VOS QUESTIONS NOS REPONSES (12)
Amis qui êtes à l’écoute,
je réponds aujourd’hui à quelques unes des questions que vous me posez,
comme je le fais de temps à autre dans les émissions de la série “vos
questions, nos réponses”. Un
auditeur me pose la question suivante: “Votre
épouse est sur le point d’accoucher. L’accouchement
se présente de manière très difficile, la vie de la mère et de l’enfant ne
peuvent malheureusement pas être préservées toutes les deux. Le médecin vous
demande : Qui voulez-vous que l'on sauve ou l'on tue? Votre réponse est-elle un
acte de meurtre par rapport au sixième commandement (Tu ne tueras pas)?”
Des situations de ce
genre peuvent malheureusement se produire, surtout là où les soins médicaux
ou les moyens manquent, et c’est le cas dans de nombreuses parties du monde.
Un dilemme terrible se pose à la conscience aussi bien de l’époux ou
de la famille, que du médecin. On
n’a de plus que très peu de temps pour prendre une décision, car autrement
deux vies peuvent disparaître et non une seule.
Il faut être préparé à de telles situations et savoir à l’avance
en soi-même quelle ligne de conduite adopter si un tel cas se présente à soi.
Commençons donc par dire que le monde dans lequel nous vivons est,
depuis les origines de l’humanité, depuis la Chute de l’homme en rupture
avec Dieu, un monde sujet aux malheurs, aux accidents de toutes sortes, à
l’imperfection et à la mort. Nous
vivons dans une réalité brisée, même si Dieu dans sa Parole promet à ses
enfants la restauration d’un ordre juste, parfait et où la mort n’aura plus
de place. Pour le moment, il faut
accepter avec patience de vivre dans cette réalité brisée, tout en
travaillant à établir les signes de cette restauration promise avec le retour
du Seigneur Jésus-Christ. Pour reprendre les paroles de l’apôtre Paul dans
le huitième chapitre de sa lettre aux chrétiens de Rome, qui utilise justement
l’image de l’accouchement: “Nous le savons bien en effet: jusqu’à présent
la création tout entière est unie dans un profond gémissement et dans les
douleurs de l’enfantement. Elle
n’est pas seule à gémir; car nous aussi, qui avons reçu l’Esprit [de
Dieu] comme avant-goût de la gloire, nous gémissons du fond du coeur, en
attendant d’être pleinement établis dans notre condition de fils adoptifs de
Dieu quand notre corps sera délivré.” La
profession médicale, les avancées sur le terrain des soins médicaux pour
sauver des vies représentent certainement des signes annonciateurs de la guérison
finale de toute créature, à l’image des guérisons que Jésus-Christ a opérées
durant son ministère terrestre et qui témoignaient de la venue de son Royaume
sur terre. Mais voilà: dans la réalité
brisée qui est toujours présente en nous et autour de nous, surviennent des
situations dramatiques qui nous confrontent à des dilemmes à peine
concevables. Il faut faire des choix
extrêmement douloureux qui pèseront sur notre conscience.
Dans un tel cas, il faut savoir choisir entre le moindre de deux maux,
car c’est le seul choix qui se présente.
Je ne suis pas sûr que mon auditeur ait raison de poser la question de
la manière suivante: Qui voulez-vous que l'on sauve ou l'on tue?
Car il ne s’agit pas de tuer, mais de sauver ce que l’on peut.
Sauver ce que l’on peut, sachant que seule une vie peut l’être.
Il n’y a pas de pensée de meurtre dans cet acte, comme l’interdit le
sixième commandement. Il n’y a
pas nécessairement de négligence coupable, quoique dans certaines situations
le choix entre les deux vies pourrait être dû en fin de compte à une négligence
ou une erreur intervenue dans une procédure que le docteur a effectuée.
S’il y a eu erreur, et que celle-ci ne puisse être rattrapée, il faut
néanmoins faire le maximum pour en limiter les conséquences.
Alors quelle vie sauver: celle de la mère ou celle de l’enfant?
L’éthique chrétienne penchera pour la protection de la vie de la mère
en priorité: vie établie et préservée
par Dieu jusqu’à ce point, et confiée à la protection humaine du mari qui
doit la protéger. Les paroles de
Paul aux chrétiens d’Ephèse (au cinquième chapitre de sa lettre) nous
reviennent en mémoire: “Quant à vous, maris, que chacun de vous aime sa
femme comme le Christ a aimé l’Eglise: il a donné sa vie pour elle afin de
la rendre digne de Dieu après l’avoir purifiée par sa Parole, comme par le
bain nuptial. Il a ainsi voulu se présenter
cette Eglise à lui-même, rayonnante de beauté, sans tache, ni ride, ni aucun
défaut, mais digne de Dieu et irréprochable.
Voilà comment chaque mari doit aimer sa femme comme si elle était son
propre corps: ainsi celui qui aime sa femme s’aime lui-même.
Car personne n’a jamais haï sa propre chair; au contraire, chacun la
nourrit et l’entoure de soins, comme le Christ le fait pour l’Eglise, parce
que nous sommes les membres de son corps.”
C’est dans un tel sentiment que la réponse à la question de mon
auditeur doit être cherchée. A
l’opposé, si le mari, vivant dans une situation conflictuelle avec son épouse,
cherchait à se débarrasser d’elle en choisissant la vie de l’enfant plutôt
que celle de sa femme, prétextant de cette situation de dilemme, on aurait bien
affaire à une forme de meurtre, et donc à une transgression du sixième
commandement. Même si devant les
hommes il ne pouvait être tenu coupable de meurtre à cause de la nature
particulière de la situation en question, il serait bien coupable de meurtre
devant Dieu, qui connaît nos pensées et nos intentions les plus intimes.
Mais poussons la question de mon
auditeur plus loin, et parlons de la responsabilité personnelle et des négligences
qui parfois causent de nombreuses pertes de vies humaines: un avion s’écrase,
et tous les passagers périssent. A
qui la faute? Amis auditeurs je vous
ai récemment présenté un message qui portait justement ce titre:
“A qui la faute?” soulignant la cause et la responsabilité humaine
directe de beaucoup de malheurs qui affectent les uns et les autres, même si
ceux qui en souffrent ne sont pas nécessairement ceux qui sont responsables.
Dans le cas présenté, les pilotes étaient-ils bien formés à toutes
les manoeuvres de pilotage, ou bien la compagnie aérienne qui les emploie
avait-elle rogné sur leur formation pour économiser ses ressources financières,
escomptant que la probabilité d’un accident était de toutes façons minime?
Les opérateurs de la tour de contrôle étaient-ils à leur poste?
Ont-ils aidé l’avion à naviguer dans une situation difficile, au décollage
ou à l’atterrissage? Il existe
plusieurs exemples de négligences coupables aux conséquences désastreuses,
avec des aiguilleurs du ciel dormant pendant leurs heures de travail;
ou encore des pilotes se saoûlant en vol
pendant que l’avion est en pilotage automatique, et qui sont incapables
de retrouver leur route. L’accident
peut-être dû à une négligence lors de l’examen technique complet de
l’appareil. Peut-être la
compagnie aérienne a-t-elle tout simplement négligé de faire revoir
l’appareil selon les normes imposées, toujours pour économiser de l’argent
(argent qui entre temps est passé dans la poche de ses directeurs).
Autre possibilité: l’avion était surchargé, car les pilotes avaient
accepté sans scrupule, et au mépris des normes en vigueur, de prendre des
passagers ou des marchandises en surplus, en échange d’un généreux
pourboire. Cela aussi arrive fréquemment.
Dans tous ces cas, nous avons affaire à une forme de meurtre collectif,
car la négligence ou la corruption sous diverses formes peuvent très
facilement aboutir à un accident désastreux.
Et cela, les responsables le savent très bien à l’avance, mais s’en
moquent bien pour obtenir un profit immédiat.
La vie humaine, peut-être même leur propre vie, ne compte que pour très
peu. L’éthique chrétienne, amis auditeurs, attache de l’importance à la
vie humaine, créée à l’image de Dieu. Voilà
pourquoi cette éthique fait la promotion de la prévoyance, de la responsabilité,
du travail bien fait. Que chacun,
dans quelque position professionnelle qu’il se trouve, prenne donc à coeur
d’effectuer son travail dans cet esprit, sachant qu’il ou elle aura des
comptes à rendre devant Dieu non seulement au sujet de ce qu’il aura cru et
confessé par rapport à ce que révèle Dieu dans sa Parole, mais aussi par
rapport à la manière dont il aura rempli les tâches que Dieu lui a confiées
dans cette vie.
Prenons
un autre exemple: la boxe, comme sport prisé par les masses, est-elle
justifiable sur le plan de l’éthique chrétienne?
Ce sport, considéré comme noble, n’a-t-il pas pour but une forme de
destruction physique de l’adversaire? Mettre
son adversaire hors de combat par K.O. signifie tout simplement neutraliser ses
fonctions cérébrales par voie violente. Le
sang coule, et parfois des lésions cérébrales se produisent, si ce n’est
immédiatement, du moins à plus long terme.
Les chrétiens peuvent-ils participer ou encourager un tel sport sans se
mettre en contradiction avec ce qu’ils confessent?
Comment maintenir la notion que l’homme est créé à l’image de Dieu
lorsqu’on se divertit au spectacle de la destruction de cette image de Dieu
par un individu dans la personne d’un autre individu?
Si je vous présente ces exemples, amis auditeurs - et l’on pourrait en
citer des centaines d’autres – c’est pour vous montrer que le dilemme posé
par la question initiale de l’accouchement difficile et du choix à opérer
entre deux vies n’est pas
le seul auquel il faille réfléchir. Avant
d’être confronté à un tel dilemme, on est le plus souvent confronté à des
choix de culture, à des situations courantes qui ont un potentiel destructeur
tout aussi grave, si ce n’est davantage. Les
choix des chrétiens à cet égard, le poids moral, culturel et politique dont
ils pèsent dans la société peut influencer positivement cette société et
contribuer à promouvoir la protection de la vie humaine, en tant qu’elle est
créée à l’image de Dieu. A
l’opposé, une négligence à cet égard, des choix contraires à ce que Dieu
nous révèle dans sa Parole, auront à terme une influence négative sur cette
même société. Considérer que les
questions éthiques ne méritent pas de retenir l’attention des chrétiens et
qu’on n’a qu’à se concentrer
sur sa vie intérieure sans se préoccuper de ce qui se passe dans le monde,
c’est nier directement que Dieu soit le maître de sa Création et qu’il a
établi son Fils Jésus-Christ comme son chef.
C’est donc aller à l’encontre de la confession la plus élémentaire
de la foi chrétienne. Réfléchissons-y
bien avant qu’il ne soit trop tard…