PROVERBES ET SAGESSE (5)

Au cours de la présente émission, je vous propose, amis qui êtes à l’écoute de Foi et Vie Réformées, de méditer ensemble sur les septième et huitième commandements de la Loi révélée à Moïse dans l’Ancien Testament, à la lumière du livre des Proverbes.  Le livre des Proverbes est un livre de sagesse divine appliquée à la vie quotidienne des hommes; il aborde les relations privées et sociales, politiques et économiques et  à bien des égards il se présente comme un commentaire sur la Loi.

Le septième commandement déclare:  “Tu ne commettras pas d’adultère”.  Voilà une injonction qui n’est pas du goût d’une certaine mentalité moderne libérale voire libertine.  Cette mentalité ne reconnaît ni Dieu ni maître; chacun est libre de faire ce qu’il veut, dans la mesure où il ne gêne pas trop les autres, et encore…  Le livre des Proverbes, lui, nous présente l’adultère sous des traits tout à fait réalistes: il nous parle explicitement aussi bien de la tentation extrêmement insidieuse et attirante à laquelle des jeunes gens peuvent être soumis, que des conséquences funestes qui attendent celui qui se laisse entraîner sur cette voie.  Écoutez plutôt ce passage du chapitre sept: “Un jour, je regardais à travers le treillis de ma fenêtre, et je vis, parmi les stupides, j’observais, parmi les jeunes, un jeune homme dépourvu de sens.  Il passait dans la rue près du coin où se tient l’une de ces femmes, se dirigeant vers sa maison.  C’était au crépuscule, le jour baissait, et l’obscurité de la nuit commençait à se répandre.  Or, voici que cette femme vint à sa rencontre, habillée comme une prostituée et l’esprit plein de ruse.  Elle parlait fort et sans retenue, et ses pieds ne tenaient pas en place chez elle.  Tantôt dans la rue, tantôt sur les places, elle faisait le guet à tous les carrefours.  Elle attrapa le jeune homme, l’embrassa et, le regardant droit dans les yeux, elle lui dit: “J’avais à faire un sacrifice de reconnaissance, je viens, aujourd’hui même, de m’acquitter de mes voeux.  Voilà pourquoi je suis sortie à ta rencontre, je cherchais à te voir, et je t’ai trouvé.  J’ai garni mon lit de couvertures et d’étoffe brodée en fils d’Égypte.  J’ai parfumé mon lit de myrrhe, d’aloès et de cinnamone.  Viens, grisons-nous d’amour jusqu’au matin, livrons-nous aux délices de la volupté, car mon mari n’est pas à la maison: il est parti pour un voyage au loin.  Il a emporté une bourse pleine d’argent, il ne rentrera qu’à la pleine lune.”  A force d’artifices, elle le fit fléchir: par ses doux propos, elle l’entraîna.  Alors il se mit soudain à la suivre comme un boeuf qui va à l’abattoir, comme un fou qu’on lie pour le châtier, jusqu’à ce qu’une flèche lui transperce le foie, comme un oiseau qui se précipite dans le filet sans se douter qu’il y va de sa vie.  Et maintenant, mes fils, écoutez-moi! Prêtez attention à mes paroles!  Que votre coeur ne se laisse pas entraîner par une telle femme!  Ne vous égarez pas dans ses sentiers, car nombreuses sont ses victimes blessées à mort, et ceux qu’elle à fait périr comptent parmi les plus robustes.  Sa maison est le chemin du séjour des morts qui mène directement aux demeures de la mort.”  Mettons en valeur quelques éléments de ce récit, amis auditeurs: le jeune homme en question, qui semble pourtant opposer une résistance aux avances de cette femme, passe au crépuscule dans la rue où elle habite; il cherche l’aventure, tout en en redoutant les conséquences, signe de sa stupidité et de son manque de mâturité.  Il fait semblant de résister à la tentation, tout en ayant par avance décidé en son coeur d’y succomber.  Quant à elle, ce que nous disions du troisième commandement (ne pas prendre le nom de l’Éternel en vain) s’applique parfaitement à son comportement: elle fait des voeux et offre des sacrifices de reconnaissance à l’Éternel, mais aussitôt dégagée du voeu, elle poursuit ses intentions plus que douteuses.  Son sacrifice de reconnaissance lui permet de tenir un festin chez elle, puisqu’elle peut préparer la viande qu’elle a offert en sacrifice et qui lui revient.  Son soi-disant sacrifice de reconnaissance n’a pour but que de préparer ce festin et de faciliter la suite de son plan.  Mais voulez-vous entendre la leçon explicite qui vous est narrée dans ce récit?  Tournez vous alors vers le chapitre précédent, qui vous expose sans faux-semblants les conséquences de cette conduite, et qui traduit en termes concrets l’image du boeuf mené à l’abattoir s’appliquant au jeune homme en question: “Les avertissements et les reproches sont le chemiun vers la vie.  Ils te préserveront de la femme immorale et te mettront en garde contre les paroles enjôleuses d’une inconnue.  Ne la convoite pas dans ton coeur à cause de sa beauté, ne te laisse pas séduire par ses oeillades!  Car à cause d’une femme débauchée, on peut être réduit à un morceau de pain, et la femme adultère met en péril une vie précieuse.  Peut-on mettre du feu dans sa poche sans que les vêtements s’enflamment?  Peut-on marcher  sur des braises sans se brûler les pieds?  De même celui qui court après la femme de son prochain ne demeurera pas indemne; s’il la touche il ne saurait rester impuni.  On ne méprise pas celui qui a volé pour assouvir sa faim parce qu’il n’avait rien à manger.  Mais s’il est découvert, il devra restituer sept fois plus, et il donnera tout ce qu’il a dans sa maison.  Mais celui qui commet un adultère est dépourvu de sens, agir ainsi c’est se détruire soi-même; celui qui fait cela ne récoltera que souffrances et déshonneur, sa honte ne s’effacera jamais.  Car la jalousie met le mari en fureur, il sera sans pitié au jour de la vengeance.  Il ne se laissera apaiser par aucune indemnité; il ne l’acceptera pas, même si tu multiplies les présents.”  Au chapitre cinq la leçon nous est donnée de manière plus positive, c’est-à-dire en chantant les bienfaits de la fidélité conjugale avec un beau langage imagé: “Bois les eaux de ta propre citerne et celles qui jaillissent de ta fontaine: tes sources doivent-elles se disperser au-dehors et tes ruisseaux dans les rues?  Qu’ils soient pour toi seul!  Ne les partage pas avec des étrangers.  Que ta source soit bénie!  Fais ta joie de la femme que tu as aimée dans ta jeunesse, biche charmante, gracieuse gazelle, que ses charmes t’enivrent toujours et que tu sois sans cesse épris de son amour!  Pourquoi, mon fils, t’amouracherais-tu de la femme d’autrui?  Pourquoi donnerais-tu tes caresses à une inconnue?  L’Éternel surveille toute la conduite d’un homme, il observe tout ce qu’il fait.  Celui qui fait le mal sera pris à ses propres méfaits, il s’embarrasse dans le filet tissé par son propre péché.  Il périra parce qu’il n’a pas su se discipliner, il s’égarera enivré par l’excès de sa folie.”  Notez, amis auditeurs, qu’ici l’auteur du mal nous est présenté comme l’homme qui commet l’adultère, il n’est pas la victime innocente d’une femme de mauvaise vie lui tendant un un piège. 

Mais étendons la leçon, si vous le voulez bien, à notre monde contemporain et à ses problèmes quasi inextricables.  Comment évaluer la relation entre la pandémie du SIDA et la promiscuité sexuelle qui sévit un peu partout?  Lorsque cette pandémie n’avait pas encore révélé toute son étendue,  il était de bon ton dans certains cercles soi-disant avancés, de dénoncer une telle association comme provenant de milieux obscurantistes et moralement répressifs.  Combien de centaines de milliers de morts n’aura-t-il pas fallu pour que ce discours change et que certains gouvernements de pays gravement atteints lancent des campagnes favorisant soit la fidélité dans le couple, soit l’abstinence sexuelle?  Périr et en faire périr d’autres, eux innocents, parce qu’on n’a pas su ou voulu se discipliner, voilà le récit tragique de millions de vies humaines sacrifiées sur l’autel de la stupidité, de la folie.  Qui dira qu’à cet égard le livre des Proverbes, vieux de deux mille cinq cents ans, n’a rien à apprendre à la génération contemporaine?

 

Mais passons maintenant au huitième commandement: “Tu ne déroberas pas”.  Plus que les cambriolages ou le vol à la tire, le livre des Proverbes dénonce les pratiques commerciales malhonnêtes, tout aussi actuelles aujourd’hui que dans l’Antiquité.  “L’Éternel a horreur des balances fausses, mais il aime les poids exacts”, lisons-nous au début du chapitre 11.  Même chose au chapitre 20: “Ceux qui ont deux poids différends, et ceux qui utilisent deux mesures différentes sont l’un et l’autre en horreur à l’Éternel” (…) L’Éternel a horreur des poids truqués, les balances fausses lui déplaisent.”  Ces avertissements se réfèrent sans ambiguité à la Loi donnée à Moïse, comme au chapitre 25 du livre du Deutéronome: “Tu n’auras pas dans ton sac deux sortes de poids différents: l’un plus lourd, l’autre plus léger.  Tu n’auras pas dans ta maison deux mesures de capacité: l’une plus grande et l’autre plus petite.  Tu auras des poids exacts et justes, afin que tu vives lontemps dans le pays que l’Éternel ton Dieu te donne.  Car l’Éternel ton Dieu a en abomination ceux qui commettent de telles fraudes.”  De manière plus lapidaire, les conséquences nocives d’une conduite malhonnête sont énoncées toujours au chapitre 20 du livre des Proverbes: “Au premier abord, le pain mal acquis est savoureux, mais, par la suite, ta bouche se trouvera pleine de cailloux.”  La notion de poids et de mesures qui restent les mêmes, et ne sont pas truqués, s’applique aussi à la justice, qui ne doit être ni truquée, ni partiale.  Ce ne sont pas seulement les biens matériels qui sont parfois dérobés par les gens malhonnêtes, on peut tout aussi bien vous voler la justice la plus élementaire.  Proverbes 24 s’en fait l’écho: “La partialité en justice est une chose mauvaise.  Un juge qui dit à un coupable: “Tu es acquitté”, s’attire la malédiction des foules et l’indignation des gens, mais ceux qui condamnent s’en trouveront bien et ils obtiendront bénédiction et honneur.”  Au chapitre 17, verset 15, on trouve le même langage appliqué à une justice partiale qu’aux poids et mesures faussés: “L’Éternel a également en horreur celui qui acquitte le coupable et celui qui condamne un innocent”.  

Lors de notre prochaine émission, nous concluerons cette mise en parallèle des dix commandements avec le Livre des Proverbes, et terminerons cette série de six messages sur le chapitre huit et l’extraordinaire poème de la Sagesse qu’il contient.