LES DIX COMMANDEMENTS (9)
Chers auditeurs de “Foi
et Vie Réformées”, je poursuis aujourd’hui la série de méditations sur
le Décalogue, c’est-à-dire les Dix Commandements, avec le septième
commandement: “Tu ne commettras pas d’adultère”.
Ce commandement nous
parle avant tout de la maîtrise de notre corps dans l’exercice de la sexualité.
Cette dimension intime de notre personne, qui s’exprime physiquement en
vue de notre épanouissement et celui de notre conjoint, a été voulue et créée
par Dieu. Elle est poétiquement célébrée
sur les toutes premières pages de la Bible, lorsqu’Adam, mis en présence
d’Eve, entonne ce chant: “Cette fois c’est l’os de mes os, la chair
de ma chair. C’est elle qu’on
appellera femme, car elle a été prise de l’homme.” Et, ajoute
le livre de la Genèse: “ C’est pourquoi l’homme quittera son père
et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.”
Dans la Bible, un livre
entier, le Cantique des Cantiques, est l’expression du chant d’amour entre
deux amants.
Pourtant, après la
Chute, cette relation se trouve faussée et obscurcie de plusieurs manières.
La maîtrise du corps et l’épanouissement du couple humain dans la
sexualité sont changées en simple
assouvissement, puis en asservissement, souvent en impossibilité de
communiquer. La relation d’alliance exclusive au sein du couple
est souvent remplacée par une quête effrénée et jamais assouvie d’expériences
qui semblent d’abord gratifiantes, mais qui en fait contribuent à détruire
la personne qui s’y adonne. Destruction
souvent physique, toujours morale et spirituelle. Certains éprouvent
l’impossibilité de trouver un conjoint; d’autres refusent de chercher un
conjoint; d’autres encore sont déçus par rapport aux aspirations nourries
dans une première phase du mariage. Chacun
se met alors en quête de solutions alternatives, dans l’oubli ou le rejet de
l’ordre établi par le Créateur au commencement.
Cet ordre est le plus souvent nié. “Que
chacun agisse comme il lui plaît, dans le domaine de la sexualité comme dans
tous les autres; ni Dieu ni maître”, voilà le slogan en vigueur.
Trahisons, violences, abus, dégradation physique et morale sont les
fruits de cet état d’esprit en révolte contre Dieu le Créateur.
Mais, me demanderez-vous, la maîtrise du corps
est-elle vraiment possible? Le septième
commandement, qui souligne le cadre dans lequel Dieu ordonne que notre sexualité
s’exerce, n’est-il pas tout simplement impossible à observer, si l’on
prend en compte la constitution humaine et l’instinct sexuel?
Paul écrit ce qui suit aux Chrétiens de Thessalonique (1 Thess. 4:3-5):
“Ce que Dieu veut, c’est que vous meniez une vie sainte: que vous
vous absteniez de toute immoralité; que chacun de vous sache gagner une
parfaite maîtrise de son corps pour vivre dans la sainteté et l’honneur,
sans se laisser dominer par des passions déréglées, comme le font les païens
qui ne connaissent pas Dieu.” Ce
passage nous aide à comprendre la portée du septième commandement.
Le contraste avec un style de vie déréglé, celui de ceux qui ne
connaissent pas Dieu, nous permet de comprendre le cadre de ce commandement.
Un autre passage du Nouveau Testament, dans la lettre aux Hébreux cette
fois (13:4), nous donne un autre éclairage sur cette question: “Que chacun
respecte le mariage et que les époux restent fidèles l’un à l’autre, car
Dieu jugera les débauchés et les adultères.”
On ne peut comprendre le septième commandement sans
considérer que la relation d’alliance dans le couple reflète l’Alliance
entre Dieu et les hommes. De même
que le peuple de Dieu, c’est à dire les croyants rassemblés dans l’Église,
voue une adoration et un amour exclusifs au Dieu qui l’a créé et sauvé par
Jésus-Christ, de même les époux se doivent une fidélité mutuelle qui exclut
toute autre partie. Dans
l’ensemble du Nouveau Testament
apparaît l’image du Christ comme l’époux, et de l’Église comme l’épouse.
Paul l’énonce de cette façon dans sa lettre aux Chrétiens de la
ville d’Éphèse (chapitre 5): “Maris, aimez vos femmes comme le Christ a
aimé l’Église: il a donné sa vie pour elle afin de la rendre digne de Dieu
après l’avoir purifiée par sa Parole, comme par le bain nuptial.
Il a voulu ainsi se présenter cette Église à lui-même, rayonnante de
beauté, sans tache, ni ride, ni aucun défaut, mais digne de Dieu et irréprochable.
Voilà comment les maris, eux aussi, doivent aimer leur femme comme si
elle était leur propre corps; ainsi celui qui aime sa femme s’aime lui-même.
Car personne n’a jamais haï sa propre chair; au contraire, chacun la
nourrit et l’entoure de soins, comme le Christ le fait pour l’Église, parce
que nous sommes les membres de son corps.” Le
même Paul, dans un autre passage de ses écrits (cette fois dans sa première
lettre aux Corinthiens, au chapitre 6) développe cette idée que nous sommes
les membres du Christ, en rapport avec la question de l’immoralité: “Ignorez-vous,
écrit-il, que vos corps sont des membres du Christ?
Vais-je donc arracher les membres du Christ pour en faire ceux d’une
prostituée? Sûrement pas!
Ou bien ignorez-vous qu’un homme qui s’unit à une prostituée
devient un seul corps avec elle? Car
il est écrit: Les deux ne feront plus qu’un.
Mais celui qui s’unit au Seigneur devient, lui, un seul esprit avec
lui. C’est pourquoi fuyez les
unions illégitimes. Tous les autres
péchés qu’un homme peut commettre n’impliquent pas intégralement son
corps, mais celui qui se livre à la débauche pèche contre son propre corps.
Ou bien ignorez-vous que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui
vous a été donné par Dieu et qui, maintenant, demeure en vous?
Vous ne vous appartenez donc pas à vous-mêmes.
Car vous avez été rachetés à grand prix.
Honorez donc Dieu dans votre corps.”
A la lumière de ces textes on comprend mieux, amis auditeurs, l’importance et la signification du septième commandement. Notre conduite sexuelle n’est pas seulement une affaire privée, mais elle reflète aussi nos intentions vis-à-vis de Dieu et notre participation au corps de Christ, dont nous sommes les membres. Comme de nos jours, dans l’Antiquité grecque et romaine l’immoralité sexuelle était une chose couramment acceptée et pratiquée comme normale. La pédophilie était même reconnue comme une forme supérieure d’amour et de sexualité, bien au-dessus du mariage qui, lui, ne servait qu’à perpétuer la société par la procréation. Pour d’autres, le corps humain n’avait aucune valeur, il faisait partie du monde de la matière, considéré comme mauvais. Seule la dimension dite spirituelle de la vie humaine comptait. On pouvait donc faire ce qu’on voulait de son corps, cela n’avait aucune importance puisque le corps était destiné à disparaître. C’est le monde dans lequel vivaient Paul et les jeunes églises auxquelles il écrivait ses lettres. Il leur enjoignait de couper radicalement avec ce monde-là et démontrait que le corps humain a beaucoup d’importance aux yeux de Dieu qui l’a créé. Dans le même passage de sa première lettre aux Corinthiens, Paul écrit encore: “Ne vous y trompez pas: il n’y aura point de part dans l’héritage de ce Royaume pour les débauchés, les idolâtres, les adultères, les pervers ou les homosexuels, ni pour les voleurs, les avares, pas plus que pour les ivrognes, les calomniateurs ou les malhonnêtes. Voilà bien ce que vous étiez, certains d’entre vous. Mais vous avez été lavés, purifiés du péché, vous avez été déclarés justes au nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit de notre Dieu.”
Mais revenons à la question que je posais tout à l’heure: est-il possible de vivre en plein accord avec le septième commandement, dans toutes ses implications? Le catéchisme de Heidelberg pose la question: “Que m’ordonne le septième commandement?” et y répond comme suit: “Toute souillure étant maudite de Dieu, nous devons la haïr de tout coeur et vivre avec pureté et sobriété soit dans le saint mariage, soit hors de cet état.” Comme c’est le cas pour l’obéissance aux autres commandements, il s’agit d’un processus de croissance: aucun être humain n’est parfait. Seul Jésus-Christ, le fils éternel de Dieu devenu homme, a été parfait en tous points, et a accompli parfaitement la Loi de Dieu afin que ceux qui croiraient en lui soient mis au bénéfice de son obéissance et de sa perfection. Il est celui qui intercède, qui prie auprès de son Père pour ceux qui croient en lui. Il est le grand-prêtre qui nous permet de nous approcher de Dieu. L’auteur de la lettre aux Hébreux, écrit ceci (4:14-16) pour fortifier ses lecteurs lorsqu’ils sont en proie à une tentation quelconque: “Nous n’avons pas un grand-prêtre qui serait incapable de se sentir touché par nos faiblesses. Au contraire, il a été tenté en tous points comme nous le sommes, mais sans commettre de péché. Approchons-nous donc du trône du Dieu de grâce avec une pleine assurance. Là, Dieu nous accordera sa bonté et nous donnera sa grâce pour que nous soyons secourus au bon moment.”
Amis auditeurs, il est
impossible qu’au cours de sa vie l’on ne subisse aucune tentation d’une
manière ou d’une autre. (Il
existe bien d’autres tentations que celle de l’immoralité sexuelle.)
C’est uniquement dans la prière et la confiance en ce grand-prêtre
divin qu’est Jésus-Christ, que l’on peut combattre, rester ferme, se sentir
porté par la Grâce et l’amour divins, voire être remis sur le chemin de
l’obéissance à la Loi parfaite de Dieu après lui avoir désobéi.
Voilà pourquoi l’auteur de la lettre aux Hébreux peut encore écrire:
“Ainsi, puisque nous avons en Jésus, le Fils de Dieu, un grand-prêtre éminent
qui, après avoir traversé les cieux, est auprès de Dieu, demeurons fermement
attachés à la foi que nous reconnaissons comme vraie.”