LA NOUVEAUTÉ DE VIE EN CHRIST (1)
(TITE CH. 2; CATÉCHISME DE HEIDELBERG, 1er DIMANCHE)

Amis auditeurs, “Foi et Vie Réformées vous propose aujourd’hui, et la fois prochaine, de méditer sur ce qu’est la véritable nouveauté de vie que le Chrétien a acquise en Christ. Le thème de ces deux émissions sera donc le suivant: “Appartenir totalement à Christ, qui s’est donné pour nous, implique un changement de vie radical.” Nous méditerons sur ce thème à la lumière des chapitres 2 et 3 de la lettre de l’apôtre Paul à son jeune compagnon Tite, lettre qu’on trouve à la fin du Nouveau Testament. Nous ouvrirons aussi le Catéchisme de Heidelberg, cette précieuse instruction chrétienne qui nous vient de l’époque de la Réforme de l’Église en Europe, au seizième siècle.

Mais lisons d’abord ensemble le chapitre 2 de la lettre de Paul à Tite: “Pour toi, dis ce qui est conforme à la saine doctrine. Dis que les vieillards doivent être respectables, sensés, sains dans la foi, dans l’amour, dans la patience. Dis que les femmes âgées doivent aussi avoir l’extérieur qui convient à la sainteté, n’être ni médisantes, ni asservies aux excès de vin; qu’elles doivent donner de bonnes instructions, afin d’apprendre aux jeunes femmes à aimer leurs maris et leurs enfants, à être sensées, chastes, occupées aux soins domestiques, bonnes, soumises chacune à son propre mari, afin que la parole de Dieu ne soit pas calomniée. Exhorte de même les jeunes gens à être sensés à tous égards, en te montrant toi-même un modèle d’oeuvres bonnes, et en donnant un enseignement pur, digne, une parole saine, inattaquable, afin que l’adversaire soit confus, et n’ait aucun mal à dire de nous. Exhorte les esclaves à être soumis en tout à leurs maîtres, à leur plaire, à ne pas être contredisants, à ne rien détourner, mais à montrer toujours une parfaite fidélité, afin de faire honorer en tout la doctrine de Dieu notre Sauveur.

La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété, aux désirs de ce monde, et à vivre dans le siècle présent d’une manière sensée, juste et pieuse, en attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, le Christ-Jésus. Il s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les oeuvres bonnes. Ainsi dois-tu parler, exhorter et reprendre avec une pleine autorité. Que personne ne te méprise.”

Lisons à présent les questions 1 et 2 du catéchisme de Heidelberg, au tout début de cet ouvrage:

1 Quelle est ton unique assurance dans la vie comme dans la mort? C’est que, dans la vie comme dans la mort, j’appartiens, corps et âme, non pas à moi-même, mais à Jésus-Christ, mon fidèle Sauveur: par son sang précieux, il a totalement payé pour tous mes péchés et m’a délivré de toute puissance du Diable; il me garde si bien qu’il ne peut tomber un seul cheveu de ma tête sans la volonté de mon Père qui est dans les cieux, et que toutes choses doivent concourir à mon salut. C’est pourquoi, par son Saint-Esprit, il m’assure la vie éternelle et me rend prêt et disposé à vivre désormais pour lui, de tout mon coeur.

2 Combien de choses dois-tu savoir pour vivre et mourir dans cette heureuse assurance? Trois. D’abord combien sont grands mon péché et ma misère. Ensuite, comment j’en suis délivré. Enfin quelle reconnaissance je dois à Dieu pour cette délivrance.

Amis auditeurs, des paroles de réconfort sont souvent exprimées dans notre monde brisé, mais, comme nous en faisons souvent l’expérience, leur sincérité n’est pas toujours au-dessus de tout soupçon. Si le Dieu de la résurrection glorieuse n’est pas proclamé, quel réconfort peut-il être apporté à une famille ou à des amis qui pleurent la perte d’un être cher? Le passage de la Bible que nous avons lu ensemble nous apporte des paroles de réconfort et d’encouragement bien différentes des paroles superficielles que nous entendons si souvent: si vous avez bien prêté attention, vous aurez remarqué que ce passage apporte de telles paroles sous forme d’enseignement, ou d’instruction: “Pour toi, dis ce qui est conforme à la saine doctrine”, écrit Paul à Tite. “Dis que les vieillards doivent être sobres… Dis que les femmes âgées doivent aussi avoir l’extérieur qui convient à la sainteté… Donne un enseignement pur… Exhorte les esclaves à être soumis à leurs maîtres en tout… La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété, aux désirs de ce monde…” Et finalement, Paul insiste en écrivant: “Ainsi dois-tu parler, exhorter et reprendre avec une pleine autorité.”

Quel réconfort pouvons-nous tirer de tous ces enseignements, me demanderez-vous? N’avons-nous pas affaire à une série de préceptes et de prescriptions, une religion des oeuvres? Pas du tout. Paul insiste en fait sur la bonne nouvelle, une nouvelle de réconfort annoncée au verset 11: “La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée.” Le salut est apparu, il vient de la grâce de Dieu, et il est révélé à tous les hommes. Pouvez-vous imaginer un réconfort plus grand que cette nouvelle, au milieu d’un monde en état de déchéance? Mais, comme nous l’avons vu, une instruction, un enseignement sont attachés à cette parole de réconfort.

Et c’est ce que les rédacteurs du Catéchisme de Heidelberg ont parfaitement compris, à leur tour. Le Catéchisme commence par des paroles merveilleuses de réconfort, et il introduit en même temps un enseignement, une instruction sur ce que nous devons croire et comment nous devons nous conduire en la nouveauté de vie qui nous est donnée par la grâce de Dieu. Au moyen d’une série de questions et de réponses, le Catéchisme nous instruit et nous conduit à recevoir le seul vrai réconfort; il nous instruit à vivre en obéissance à la nouveauté de vie qui nous est donnée. Ceci constitue en effet une façon radicalement différente d’apporter des paroles de réconfort, si vous les comparez aux mots trompeurs entendus de la bouche mielleuse et trompeuse de tant de gens. Alors que ces mots trompeurs ne font qu’accélérer le processus de déchéance de ce monde pécheur, le Catéchisme nous enseigne que l’Évangile a amené avec lui cette nouveauté de vie radicale. Voilà pourquoi nous pouvons dire qu’appartenir totalement à Christ, qui s’est donné pour nous, signifie un changement de vie radical. Examinons d’abord ensemble ce que veut dire “nous appartenons totalement à Christ”. Nous verrons ensuite ce que signifie “Christ s’est donné pour nous”. Puis nous nous attarderons en dernier lieu sur ce changement radical de vie qui caractérise ceux qui appartiennent à Christ.

“J’appartiens dans la vie comme dans la mort, corps et âme, non pas à moi-même, mais à Jésus-Christ, mon fidèle Sauveur”, déclare le Catéchisme, suivant en cela les paroles de Paul dans sa lettre aux Chrétiens de Rome (Chapitre 14, versets 7 et 8): En effet, nul de nous ne vit pour lui-même, et nul ne meurt pour lui-même. Car si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur; et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur.” Amis auditeurs, si nous appartenons au Seigneur, c’est parce qu’Il nous a acquis comme son peuple à Lui. Nous ne serions pas son peuple s’Il ne nous avait pas acquis, comme l’écrit Paul à Tite dans le passage que nous avons lu au début de cette émission: “Il s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les oeuvres bonnes.” Oui, s’il n’y avait pas eu l’acquisition par Dieu d’un peuple racheté, vous et moi serions restés à tout jamais dans notre méchanceté naturelle. Mais maintenant, nous sommes Son peuple, et rien ne peut nous séparer de Lui. Une telle assurance n’est pas un réconfort parmi beaucoup d’autres, mais notre seul réconfort, dans la vie comme dans la mort, comme nous l’enseigne le Catéchisme. Car nous savons tous que lorsqu’il s’agit des choses dernières, lorsqu’il s’agit de la signification de notre existence, nous sommes tous confrontés à notre propre mort et à la corruption de notre propre nature. Nous sommes en face de la vanité de toutes choses, de l’absence de sens d’une vie apparemment pleine de succès. Cette vie peut bien s’étendre sur de nombreuses années, pourtant elle s’arrête en un instant, et disparaît irrévocablement. Mais notre seul réconfort est de savoir que nous appartenons à quelqu’un que nous pouvons appeler notre “fidèle Sauveur”. Il n’est pas un tyran ou un maître insensible. Il n’est pas un personnage impersonnel éloigné de nous. Beaucoup de gens font dépendre leur vie de l’entreprise pour laquelle ils travaillent. Pour leur subsistance, pour leurs revenus, ils dépendent d’une grande entreprise dont le comité directeur est si éloigné d’eux qu’ils ne connaissent même pas les personnes qui le composent. Il n’en va pas de même avec Jésus-Christ. Chacun d’entre nous peut l’appeler “mon fidèle Sauveur Jésus-Christ”, dans une relation tout-à-fait personnelle. Chacun d’entre nous peut le décrire comme “fidèle” parce qu’Il ne sauve pas un groupe global et impersonnel ou votre individualité et la mienne seraient noyées dans la masse. Au contraire, Il établit un lien avec chacun de nous, et il ne le rompt pas. Il demeure fidèle à l’Alliance qu’Il établit avec nous tous en tant que Son Église, et avec chacun de nous en tant que croyant. Mais une telle Alliance peut nous sembler extraordinaire, voire à peine croyable. Comment quelqu’un que Paul appelle “notre grand Dieu et Sauveur, Jésus-Christ” pourrait-il contracter une telle Alliance avec nous? C’est ce que nous verrons la prochaine fois, en méditant sur le fait que Christ s’est donné pour nous, et en examinant le changement radical de vie qui caractérise ceux qui appartiennent à Christ.