VOUS TOUS QUI AVEZ SOIF (1)
Amis
auditeurs, je vous propose aujourd’hui et la fois prochaine de méditer
ensemble sur un passage du livre du prophète Esaïe, dans l’Ancien Testament
de la Bible: plus précisément sur le chapitre cinquante-cinq de ce livre prophétique,
qui parle d’avance au peuple juif en captivité à Babylone, la grande
puissance régionale de l’époque. Bien
avant la prise de Jérusalem par l’empereur babylonien Neboukadnetsar, qui eut
lieu en l’an 586 avant Jésus-Christ, Esaïe avait prophétisé cet exil au
roi de Juda Ezéchias qui régna jusqu’à environ 686 avant Jésus-Christ,
soit un siècle avant la chute du petit royaume de Juda. Ezechias venait de
recevoir en grande pompe une ambassade de Babylone, et Esaïe lui avait demandé
ce qu’il avait montré à ces envoyés, avant de lui annoncer de la part de
l’Eternel: “Un jour viendra où tout ce qui est dans ton palais et tous
ce que tes ancêtres ont amassé jusqu’à ce jour, sera emporté à Babylone;
il n’en restera rien ici, déclare l’Eternel. Plusieurs de tes propres
descendants issus de toi deviendront serviteurs dans le palais du roi de
Babylone.” Lorsque cette prophétie
se réalisera, les Juifs en captivité essaieront de survivre tant bien que mal,
et placeront leur espoir dans leur travail laborieux et leurs plans pour un
avenir matériel meilleur. Cependant, en dépit de tous leurs efforts, leur
situation ne s’améliorera guère, et les circonstances de leur existence
demeureront les mêmes. Or, voici le message qu’ils reçoivent de la part de
Dieu, par l’intermédiaire de son prophète: “Vous tous qui avez soif,
venez, voici de l’eau! Et même vous qui n’avez pas d’argent, venez,
achetez et mangez! Venez acheter
sans argent, oui, sans paiement, du vin et du lait!
Pourquoi dépensez-vous votre argent pour payer ce qui ne nourrit pas?
Pourquoi travaillez-vous pour une nourriture qui ne rassasie pas?
Ecoutez, oui, écoutez-moi, alors vous mangerez ce qui est bon, vous vous
délecterez d’aliments savoureux. Tendez
l’oreille, venez à moi, écoutez-moi et vous vivrez.”
Certainement, le début du chapitre cinquante-cinq du livre du prophète Esaïe
offre une illustration parfaite du motif avancé par la Réforme protestante au
seizième siècle: “Par la Grâce seulement”.
En Hébreu, la langue originale dans laquelle l’Ancien Testament de la
Bible a été écrit, ce passage commence par une interjection: “Ho!”
Comme si le prophète voulait réveiller ses auditeurs endormis: “Hé!
Réveillez-vous! pourquoi gaspillez-vous votre temps, votre argent et votre énergie!
Il y a quelque chose de bien meilleur en vue!”
Ce quelque chose, c’est la Grâce du Seigneur Dieu, qu’il promet
dans sa Parole, un trésor qu’aucun être humain ne peut obtenir ou acheter
par ses propres moyens. Jésus-Christ
l’a ainsi présenté un jour à une femme rencontrée près d’un puits où
elle était venue puiser de l’eau (Jean 4:13): “Celui qui boit de cette
eau aura de nouveau soif. Mais celui
qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif.
Bien plus: l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source
intarissable qui jaillira jusque dans la vie éternelle”.
Mais, amis auditeurs, pour recevoir ce don gratuit de Dieu, sa Grâce,
il ne faut pas penser qu’on est soi-même riche, bien habillé et capable de
subvenir à ses propres besoins sans aucune aide.
Le même Jésus a dit une autre fois, lorsqu’il enseignait les foules: “Heureux
ceux qui se reconnaissent spirituellement pauvres, car le Royaume des cieux leur
appartient.” (Matthieu 5:3).
C’est d’ailleurs le sens de la prise du repas institué par Jésus-Christ
le soir de son arrestation, ce que l’on appelle la Communion, ou la Sainte Cène,
et qu’il a ordonné à ses disciples de célébrer régulièrement en mémoire
de son sacrifice. L’invitation à
participer à ce repas sacré est pour ceux qui se reconnaissent spirituellement
pauvres, nus et misérables. Pas
pour ceux qui se reposent sur leurs succès, leurs possessions, leur statut
social ou la couleur de leur peau. Un
autre jour Jésus a raconté à ses disciples la parabole du festin (que vous
pouvez lire au chapitre 14 de l’évangile de Luc).
Ceux qui avaient d’abord été invités à ce festin étaient riches et
bien pourvus. Mais ils se sont excusés l’un après l’autre en prétextant
toutes sortes d’obligations et ne sont pas venus au festin.
Alors le maître de la maison a invité à son festin les pauvres, les
estropiés, les mendiants, les aveugles. Justement
ceux qui, d’un point de vue humain, n’auraient jamais pu espérer être
invités à un tel festin. Or le
repas du Seigneur, celui que les Chrétiens célèbrent ensemble dans leurs
assemblées, n’est pas offert par un homme, mais par Dieu lui-même, en
l’honneur de son Fils bien-aimé Jésus-Christ.
On n’y est pas invité comme lorsqu’on se rend chez des amis, en
apportant des fleurs ou un cadeau quelconque.
Au repas du Seigneur Jésus-Christ nous n’apportons avec nous-même que
nos propres péchés, notre repentance et notre reconnaissance d’avoir été
invité à un tel repas en dépit de nos fautes.
Venir participer à un tel repas avec une autre attitude n’est rien
d’autre qu’y prendre part de manière indigne, et ainsi se condamner soi-même.
Par la Grâce seulement!
Mais continuons la
lecture du chapitre cinquante cinq du prophète Esaïe.
“Tendez l’oreille, venez à moi, écoutez-moi et vous vivrez.
Car je concluerai avec vous une alliance éternelle, celle que dans ma
bienveillance et ma fidélité j’ai promise à David.
Voici, j’ai fait de lui un témoin pour les peuples, un chef pour
commander aux peuples. Oui, tu
appelleras une nation que tu ne connais pas; une nation qui ne te connaît pas
va accourir vers toi; c’est à cause de moi, moi, l’Eternel ton Dieu, moi le
Saint d’Israël, qui te couvre de gloire.” Le Seigneur associe son repas
gratuit à l’établissement d’une alliance éternelle, une alliance de Grâce
qu’il promet à son serviteur David. Le
royaume de David est ici étendu de manière prophétique à toutes les nations.
Peut-il s’agir du royaume historique du roi David aux alentours de
l’an mille avant Jésus-Christ? Car
ce royaume avait des limites géographiques précises, même si le Seigneur
l’avait aidé à étendre ces limites. Il
est ici signifié bien plus que ce royaume historique du roi David.
Il est question d’une invitation qui s’étend aux peuples les plus
lointains, invitation qu’ils reçoivent et entendent.
C’est autre chose que de soumettre militairement quelques peuples
voisins. En fait, le roi David sert
ici de figure, ou de type pour un autre roi qui doit encore venir, et dont le
royaume durera éternellement. C’est
aussi de lui que témoigne le prophète Jérémie, toujours dans l’Ancien
Testament, lorsqu’il prophétise au sujet de la délivrance physique du peuple
juif en captivité à Babylone, qui
sera aussi une délivrance spirituelle (30:9): “Voici ce que déclare
l’Eternel, le Seigneur des armées célestes: en ce temps-là, je briserai le
joug pesant sur leurs épaules, j’arracherai leurs liens et ils ne seront plus
esclaves d’étrangers. Ils seront
serviteurs de l’Eternel leur Dieu, et de David, leur roi, que je leur
donnerai.” L’Eternel promet
que dans le futur il fera de David leur roi, et qu’ils le serviront au même
titre que lui-même. Un autre prophète
de l’Ancien Testament, Osée, a annoncé la même chose peu avant le premier
exil du peuple de Dieu, intervenu en l’an 722 avant Jésus-Christ: “En
effet , les Israélites resteront pendant longtemps sans roi et sans chef, sans
sacrificateur et sans stèle, sans statue et sans divinités domestiques.
Après cela, ils reviendront à l’Eternel leur dieu et se tourneront
vers lui, ainsi que vers David leur roi. Dans
la suite des temps, ils viendront tout tremblants à l’Eternel pour bénéficier
de sa bonté.” La conclusion
d’une alliance éternelle, amis auditeurs, trouve son accomplissement en Jésus-Christ
et seulement en lui. Autre motif de
la Réforme protestante: par Jésus-Christ seulement!
C’est
lui qui a scellé cette Alliance éternelle par sa crucifixion et sa résurrection.
Il a donné à ses disciples les signe de cette alliance le soir de son
arrestation, durant la célébration du repas de la Pâque, en partagant avec
eux le pain et le vin, signes de son corps et de son sang offert pour sceller
cette alliance éternelle. Son
royaume éternel s’étend aux nations les plus éloignées les unes des
autres, dans la mesure où tous les habitants de la terre sont appelées à
entrer dans cette alliance par la foi. Ecoutez-donc
à nouveau les promesss de Dieu concernant cette alliance éternelle, tout comme
le peuple d’Israël dans l’Antiquité a été appelé à y croire, car une
alliance de caractère éternel n’est pas limitée à une génération
seulement, mais aux générations successives jusqu’à la fin des temps: “Tendez
l’oreille, venez à moi, écoutez-moi et vous vivrez.
Car je concluerai avec vous une alliance éternelle, celle que dans ma
bienveillance et ma fidélité j’ai promise à David.
Voici, j’ai fait de lui un témoin pour les peuples, un chef pour
commander aux peuples. Oui, tu
appelleras une nation que tu ne connais pas; une nation qui ne te connaît pas
va accourir vers toi; c’est à cause de moi, moi, l’Eternel ton Dieu, moi le
Saint d’Israël, qui te couvre de gloire.”
La prochaine fois, amis auditeurs, nous continuerons
notre méditation sur le chapitre cinquante-cinq du livre du prophète Esaïe,
et nous verrons comment on peut appliquer à la suite de ce texte trois autres
motifs chers à la Réforme protestante du seizième siècle: “par la foi
seulement”; “par l’Ecriture seulement” et “A Dieu seul la gloire”.