LES DIX COMMANDEMENTS (10)
Amis auditeurs,
aujourd’hui, nous en arrivons au huitième commandement du Décalogue: “Tu
ne commettras pas de vol”. A
ce sujet, le Catéchisme de Heidelberg demande: “Que Dieu défend-il dans
le huitième commandement? Il y répond de la manière suivante: “Dieu
défend non seulement le vol et le pillage que punit le magistrat mais aussi
tous les mauvais moyens et desseins par lesquels nous essayons de nous emparer
du bien de notre prochain, que ce soit par violence ou tricherie (comme par de
faux poids, de fausses mesures, de faux métrages, de fausses marchandises, de
fausses monnaies, par usure) ou par tout autre moyen défendu par Dieu; Il nous
interdit aussi toute avarice et tout gaspillage de ses dons.”
Le huitième
commandement, si l’on cherche à bien en saisir la portée, défend bien plus
que le simple vol à l’étalage, les cambriolages ou les larcins des
pickpockets: il a trait à toutes
sortes de pratiques courantes dans la société, dans le monde du travail, du
commerce et de la finance publique ou privée.
A la racine de toutes ces pratiques malhonnêtes se trouve une idolâtrie
fondamentale: celle qui consiste à croire que le monde nous appartient, et que
nous pouvons en disposer comme bon nous semble.
La Bible, au contraire, enseigne que le possesseur et maître de
l’univers tout entier en est son Créateur, le
Dieu qui déclare, au psaume vingt-quatre:
“La terre et ses richesses appartiennent à l’Éternel.
L’univers est à lui avec ceux qui l’habitent.
C’est lui qui a fondé la terre sur les mers, qui l’a établie
fermement au-dessus des cours d’eau.” Voyez-vous, nous autres humains, créatures passagères
sur cette terre, ne sommes que les dépositaires, mandataires et gérants de
cette possession qui appartient exclusivement à Dieu.
Tout ce que nous possédons, dûment et légalement, est à Dieu, qui
nous le confie et nous demande de le gérer au mieux.
Celui qui dérobe commence par nier que Dieu est le possesseur de toutes
choses et qu’il peut les donner à qui il lui plaît.
Dans son for intérieur, une
telle personne agit avec la pensée mensongère et orgueilleuse qu’elle a le
droit et le pouvoir de disposer de toutes choses, même de ce qui ne lui
appartient pas. Le huitième
commandement ne vise donc pas seulement à protéger chacun contre une
spoliation malfaisante opérée par quelqu’un d’autre, mais, davantage
encore, à affirmer que Dieu est le propriétaire exclusif de sa Création.
Notez que le Catéchisme applique aussi le huitième
commandement aux actes que le magistrat (c’est-à-dire l’autorité publique)
ne punit pas, ou peut-être qu’il ne voit pas.
Comme pour les autres commandements, une transgression vis-à-vis de la
Loi de Dieu n’est pas tout acte punissable par la Loi, mais tout acte, pensée
ou intention qui transgresse la volonté de Dieu.
Il y a là une différence de taille!
Autrement il suffirait de se dire que tant que nous ne nous faisons pas
prendre ou arrêter par les autorités publiques,
nous ne transgressons pas le commandement de Dieu.
La Loi divine juge des pensées et intentions les plus secrètes, celles
qu’aucun autre être humain ne peut percevoir.
Mais revenons aux pratiques commerciales malhonnêtes
que mentionne le Catéchisme: faux
poids, fausses mesures, toute tromperie sur la qualité et la quantité d’une
marchandise. Il faut naturellement
étendre cette sorte de vol à la mauvaise qualité de services rendus contre
paiement. Le catéchisme parle aussi de fausses monnaies.
S’agit-il seulement des fausses monnaies fabriquées secrètement par
de faux-monnayeurs? Que penser
de l’activation de la planche à billet par les gouvernements, lorsque cela
leur permet de couvrir artificiellement les déficits publics?
Cette monnaie est alors complètement dévalorisée, au détriment de
ceux qui ont travaillé dur pour gagner un salaire mérité.
Le Catéchisme parle aussi de l’usure, c’est-à-dire
des prêts à un taux d’intérêt extrêmement élevé, qui enfonce dans une
dette insurmontable ceux qui sont réduits à faire de tels emprunts.
Très souvent, il ne s’agit pas de cas isolés, d’individus soit
irresponsables soit forcés par des accidents financiers à recourir à ces
emprunts; il s’agit de l’ensemble des habitants d’un pays n’ayant accès
à aucune autre forme de crédit que celui alloué par les banques.
Celles-ci suivent le taux imposé par la banque centrale de leur pays:
taux excédant souvent vingt pour cent. Les
causes de ces taux d’intérêts si élevés sont diverses, et sont liées
entre autres à la politique économique d’un État, ou à la spéculation
financière internationale ainsi qu’à bien d’autres facteurs, souvent
difficiles à déterminer avec précision. Quoi
qu’il en soit, partout où un profit substantiel est effectué soit par des
individus soit par des institutions financières grâce à des taux d’intérêt
si élevés qu’ils asservissent littéralement ceux qui sont forcés d’y
avoir recours, nous avons affaire à une violation du huitième commandement.
Dans la pratique commerciale moderne, on parle même de “vendre de la
dette”, c’est-à-dire que les fournisseurs d’un produit, comme par exemple
les compagnies qui vendent des voitures, développent
des techniques commerciales de plus en plus rafinées pour faire en sorte
que leurs clients s’endettent à plus long terme, et payent donc davantage
d’intérêts sur la somme qu’ils empruntent.
Dans bien des pays dits développés chacun peut dépenser des sommes énormes
qu’il n’a pas en sa possession, grâce au système du crédit.
Les nations les plus riches sont aussi les plus endettées, mais bénéficient
de ce crédit et continuent leur politique économique d’endettement sans se
soucier de rembourser leur dette publique. On
est en droit de se demander dans quelle mesure les biens matériels acquis de
cette manière le sont en violation du huitième commandement.
Mais, amis auditeurs, parlons maintenant de la
loterie. Le Catéchisme nous dit que
Dieu défend aussi tous les mauvais moyens et desseins par lesquels nous essayons
de nous emparer du bien de notre prochain, que ce soit par violence ou
tricherie. Le loto, ou la loterie,
font-ils partie de ces mauvais moyens et desseins?
Oui, à n’en pas douter, car ce jeu collectif pour acquérir de
l’argent sans l’avoir gagné par son propre travail, est basé sur la perte
subie par les autres joueurs. Bien sûr,
tous les joueurs savent qu’ils risquent de perdre leur mise, et celle-ci est
souvent modeste. Chaque joueur
accepte les règles du jeu. Mais un
tel profit est basé sur la convoitise de biens acquis sans aucun effort, sans
aucune gestion saine, sans aucune créativité.
Chacun espère seulement qu’il tirera le numéro gagnant, et que tous
les autres joueurs perdront pour que lui seul gagne.
Le fait que tous les joueurs acceptent la règle du jeu ne rend pas cette
convoitise de l’argent des autres moins coupable.
L’addition des convoitises individuelles ne fait pas de chacune
d’entre elles une pensée moins coupable.
D’autre part, le jeu, sous forme de loterie ou sous toute autre forme,
devient souvent un véritable esclavage, à la même échelle que la
consommation de drogues ou la pornographie.
Les plus pauvres sont aussi ceux qui, par espoir de gagner, misent et
perdent la plus grande partie de
leurs maigres ressources. Ils les
gaspillent et privent ainsi leur famille de leur subsistance.
Le jeu encourage la paresse et nourrit l’espoir d’un gain hypothétique.
Qui s’enrichit vraiment dans cet infect trafic?
Bien sûr les organisateurs, ceux qui ne perdent jamais, mais retirent à
tous les coups un profit de la perte des autres.
Que dire de l’État qui est le plus souvent le gérant des loteries?
Il est le plus grand voleur. Souvent,
pour justifier son engagement, il prend pour prétexte le financement
d’oeuvres charitables, ou de projets utiles à la collectivité nationale.
Quel mensonge! Comment
peut-on prétendre aider une partie des pauvres en incitant d’autres pauvres
à s’appauvrir davantage?
Un autre
point que le catéchisme souligne, est celui du gaspillage des dons accordés
par Dieu. En d’autres termes, la
mauvaise gestion aboutissant à la perte de biens qui auraient pu profiter à
certains. Gaspillage de la
nourriture, comme il est pratiqué à grande échelle dans les pays riches,
gaspillage des ressources naturelles, des deniers publics.
Et, au-delà même des ressources matérielles, gaspillage des talents et
dons individuels, mal appliqués, ou perdus; gaspillage de l’énergie et de la
créativité individuelles pour des actions ou entreprises qui ne profitent à
personne.
Quant à l’avarice, également mentionnée par le
Catéchisme, elle est l’expression même de l’attitude mentionnée au début
de cette émission, et qui consiste à se croire le propriétaire de tous les
biens du monde. Acquérir toujours
plus de richesses, sans partager quoi que ce soit ou faire bénéficier
quiconque de ces richesses, est le signe d’un égoïsme profond et d’une
incapacité à aimer son prochain. Au
fond, l’avare travaille à la destruction de son prochain, dont il dénie
implicitement, par son comportement, le droit d’exister à côté de lui. Pour
l’avare, aucune relation humaine avec les autres n’est possible.
Un jour que quelqu’un lui a demandé d’intervenir pour que l’hériatge
de son père soit partagé justement entre lui et son frère, Jésus-Christ a
averti ses auditeurs (Luc 12:15): “Gardez-vous avec soin du désir de posséder,
sous toutes ses formes, car la vie d’un homme, si riche soit-il, ne dépend
pas de ses biens.” Et Paul
avertit également les Chrétiens de Corinthe sur la même question, en leur écrivant
que ni les voleurs ni les avares n’auront part au Royaume de Dieu (I Cor.
6:10).
Amis auditeurs, lors de notre prochain message, nous
continuerons à réfléchir ensemble sur les implications du huitième
commandement, à la lumière du Catéchisme de Heidelberg.
Je vous donne donc rendez-vous à notre prochaine émission de “Foi et
Vie Réformées”.