PROVERBES ET SAGESSE (4)

Amis qui êtes à l’écoute de “Foi et Vie Réformées”, je poursuis aujourd’hui une série de méditations sur le livre des Proverbes, dans l’Ancien Testament de la Bible.  Ce livre, qui comprend plusieurs collections de sentences et de proverbes, certains assez courts, d’autres plus étendus, peut être considéré comme un commentaire, souvent indirect, sur la Loi de Dieu, en particulier les dix commandements qu’on trouve à la fois au livre de l’Exode (chapitre 20) et au livre du Deutéronome (chapitre 5). Proverbes 13:13 mentionne clairement la Loi divine: “Celui qui méprise la parole le paiera, mais celui qui respecte le commandement en sera récompensé.” Même thème au chapitre 29, verset 18: “Quand il n’y a plus de révélation divine, le peuple se laisse aller.  Heureux celui qui obéit à la Loi de Dieu!”

Je vous propose donc d’illustrer ces dix commandements à la lumière de plusieurs proverbes.

Premier commandement: “Je suis l’Éternel ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, tu n’auras pas d’autre dieu devant ma face”.  Le premier commandement souligne que l’Éternel est un d’abord ub dieu libérateur, et en tant que tel un asile sûr, une forteresse où l’on peut se réfugier.  Proverbes 18:10 le souligne: “L’Éternel est comme un donjon bien fortifié: le juste y accourt et il y est en sécurité.” De même au verset 20 du chapitre 16: “Celui qui est attentif à l’instruction trouvera le bonheur.  Heureux celui qui met sa confiance en l’Éternel!”  Le nom de l’Éternel apparaît de nombreuses fois au cours du livre des Proverbes. Il est clair que pour tous ceux qui ont eu part à la rédaction de ce livre, l’Éternel est le seul Dieu qu’il convienne d’adorer et d’obéir, tout comme il est lui seul le dispensateur de la vraie sagesse.  C’est aussi en lui seul que l’on peut se confier avec une parfaite assurance.

Deuxième commandement: “Tu ne te feras pas de statue, ni de représentation quelconque de ce qui est en  haut dans le ciel, de ce qui est en-bas sur la terre, et de ce qui est dans les eaux plus bas que la terre.  Tu ne te prosterneras pas devant elles, et tu ne leur rendras pas de culte: car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis la faute des pères sur les fils jusqu’à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui use de bienveillance jusqu’à mille générations envers ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.”  Le livre des Proverbes, amis auditeurs, ne mentionne pas en tant que tel l’idolâtrie telle que les nations entourant Israël la pratiquaient.  Mais il souligne que l’homme doit mettre toute sa confiance en l’Éternel seulement et en nul autre.  C’est le cas des versets 5 à 8 du troisième chapitre: “Mets ta confiance en l’Éternel de tout ton coeur, et ne te repose pas sur ta propre intelligence.  Cherche à connaître sa volonté pour tout ce que tu entreprends, et il te conduira sur le droit chemin.  Ne te prends pas pour un sage, révère l’Éternel et détourne-toi du mal.  Ce sera une bonne médecine qui t’assurera la santé du corps.”

Troisième commandement: “Tu ne prendras pas le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain: car l’Éternel ne tiendra pas pour innocent celui qui prendra son nom en vain.”  Qui est, amis auditeurs, celui qui prend le nom de Dieu en vain?  Ce n’est pas tant l’incroyant, l’athée, que celui qui prétend être croyant, et fréquente les assemblées des croyants, mais se comporte au fond comme si Dieu n’existait pas.  A ce sujet, Proverbes 16, verset 5 énonce ceci: “L’Éternel a tout fait pour un but, même le méchant pour le jour du malheur.  Tout coeur hautain est en horreur à l’Éternel; certes, il ne restera pas impuni.”

Quatrième commandement:  “Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.  Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le sabbat de l’Éternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui réside chez toi.  Car en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il s’est reposé le septième jour: c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.” Le livre des Proverbes ne mentionne nul part le sabbat en tant que tel, mais l’injonction du quatrième commandement à travailler (“tu travailleras six jours et tu feras tout ton ouvrage”) ainsi que les bénédictions qui accompagnent ceux qui sont industrieux et qui mettent la main à la pâte, abondent dans ce livre.  Ainsi lisons-nous, au verset 11 du douzième chapitre: “Celui qui travaille sa terre aura du pain en abondance, mais celui qui court après des chimères est dépourvu de bon sens.”  Ou encore, au chapitre 18, verset 9: “Qui se relâche dans son travail est frère de celui qui détruit”.  Cependant, ce labeur va de pair avec la reconnaissance de ce que c’est l’Éternel lui-même qui accorde l’abondance, et qu’il faut le reconnaître de manière concrète.  La Loi de Moïse enjoignait d’apporter à l’Éternel en sacrifice les meilleurs fruits de ses revenus, prescription qui allait de pair avec le respect du sabbat.  C’est ce dont se fait l’écho Proverbes 3, verset 9: “Honore l’Éternel en lui donnant une part de tes biens et en lui offrant les prémices de tous tes revenus.  Alors tes greniers regorgeront de nourriture et tes cuves déborderont de vin.”

Cinquième commandement: “Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que l’Éternel, ton Dieu, te donne”.  Ce commandement se trouve au coeur du livre des Proverbes, dans la mesure où celui-ci présente l’enseignement d’un père ou d’une mère à des jeunes gens qui pourraient être tentés de suivre de mauvaises voies. Dès le début de l’enseignement présenté, aux versets 8 et 9 du premier chapitre, nous lisons: “Mon fils, sois attentif à l’éducation que tu reçois de ton père et ne néglige pas l’instruction de ta mère, car elles seront comme une belle couronne sur ta tête et comme des colliers à ton cou.”  Le chapitre quatre débute ainsi: “Ecoutez, mes enfants, l’instruction d’un père, soyez attentifs pour acquérir du discernement.  Car c’est une bonne éducation que je vous donne.  N’abandonnez pas mes enseignements, car j’ai été, moi aussi, un fils pour mon père, et ma mère me chérissait comme un enfant unique.  Mon père m’a enseigné et m’a dit: “Que ton coeur retienne mes paroles, obéis à mes commandements, et tu vivras.  Acquiers la sagesse et l’intelligence, n’oublie pas ce que je t’ai dit et ne t’écarte pas de mes recommandations.”  Il est frappant, amis auditeurs, de constater que nous avons ici affaire à une sagesse qui se transmet de génération en génération et qui ne vieillit pas.  Bien des siècles après leur rédaction, ces proverbes ont toujours une valeur égale pour nous qui vivons au vingt-et-unième siècle, dans des situations sociales et économiques très différentes.  L’éducation des enfants les forme et les marque pour le reste de leurs jours. “Apprends à l’enfant le chemin qu’il doit suivre, même quand il sera vieux, il n’en déviera pas” nous enseigne Proverbes 22, verset 6.  On trouve un écho de ceci dans l’inscription qui précède les paroles de Lemouel, au chapitre 31: “Paroles du roi Lemouel, maxime que sa mère lui a enseignées”.  La reine-mère avait en effet une grande influence sur les rois orientaux de cette époque, et son fils se souvient de ces enseignements.

Sixième commandement: “Tu ne commettras pas de meurtre.”  Meurtre et rapine vont souvent de pair, et dès le premier chapitre on trouve un avertissement à ne pas se laisser entraîner  dans de telles voies criminelles: “Mon fils, si des gens malfaisants veulent t’entraîner, ne leur cède pas.  S’ils te disent: “Viens avec nous, dressons une embuscade pour tuer quelqu’un, tendons, pour le plaisir, un piège à l’innocent; nous l’engloutirons tout vif comme le séjour des morts, il disparaîtra tout entier comme ceux qui descendent dans la tombe.  Nous ferons main basse sur un tas d’objets précieux, nous remplirons nos maisons de butin.  Tu en auras ta part avec nous, nous ferons tous bourse commune.”  Mon fils, ne te mets pas en route avec ces gens-là, évite d’emprunter les mêmes chemins qu’eux, car leurs pieds se précipitent vers le mal, ils ont hâte de répandre le sang.”  En lisant cet avertissement à ne pas faire cause commune avec les criminels, le lecteur de la Bible pense immédiatement au tout premier psaume, (le livre des Psaumes précède celui des Proverbes), lequel lance le même avertissement, dans une perspective de sagesse inspirée par l’obéissance à la Loi de Dieu: “Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne va pas se tenir sur le chemin des pécheurs, qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs.  Toute sa joie il la met dans la Loi de l’Éternel qu’il médite jour et nuit.”  Par ailleurs, en lisant l’avertissement du père à son fils, on ne peut s’empêcher de remarquer que les cliques de criminels, les bandes de malfaiteurs ne sont pas toujours des éléments privés.  Trop souvent, hélas, il s’agit des gouvernants eux-mêmes, qui s’imaginent n’avoir aucun compte à rendre au Dieu Tout Puissant et pillent et tuent systématiquement ceux qu’ils  ont la charge de protéger contre les criminels.  Le conseil du livre des Proverbes aux rois, c’est d’exercer la justice pour que leur autorité s’en trouve affermie: “Quand un souverain prête attention aux mensonges, tous ses ministres se pervertissent” lit-on au chapitre 29, verset 12.  Et, un peu après: “Quand un roi rend justice aux pauvres sans partialité, son trône est affermi à jamais”.  Même idée au chapitre 20: “Un roi sage chasse au loin les méchants et n’hésite pas à les vanner à la roue (…) La bonté et la fidélité du roi assurent sa protection; oui, par sa bonté, il affermit son trône.”

Je continuerai la prochaine fois cette mise en parallèle des dix commandements avec le livre des Proverbes; nous reprendrons le fil de cette méditation avec le septième commandement, qui déclare: “Tu ne commettras pas d’adultère”.  Nous verrons que le livre des Proverbes a beaucoup à dire sur ce sujet.