L’ÉVANGILE DANS L’ANCIEN TESTAMENT (2)

 

Amis auditeurs, nous poursuivons aujourd’hui notre méditation sur l’Évangile dans l’Ancien Testament, à la lumière du chapitre trois du livre du prophète Zacharie.  La vision du prophète concerne le grand prêtre Josué, qui apparaît devant Dieu avec des vêtements souillés, symbole de la corruption du peuple d’Israël, infidèle à son Dieu.  A droite de l’accusé se tient Satan, l’accusateur.   Relisons ensemble, si vous le voulez bien, ce passage: « Puis il me fit voir Josué, le grand-prêtre, qui se tenait debout devant l’ange de l’Éternel.  Et Satan se tenait à sa droite pour l’accuser.  L’Éternel dit à Satan : Que l’Éternel te réduise au silence, Satan !  Oui, que l’Éternel te réduise au silence, lui qui a choisi Jérusalem !  Celui-ci n’est-il pas un tison arraché au feu ?  Or Josué était couverts d’habits très sales et il se tenait devant l’ange.  L‘ange s’adressa à ceux qui se tenaient devant lui et leur ordonna : Otez-lui ses vêtements sales !  Et il ajouta à l’adresse de Josué : Regarde, j’ai enlevé le poids de la faute que tu portais, et l’on te revêtira d’habits de fête.  Alors je m’écriai : Qu’on lui mette un turban pur sur la tête.  On lui posa donc le turban pur sur la tête, et on le revêtit d’autres habits.  Or l’ange de l’Éternel se tenait là.  L’ange de l’Éternel fit ensuite cette déclaration à Josué : Voici ce que dit le Seigneur des armées célestes : Si tu suis les chemins que j’ai prescrits et si tu obéis à mes commandements, tu exerceras dans mon temple les fonctions judiciaires, tu veilleras sur mes parvis, et je te donnerai libre accès parmi ceux qui se tiennent ici.  Écoute donc, Josué, souverain sacrificateur, toi et tes compagnons qui sont assis devant toi ! – car ce sont des hommes qui serviront de préfiguration.  En effet je ferai venir mon serviteur, qui est appelé le Germe.  Voici que je pose une pierre devant Josué.  Sur cette pierre unique il y a sept yeux.  J’y graverai moi-même son inscription, le Seigneur des armées célestes le déclare.  En un seul jour, j’ôterai le poids de la faute que porte ce pays.  En ce jour-là – le Seigneur des armées le déclare- vous vous inviterez les uns les autres sous la vigne et sous le figuier. »

J’ai conclu notre dernière émission en demandant si Satan avait besoin d’apporter des faux-témoignages contre le grand-prêtre Josué et toute l’histoire d’infidélité et de corruption qu’il représentait.  Car Dieu connaît très bien tous les péchés de son peuple, et en particulier des prêtres qui auraient dû maintenir son culte  sans le corrompre.  Pour prouver son cas, Satan n’a besoin que de citer les paroles que Dieu lui-même a mises dans la bouche de ses prophètes.  Écoutez par exemple ce que dit Dieu au chapitre vingt-deux du livre du prophète Ézechiel, écoutez ce terrible acte d’accusation contre Jérusalem, ville où se trouvait le Temple, à la lumière de la Loi sainte de Dieu: « La parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots : Toi,  fils d’homme, jugeras-tu la ville sanguinaire ? Fais lui connaître toutes ses horreurs ! tu diras : Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Voici une ville qui répand le sang au milieu d’elle, pour que son jour arrive, et qui se fait des idoles pour se souiller ! Tu es coupable à cause du sang que tu as répandu et tu t’es souillée par les idoles que tu as faites.  T u as ainsi abrégé tes jours et tu es parvenue au terme de tes années.  C’est pourquoi je te livre au déshonneur devant les nations et à la moquerie de tous les pays.  Ceux qui sont près et ceux qui sont au loin se moqueront de toi qui es souillée de réputation et pleine de trouble.  Voici les princes d’Israël : Chacun use de la force chez toi, pour répandre le sang.  Chez toi, l’on méprise père et mère.  Au milieu de toi, l’on commet des actes d’oppression contre l’immigrant.  Chez toi, l’on exploite  l’orphelin et la veuve. Tu  méprises ce qui est saint, tu profanes  mes sabbats.  Il y a chez toi des gens qui calomnient leur prochain pour l’assassiner.  Chez toi, les gens prennent part aux repas de sacrifices sur les montagnes.  On fait des choses abominables au milieu de toi.  Chez toi, il y a des gens qui ont des relations sexuelles avec la femme de leur père ; chez toi il y en a qui abusent d’une femme pendant son indisposition.  L’un commet des abominations avec la femme de son prochain, l’autre, abominable, déshonore sa belle-fille, un troisième viole sa sœur, fille de son père, chez toi.  Chez toi, on se laisse corrompre par des présents pour répandre le sang.  Tu prêtes à un taux usuraire et tu exiges de l’intérêt.  Tu extorques le bien de ton prochain par la violence, et moi, tu m’oublies, déclare le Seigneur, l’Éternel.  Mais voici : je vais frapper dans mes mains à cause de tes profits malhonnêtes et du sang répandu au milieu de toi.  Ton courage tiendra-t-il bon, tes mains seront-elles fermes au jour où j’interviendrai contre toi ?  Moi, l’Éternel, j’ai parlé et j’agirai.  Je te disperserai parmi les nations et je te disséminerai à travers les pays, et je ferai disparaître totalement la souillure du milieu de toi.  Tu t’es toi-même deshonorée aux yeux des nations, mais tu reconnaîtras que je suis l’Éternel. »

 

Voilà, amis auditeurs, à quoi aurait pu ressembler l’acte d’accusation porté par Satan devant Dieu, contre le grand-prêtre Josué.  Les dix commandements qui forment le cœur de la Loi de Dieu ont été à maintes reprises grossièrement violés par le peuple d’Israël. Et voilà Josué, l’accusé, qui se tient devant Dieu, impuissant et désespéré.  Ses habits sales sont maculés par toutes les souillures de l’histoire de désobéissance, de méchanceté et d’impureté d’Israël.  Le mot hébreu que la Bible emploie pour exprimer l’idée de saleté signifie en fait « souillé et rendu impur par des excréments ».  Donc Satan n’a pas menti, les faits qu’il avance sont exacts !  Il connaît la Loi de Dieu par cœur, et compte minutieusement toutes les offenses que vous et moi commettons à son égard.  Il peut additionner de manière très exacte tous les péchés dont vous et moi  nous rendons quotidiennement coupables.  Sur sa longue liste, il n’en manque aucun…  Mais ce faisant, il ne cherche pas seulement à faire de vous et de moi des perdants, il veut aussi faire de Dieu lui-même un perdant.  Il cherche à faire se retourner le jugement divin contre Dieu et son ange :   le plan de Dieu pour sa Création n’est-il pas en effet un échec cuisant ?  Pourquoi continue-t-il donc avec ce plan ?  La destruction du monde est la seule solution viable,  et d’ailleurs, Dieu n’a-t-il pas dit : « je ferai disparaître totalement la souillure du milieu de toi » ?  Que Dieu détruise donc d’abord son peuple, puis le reste de sa  Création, puisque tout a échoué.  Car quelle raison reste-t-il de maintenir la Création après la Chute, s’il n’y a plus de peuple qui puisse remplir le rôle de nation sainte dans cette Création ? Amis auditeurs, ce n’est pas tant Josué qui se trouve au centre de l’accusation de Satan.  En fait Josué et Israël n’ont que peu de valeur aux yeux de Satan.  Ils ne comptent que dans la mesure où Satan peut se servir d’eux contre Dieu, car sa véritable cible n’est rien de moins que  le Dieu Éternel et Tout Puissant !  Ce qu’il veut, c’est faire admettre à Dieu  qu’il n’est pas en contrôle de sa Création et qu’il ne pourra pas en fin de compte réaliser son plan.  Dieu doit donc abdiquer de son trône tout puissant afin que Satan prenne sa place… Mais Satan ne peut forcer Dieu à abdiquer.  C’est pourquoi il utilise Josué, qui symbolise le peuple du Seigneur, et il montre à Dieu dans tous les détails combien sales sont les habits du grand-prêtre.  En faisant contempler à Dieu ces habits souillés, Satan veut lui renvoyer une image de lui-même, comme si Dieu se regardait dans un miroir.  Pour atteindre son but, le rusé serpent peut commodément se cacher derrière les témoignages authentiques et fiables que les prophètes de Dieu ont continuellement amassés contre Israël.

 

Mais soudain se produit un miracle.  Soudain l’accusateur se retrouve dans la position d’accusé, et se voit menacé.  «L’Éternel dit à Satan : Que l’Éternel te réduise au silence, Satan !  Oui, que l’Éternel te réduise au silence, lui qui a choisi Jérusalem !  Celui-ci n’est-il pas un tison arraché au feu ? »  Que s’est-il donc passé ?  Satan, tout aussi bon connaisseur de la Loi qu’il soit, oublie facilement les mots suivants, prononcés par Dieu dans sa Loi : « je punis les fils pour la faute de leur père, jusqu’à la troisième , voire la quatrième génération de ceux qui me haïssent.  Mais j’agis avec amour jusqu’à la millième génération envers ceux qui m’aiment et qui obéissent à mes commandements. »  Le  Seigneur a exercé son juste jugement, et appliqué la peine annoncée : Il a détruit par le feu Jérusalem et son temple en 586 avant Jésus-Christ.  Son jugement a été  exécuté par l’armée babylonienne.  Après cette destruction, trois ou quatre générations de Juifs ont vécu en exil .  Maintenant, le temps de la restauration est arrivé, sur la base d’une raison seulement : «l’Éternel a choisi Jérusalem ».  Ce choix de Jérusalem comme ville sainte est le fruit d’une décision souveraine, et l’Éternel va montrer à Satan  qu’il demeure maître de l’histoire et des circonstances.  Aux chapitres un et deux du livre de Zacharie, apparaît déjà la mention de  la restauration de Jérusalem.  Cela va bien sûr de pair avec la reconstruction du Temple, où des prêtres fidèles doivent désormais servir Dieu et favoriser une communion renouvelée avec lui.  Pour exécuter son plan, Dieu met en effet fin à l’impureté d’Israël.  Mais il ne le fait pas comme Satan voudrait qu’il le fasse.  Il va maintenant lui montrer qu’il a le pouvoir de faire disparaître cette impureté d’une toute autre manière, toute divine : après avoir puni son peuple, il sauve un tison du feu.  Comme seul peut le faire un roi à la fois tout puissant et gracieux ,  il déclare Josué pur, et cela devient réalité… Il pardonne, comme c’est dans sa nature, et il purifie son peuple par pure Grâce.  Certes, il est juste, mais il est aussi miséricordieux, sans que ces deux aspects entrent en conflit l’un avec l’autre, ou s’annulent mutuellement.  Et c’est ainsi que Satan, l’accusateur, qui ne sait pas ce que cela signifie que de pardonner, devient le grand perdant de ce procès tenu en présence de Dieu.  Comme nous l’avons dit la dernière fois, il s’agit bien d’un procès dont l’issue est tout autre que  ce à quoi on aurait pu s’attendre.  Voilà, chers amis, la plus belle expression de l’Évangile du Seigneur, telle qu’on la trouve dans l’Ancien Testament.

Mais nous verrons la prochaine fois comment la vision du prophète Zacharie nous met en présence de l’Ange du Seigneur, après la défaite de Satan.