L’ÉVANGILE DANS L’ANCIEN TESTAMENT (1)

 

 

Chers amis qui êtes à l’écoute de « Foi et Vie Réformées », vous êtes-vous jamais demandé si l’Évangile, la Bonne Nouvelle qui forme le cœur de la foi chrétienne, était déjà présent dans l’Ancien Testament, la première partie de la Bible?  L’Évangile de la réconciliation de Dieu avec les hommes apparaît-il seulement avec la venue de Jésus-Christ, dont nous parle directement le Nouveau Testament, qui est la seconde partie de la Bible ? Eh bien nous allons voir ensemble que  déjà dans l’Ancien Testament nous trouvons clairement exprimé l’Évangile de la Grâce de Dieu, qui pardonne et réconcilie.  Nous allons lire ensemble un passage d’un livre prophétique de l’Ancien Testament, le livre de Zacharie.  Zacharie était un prophète vivant au sixième siècle avant Jésus-Christ, au milieu d’une communauté de Juifs revenus d’exil dans leur pays, le petit état de Juda.  Les circonstances de vie de cette communauté étaient bien difficiles, et le souvenir de leurs fautes passées enore très vivace : il leur était de plus en plus clair que s’ils avaient été déportés dans des pays étrangers après que leur capitale, Jérusalem, ait été détruite, avec son Temple, c’était à cause de leur infidélité envers Dieu et l’Alliance qu’il avait conclue avec eux.  Leurs dirigeants religieux avaient corrompu le vrai service que Dieu voulait que son peuple lui rende, ils avaient mélangé le culte des idoles des autres nations avec celui de l’Éternel Dieu.  Pouvait-on maintenant espérer une réconciliation avec Dieu, sa juste colère pouvait-elle être apaisée ?  Le début du livre de Zacharie nous présente huit visions que le prophète a eues à une date qu’il nous précise lui-même : la deuxième année du règne du roi perse Darius, le vingt-quatrième jour du onzième mois, qu’on appelait le mois de Chebath.  Cela correspond, dans notre calendrier moderne, à la mi-février de l’an 519 avant Jésus-Christ, il y donc quelque deux mille cinq cents ans de cela.  Nous allons méditer ensemble sur la quatrième de ces huit visions, celle qui concerne le grand-prêtre Josué.  Je vous lis le chapitre trois du livre de Zacharie, dans l’Ancien Testament : « Puis il me fit voir Josué, le grand-prêtre, qui se tenait debout devant l’ange de l’Éternel.  Et Satan se tenait à sa droite pour l’accuser.  L’Éternel dit à Satan : Que l’Éternel te réduise au silence, Satan !  Oui, que l’Éternel te réduise au silence, lui qui a choisi Jérusalem !  Celui-ci n’est-il pas un tison arraché au feu ?  Or Josué était couverts d’habits très sales et il se tenait devant l’ange.  L‘ange s’adressa à ceux qui se tenaient devant lui et leur ordonna : Otez-lui ses vêtements sales !  Et il ajouta à l’adresse de Josué : Regarde, j’ai enlevé le poids de la faute que tu portais, et l’on te revêtira d’habits de fête.  Alors je m’écriai : Qu’on lui mette un turban pur sur la tête.  On lui posa donc le turban pur sur la tête, et on le revêtit d’autres habits.  Or l’ange de l’Éternel se tenait là.  L’ange de l’Éternel fit ensuite cette déclaration à Josué : Voici ce que dit le Seigneur des armées célestes : Si tu suis les chemins que j’ai prescrits et si tu obéis à mes commandements, tu exerceras dans mon temple les fonctions judiciaires, tu veilleras sur mes parvis, et je te te donnerai libre accès parmi ceux qui se tiennent ici.  Écoute donc, Josué, souverain sacrificateur, toi et tes compagnons qui sont assis devant toi ! – car ce sont des hommes qui serviront de préfiguration.  En effet je ferai venir mon serviteur, qui est appelé le Germe.  Voici que je pose une pierre devant Josué.  Sur cette pierre unique il y a sept yeux.  J’y graverai moi-même son inscription, le Seigneur des armées célestes le déclare.  En un seul jour, j’ôterai le poids de la faute que porte ce pays.  En ce jour-là – le Seigneur des armées le déclare- vous vous inviterez les uns les autres sous la vigne et sous le figuier. » 

 

Amis auditeurs, reprenons ma question initiale :  si vous vous êtes jamais demandés si l’Évangile est déjà présent dans l’Ancien Testament, notre texte vous donne la réponse : un oui franc et net !  Le merveilleux Évangile de la Grâce de Dieu nous est présenté dans la quatrième vision du prophète Zacharie.  Le pardon est accordé au peuple, en la personne de Josué, le grand-prêtre, simplement sur la base de la décision souveraine et toute puissante de Dieu, quels que soient les péchés qui aient été commis.  Nous avons ici une saisissante anticipation sur ce que le Nouveau Testament nous expose encore plus clairement : Dieu purifie ses élus, et rien  ni personne ne peut annuler ce processus de purification.  Ceci est d’autant plus frappant que dans l’Ancien Testament, la Loi indique justement le processus contraire : sous la dispensation de la Loi, si vous étiez entré en contact avec quelque chose ou quelqu’un déclaré impur par Dieu, vous aussi vous seriez devenus impur, et auriez dû passer par un processus de purification.  Lisez à ce sujet le chapitre quinze du livre du Lévitique.  Sous la Loi donc, la tendance était à la diffusion rapide de l’impureté, laquelle, tout comme le péché après la Chute,  s’est répandue partout et  a tout contaminé.  L’accent était donc placé sur le fait que les hommes sont des créatures impures devant le Dieu Saint, recherchant toujours une purification.  Dans le passage que nous avons lu, nous voyons en revanche que Dieu lui-même renverse cette tendance : non pas, bien sûr, que son peuple soit devenu pur par lui-même, mais simplement parce que Dieu le déclare pur.  Dans le Nouveau Testament nous voyons ce  renversement de tendance de manière plus claire encore : l’accent n’est plus placé sur ce qui est impur  et contamine le reste rapidement.  Bien plutôt, par la mort de  Jésus-Christ, ce qui est impur se trouve purifié par ce qui est pur.  Pour illustrer ceci, prenons deux textes du Nouveau Testament : au chapitre dix du livre des Actes des Apôtres, Pierre, le disciple de Jésus, reçoit une vision dans laquelle il lui est commandé de manger toutes sortes d’animaux qui étaient considérés comme rituellement impurs par la Loi, et donc en horreur aux Juifs.  Je vous lis ce passage : Il était à peu près midi.  Il eut faim et voulut prendre de la nourriture. Pendant qu’on la lui préparait il eut une extase.  Il vit le ciel ouvert et un objet semblable à une grande nappe attachée par les quatre coins, qui descendait et s’abaissait vers la terre ; il s’y trouvait tous les quadrupèdes, des reptiles et des oiseaux.  Une voix lui dit ; Lève-toi, Pierre, tue et mange.  Mais Pierre dit : Non Seigneur, car je n’ai jamais rien ,mangé de souillé ni d’impur.  Et pour la seconde fois la voix se fit entendre à lui : Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé. Par trois fois cela se renouvela, puis la nappe disparut dans le ciel.». Dans la première lettre de Paul aux Corinthiens, au chapitre sept, l’auteur explique à ses lecteurs la situation des couples dont l’un des conjoints est un croyant, et l’autre un incroyant : « Si un frère a une femme non-croyante, et qu’elle consente à habiter avec lui, qu’il ne la répudie pas ; et si une femme a un mari non-croyant, et qu’il consente à habiter avec elle, qu’elle ne répudie pas son mari.  Car le mari non-croyant est sanctifié par la femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par le frère, autrement vos enfants seraient impurs, tandis qu’en fait ils sont saints. »

 

L’Évangile, amis auditeurs, se trouve justement dans un tel revirement : une purification qui, d’un point de vue humain, apparaît comme  totalement impossible, devient maintenant une réalité.  Ce qui était impensable, en dehors de notre capacité de compréhension, est devenu vrai et palpable, même si cela demeure toujours incompréhensible pour notre raison humaine.  Le texte décrivant la quatrième vision du prophète Zacharie nous offre pourtant  une perspective très profonde sur ce processus.  Cela nous est communiqué sous forme d’une révélation adressée au prophète, une vision qui lui est accordée.  Une telle révélation n’est certes pas quelque chose que nous aurions pu percevoir par nos facultés humaines.  Tout comme au début du livre de Job, nous sommes faits spectateurs d’une scène qui se déroule dans les lieux célestes, en présence de Dieu et de tous les anges qui l’entourent.  L’un d’entre eux, qui joue un rôle central, est Satan.  Comment pourrait-on résumer le message de cette révélation ?  Peut-être en une simple phrase : nous avons ici affaire à un procès dont l’issue est radicalement différente de tout ce qu’on aurait pu imaginer. 

 

En effet, comme très souvent dans la Bible, nous avons affaire à un procès dans la quatrième vision du prophète Zacharie.  Satan, mot qui en hébreu signifie littéralement « l’accusateur », se tient à la droite de l’accusé, comme c’était généralement le cas dans une cour de justice israélite.  Le grand-prêtre Josué  représente principalement la prêtrise corrompue d’Israël, mais aussi le peuple dans son entier, et son histoire d’infidélité et de désobéissance au cours des siècles.  Pensez-vous un instant, amis auditeurs, que Satan, qui se tient debout devant Dieu, ait besoin  d’apporter des faux-témoignages contre l’accusé, pour prouver son cas ?  Dieu connaît très bien la réalité des péchés de son peuple, et en particulier la déchéance des prêtres israélites.  Pour prouver son cas, il suffirait à Satan de citer les paroles que Dieu a confiées  à ses prophètes. 

 

Nous verrons ensemble la prochaine fois quel est le but recherché par Satan, et comment ses accusations dirigées contre le grand-prêtre Josué cherchent en fait à atteindre Dieu lui-même.