux qui prétendent venir au nom de Dieu viennent effectivement de lui. Il est donc important de ne pas seulement regarder les feuilles de l’arbre, mais de tester cet arbre aux fruits qu’il porte. Jésus nous a aussi mis en garde : « Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous comme des brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur les épines, ou des figues sur des chardons ? Tout bon arbre produit de bons fruits, mais le mauvais arbre produit de mauvais fruits. » Donc, il nous faut regarder plus loin que ce qui nous est proposé à première vue. Rappelons-nous que le mensonge le plus dangereux c’est celui qui se camoufle derrière ce qui est vrai et juste.

On peut sùrement dire beaucoup de choses positives sur ce Josué : les croyants témoignent qu’il est d’un abord doux et amical, et qu’ils sont fortifiés dans leur foi après l’avoir rencontré. Dans ses sermons et ses publications, Josué cite et commente des passages de la Bible. D’après plusieurs témoignages et du matériel vidéo, des malades qui sont allés le voir ont été guéris. On pourrait sùrement dire encore pas mal de choses positives sur cet homme. Mais tout ceci ne suffit pas à faire de quelqu’un un vrai prophète du Seigneur. Il y a en effet trop de choses que Josué accomplit ou dit, qui font que nous ayons plutôt affaire à un faux prophète. Par exemple son insistance sur la prospérité matérielle de ceux qui croient. Dans le journal qu’il publie officiellement, on trouve l’enseignement typiquement faux que plus la foi de quelqu’un est grande, plus il ira mieux sur le plan matériel. Citons un extrait de ce journal : « La volonté de Dieu pour vous c’est que vous prospériez dans tous les domaines de votre vie, pas dans certains domaines seulement. La question que vous devez vous posez est donc : est-ce que vous prospérez à tous égards ? Etes-vous riche et en même temps en bonne santé, vous et votre famille ? Si vous dites que vous n’avez pas de problème de santé, qu’en est-il de vos enfants ? Souvenez-vous, vous ne pouvez pas dire que vous êtes en bonne santé si vos enfants ou vos proches sont malades ou souffrent de la pauvreté. Mais la Volonté de Dieu pour vous c’est que vous ayez une vie abondante en Jésus-Christ. Une vie abondante signifie des bénédictions dans tous les domaines de votre vie : domaine physique, spirituel, financier, marital, émotionnel, social et éducatif. » Voilà ce qu’on trouve dans cette publication officielle de Josué. En contraste avec ce que je viens de lire, la Bible nous apprend que cela n’ira pas forcément au mieux avec les enfants de Dieu sur terre : lisez le psaume 73, ou bien le livre de Job, le début de la lettre de Jacques ou la première lettre de Pierre, ou encore le livre de l’Apocalypse. Mais le Seigneur nous promet en revanche qu’il nous assistera dans toutes nos épreuves, comme dans le psaume vingt-trois, qui dit : « Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort. » Dieu nous promet aussi que ni la maladie, la souffrance, l’angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les dangers, l’épée, la mort, la vie, les anges ou les forces mauvaises ne peuvent nous séparer de lui et de son amour pour nous ! Les épreuves et la maladie ne sont pas un signe de manque de foi, mais plutôt un temps durant lequel nous sommes purifiés et apprenons à vivre dans la dépendance de Dieu. C’est ce que nous lisons par exemple au chapitre cinq de la lettre de Paul aux Romains : « Mieux encore ! Nous tirons fierté même de nos détresses, car nous savons que la détresse produit la persévérance, la persévérance conduit à la victoire dans l’épreuve, et la victoire dans l’épreuve nourrit l’espérance. Or, notre espérance ne risque pas d’être déçue, car Dieu a versé son amour dans nos cœurs par l’Esprit Saint qu’il nous a donné. »

Amis auditeurs, la prochaine fois je continuerai cet examen des fruits portés par le soi-disant prophète Josué du Nigeria, à l’aide de l’étude du pasteur Stoker, ceci afin de répondre à la question de mon auditeur sur les vrais et les faux-prophètes.