LE VRAI MIROIR (2)

Nous avons médité ensemble, la dernière fois, sur ce qu’est la vraie connaissance de soi-même, et le vrai miroir qui peut nous accorder une telle connaissance, à savoir la loi parfaite de Dieu. Jacques, dans sa lettre, nous a conduit à réfléchir sur ce thème, en prenant l’exemple d’une personne qui cherche à reconnaître son visage dans un miroir. Nous avons vu que si nous prenons notre propre personne comme point de départ, nous ne faisons que contempler un miroir brisé, aux fragments éparpillés, tandis que la loi de Dieu nous éclaire sur qui nous sommes -à savoir des fragments brisés- nous apportant ainsi une vérité essentielle sur notre propre condition. Nous avons conclu notre dernière émission en observant la ressemblance entre les paroles de Jacques et celles du Psaume 119, dans l’Ancien Testament. Lisons ensemble quelques passages de ce psaume:

Verset 14: “Je me réjouis en suivant tes statuts, comme si je possédais toute richesse. Verset 18: “Ouvre mes yeux, pour que je contemple les merveilles de ta loi”. Verset 32 et 33: “Je cours dans la voie de tes commandements, car tu mets mon coeur à l’aise”. Verset 97 à 99: “Combien j’aime ta loi! Elle est tous les jours ma méditation. Ton commandement me rend plus sage que mes ennemis, car je l’ai toujours avec moi. Je suis plus avisé que tous mes maîtres, car tes préceptes font ma méditation.” Verset 129: “Tes préceptes sont merveilleux; c’est pourquoi mon âme les garde”.

A travers tout le psaume 119, le psalmiste implore l’assistance de Dieu afin qu’Il le guide et l’amène à suivre les lois et statuts de Dieu. Car le psalmiste sait que ces commandements sont parfaits et il se délecte à les lire et à les méditer. Comme nous venons de le lire, au verset 32, il reconnaît qu’il peut courir sur la voie des commandements de Dieu, car Dieu a mis son coeur à l’aise, il a ouvert son intelligence et l’a ainsi libéré. Qu’en est-il de nous? Dieu a-t-il libéré notre coeur, notre intelligence afin que nous puissions courir sur la voie de ses commandements? Oui, il l’a fait. Il y a en effet une autre raison pour laquelle Jacques peut parler de la loi parfaite de Dieu qui donne la liberté. Elle est parfaite, parce qu’en Christ, Dieu est venu accomplir la loi pour nous: Christ l’a amenée à la perfection en accomplissant toutes ses exigences, tout ce que ni vous, ni moi, ni même Paul, n’aurait pu accomplir. C’est pourquoi ce qui était une défaite pour moi, pour vous et pour Paul, est devenu une victoire lorsque Christ est mort sur la croix à Golgotha après avoir dit: “Tout est accompli”. Par là, Christ a libéré nos coeurs, il les a mis à l’aise, et il nous a donné la possibilité de devenir des personnes qui mettent la Parole en pratique. Telle est désormais notre vocation.

Désormais, nous ne sommes plus des gens qui écoutent la Parole par pure curiosité sans pouvoir être remplis et satisfaits, et dont la démangeaison perpétuelle provoque un incessant grattement. La parole que nous avons entendue nous dit comment Christ a accompli les exigences de la loi. Et maintenant, par son Esprit, il nous rend capables de pratiquer la Parole. Ceci ne veut pas dire que nous avons entendu une théorie et que nous devons la mettre en pratique, comme on entend parfois dire. La Bible ne connaît pas une telle distinction entre théorie et pratique. Elle n’est pas un livre rempli de théories que nous devrions mettre en pratique. La Bible est la Parole vivante et active de Dieu que le Saint Esprit utilise comme une épée puissante. D’après le chapitre 4, verset 12, de la lettre aux Hébreux “La parole de Dieu est vivante et efficace, plus acérée qu’aucune épée à double tranchant; elle pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles; elle est juge des sentiments et des pensées du coeur.” Une telle parole vous semble-t-elle de la théorie que vous devez mettre en pratique? Non, et ce n’est d’ailleurs pas ce que Jacques nous dit lorsqu’il écrit à ses lecteurs qu’ils doivent littéralement devenir des “faiseurs” de la parole, c’est-à-dire la mettre en pratique. Écoutons encore le verset 25 du premier chapitre de la lettre de Jacques: “Celui qui a plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui persévère, non pas en l’écoutant pour l’oublier, mais en la pratiquant activement, celui-là sera heureux dans son action même. Jacques nous dit que si nous ne pratiquons pas la Parole, cela signifie que nous avons oublié ce qu’elle nous dit. Il nous parle dans la même foulée de regarder intensément dans la loi parfaite de Dieu et de faire ce que la Parole demande. Il ne sépare pas le tout en deux parties successives, la théorie et la pratique, qui se suivraient l’une l’autre. Donc nous ne pouvons pas dire que nous avons “la théorie”, si nous nous contentons simplement d’écouter la Parole sans faire ce qu’elle dit de faire, car dans ce cas là, nous avons tout simplement oublié tout ce que dit la Parole! Nous avons même oublié à quoi ressemble notre visage, notre véritable identité. Quand nous ne faisons pas ce que dit la Parole, nous ne nous connaissons plus comme des gens brisés ayant besoin d’une restauration complète. Et même, nous ne nous connaissons plus comme des personnes qui sont totalement restaurées parce que Christ a accompli pour nous toutes les exigences de la loi parfaite de Dieu. Que reste-t-il alors? La démangeaison et le fait de se gratter, rien d’autre. Lorsque nous ne pratiquons pas la Parole en manifestant l’Esprit du Christ dans nos vies, nous retombons dans l’ignorance totale.

Amis auditeurs, devenir un “faiseur” de la Parole est aussi la vocation de l’Église aujourd’hui. Cette vocation, cet appel impliquent de s’engager activement dans l’évangélisation. Pourquoi particulièrement ceci? Parce que nous avons été appelés à aider les autres, les masses d’hommes et de femmes de notre temps qui sont désespérément à la recherche de leur identité. Nous avons été appelés à les aider à découvrir où se trouve leur vraie image, celle qui est brisée et celle qui est restaurée: dans la Parole rédemptrice de Dieu. Les masses sont plongées dans l’auto-contemplation: elles sont prisonnières du miroir de leur propre image brisée, de leur “Moi”, et aussi de l’image déformée que beaucoup de sciences leur renvoient. Mais l’Église aussi aime souvent se contempler elle-même; elle se referme sur elle-même, incapable de tendre la main vers l’extérieur pour atteindre ceux qui en ont besoin. Si nous devenons les prisonniers d’une vue étroite de l’Église, nous tombons nous aussi dans ce monologue stérile avec nous-mêmes, ayant perdu la perspective de notre vraie image révélée dans la loi parfaite de Dieu. Quelqu’un a récemment écrit: “Dans les rangs moribonds, institutionnels, introvertis de nos églises chrétiennes, nous entretenons un dialogue privé avec nous-mêmes, pendant que les hommes plongent de manière suicidaire dans l’absurdité et le désespoir.” Beaucoup d’églises chrétiennes devraient se poser la question suivante: ont-elles regardé dans le miroir de la loi parfaite de Dieu et, oubliant ce qu’elle dit, ont-elles immédiatement oublié à quoi ressemble leur propre visage? Regardons-nous avec intensité dans cette loi parfaite qui donne la liberté, en persévérant et n’oubliant pas ce qu’elle dit, mais en le pratiquant?

Aujourd’hui, Jacques nous éveille à cette réalité. Il nous enseigne que le miroir de la doctrine divine est correctif: comme une paire de lunettes pour des yeux qui ne voient pas clairement, le miroir de la doctrine divine nous enseigne qui nous sommes. Il est aussi correctif en ce sens qu’il nous guide vers ce qui est réellement important. Ce miroir parfait conduit nos mouvements, il nous amène à accomplir les gestes qui nous restaurent, un peu comme une physiothérapie. Mais Jacques nous présente aussi la perspective extraordinaire de la bénédiction de Dieu: celui qui est un “faiseur” de la Parole de Dieu sera béni par Dieu dans ce qu’il fait, nous dit le verset 25. Une telle personne connaîtra la joie, le bonheur de celui ou celle qui a recouvré et retenu une identité auparavant perdue. Cette personne sait qu’elle n’est pas une série de fragments brisés, mais une personne restaurée. Elle se connaît elle-même dans l’unité de la Parole entendue et mise en pratique. Dans cette nouvelle condition restaurée, créée et maintenue par l’Esprit Puissant de Dieu, cette personne est bénie car désormais elle vit en pleine communion avec le Dieu de vie.