CHRIST OU BOUDDHA ? (1)

 

Christ ou Bouddha?  Chers auditeurs, “Foi et Vie Réformées” vous propose une série de trois messages sur ce thème, qui a pour but de contraster l’enseignement de Jésus-Christ avec celui du Bouddhisme.  Notre époque souhaite volontiers confondre toutes les croyances, toutes les religions, et faire comme si toutes menaient au même but par des voies apparemment différentes, mais au fond très semblables les unes aux autres.  La popularité des religions et spiritualités orientales est devenue une marque de la culture occidentale, tandis que le Christianisme semble de plus en plus désaffecté à l’ouest.  En particulier, le Zen-Bouddhisme, popularisé par de nombreuses vedettes d’Hollywood,  est devenu très à la mode auprès des nouvelles générations.  L’ironie est que, pendant ce temps, la foi chrétienne se répand rapidement dans un pays comme la Chine, malgré les restrictions voire les persécutions dont elle fait l’objet: on compte quelque quatre-vingt millions de chrétiens dans ce vaste pays, ce qui constitue certes une bien petite minorité au sein de la population globale de la Chine, mais en soi une communauté très large en nombre.

 

Parlons donc du Bouddhisme, et d’abord de son fondateur, Gautama Siddharta, auquel ses disciples ont donné le nom de Bouddha. Il vécut entre 563 et 483 avant Jésus-Christ. Fils  de roi, il fut élevé en Inde, à trois cents kilomètres de la ville de Patna.  A l’âge de vingt-neuf ans, il abandonna secrètement sa femme et la cour du roi son père pour aller à la recherche de l’illumination et d’une voie qui répondrait aux problèmes de la souffrance.  Il se dirigea vers le fleuve Gange, mais ne trouva pas cette voie auprès des brahmanes lettrés.  La tradition rapporte qu’il l’aurait trouvée en méditant sous un arbre, une sorte de figuier.  Il prêcha cette voie pendant quarante ans au cours d’une vie d’errance, et mourut à l’âge de quatre-vingts ans.  Il fut incinéré, et, d’après la légende,  ses cendres furent divisées en huit lots conservés dans huit pays différents.  Après sa mort, le bouddhisme se répandit dans toute l’Inde, sur l’île de Ceylan, puis le sud-est du continent asiatique, atteignant la Chine au deuxième siècle après Jésus-Christ, ainsi que la Corée, le Japon, le Tibet et la Mongolie.  De nombreuses variantes du Bouddhisme se sont développées en s’adaptant aux cultures locales. On peut néanmoins distinguer deux branches principales du Bouddhisme:  La Voie Majeure (appelée “Mahayana”) et la Voie Mineure (appelée Hinayana).  La première soutient que l’illumination est accessible à tous les hommes, la seconde qu’elle ne l’est qu’à un petit nombre d’adeptes.

 

Quelles sont les croyances de base du Bouddhisme, quelle que soit sa forme ou variante locale?  Il y a en premier lieu deux enseignements que Bouddha a repris de la tradition indienne:  tout d’abord la croyance en la réincarnation, c’est-à-dire que tous les êtres vivants renaissent après la mort et traversent une série d’existences parmi les hommes, les animaux, les dieux ou les damnés.  En second lieu, à chacune de ces existences successives est attribuée une part de bonheur ou de malheur, selon la valeur morale des actes accomplis durant les vies précédentes.  Il existe une justice inéluctable et automatique qui détermine cette valeur morale et qui fait transiter l’existence dans ces différentes formes humaines, animales ou spirituelles.  L’étape finale de cette migration s’appelle le Nirvânâ, c’est-à-dire l’absence de tout désir, de toute émotion.  C’est à proprement parler le Néant, un état de béatitude éternelle inconcevable à l’esprit des hommes.

 

En plus de ces croyances de base, le Bouddhisme enseigne ce qu’il nomme les Quatre Vérités Nobles:

 

La première Vérité Noble est que la vie consiste en la souffrance, malgré les instants de bonheur.  La vie est pénible et décevante, et n’apporte aucune plénitude.

La seconde Vérité Noble est que rien n’est permanent dans le monde, tout change.  Or, les êtres humains souffrent parce qu’ils désirent justement ce qui n’est pas permanent.

La troisième Vérité Noble est que la seule voie pour se libérer, consiste à éliminer tout désir pour ce qui n’est que temporel.  C’est le début de l’Éveil.

La quatrième Vérité Noble est que cet Éveil  peut être réalisé en développant la sagesse, la conduite morale et la discipline mentale.  Il y a huit points pour progresser dans cette voie, comme le discours juste, la pensée juste, l’action juste, le mode de vie juste, l’effort juste, la méditation juste.  Ce sont des attitudes et actions qui doivent être développées simultanément.

 

Le Bouddhisme ne reconnaît pas un Dieu Créateur,  ni la nécessité d’un salut pour les hommes, salut que Dieu seul peut effectuer.   Il n’y a pas non plus de justice divine pour le Bouddhisme, mais seulement une justice inhérente aux actes effectués par les hommes.

 

Peu à peu, la vénération pour Bouddha et ses disciples s’est transformée en culte.  Les Bouddhistes contemplent des images de Bouddha, non seulement pour y voir la source de l’illumination, mais en considérant ce culte comme une bonne action qui permet d’accumuler des mérites pour le cycle des réincarnations.  On offre des fleurs, des parfums, des lampes allumées, de la musique et des chants de louange, on récite des textes sacrés attribués à Bouddha.  Des pélerinages sur les lieux saints, le culte des reliques se sont ajoutés à ces rites. 

 

La forme la plus connue du Bouddhisme en Occident est le Zen Bouddhisme, qui date du cinquième siècle de notre ère.  Il est avant tout panthéiste, c’est-à-dire qu’il insiste sur l’unité de la nature, et sur le fait que les êtres humains doivent devenir un avec la nature.  Il n’est pas facile d’expliquer brièvement et clairement les croyances du Zen-Bouddhisme.  Tâchons pourtant d’en résumer l’essentiel: pour le Zen-Bouddhisme, il faut dépasser le stade du raisonnement logique, de la compréhension, de l’intellect et pénétrer directement dans l’identité de l’esprit de Bouddha.  En dehors de cela, il n’y a pas de réalité.  Le Zen-Bouddhisme n’a pas de rites, pas de dieu, pas d’âme.  Qu’est-ce donc que le Zen?  D’après l’un de ses promoteurs, le professor Suzuki de l’université de Columbia, aux États-Unis, le Zen c’est l’océan, c’est l’air, c’est la montagne, l’éclair et le tonnerre, la fleur printanière, la chaleur de l’été et la neige de l’hiver.  Plus encore que tout cela, le Zen, c’est l’homme.  Chaque acte accompli par l’homme dans la vie est Zen.  Aucune discussion compliquée n’est nécessaire, ni aucune explication.  Dieu n’est pas de l’autre côté et l’homme de ce côté-ci; Dieu est l’homme, et l’homme est dieu.  Plus encore, toutes les choses sont dieu, et dieu est toutes choses.  Il y a une unité absolue de toutes choses, et c’est là que réside le Zen.  Tout procède de cette unité qui est Esprit, et il n’y a pas d’autre réalité que cet Esprit.  Il ne s’agit pas de l’esprit individuel, mais d’un Esprit qui a toujours existé, qui n’est pas né et qui ne mourra pas.  Le monde que nous percevons en dehors de nous n’a pas de réalité finale, il n’est que relatif.  Tant que les choses que nous percevons sont considérées individuellement, séparées du tout, elles sont illusoires et vides.  Seul existe l’Esprit, si même on peut parler d’existence.  Les Zen-Bouddhistes ne veulent pas appeler cette réalité ultime Dieu, par crainte de confusion avec le Dieu des Chrétiens.  C’est la raison pour laquelle des noms divers sont donnés à cette réalité ultime.

 

Comment évaluer le Zen-Bouddhisme dans une perspective chrétienne?  Y a-t-il des points de rencontre entre cette croyance et la foi chrétienne?  Par exemple l’abandon des intérêts égoïstes, le combat contre la souffrance?  Pour répondre à cette question, il est nécessaire de comparer les vues respectives de l’homme selon la Bible et selon le Bouddhisme.  On verra qu’elles différent sur des points essentiels.  Le premier est, bien sûr, que d’après la Bible, l’homme a été créé à l’image de Dieu, et que cette relation le définit.  En second lieu, d’après la Bible, la souffrance humaine n’est pas liée à une illusion dont il faut s’échapper en abandonnant sa propre individualité.  C’est le fruit d’un état général provoqué par une séparation d’avec Dieu, une aliénation dont les conséquences ont affecté l’univers tout entier.

 

Mais, amis auditeurs, je reprendrai cette réflexion avec vous la prochaine fois, au cours du second volet de cette série intitulée Christ ou Bouddha.  Nous verrons notamment comment les enseignements du Bouddhisme peuvent affecter et influencer la vie de ceux qui s’y soumettent.  Restez donc à l’écoute de Foi et Vie Réformées.