PEUPLES ET NATIONS

“Vous tous les peuples, battez des mains!  Poussez vers Dieu des cris de joie!  Car l’Eternel, lui, le Très-Haut, est redoutable, c’est le Roi du monde entier”.  C’est par ces paroles d’exultation, amis auditeurs que commence le psaume quarante-sept.  Dieu est présenté comme le Dieu de toutes les nations, de tous les peuples qui habitent la terre.  Mais l’existence de ces peuples est-elle fortuite, ou bien est-elle aussi voulue par Dieu? Et si oui, quel est le plan qui préside à leur existence?  Certainement, l’existence de peuples divers n’est pas fortuite et fait partie intégrale de la Création de l’homme.  Bien sûr, la Bible nous présente toute l’humanité comme descendant d’un seul couple originel, soulignant ainsi l’unité de la race humaine.  Comme nous l’avons vu lors d’une précédente émission, le nom Adam signifie en fait “homme”, “être humain”, tandis que le nom “Eve” est tiré d’une racine hébraïque qui signifie “vie”.  Au verset vingt du troisième chapitre du livre de la Genèse, nous lisons: “L’homme nomma sa femme Eve, parce qu’elle est la mère de toute vie humaine”.   La Bible souligne constamment cette unité fondamentale de la race humaine alors même qu’une complémentarité apparaît déjà dans la distinction des sexes.  La Chute du premier couple et son aliénation d’avec le Dieu créateur affecte toute leur descendance, c’est-à-dire l’humanité toute entière.  L’apôtre Paul le souligne au troisième chapitre de sa lettre aux chrétiens de Rome: “Car tous ont péché, écrit-il, et sont privés de la gloire de Dieu”.  Quant au salut préparé par Dieu pour l’humanité, et mis en oeuvre dans la personne de son Fils Jésus-Christ, appelé le Nouvel Adam dans les lettres de Paul, CE SALUT est destiné à tous, sans distinction de race, de couleur de peau, d’appartenance ethnique ou nationale. Pourtant, dans ce cadre bien défini de l’unité de la race humaine, apparaissent des peuples, des nations, des groupes ethniques.  Il n’entre pas dans mon propos ici de faire une étude anthropologique cherchant à retracer historiquement l’émergence de peuples ou d’ethnies divers, mais plutôt de méditer avec vous sur la signification de ce fait indéniable: il existe sur terre une variété de peuples, de nations, de cultures et de langues.  Est-ce un facteur de division pour l’humanité, ou bien un facteur de complémentarité qui peut provoquer notre reconnaissance voire notre émerveillement? Une telle variété n’abolit pas l’unité en question.  Bien plutôt elle en souligne la richesse, image même du Dieu Créateur à la fois un et trois dans la Trinité que confesse la foi chrétienne.   Certes, au vu de l’histoire humaine, l’existence de peuples divers, parfois si différents dans leurs habitudes et leurs langues, a été un facteur de divisions et de conflits sanglants, menant à l’oppression des uns par les autres.  Tel est encore le cas aujourd’hui.  Ceux qui sont numériquement très nombreux sont considérés par les autres comme une menace latente, si ce n’est militaire, en tout cas économique.  Est-il possible de faire coexister les nations pacifiquement, et de réaliser l’harmonie entre des peuples aux intérêts contradictoires?  Difficile question à laquelle les organisations internationales s’efforcent - le plus souvent en vain - d’apporter des réponses.  Il est vrai que différents peuples ou nations forment souvent des alliances, mais c’est aussi bien souvent pour former des coalitions contre d’autres peuples ou nations, et non dans un but pacifique.  Des alliances à caractère offensif ou défensif se forment constamment, témoignant d’une tension permanente sur la scène internationale.  Cela finira-t-il un jour?  Y a-t-il un remède à cet état de fait?  Faut-il oeuvrer, comme certains le font déjà, à l’unification de toutes les nations sous un seul gouvernement mondial?  Les instances internationales telles que les Nations-Unies ont-elles en vue ce but plus ou moins avoué?

 

Formulons quelques principes tirés de ce qu’enseigne la Bible au sujet des nations: tout d’abord, pour reprendre ce que je disais tout à l’heure, il est de toute première importance de reconnaître que la diversité des peuples et des nations se place sous le signe de l’unité de la race humaine.  Aucun peuple ne peut se considérer comme supérieur à un autre à cet égard.  Les idéologies qui, au vingtième siècle, ont rejeté ce principe, étaient fondamentalement anti-chrétiennes, tels le nazisme, lui-même héritier d’une croyance selon laquelle certains peuples sont destinés par le mouvement de l’histoire à dominer sur d’autres.  Lorsqu’une certaine philosophie anti-chrétienne est apparue en Europe au dix-huitième siècle, elle s’est peu à peu fait le véhicule de notions fondamentalement racistes, en dépit de son appel à des valeurs universelles de raison et d’égalité.  Alors même que la pratique de l’esclavage était contestée et allait être abolie par les nations européennes qui s’en étaient servies, une nouvelle forme de racisme germait en leur sein, dont les conséquences allaient dévaster cette Europe qui se prétendait “éclairée”.

 

Répétons-le, la Bible souligne sur toutes ses pages l’unité de la race humaine dans sa diversité.  Mais cette unité ne peut être respectée que si le principe unificateur se situe au-dessus de tous les hommes: pour la foi chrétienne, seul Jésus-Christ élevé au-dessus de toutes choses après sa résurrection et son Ascension au ciel représente ce principe unificateur.  Il n’abolit pas l’existence des peuples ou des nations, mais sa royauté divine, lorsqu’elle est acceptée, crue et comprise spirituellement, les réconcilie.  Certes ce n’est pas un processus magique, et l’histoire nous apprend bien des choses sur la dureté de nations qui se disaient chrétiennes et n’ont cependant pas hésité à en martyriser d’autres.  Les visées impérialistes choquantes de telles nations témoignent de ce qu’elles étaient agitées par des motifs bien différents de ceux de l’Evangile.  Pourtant,  les paroles de Jésus-Christ à la fin de l’Evangile selon Matthieu nous interpellent toujours deux mille ans après qu’elles aient été prononcées: “J’ai reçu tout pouvoir dans le ciel et sur la terre: allez donc dans le monde entier, faites des disciples parmi tous les peuples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et apprenez-leur à obéir à tout ce que je vous ai prescrit.  Et voici: je suis moi-même avec vous chaque jour, jusqu’à la fin du monde.”  L’Evangile comme facteur unificateur des peuples est aussi annoncé au chapitre quatorze du livre de l’Apocalypse, dans la vision que Jean, l’auteur de ce livre prophétique, a d’un ange volant au zénith: “Il avait une Bonne Nouvelle éternelle à annoncer à tous les habitants de la terre, à toute nation, toute tribu, toute langue et tout peuple.  Il criait d’une voix forte: ‘Révérez Dieu et donnez-lui gloire, car l’heure a sonné où il va rendre son jugement.  Adorez donc celui qui a fait le ciel, la terre, la mer et les sources.”  Notez bien, amis auditeurs, que ce jugement ne concerne pas seulement des individus pris isolément, mais des nations entières.  Ce jugement du Dieu Créateur concerne leurs politiques, leurs actions collectives en tant que nations.  C’est en termes très forts que dans l’Ancien Testament, le prophète Michée proclame un jugement similaire: “Dans ma colère et ma fureur, dit l’Eternel Dieu,  je ferai payer toutes les nations qui ne m’auront pas obéi.”  Mais les nations font aussi l’objet de promesses, en particulier dans l’Ancien Testament.  Ces promesses concernent la reconnaissance du seul vrai Dieu, celui qu’adorait Israël, le peuple auquel Dieu s’était spécialement révélé.  Israël avait justement pour mission de faire connaître le Dieu unique aux nations païennes.  Ecoutez en quels termes le prophète Jérémie, six siècles avant Jésus-Christ, annonce une telle conversion des nations (chapitre seize): “Eternel, toi, ma force, mon rempart, toi mon refuge au temps de la détresse, les nations accourront vers toi des confins de la terre en proclamant: ‘Nos pères n’ont eu en partage que des idoles mensongères, des divinités inutiles qui ne servent à rien.  Un homme pourrait-il se fabriquer des dieux?  Ce ne sont pas des dieux!’  C’est pourquoi, je vais leur faire connaître, oui, cette fois, je leur ferai connaître ma force et ma puissance, et ils sauront alors que je suis l’Eternel.”  Un peu avant, au chapitre douze, un avertissement suivi d’une promesse était adressé à ces mêmes nations: “Voici ce que déclare l’Eternel au sujet des mauvais voisins qui se sont attaqués au pays que j’avais donné en patrimoine à mon peuple Israël: Je vais les arracher de leur pays, et puis j’arracherai du milieu d’eux la communauté de Juda.  Pourtant, après les avoir arrachés, j’aurai de nouveau pitié d’eux, et je les ferai retourner chacun dans son domaine, chacun dans son pays.  Et s’ils apprennent  à se comporter comme mon peuple, s’ils prêtent serment par mon nom, disant: “L’Eternel est vivant” comme ils ont appris à mon peuple à jurer par leur idole Baal, alors ils auront une place au milieu de mon peuple.  Mais s’ils n’écoutent pas, j’arracherai une telle nation définitivement et je la détruirai, l’Eternel le déclare.”

 

Pour la Bible, les nations, les peuples ne représentent pas des entités intouchables et sacrées, et leurs cultures non plus.  Toutes les cultures sont appelées à se réformer, à se convertir, y compris celles qui ont été depuis longtemps en contact avec le Christianisme.  Cela ne signifie pas l’abandon de spécificités culturelles, de traditions variées, mais la soumission à la volonté du Dieu révélé, dans la reconnaissance que lui seul règne de manière absolue, et qu’aucune nation ne peut prétendre à cette prérogative.  Dans ce sens, les cultures de tous les peuples sont relatives.  Elles ne sont pas des blocs monolithiques destinés à perdurer sans changement au cours des siècles. Ce n’est cependant pas leur interaction et les échanges culturels prônés par le monde globaliste dans lequel nous vivons qui les améliorera, car elles ont besoin d’une rédemption radicale, tout comme chaque être humain pris individuellement.  Or ces cultures font aussi l’objet du salut manifesté en Jésus-Christ, lorsque dans leurs expressions variées elles sont réconciliées  avec Dieu.  C’est ce à quoi toutes les cultures, et avec elles tous les peuples, sont appelés.  C’est aussi la vision qui nous est présentée au chapitre cinq du livre de l’Apocalypse, livre qui conclut toute la Bible.  Dans cette vision, tous les peuples sont réunis en un seul royaume fait de prêtres au service de Dieu.  Je vous lis en guise de conclusion ce cantique adressé à Jésus-Christ le roi de toutes les nations: “Oui, tu es digne de recevoir le livre, et d’en briser les sceaux car tu as été mis à mort et tu as racheté pour Dieu, par ton sang répandu, des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, de toutes les nations.  Tu as fait d’eux un royaume et des prêtres au service de notre Dieu, et ils règneront sur la terre.”