VOS QUESTIONS, NOS RÉPONSES (9)

 

Aujourd’hui encore, amis auditeurs, je poursuis un dialogue avec vous à propos des questions que vous me posez dans vos lettres. J’en profite pour expliquer certains enseignements de la Bible concernant l’Église et les ministères particuliers donnés par Jésus-Christ afin que son Église s’édifie sur eux. La dernière fois, nous avons en particulier parlé du ministère de l’ancien et de celui de diacre.

Mais, me demanderez-vous, qui nomme ou désigne ces croyants aux divers ministères, puisqu’ils ne peuvent s’y ingérer d’eux-mêmes ? Le Nouveau Testament nous apprend qu’au tout début de la vie de l’Église les apôtres ont d’abord recommandé les croyants dont ils ont discerné les dons spirituels. Cependant, cela ne s’est pas fait arbitrairement, et sans le consentement de l’assemblée des croyants. Nous le voyons en particulier avec l’institution du ministère des diacres, au chapitre sixième du livre des Actes : un problème surgit au sein de la toute première communauté chrétienne dans la ville de Jérusalem. La distribution de la nourriture aux pauvres se fait de manière inégale. Les douze apôtres de Jésus, qui enseignaient l’Église, convoquent la multitude des croyants, et leur disent : « Il ne convient pas que nous délaissions la Parole de Dieu pour servir aux tables. C’est pourquoi, frères, choisissez sept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage, remplis de l’Esprit et de sagesse, et nous les chargerons de cet emploi. Pour nous, nous persévèrerons dans la prière et dans le service de la parole. Ce discours plut à toute la multitude. Ils élurent Étienne, homme plein de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un païen converti originaire d’Antioche. Ils les présentèrent aux apôtres qui prièrent pour eux et leur imposèrent les mains. » En aucun cas on ne peut s’ingérer, ou s’imposer dans un ministère quelconque, ce qui serait forcer la porte et rechercher une forme de domination. On est appelé à un ministère, comme dans le cas des premiers diacres dont nous parle le livre des Actes. Lorsque, par la voix des fidèles, l’Église appelle un tel à un ministère spécial, elle doit s’assurer qu’il a les qualités requises par la Parole de Dieu pour exercer ce ministère. Même dans le cas d’un candidat pasteur, ou évêque, qui a passé de longues années d’études à se préparer pour ce ministère de la prédication, sa consécration à ce ministère ne peut être un fait automatiquement acquis. Le seul fait qu’il ait passé avec succès les examens de théologie prescrits pour les candidats au ministère, ne peut lui assurer la consécration au ministère. Il faut d’abord que sa vocation ait été testée de différentes manières, puis qu’il soit appelé par une église pour exercer en son sein ce ministère. On peut en effet être intellectuellement apte à étudier les différents aspects concernant la doctrine chrétienne et l’exposition de la Parole de Dieu, mais cela ne garantit aucunement la maturité spirituelle ou la solidité de la foi. Si on ne suit pas cette règle, on s’expose à recevoir au ministère des hommes qui, au lieu de faire paître le troupeau avec douceur, domineront sur lui et abuseront de lui. D’autre part, pour que soient appelés à des ministères spéciaux des croyants qui ont reçu les dons requis, il faut que l’Église soit dirigée par des anciens spirituellement mûrs, qui aient du discernement quant aux personnes, et qui n’agissent pas avec précipitation ou par esprit partisan, ou encore par souci de plaire à la multitude. Voilà bien des conditions, me direz-vous. Certes, et il serait risqué de dire qu’il n’y a jamais eu d’erreur humaine dans le choix de diacres, d’anciens ou de pasteurs au cours des deux mille ans de vie de l’Église. Pourtant, si l’on se laisse guider par la Parole et l’Esprit de Dieu, on peut avoir confiance que les choix effectués seront bénis par celui-là même qui a promis de maintenir debout son Église contre vents et marées. Et ceux qui sont appelés à des ministères spéciaux dans l’Église doivent avoir la certitude qu’ils y ont été appelés par Dieu lui-même.

J’en viens maintenant à une question d’un de mes auditeurs : Pourquoi certaines églises protestantes traditionnelles refusent-elles les femmes aux différents ministères, même de diacre, alors que les Écritures nous présentent Phoebé, qui était diaconesse (dans la lettre de Paul aux Chrétiens de Rome) ? Dans le cadre d’une émission aussi courte que celle de « Foi et Vie Réformées », il n’est pas possible de répondre à cette question en profondeur, mais voici tout de même quelques principes essentiels. Disons premièrement que la plupart s’accordent à reconnaître que tout au moins en ce qui concerne les ministères de pasteur et d’ancien, l’enseignement du Nouveau Testament est clair : il limite l’accès à ces ministères aux hommes. Ceux qui néanmoins rejettent ce commandement pour l’Église d’aujourd’hui, le font en général sur la base de l’argument suivant : il y a deux mille ans, au milieu des circonstances sociales de l’époque, une telle restriction était peut-être valable, mais elle ne peut plus l’être aujourd’hui, époque où les femmes ont accès à toutes les professions et sont socialement émancipées. Continuer à appliquer ce commandement aujourd’hui aurait pour conséquence de paralyser la croissance de l’Église, soutiennent-ils, car il est ressenti comme une discrimination par les femmes aujourd’hui.

Il nous faut d’abord revenir à l’enseignement du Nouveau Testament pour juger de cette question. Nous savons que des femmes ont suivi Jésus lors de son ministère terrestre et l’ont assisté, ainsi que ses disciples, avec leurs biens, même si Jésus ne les a jamais appelées comme apôtres, avant ou après sa résurrection. Les évangiles nous apprennent aussi que ce sont des femmes qui ont été les premiers témoins de la résurrection, et en ont rapporté aux autres disciples la bonne nouvelle. Elles ont fait partie de la première communauté des Chrétiens à Jérusalem et y ont été actives. L’apôtre Paul, l’auteur de nombreuses lettres à de jeunes églises qu’il avait contribué à fonder, a eu de nombreuses femmes comme collaboratrices et les loue pour leur activité dans ses lettres. Parfois il les exhorte, voire même les recommande à des églises où elles doivent se rendre pour un service particulier, comme c’est le cas de Phoebé, mentionnée au dernier chapitre de sa lettre aux Romains. Pourtant, lorsque Paul donne un enseignement sur les ministères dans ses lettres, il restreint clairement les ministères de gouvernement de l’église et d’enseignement par la prédication aux hommes. Alors, y aurait-il une contradiction dans sa pensée ? Le passage le plus célèbre à cet égard se trouve dans sa première lettre à Timothée (au second chapitre) : « Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre autorité sur l’homme, mais qu’elle demeure dans le silence. Car Adam a été formé le premier, Eve ensuite ; et ce n’est pas Adam qui a été séduit, c’est la femme, qui, séduite, c’est rendue coupable de transgression. Elle sera néanmoins sauvée en devenant mère si elle persévère dans la foi, dans l’amour, dans la sanctification, avec modestie. » Il nous faut noter, à propos de ce passage, que Paul fonde son argumentation en premier lieu sur l’ordre de la Création (Adam a été formé le premier, Eve ensuite). Sans nier la complémentarité du couple humain, Paul nous ramène au plan de Dieu dans sa Création parfaite. D’après Genèse chapitre 2, c’est Adam que Dieu a placé dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder. C’est aussi à lui qu’il a donné le commandement de ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. En d’autres termes, Genèse 2 nous présente l’Alliance que Dieu a conclue avec Adam, avant même la création de la femme. Adam, en tant qu’homme, était responsable devant Dieu du maintien de cette alliance, raison pour laquelle c’est à lui que Dieu s’adresse en tout premier lieu après la désobéissance dont l’homme et la femme se sont rendus coupables. Puis Paul rappelle ce qui s’est passé au moment de la Chute. Son intention n’est pas de dire qu’Adam n’a pas été coupable (puisque dans nombre de ses lettres, il parle de la Chute ou du péché d’Adam, et de ses conséquences pour l’humanité toute entière), mais il veut dire que l’initiative désastreuse de briser l’Alliance a été prise par Eve : elle a renversé les rôles en prenant une initiative d’ordre religieux, et engagé le couple dans une direction spirituelle opposée en désavouant l’Alliance conclue par Dieu. En troisième lieu, Paul souligne que cela n’empêche nullement l’accès des femmes au salut ; tout comme pour les hommes, la foi, l’amour, la sanctification, leur sont nécessaires pour avoir accès à Dieu. En résumé donc, ces arguments avancés par Paul ne sont pas d’ordre culturel ou social, mais fondés sur l’ordre de la Création, sur l’événement à portée universelle qu’a été la Chute du premier couple humain, et sur l’ordre de la Rédemption. Voilà pourquoi on ne peut rejeter l’enseignement de Paul comme étant limité à la première génération de Chrétiens et n’ayant plus de valeur pour l’Église aujourd’hui. Terminons notre émission en rappelant que le Nouveau Testament limite l’accès au ministère de l’ancien et du prédicateur de la Parole non pas aux hommes en général, mais à certains hommes, ceux qui ont reçu le don pour l’exercer. Le simple fait d’être né homme ne garantit nullement l’accès à ces ministères. Par ailleurs, un grand nombre d’autres ministères sont ouverts aux femmes, où leurs dons peuvent s’exercer pour la croissance de l’Église. Rappelons enfin qu’au sein de l’Église, tout croyant – homme ou femme - est appelé à exercer ses dons pour le service de Dieu et des autres membres.