LES DIX COMMANDEMENTS (12)
Amis auditeurs, le neuvième
commandement du Décalogue déclare: “Tu ne porteras pas de faux témoignage
contre ton prochain”. A son
propos, le Catéchisme de Heidelberg écrit ceci: “Que m’ordonne le neuvième
commandement? Réponse: De ne
pas porter de faux témoignage contre quiconque; de ne pas tordre les paroles de
quiconque; de n’être ni médisant, ni calomniateur, de ne pas aider à la
condamnation inconsidérée de quelqu’un sans qu’il ait été entendu; mais
d’éviter tout mensonge et toute tromperie comme autant d’oeuvres du Diable
lui-même, afin d’éviter la terrible colère de Dieu.
Soit en justice, soit en toute autre occasion, je dois aimer la vérité
et la confesser sincèrement. Enfin,
je dois, de tout mon pouvoir, soutenir l’honneur et préserver la réputation
de mon prochain.”
Consultons aussi le Catéchisme de Genève, contemporain de celui de
Heidelberg, pour comparer leur enseignement au sujet du neuvième commandement:
L’interdiction
concerne-t-elle seulement les faux témoignages devant un tribunal ou, d’une
façon générale, tout mensonge proféré contre notre prochain? Réponse: Tout un enseignement est condensé en une seule formule.
C’est la condamnation de la calomnie, et aussi des insinuations
malveillantes visant à ternir la réputation de son prochain, ou à porter préjudice
à ses affaires.
Mais
pourquoi ce commandement met-il l’accent sur le faux témoignage, c’est-à-dire
le mensonge proféré en public? Réponse: Pour rendre ce
travers plus haïssable encore. En
effet, si l’on prend l’habitude de dire du mal, à tort ou à travers, on en
viendra très vite au faux témoignage, si l’occasion se présente de diffamer
le prochain.
N’est-ce
là que le rejet de la malveillance dans le langage, ou aussi celui des pensées
mal intentionnées et des jugements entachés de mauvaise foi? Réponse: L’un et l’autre, pour la raison que j’ai déjà dite.
Car si les hommes jugent de l’acte, Dieu, lui, considère aussi
l’intention.
Résume
à présent l’essentiel de ce commandement. Réponse:
Il condamne cette tendance que nous avons à mal juger notre prochain et à médire
sur son compte. En revanche, il nous
invite à user d’équité et de bienveillance, à penser du bien de lui –
dans les limites de la vérité, bien sûr!- et à garder intacte sa réputation.
Vous le voyez, amis
auditeurs, aussi bien le Catéchisme de Heidelberg que celui de Genève
soulignent, chacun à leur manière, les mêmes aspects à propos de ce
commandement. La gravité du faux témoignage
aux yeux de Dieu apparaît à maintes reprises dans sa Parole.
Nous lisons par exemple dans le livre des Proverbes, donc dans l’Ancien
Testament, plusieurs passages ayant trait à ce thème: “Le faux témoin ne
sera pas tenu pour innocent, et celui qui profère des mensonges n’échappera
pas” (Proverbes 19:5); “Les lèvres fausses sont en horreur à l’Éternel,
mais ceux qui agissent avec fidélité ont sa faveur” (Pr. 12:22);
“Le juste déteste les mensonges, mais le méchant répand la honte et la
confusion” (Pr. 13:5). “Le témoin menteur périra, mais l’homme
qui écoute pourra toujours parler” (Pr. 21:28).
Dans le Nouveau Testament, nous lisons, sous la plume de Paul, les
paroles suivantes: “C’est pourquoi, rejetez le mensonge, et que chacun de
vous parle avec vérité à son prochain; car nous sommes membres les uns des
autres (Eph. 4:25). Mais reprenons ensemble les éléments de
l’enseignement du Catéchisme de Heidelberg.
Le neuvième commandement a pour centre l’amour de la vérité par
rapport à notre prochain. Il nous
rappelle aussi que Satan, l’ennemi de Jésus-Christ,
est le père du mensonge. Jésus-Christ
l’a affirmé en ces termes à ceux qui le calomniaient: “Vous avez pour père
le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père.
Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne s’est pas tenu dans
la vérité, parce que la vérité n’est pas en lui. Lorsqu’il profère le
mensonge, ses paroles viennent de lui-même car il est menteur et le père du
mensonge.” (Jean 8:44). Le
mensonge consistant à dire faussement du mal de notre prochain est une forme de
meurtre, dans le sens qu’il est proféré pour détruire ou réduire à néant
le prochain en question. Voyez par
exemple les campagnes de diffamation publique auxquelles se livrent certains
journalistes, pour démolir la réputation d’une personnalité politique ou
autre. On distille de soi-disant
informations non prouvées pour semer le doute dans les esprits.
On répand la calomnie, en sachant qu’elle ira loin et restera gravée
dans les esprits de ceux qui l’auront entendue.
“Il n’y a pas de fumée sans feu” dit le proverbe.
Même si le feu n’est jamais découvert, la fumée, elle, continue à
se répandre et à intoxiquer les uns et les autres.
Dans les relations internationales aussi, fleurit la calomnie.
C’est une forme de guerre verbale pour emporter l’adhésion
d’autres pays à sa propre politique extérieure.
Comme le Catéchisme de Heidelberg le rend explicite, tordre les paroles
de quelqu’un est une forme faux témoignage.
C’est exactement de cela que Satan se rend coupable au début du livre
de la Genèse, lorsqu’il cite de manière tordue les paroles de Dieu prononcées
à l’égard d’Adam. Jésus-Christ
a été confronté toute sa vie aux faux témoignages de ceux qui, possédés
par l’esprit mensonger de Satan, cherchaient à faire cesser son ministère.
Au cours du procès injuste qui l’a condamné à être crucifié, on a
fait paraître des faux témoins, dont le témoignage, d’ailleurs, ne
s’accordait pas. Si bien que
c’est sur le témoignage - véridique cette fois - de Jésus-Christ lui même,
qu’il a été condamné à mort.
Le Catéchisme souligne
la nécessité d’entendre toute personne accusée.
Il n’y a aucune justice là où quelqu’un, accusé d’un méfait
quelconque, n’a pas la possibilité de se défendre, ou de s’expliquer.
On ne condamne pas quelqu’un à la légère, sans qu’il y ait eu
audition de témoins assermentés, sans que les faits aient été prouvés,
selon l’expression consacrée, au delà de tout doute raisonnable.
Le Catéchisme de Genève, lui, insiste sur l’intention mensongère qui
naît dans le coeur, se poursuit dans les médisances, les racontars, et aboutit
finalement au faux témoignage devant une cour de justice.
Il nous rappelle aussi que si les hommes jugent l’acte, Dieu, lui,
considère aussi l’intention. Comme
je l’ai déjà dit une fois précédente,
la loi, qui est spirituelle, nous rend coupable devant Dieu même si les hommes
ne nous trouvent pas coupables. S’il
suffisait de ne pas pécher contre son prochain tant que nous ne sommes pas jugés
par une loi humaine, nous pourrions commettre toutes sortes d’injustices sans
craindre d’être punis. Les lois
humaines se doivent de refléter la Loi parfaite de Dieu; mais elles sont
elles-mêmes toujours imparfaites. Elles
doivent aussi faire face à toutes sortes de transformations sociales qui
rendent nécessaire leur adaptation. De
nouvelles formes de crimes ou de fraudes naissent chaque jour dans le coeur
mauvais des hommes, nécessitant de nouvelles législations qui mettent du temps
à être mises en place puis appliquées (quand elles le sont).
Sans parler bien sûr des lois iniques qui couvrent toutes sortes
d’exactions. Dieu, qui connaît le
coeur des hommes et ce qui s’y mijote, a déjà jugé des intentions
mauvaises, avant même que nous soyons passés à l’acte.
Enfin, le Catéchisme de
Heidelberg, comme celui de Genève, souligne que nous devons être menés par
l’amour de la vérité et la recherche de la bonne réputation de notre
prochain. Ne jugeons pas non plus
sur les apparences, ni sur la base de préjudices infondés.
Le neuvième commandement ne nous demande pas seulement de ne pas porter
faux témoignage contre notre prochain, mais de rectifier tout mensonge proféré
à son égard, de s’élever et de témoigner en sa faveur lorsqu’il est
accusé à tort, que ce soit de manière privée ou publique.
Le tout dans l’amour de la vérité.
Il ne s’agit pas d’essayer d’innocenter quelqu’un trouvé
coupable à juste titre, car cela aussi constitue un faux témoignage.
Encore une fois, il s’agit d’aimer la vérité, telle que nous
apprenons à en juger par la Parole de Dieu, et de la dire sans avoir peur des
conséquences possibles. Etre témoin
de Jésus-Christ, c’est aussi être témoin de la vérité en toute occasion.
Amis auditeurs, la
prochaine fois nous méditerons ensemble sur le dixième commandement, le
dernier du Décalogue, qui nous enjoint de ne rien convoiter qui appartient à
notre prochain.