PROVERBES ET SAGESSE (4)
Amis qui êtes à l’écoute
de “Foi et Vie Réformées”, je poursuis aujourd’hui une série de méditations
sur le livre des Proverbes, dans l’Ancien Testament de la Bible.
Ce livre, qui comprend plusieurs collections de sentences et de
proverbes, certains assez courts, d’autres plus étendus, peut être considéré
comme un commentaire, souvent indirect, sur la Loi de Dieu, en particulier les
dix commandements qu’on trouve à la fois au livre de l’Exode (chapitre 20)
et au livre du Deutéronome (chapitre 5). Proverbes
Je vous propose donc d’illustrer ces dix commandements à la lumière de plusieurs proverbes.
Premier commandement: “Je suis l’Éternel ton
Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, tu n’auras pas d’autre dieu
devant ma face”. Le premier
commandement souligne que l’Éternel est un d’abord ub dieu libérateur, et
en tant que tel un asile sûr, une forteresse où l’on peut se réfugier.
Proverbes
Deuxième commandement: “Tu ne te feras pas de
statue, ni de représentation quelconque de ce qui est en
haut dans le ciel, de ce qui est en-bas sur la terre, et de ce qui est
dans les eaux plus bas que la terre. Tu
ne te prosterneras pas devant elles, et tu ne leur rendras pas de culte: car
moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis la faute des pères
sur les fils jusqu’à la troisième et à la quatrième génération de ceux
qui me haïssent, et qui use de bienveillance jusqu’à mille générations
envers ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.”
Le livre des Proverbes, amis auditeurs, ne mentionne pas en tant que tel
l’idolâtrie telle que les nations entourant Israël la pratiquaient.
Mais il souligne que l’homme doit mettre toute sa confiance en l’Éternel
seulement et en nul autre. C’est
le cas des versets 5 à 8 du troisième chapitre: “Mets ta confiance en l’Éternel
de tout ton coeur, et ne te repose pas sur ta propre intelligence.
Cherche à connaître sa volonté pour tout ce que tu entreprends, et il
te conduira sur le droit chemin. Ne
te prends pas pour un sage, révère l’Éternel et détourne-toi du mal.
Ce sera une bonne médecine qui t’assurera la santé du corps.”
Troisième commandement: “Tu ne prendras pas le nom
de l’Éternel, ton Dieu, en vain: car l’Éternel ne tiendra pas pour
innocent celui qui prendra son nom en vain.”
Qui est, amis auditeurs, celui qui prend le nom de Dieu en vain?
Ce n’est pas tant l’incroyant, l’athée, que celui qui prétend être
croyant, et fréquente les assemblées des croyants, mais se comporte au fond
comme si Dieu n’existait pas. A ce
sujet, Proverbes 16, verset 5 énonce ceci: “L’Éternel a tout fait pour un
but, même le méchant pour le jour du malheur.
Tout coeur hautain est en horreur à l’Éternel; certes, il ne restera
pas impuni.”
Quatrième commandement:
“Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.
Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième
jour est le sabbat de l’Éternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi,
ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni
l’étranger qui réside chez toi. Car
en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y
trouve, et il s’est reposé le septième jour: c’est pourquoi l’Éternel a
béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.” Le livre des Proverbes ne
mentionne nul part le sabbat en tant que tel, mais l’injonction du quatrième
commandement à travailler (“tu travailleras six jours et tu feras tout ton
ouvrage”) ainsi que les bénédictions qui accompagnent ceux qui sont
industrieux et qui mettent la main à la pâte, abondent dans ce livre.
Ainsi lisons-nous, au verset 11 du douzième chapitre: “Celui qui
travaille sa terre aura du pain en abondance, mais celui qui court après des
chimères est dépourvu de bon sens.” Ou
encore, au chapitre 18, verset 9: “Qui se relâche dans son travail est frère
de celui qui détruit”. Cependant,
ce labeur va de pair avec la reconnaissance de ce que c’est l’Éternel lui-même
qui accorde l’abondance, et qu’il faut le reconnaître de manière concrète.
La Loi de Moïse enjoignait d’apporter à l’Éternel en sacrifice les
meilleurs fruits de ses revenus, prescription qui allait de pair avec le respect
du sabbat. C’est ce dont se fait
l’écho Proverbes 3, verset 9: “Honore l’Éternel en lui donnant une part
de tes biens et en lui offrant les prémices de tous tes revenus.
Alors tes greniers regorgeront de nourriture et tes cuves déborderont de
vin.”
Cinquième commandement: “Honore ton père et ta mère,
afin que tes jours se prolongent sur la terre que l’Éternel, ton Dieu, te
donne”. Ce commandement se trouve
au coeur du livre des Proverbes, dans la mesure où celui-ci présente
l’enseignement d’un père ou d’une mère à des jeunes gens qui pourraient
être tentés de suivre de mauvaises voies. Dès le début de l’enseignement
présenté, aux versets 8 et 9 du premier chapitre, nous lisons: “Mon fils,
sois attentif à l’éducation que tu reçois de ton père et ne néglige pas
l’instruction de ta mère, car elles seront comme une belle couronne sur ta tête
et comme des colliers à ton cou.” Le
chapitre quatre débute ainsi: “Ecoutez, mes enfants, l’instruction d’un père,
soyez attentifs pour acquérir du discernement.
Car c’est une bonne éducation que je vous donne.
N’abandonnez pas mes enseignements, car j’ai été, moi aussi, un
fils pour mon père, et ma mère me chérissait comme un enfant unique.
Mon père m’a enseigné et m’a dit: “Que ton coeur retienne mes
paroles, obéis à mes commandements, et tu vivras.
Acquiers la sagesse et l’intelligence, n’oublie pas ce que je t’ai
dit et ne t’écarte pas de mes recommandations.”
Il est frappant, amis auditeurs, de constater que nous avons ici affaire
à une sagesse qui se transmet de génération en génération et qui ne
vieillit pas. Bien des siècles après
leur rédaction, ces proverbes ont toujours une valeur égale pour nous qui
vivons au vingt-et-unième siècle, dans des situations sociales et économiques
très différentes. L’éducation
des enfants les forme et les marque pour le reste de leurs jours. “Apprends à
l’enfant le chemin qu’il doit suivre, même quand il sera vieux, il n’en déviera
pas” nous enseigne Proverbes 22, verset 6.
On trouve un écho de ceci dans l’inscription qui précède les paroles
de Lemouel, au chapitre 31: “Paroles du roi Lemouel, maxime que sa mère lui a
enseignées”. La reine-mère avait
en effet une grande influence sur les rois orientaux de cette époque, et son
fils se souvient de ces enseignements.
Sixième commandement: “Tu ne commettras pas de
meurtre.” Meurtre et rapine vont
souvent de pair, et dès le premier chapitre on trouve un avertissement à ne
pas se laisser entraîner dans de
telles voies criminelles: “Mon fils, si des gens malfaisants veulent t’entraîner,
ne leur cède pas. S’ils te
disent: “Viens avec nous, dressons une embuscade pour tuer quelqu’un,
tendons, pour le plaisir, un piège à l’innocent; nous l’engloutirons tout
vif comme le séjour des morts, il disparaîtra tout entier comme ceux qui
descendent dans la tombe. Nous
ferons main basse sur un tas d’objets précieux, nous remplirons nos maisons
de butin. Tu en auras ta part avec
nous, nous ferons tous bourse commune.” Mon
fils, ne te mets pas en route avec ces gens-là, évite d’emprunter les mêmes
chemins qu’eux, car leurs pieds se précipitent vers le mal, ils ont hâte de
répandre le sang.” En lisant cet
avertissement à ne pas faire cause commune avec les criminels, le lecteur de la
Bible pense immédiatement au tout premier psaume, (le livre des Psaumes précède
celui des Proverbes), lequel lance le même avertissement, dans une perspective
de sagesse inspirée par l’obéissance à la Loi de Dieu: “Heureux l’homme
qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne va pas se tenir sur le
chemin des pécheurs, qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs.
Toute sa joie il la met dans la Loi de l’Éternel qu’il médite jour
et nuit.” Par ailleurs, en lisant
l’avertissement du père à son fils, on ne peut s’empêcher de remarquer
que les cliques de criminels, les bandes de malfaiteurs ne sont pas toujours des
éléments privés. Trop souvent, hélas,
il s’agit des gouvernants eux-mêmes, qui s’imaginent n’avoir aucun compte
à rendre au Dieu Tout Puissant et pillent et tuent systématiquement ceux
qu’ils ont la charge de protéger
contre les criminels. Le conseil du
livre des Proverbes aux rois, c’est d’exercer la justice pour que leur
autorité s’en trouve affermie: “Quand un souverain prête attention aux
mensonges, tous ses ministres se pervertissent” lit-on au chapitre 29, verset
12. Et, un peu après: “Quand un
roi rend justice aux pauvres sans partialité, son trône est affermi à
jamais”. Même idée au chapitre
20: “Un roi sage chasse au loin les méchants et n’hésite pas à les vanner
à la roue (…) La bonté et la fidélité du roi assurent sa protection; oui,
par sa bonté, il affermit son trône.”
Je continuerai la prochaine fois cette mise en parallèle
des dix commandements avec le livre des Proverbes; nous reprendrons le fil de
cette méditation avec le septième commandement, qui déclare: “Tu ne
commettras pas d’adultère”. Nous
verrons que le livre des Proverbes a beaucoup à dire sur ce sujet.