NE CHERCHEZ PAS LE VIVANT PARMI LES MORTS (2)

Amis auditeurs, je poursuis aujourd’hui une méditation entamée la dernière fois sur le thème : « Ne cherchez pas le vivant parmi les morts », paroles étonnantes prononcées par deux personnages aux vêtements resplendissants devant le tombeau vide de Jésus-Christ. Ces paroles s’adressaient à quelques femmes venues témoigner un dernier hommage à celui qu’elles avaient suivi depuis qu’il avait commencé à enseigner les foules de son peuple, quelque trois ans auparavant. Elles l’avaient vu crucifié sur une croix, elles avaient observé où l’on avait mis son corps supplicié, dans une tombe creusée dans le roc devant lequel une grosse pierre avait été placée. Relisons ensemble, si vous le voulez bien, le début du chapitre vingt-quatre de l’Évangile selon Luc : « Le premier jour de la semaine, elles se rendirent à la tombe de grand matin, en apportant les huiles aromatiques qu’elles avaient préparées. Elles trouvèrent que la pierre avait été roulée de devant le tombeau ; elles entrèrent mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Pendant qu’elles en étaient encore à se demander ce que cela signifiait, deux personnages vêtus d’habits étincelants se tinrent tout à coup devant elles. Elles étaient tout effrayées et baissaient les yeux vers le sol. Ils leur dirent alors : Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est plus ici, mais il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous disait quand il était encore en Galilée : « Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. » Elles se souvinrent alors des paroles de Jésus. Elles revinrent du tombeau et allèrent otut raconter aux onze disciples. C’étaient Marie de Magdala, Jeanne, Marie, la mère de Jacques. Quelques autres femmes, qui étaient avec elles, portèrent aussi la nouvelle aux apôtres ; mais ceux-ci trouvèrent leurs propos absurdes et n’y ajoutèrent pas foi. Pierre, cependant, partit et courut au tombeau. En se penchant, il ne vit que des linges funéraires. Il s’en retourna, très étonné de ce qui s’était passé. »

 

Le matin de ce premier jour de la semaine fut-il un matin comme tous les autres, amis auditeurs ? Comme tous les matins, Dieu fit lever son soleil. Mais depuis ce matin-là, le lever du soleil ne serait plus jamais le même pour tous ceux qui, par la foi, seraient devenus membres du corps du Christ ressuscité. Enfin quelque chose de nouveau s’était passé sous le soleil, quelque chose qui venait de briser le cycle immuable de la vie et de la mort. Le dimanche de Pâques signifie la fin des lugubres pierres tombales. Notre mort à chacun doit certes recevoir toute notre attention, mais non pas notre mort physique : bien plutôt la mort progressive de notre vieille nature, cette nature qui est vouée à la destruction, cette nature qui ne connaît pas Dieu et ne veut pas le connaître, cette nature qui cherche ses propres voies sans se soucier de la volonté du Créateur. Pour ceux qui croient, cette nature est journellement crucifiée et ensevelie avec Jésus-Christ, durant tout le voyage que dure notre vie. Mais avec Jésus-Christ, ceux qui croient sont aussi revenus de la mort, ils sont dotés d’une vie nouvelle et impérissable parce que désormais enracinée en celui qui a vaincu la mort. Voilà donc la mort qu’il nous faut rechercher avidememnt jour après jour, car elle mène à la transformation progressive de tout notre être. Il est un signe visible qui la symbolise parfaitement : c’est le baptême chrétien, par lequel le croyant est greffé en la mort et en la résurrection de Jésus-Christ.

 

« Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? » Aujourd’hui encore, cette question est des plus actuelles pour l’Église chrétienne. Si par exemple vous visitez la ville de Jérusalem, vous constaterez que sur l’emplacement présumé du tombeau du Christ, quelques églises vieilles de plusieurs siècles ont été érigées, comme si leur position géographique leur conférait une dimension spirituelle supérieure. Des cérémonies immuables y sont célébrées, qui ont remplacé la proclamation et l’explication de la parole vivante du Christ. Le souvenir et la transmission dynamique au monde des paroles qu’il a confiées à ses disciples a laissé la place à une pierre tombale en forme d’église. Cette pierre tombale ne diffère pas essentiellement de celles que l’on peut voir dans un cimetière. Jésus crucifié est devenu une image fixe, complètement statique, comme l’église qui se souvient de lui de cette façon.

 

Mais, dans le Christianisme moderne, il existe une autre façon de rechercher le vivant parmi les morts : toute une école de théologiens prétend découvrir le Jésus de l’histoire , sans prendre en compte sa résurrection, sans y ajouter foi. Comme pour les disciples, qui au tout début ne crurent pas au témoignage des femmes revenues du tombeau vide, cette nouvelle de la résurrection de Jésus-Christ apparaît comme une niaiserie pour la plupart de nos contemporains. Il y a déjà trois siècles que des théologiens sceptiques ont – pour ainsi dire- commencé à fouiller le tombeau vide dans un effort désespéré pour retrouver les ossements du Christ. Qui était-il vraiment, se demandent-ils, que s’est-il réellement passé après sa mort, de quels autres témoignages disposons-nous pour nous faire une idée du personnage de Jésus sans tomber dans une foi aveugle et irrationnelle en ce que rapportent les évangiles ? Bien qu’ils n’aient jamais rien trouvé, ils cherchent encore. En fait, tout ce qu’ils trouvent c’est leur propre théologie des ossements, une théologie de l’échec dont le Saint Esprit est absent. Cet esprit de scepticisme, né du courant philosophique du dix-huitième siècle qu’on appelle « les Lumières » a remplacé l’illumination du Saint Esprit par ces soi-disant « Lumières ». Elles ont placé la raison humaine au centre du monde, rejetant Dieu à la périphérie des préoccupations de l’homme. Nos théologiens sceptiques bâtissent sur le tombeau vide des monuments de raisonnements faux destinés à tomber en ruines. Puisque le Christ vivant ne peut être touvé, ceux qui cherchent sa trace dans la tombe vide se placent nécessairement au centre du message qu’ils proclament. Ne sont-ils pas en effet seuls avec eux-mêmes dans ce tombeau vide ? Et quel espoir un tel message peut-il contenir ? De fait, c’est le sort de tous ceux qui ne veulent pas prêter attention à la voix des anges que d’annoncer une sombre religion purement humaine, qui n’a d’autre horizon que la misère humaine. Il n’est pas étonnant que la mission ne reçoive aucune attention dans ces milieux religieux. Pourquoi devrais-je aller proclamer la nouvelle de ma propre misère et finitude au monde ? Personne ne s’y intéressera de toutes façons. Ce sera le sort de tous ceux qui auront entendu la vérité sur Jésus-Christ mais n’auront pas cru en sa résurrection, que de demeurer éternellement dans cette même tombe obscure où ils l’auront relégué, sans aucun espoir que la pierre soit roulée. En contraste avec cette obscure religion humaine,les femmes venues au tombeau tôt le matin du premier jour de la semaine, sont immédiatement allées rapporter la nouvelle aux disciples de Jésus, désemparés après sa mort sur la croix. Plus tard, ces mêmes disciples sont allés porter la bonne nouvelle aussi loin qu’ils l’ont pu. Aujourd’hui encore, cette dynamique proclamation de l’Évangile est la marque d’une Église vivante, qui, par l’Esprit vivifiant du Christ croit au Seigneur ressuscité, le tout à la gloire du Dieu vivant et éternel.

 

Amis auditeurs, il existe plus d’une manière de rechercher le vivant parmi les morts. Une Église qui ne repose pas sur l’Esprit du Christ témoignant de sa résurrection, est condamnée à creuser sa propre tombe. Une telle tombe peut-être impressionnante et jouir d’un grand prestige, sa forme visible peut attirer beaucoup d’hommes et de femmes, elle n’en demeure pas moins le siège d’ossements spirituels desséchés, à moins que l’Esprit vivant de Dieu ne vienne ébranler jusqu’à ses fondements cette institution humaine. Elle n’aura de part à la vie éternelle que si elle est rebâtie sur le fondement inébranlable de la résurrection de Jésus-Christ.

 

L’Esprit du Christ ressuscité appelle tous les hommes et les femmes, sans distinction de race, de couleur, de culture, d’âge ou de nationalité, vers la lumière, comme en témoignent les vêtements resplendissants des anges rencontrés par les femmes devant le tombeau vide. Cet Esprit libère l’homme des ténèbres de la tombe ; il fait de ceux qui croient les pierres vivantes d’un monument éternel, un temple spirituel, le corps du Christ ressuscité. A lui, le Seigneur qui règne, l’honneur, la louange et la gloire pour l’éternité.