L’ÉVANGILE DANS L’ANCIEN TESTAMENT (3)

 

Un procès tournant de manière totalement inattendue : c’est en ces termes, amis auditeurs, que  lors de nos deux dernières émissions, j’ai caractérisé la vision du prophète Zacharie, sur laquelle nous méditons ensemble.  Ce retournement extraordinaire, qui voit Satan, l’accusateur, mis au rang d’accusé, exprime justement l’Évangile de Grâce dont la Bible est porteuse depuis ses premières pages.  Dieu fait miséricorde, Dieu pardonne, même quand  tout indique que l’accusé est bien coupable.  Dans la vision du prophète Zacharie, le grand-prêtre Josué, symbolisant tout Israël, en particulier ses prêtres, porte des vêtements souillés, signe de l’infidélité, de la corruption et de tous les péchés du peuple.  Satan, l’accusateur, a de bons arguments pour étayer son accusation. Il n’a qu’à citer les paroles des prophètes que Dieu a envoyés vers son peuple à maintes reprises pour les reprendre.  Mais Dieu a un plan pour son peuple, qu’il accomplira quoiqu’il arrive.  Relisons ensemble cet extraordinaire passage de la Bible: « Puis il me fit voir Josué, le grand-prêtre, qui se tenait debout devant l’ange de l’Éternel.  Et Satan se tenait à sa droite pour l’accuser.  L’Éternel dit à Satan : Que l’Éternel te réduise au silence, Satan !  Oui, que l’Éternel te réduise au silence, lui qui a choisi Jérusalem !  Celui-ci n’est-il pas un tison arraché au feu ?  Or Josué était couverts d’habits très sales et il se tenait devant l’ange.  L‘ange s’adressa à ceux qui se tenaient devant lui et leur ordonna : Otez-lui ses vêtements sales !  Et il ajouta à l’adresse de Josué : Regarde, j’ai enlevé le poids de la faute que tu portais, et l’on te revêtira d’habits de fête.  Alors je m’écriai : Qu’on lui mette un turban pur sur la tête.  On lui posa donc le turban pur sur la tête, et on le revêtit d’autres habits.  Or l’ange de l’Éternel se tenait là.  L’ange de l’Éternel fit ensuite cette déclaration à Josué : Voici ce que dit le Seigneur des armées célestes : Si tu suis les chemins que j’ai prescrits et si tu obéis à mes commandements, tu exerceras dans mon temple les fonctions judiciaires, tu veilleras sur mes parvis, et je te te donnerai libre accès parmi ceux qui se tiennent ici.  Écoute donc, Josué, souverain sacrificateur, toi et tes compagnons qui sont assis devant toi ! – car ce sont des hommes qui serviront de préfiguration.  En effet je ferai venir mon serviteur, qui est appelé le Germe.  Voici que je pose une pierre devant Josué.  Sur cette pierre unique il y a sept yeux.  J’y graverai moi-même son inscription, le Seigneur des armées célestes le déclare.  En un seul jour, j’ôterai le poids de la faute que porte ce pays.  En ce jour-là – le Seigneur des armées le déclare- vous vous inviterez les uns les autres sous la vigne et sous le figuier. »

 

Voici donc, amis auditeurs, qu’au moment où Satan disparaît dans l’arrière plan de cette divine cour de justice, l’Ange de l’Éternel s’avance au devant.  Qui est-il ?  Dans l’Ancien Testament il est parfois distingué du Seigneur, et parfois totalement identifié avec lui.    C’est lui qui fait revêtir à Josué des vêtements propres. C’est lui qui annonce au grand prêtre que ses transgressions ont été pardonnées.  Dans le Nouveau Testament, nous lisons qu’une fois des docteurs de la loi se sont demandés, en présence de Jésus-Christ : «qui peut pardonner les péchés, si ce n’est Dieu seul?», et ce après que Jésus ait dit à un homme paralytique : « Mon ami, tes péchés te sont pardonnés ».  Bien sûr, ce sont des paroles que seul le Seigneur ou son ange peut exprimer avec effet. C’est dans le même sens de miséricorde que l’Ange peut aussi dire, au nom du Seigneur : « En un seul jour, j’ôterai le poids de la faute que porte ce pays. »  Il peut même promettre une forme de communion avec Dieu inouïe : « Si tu suis les chemins que j’ai prescrits et si tu obéis à mes commandements, tu exerceras dans mon temple les fonctions judiciaires, tu veilleras sur mes parvis, et je te te donnerai libre accès parmi ceux qui se tiennent ici ».  La restauration d’une prêtrise devant le Seigneur est désormais assurée, l’accès à Dieu est de nouveau rendu possible.  Le symbole d’une telle restauration  est le turban propre qui est posé sur la tête du grand-prêtre, sur l’insistance enthousiaste  du prophète Zacharie, intervenant lui-même dans cette scène.  Dans la loi de Dieu, au chapitre vingt-huit du livre de l’Exode, ce turban devait être le signe le plus spécial de l’habit du grand-prêtre. On devait lui attacher une fleur d’or pur, sur laquelle étaient gravés ces mots : « Consacré au Seigneur ».  Mais ce qui est étonnant, amis auditeurs, c’est que la purification du grand-prêtre Josué n’est pas obtenue par un cérémoniel rituel, comme la Loi dans l’Ancien Testament le prescrivait.  Le rôle du grand-prêtre était justement de servir de médiateur entre Dieu et son peuple.  Il entrait dans le Temple, à Jérusalem, et y accomplissait des rites de purification. Là il présentait les péchés du peuple à Dieu, et après que les rites de purification prescrits par la Loi aient été accomplis, il retournait vers le peuple pour annoncer le pardon divin.  Mais ici, il se passe quelque chose d’autre : quelqu’un d’autre et de bien plus grand que le grand-prêtre accomplit la purification en revêtant Josué d’habits propres : il s’agit de l’Ange de l’Éternel lui-même.  Josué n’accomplit aucun rite, il reçoit passivement les habits propres et le turban. Il est directement déclaré pur en présence du Dieu Saint.  Tout le cérémoniel de son office de grand-prêtre se trouve remplacé par un processus de purification que l’Ange de l’Éternel accomplit.  Donc, au-dessus de la prêtrise humaine de Josué, il existe dans le ciel un tout autre type de prêtrise qui remplace à la fois celle de Josué, et la restaure ! La vision que le prophète Zacharie reçoit s’étend donc beaucoup plus loin que  sa propre génération, celle de ces Juifs revenus à Jérusalem en l’an 539 avant Jésus-Christ, après soixante-dix ans d’exil.  Josué et ses amis sont appelés par l’Ange du Seigneur un signe de quelqu’un qui viendra un jour, un serviteur qu’il appelle « le Germe ».  Pourquoi « le Germe » ?  Parce que Dieu va faire germer quelque chose d’incorruptible du tison qu’il a arraché au feu et qui était presque entièrement brûlé. Ce nom « germe » est ici associé à un autre nom : « Mon serviteur », nom utilisé par d’autres prophètes de l’Ancien Testament pour indiquer une descendance royale.  Josué et ses amis sont donc une préfiguration d’un messie à venir qui sera à la fois prêtre et roi.  Nous comprenons alors beaucoup mieux pourquoi Satan accusait continuellement le grand-prêtre devant Dieu : à travers Josué, qui sert de  signe pour la venue du Germe, Satan voulait justement empêcher la venue  de cette prêtrise et royauté qui serait réunie dans la personne du  Messie.

 

Mais ses efforts resteront vains.  Le Germe viendra, comme l’Ange du Seigneur l’a annoncé.  Le plan de Dieu se réalisera.  C’est ce que confirme l’auteur de la lettre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament, au chapitre 7 :  « De nombreux prêtres se succèdent parce que la mort les empêche d’exercer leur fonction à perpétuité.  Mais Jésus, lui, parce qu’il  demeure éternellement, possède le sacerdoce perpétuel.  Voilà pourquoi il est en mesure de sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, puisqu’il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur auprès de Dieu. ». Voilà, chers amis qui êtes à l’écoute, la Bonne Nouvelle dont la Bible est porteuse : Un prêtre qui vit éternellement intercède pour nous auprès de Dieu et construit un Temple qui ne pourra jamais être détruit : ce temple est constitué de pierres vivantes, c’est-à-dire de tous ceux qui croient au nom de Jésus-Christ  et se soumettent à sa royauté et à sa prêtrise éternelles.

 

La vision du prophète Zacharie se termine sur un aperçu de ce que sera le futur : «  En un seul jour, j’ôterai le poids de la faute que porte ce pays.  En ce jour-là – le Seigneur des armées le déclare- vous vous inviterez les uns les autres sous la vigne et sous le figuier. »  Cette expression typique qu’on retrouve souvent dans l’Ancien Testament, indique la paix, la sécurité et la prospérité pour le peuple de Dieu.  Mais cette promesse n’est pas seulement adressée au grand-prêtre Josué et au peuple de Juda après leur retour d’exil.  Elle nous concerne également et fait intégralement partie de l’Évangile de la Grâce.  Cependant, tout comme pour Josué et ses compagnons, les conditions exprimées au verset sept nous concernent tout autant : « Si tu suis les chemins que j’ai prescrits et si tu obéis à mes commandements, tu exerceras dans mon temple les fonctions judiciaires, tu veilleras sur mes parvis, et je te te donnerai libre accès parmi ceux qui se tiennent ici. »  Il s’agit d’une Alliance renouvelée entre Dieu et son peuple.  Cette Alliance renouvelée implique, et même exige, une obéissance renouvelée de la part du peuple.  Le Germe promis - le Messie - est venu dans la personne de Jésus-Christ.  En sa personne s’est manifestée la nouvelle prêtrise, éternelle et incorruptible promise par l’Ange de l’Éternel  et dont Josué est une préfiguration.  La conséquence de ce nouvel état de choses est rendue explicite dans le Nouveau Testament, lorsque nous lisons le second chapitre de la première lettre de Pierre : « Quant à vous, nous dit Pierre,  vous êtes une race élue, une communauté de rois-prêtres, une nation sainte, un peuple que Dieu a libéré pour que vous célébriez bien haut les œuvres merveilleuses de celui qui vous a appelés à passer des ténèbres à son admirable lumière.  Car vous qui autrefois n’étiez pas son peuple, vous êtes maintenant le peuple de Dieu.  Vous qui n’étiez pas au bénéfice de la grâce de Dieu, vous êtes à présent l’objet de sa grâce. » Il ne faut jamais l’oublier, amis auditeurs, car ceux qui se sont mis au bénéfice de la Grâce de Dieu ne sont eux aussi,  après tout, qu’un tison arraché au feu.  S’ils sont devenus une nation de rois-prêtres, ce n’est pas à cause de leurs propres vertus, mais uniquement parce que Dieu a choisi d’envoyer son Fils sur terre, comme un agneau qui devait être abattu.  Il a été crucifié sur une croix, offrant en sa personne le sacrifice  requis pour la délivrance du peuple que Dieu veut  rassembler pour lui-même.  Il a établi une nouvelle prêtrise, éternelle et incorruptible, pour que ce peuple racheté devienne  une nation de rois-prêtres.  C’est ce dont témoigne l’apôtre Jean dans le Nouveau Testament, dans la vision qu’il a de  l’Église rassemblée autour de l’Agneau, c’est-à-dire Jésus-Christ, au cinquième chapitre de l’Apocalypse : « Oui, tu es digne de recevoir le livre et d’en briser les sceaux car tu as été mis à mort et tu as racheté pour Dieu, par ton sang répandu, des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, de toutes les nations.  Tu as fait d’eux un peuple de rois et de prêtres au service de notre Dieu, et ils règneront sur la terre. »