VOS QUESTIONS, NOS RÉPONSES (10)
A la toute fin de
l’Ancien Testament, au livre du prophète Malachie, Dieu reprend sévèrement
son peuple par la voix du prophète, justement parce qu’ils ne paient pas la dîme
honnêtement. Je vous lis ce
passage: “Depuis le temps de vos ancêtres, vous vous détournez de mes
lois et vous n’y obéissez pas. Revenez
donc à moi, et moi, je reviendrai à vous, déclare l’Éternel, le Seigneur
des armées célestes. Et vous
dites: “Comment devrons-nous revenir? Un
homme peut-il voler Dieu?” Pourtant
vous me volez, et puis vous demandez: “En quoi t’avons-nous donc volé?”
Lorsque vous retenez vos offrandes et vos dîmes!
Vous êtes sous le coup d’une malédiction parce que tout ce peuple,
vous tous, vous me volez. Apportez
donc vos dîmes dans leur totalité dans le trésor du Temple pour qu’il y ait
des vivres dans ma demeure!”
La question que bien des
Chrétiens posent est de savoir si l’ordonnance de la dîme est valide
aujourd’hui comme elle l’était dans l’Ancien Testament.
N’est-il pas suffisant de donner de tout son coeur, quel que soit le
pourcentage de ses revenus qu’on verse à son Église? Ce qui compte avant
tout n’est-il pas la disposition du coeur? Est-il
important de fixer un taux, pourvu qu’on le fasse dans une bonne disposition
d’esprit?
Première remarque:
il est vrai que nul part dans l’enseignement du Nouveau Testament
le don du dixième de nos revenus n’est prescrit en tant que tel, soit
par Jésus-Christ, soit par les apôtres. Mais
il faut immédiatement ajouter que nul part non plus il n’est dit ou impliqué
que le principe de la dîme tel qu’il est institué dans l’Ancien Testament,
a été aboli. La dîme ne fait pas
partie des cérémonies de purification ou des sacrifices qui ont été abolis
parce qu’ils ont été parfaitement accomplis par Jésus-Christ dans sa vie
ici-bas. Il n’y a aucune raison de
penser que les premiers chrétiens qui se réunissaient dans les synagogues ou
dans leurs maisons privées, ont cessé de contribuer à l’entretien du culte
de la manière prescrite par la Loi de Dieu.
En fait, bien des ordonnances de l’Église des premiers siècles
maintiennent explicitement le principe de la dîme.
Avant même d’aller
plus loin et de parler du pourcentage que chaque croyant membre de l’Eglise
doit reverser à celle-ci sur ses revenus personnels, il faut commencer par
souligner que d’après la Bible l’entretien de l’Eglise, de ses pasteurs
ou évêques, et de ses diverses activités, est le fait de la communauté chrétienne.
Ce n’est pas à l’État de subventionner l’Église, car même si
cette pratique est en vigueur dans certains pays, elle contrevient à
l’enseignement biblique. L’Église
et ceux qui sont à son service de manière spéciale, que ce soit à mi-temps
ou à plein temps, vit des dons de ses membres.
Etre inféodé à l’État financièrement signifie toujours lui devenir
inféodé à d’autres égards un jour ou l’autre.
On le voit bien dans nombre de pays, où les dictateurs locaux corrompent
le clergé en le comblant de dons ou de privilèges, afin que celui-ci fasse la
promotion politique du régime en place durant les cultes, les homélies ou dans
les lettres pastorales. Des formes
de contrôle idéologique par l’État peuvent aussi s’exercer de manière
plus subtile. Le même principe doit
s’appliquer aux instituts de formation théologique d’où sort le clergé.
L’État a une tendance naturelle à outrepasser ses devoirs et
fonctions telles que Dieu les a institués, et à vouloir s’immiscer dans le
contenu de l’enseignement dispensé.
Dans nombre de pays
pauvres, les membres des jeunes communautés chrétiennes ne font pas l’effort
de subvenir au besoin de leurs pasteurs, évêques ou dirigeants, même quand
ceux-ci travaillent à plein temps pour l’Église.
Beaucoup considèrent très naïvement que le pasteur étant un homme de
Dieu, lui et sa famille reçoivent directement du ciel leur nourriture et
entretien. Il lui suffit de prier
pour que ses problèmes matériels soient immédiatement résolus.
On vient même le trouver pour lui demander de pourvoir lui-même aux
besoins des nécessiteux, alors que lui et sa famille se trouvent bien souvent
dans des conditions de grande pauvreté. L’apôtre
Paul écrit à ce sujet des paroles sans aucune ambiguïté au chapitre neuf de
sa première lettre aux Chrétiens de Corinthe; “Ne savez-vous pas que ceux
qui remplissent les fonctions sacrées sont nourris par le temple, que ceux qui
servent à l’autel ont part à ce qui est offert sur l’autel?
De même aussi, le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’Évangile
de vivre de l’Évangile.” Paul
ici semble faire référence aux paroles de Jésus-Christ dans l’Évangile
selon Luc, au chapitre 10, lorsque Jésus envoie soixante-dix de ses disciples
dans les villes par où il doit lui-même passer: “Dans quelque maison que
vous entriez, leur dit-il, dites
d’abord: “Que la paix soit sur cette maison!
Et s’il se trouve là un enfant de paix, votre paix reposera sur lui;
sinon elle reviendra à vous. Demeurez
dans cette maison-là, mangez et buvez ce qui s’y trouve; car l’ouvrier mérite
son salaire.”
Une chose est donc claire: aussi bien l’Ancien que le Nouveau Testament
prescrivent que l’entretien de ceux qui servent l’Église à plein temps
doit venir des offrandes apportées à Dieu par les fidèles.
Mais, nous l’avons vu, la dîme qui est due à Dieu a aussi pour but de
subvenir aux besoins des plus pauvres. Elle sert de couverture sociale aux plus
démunis. Dans la Loi de Dieu, il y a d’autres prescriptions qui concernent
l’aspect social de la vie du peuple: comme par exemple le fait de ne pas
moissonner une seconde fois les champs, afin que les fruits ou les épis restés
après la moisson puissent être glanés par les pauvres.
Or, dans la plupart des sociétés modernes, c’est de nouveau l’État
qui prétend assurer cette couverture sociale, au moyen d’impots qu’il prélève.
L’État prétend remplacer la Providence divine et pourvoir lui-même
aux besoins de ses sujets. La manière
dont il s’acquitte de cette fonction usurpée est très souvent sujette à
caution. Dilapidation des deniers
publics, dépenses énormes pour frais d’administration, la liste serait trop
longue à détailler. Si l’on
prend l’enseignement biblique au sérieux, une partie des impots payée à
l’État par les citoyens devrait en fait faire partie de la dîme versée à
Dieu. Géré par des organismes
charitables chrétiens, cet argent devrait servir de couverture sociale aux plus
pauvres. Ce principe devrait
d’ailleurs s’étendre à toutes sortes d’autres services sociaux ou
culturels. Notez bien, amis
auditeurs, qu’en présentant cette vue, je ne soutiens pas que c’est à l’Église
de gérer ces fonds. L’Église
n’est pas appelée à régenter la société toute entière, ce qui serait une
autre forme d’asservissement. La dîme,
répétons-le, n’est pas due à l’Église, mais à Dieu.
Il y a là une différence de taille!
Bien évidemment, quand
on dit que la dîme est due à Dieu, il ne faut pas penser qu’une fois
collecté, cet argent doit être jeté en l’air et que Dieu s’en saisit et
l’entasse quelque part dans le ciel! Tout
simplement, la dîme apportée à Dieu devrait être remise aux organismes chrétiens
reconnus aussi bien par l’Église que par l’État, organismes qui gèreront
cet argent suivant les principes et les buts dérivés de l’enseignement
biblique.
Ce qui vient d’être dit concerne une société où les normes chrétiennes
sont reconnues par l’État. Or,
comme je l’ai dit, dans la quasi totalité des états modernes, ce n’est pas
le cas. Alors, comment envisager la
dîme lorsqu’on est croyant? Il
revient aux Églises et aux croyants qui en font partie, de s’attacher à
l’enseignement biblique dans les circonstances qui sont les leurs, et de
s’efforcer de mettre en pratique cet enseignement en en comprenant l’esprit
et les implications. Concluons ce
message en disant que la dîme n’est pas une simple affaire personnelle et
subjective; elle est une offrande
apportée à Dieu selon les normes que lui-même a établies pour son service et
pour le bien de son peuple. A
celui-ci de répondre dans l’obéissance en appliquant ces normes avec fidélité
au sein des circonstances dans lesquelles il est appelé à témoigner de sa
foi.